La menace croissante de l’industrie des drones du régime iranien

Il est essentiel d'examiner et de se préoccuper du programme de drones du régime iranien (Photo/AFP).
Il est essentiel d'examiner et de se préoccuper du programme de drones du régime iranien (Photo/AFP).
Short Url
Publié le Samedi 18 février 2023

La menace croissante de l’industrie des drones du régime iranien

La menace croissante de l’industrie des drones du régime iranien
  • L’Iran a fait des percées majeures après 2010, lorsqu'il est devenu capable de capturer plusieurs drones américains et d’en concevoir en rétro-ingénierie
  • Le régime iranien tente maintenant de mettre en place des chaînes d'assemblage de drones à l'étranger pour accélérer le processus de fabrication et le rendre plus efficace

Il est essentiel d'examiner et de se préoccuper du programme militaire de drones du régime iranien, qui est devenu un pilier central des activités terroristes et du comportement déstabilisateur de la République islamique à l'étranger.

Le programme iranien de drones est une division importante du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI). Bien qu'il remonte au début des années 1980, l’Iran a fait des percées majeures après 2010, lorsqu'il est devenu capable de capturer plusieurs drones américains et d’en concevoir en rétro-ingénierie.

Le régime est connu pour fournir des drones à ses milices et groupes terroristes, notamment les Houthis au Yémen. Ces derniers, soutenus par l'Iran, ont revendiqué la responsabilité de plusieurs attaques de drones. À titre d’exemple, en 2021, le groupe terroriste a lancé un drone chargé d'explosifs vers une base aérienne militaire dans la ville de Khamis Moushait, au sud de l'Arabie saoudite.

Il a également revendiqué les attaques de 2019 contre deux usines d’Aramco situées au cœur de l'industrie pétrolière saoudienne – la plus grande installation de traitement de pétrole au monde à Abqaïq, près de Dammam, et le deuxième plus grand champ pétrolifère du pays à Khurais. Plus de 40 drones et missiles auraient été lancés sur l'Arabie saoudite par les Houthis en un seul mois en 2021. La milice a également attaqué les Émirats arabes unis (EAU) avec des drones, faisant exploser trois camions-citernes, et tuant trois personnes à Abu Dhabi l'année dernière.

L'intérêt du régime iranien pour l'industrie des drones à des fins militaires a considérablement augmenté au cours de la dernière décennie, probablement en raison de la rentabilité des drones, de leur anonymat, des possibilités d'espionnage et de collecte de renseignements qu’ils offrent. Enfin, ils peuvent infliger des dégâts considérables. 

Le commandant de la division des drones du CGRI, Akbar Karimloo, a reconnu dans une interview de 2020 avec Tasnim News «que les drones seront la meilleure arme et le meilleur système à l'avenir, au service des forces armées mondiales et des forces armées de notre pays bien-aimé. Avec un coût et des pertes moindres, des informations précieuses peuvent être obtenues des zones opérationnelles rapidement». 

L'intérêt du régime iranien pour l'industrie des drones à des fins militaires a considérablement augmenté au cours de la dernière décennie

Dr Majid Rafizadeh

Outre à des acteurs non étatiques, le régime iranien fournit de plus en plus de drones aux institutions militaires gouvernementales. Téhéran a par exemple fourni des drones dits «kamikazes» à la Russie, conduisant le ministère ukrainien des Affaires étrangères à retirer son accréditation à l'ambassadeur d'Iran à Kiev et à réduire le personnel diplomatique de l'ambassade d'Iran. 

L'UE a également reconnu que le régime iranien fournissait «un soutien militaire à la guerre d'agression non provoquée et injustifiée de la Russie contre l'Ukraine», via le «développement et la livraison de véhicules aériens sans pilote à la Russie». Le secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères, James Cleverly, a déclaré qu’en «rendant possibles ces frappes, ces personnes (iraniennes sanctionnées) et un fabricant ont causé des souffrances indicibles au peuple ukrainien».

Les dirigeants iraniens tentent d’exercer leur puissance et de montrer qu'ils possèdent les capacités militaires nécessaires pour faire pencher dans une direction spécifique l'équilibre des forces dans les guerres et les conflits. La République islamique se vante maintenant du fait que la Chine est sur le point de devenir un autre client de ses drones fabriqués. «Notre puissance a atteint des niveaux tels que la Chine est sur liste d’attente pour acheter 15 000 de nos drones. Depuis le jour où nous nous sommes tournés vers l'Est, l'Occident n'a pas pu le supporter et un exemple en a été la guerre en Ukraine», a ainsi affirmé la semaine dernière un haut responsable du ministère du Renseignement.

Dans la prochaine phase de progression et de prolifération dangereuse de drones, le régime iranien tente de mettre en place des chaînes d'assemblage de drones à l'étranger pour accélérer le processus de fabrication et le rendre plus efficace, tout en promouvant Téhéran comme un acteur majeur de l'industrie des drones sur la scène mondiale. 

Le gouvernement théocratique envisage actuellement d'établir une chaîne de montage de drones en Russie, selon le porte-parole du Conseil de sécurité nationale des États-Unis, John Kirby. Le Wall Street Journal (WSJ) a révélé ce mois-ci que Téhéran et Moscou progressaient dans des projets de construction «d'une nouvelle usine en Russie qui pourrait fabriquer au moins 6 000 drones de conception iranienne pour la guerre en Ukraine, le dernier signe d'un approfondissement de la coopération entre ces deux pays». L’article du WSJ ajoute que «dans le cadre de l’émergence de leur alliance militaire, une délégation iranienne de haut niveau s'est envolée pour la Russie début janvier pour visiter le site prévu pour l'usine et mettre au point les détails en vue de rendre le projet opérationnel».

Le programme de drones du régime n'est clairement pas conçu à des fins pacifiques, mais plutôt pour provoquer l'instabilité et les conflits. L'arsenal de drones de l'Iran comprend le Shahed 129, qui aurait la capacité de transporter huit missiles, de voler pendant vingt-quatre heures et de couvrir une portée de 1 700 km. Il inclut aussi le Mohajer-6, qui «peut être équipé de missiles à guidage laser et de différents types de bombes pour mener des opérations offensives», selon le ministère iranien de la Défense et de la Logistique des forces armées.

En résumé, le programme de drones du régime iranien, géré par le CGRI, est une source de terreur et d'instabilité dans la région et dans le monde. Il incombe à la communauté internationale d'imposer des sanctions appropriées à l’égard du gouvernement théocratique de l'Iran afin de freiner son avancement, sa prolifération et l'exportation de drones militaires vers ses alliés, notamment les groupes terroristes et les milices.

 

Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain diplômé de Harvard. Twitter: @Dr_Rafizadeh

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est celle de l’auteur et ne reflète pas nécessairement le point de vue d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com