Dans les ruines d'Antakya, sauver les animaux console les humains

Un homme transporte des instruments de musique hors de sa boutique endommagée à Antakya le 18 février 2023. (AFP)
Un homme transporte des instruments de musique hors de sa boutique endommagée à Antakya le 18 février 2023. (AFP)
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Publié le Dimanche 19 février 2023

Dans les ruines d'Antakya, sauver les animaux console les humains

  • Haytap a délivré 900 chats, chiens, lapins, vaches ou encore oiseaux des ruines d'Antakya, souvent appelée par des propriétaires éplorés, incapables de récupérer leurs animaux dans leurs logis détruits
  • Dans le camp de bénévoles où la structure est installée, les animaux secourus sont fêtés comme des rock-stars, filmés par une myriade de téléphones portables et applaudis

ANTAKYA: Casques et lampe-torche sur le front, les sauveteurs s'enfoncent sous une maison effondrée d'Antakya. En vue: Asghar et Nouma, deux taureaux coincés sous les décombres.

Des centaines de chats, chiens, lapins, oiseaux, choyés par la population de cette grande ville dévastée par le tremblement de terre du 6 février, dans le sud de la Turquie, se sont retrouvés pris au piège des décombres tels ces deux bovins.

Et pas plus que les humains, il n'a été question de les abandonner.

Comme 75.000 bâtiments totalement dévastés par ce séisme qui a fait 44.000 morts en Turquie et en Syrie, la maison de Nazli Yenocak s'est écroulée.

Cette robuste femme de 47 ans s'estime encore chanceuse car sa famille est indemne, même s'ils campent désormais à six sous une tente au milieu du jardin.

En revanche il est temps d'aller secourir Asghar et Nouma d'ordinaire bruyants. "De les entendre si calmes, ça me fait pleurer" dit-elle.

Pendant onze jours, Nazli les a nourris à travers un soupirail. Puis elle a contacté les secouristes de Haytap, une association turque de protection des animaux qui, après des heures d'efforts et avec l'aide de bénévoles allemands et autrichiens, ont fini vendredi par sortir ses taureaux.

Haytap a ainsi délivré 900 chats, chiens, lapins, vaches ou encore oiseaux des ruines d'Antakya, souvent appelée par des propriétaires éplorés, incapables de récupérer leurs animaux dans leurs logis détruits.

Dans le camp de bénévoles où la structure est installée, les animaux secourus sont fêtés comme des rock-stars, filmés par une myriade de téléphones portables et applaudis.

Chatons au biberon 

Cinq chiens chow-chow d'élevage, petites boules de poils blancs, sont d'abord soignés, puis acheminés vers un refuge hors de la zone sinistée. Tout comme un husky aux yeux bleus, ou plusieurs portées de chiots dont les jappements aigus égayent l'atmosphère.

Sous la tente vétérinaire d'Haytap, une portée de chatons dorment en couveuse, nourris au biberon. L'Ong assure aussi des points de nourriture pour animaux à travers la ville.

Car sur les montagnes de gravats qui encombrent désormais Antakya, ils sont souvent les uniques signes de vie quatorze jours après le séisme: un chien qui somnole près d'un canapé défoncé, un chat qui fait sa toilette dans une cuisine dévastée.

Dans la vieille ville, un homme secouru après deux jours sous les décombres s'occupe d'un chaton noir, découvert devant un immeuble atomisé : "Sa propriétaire a fui. Lui est resté ici. Alors on le nourrit."

Quelques rues plus loin, un grand chien s'agite et aboie au premier étage d'une maison soufflée. "Il pourrait descendre, mais il reste par fidélité à ses maîtres", explique Efe Subasi, 27 ans, un volontaire d'Haytap amené sur les lieux par un voisin.

Retrouver des vivants relève désormais du miracle. Alors "en sauvant des vies (animales), on arrive à se sentir un tout petit peu mieux", lance ce réalisateur.

«Décombres», le héros 

Quelques belles histoires mettent du baume au cœur d'une population en état de choc. Un chat de Gaziantep baptisé "Enkaz" (Décombres en turc), par son sauveteur et qui ne le lâche plus d'une semelle, est ainsi devenu un héros des réseaux sociaux.

Pris sous des gravats, chiens ou chats réussissent à se faufiler vers la nourriture ou jusqu'à un frigo, ce qui leur permet de tenir plus longtemps, observe Mehti Fidan, responsable du pôle vétérinaire de la ville d'Istanbul, qui a traité 300 animaux d'Antakya.

"Mais quand ils nous arrivent, les chats ont les pupilles dilatées. Les chiens refusent qu'on les approche. Ils sont traumatisés, comme des humains", note-t-il.

Parfois, leur présence agace les équipes de recherche: leurs scanners thermiques n'arrivent pas à différencier leur température corporelle de celle des humains.

"Après des heures d'effort, on est tombé sur un chat qui, une fois dégagé, a décampé sans même un +miaou+ pour nous", raconte décontenancé un secouriste étranger.

Pourtant, neuf jour après la catastrophe, un bébé d'Antakya a été découvert dans son berceau couvert de pierres par un voisin qui cherchait son chat, a rapporté jeudi la chaîne CNN Türk.

Erol Donmezer, rencontré devant la tente d'Haytap, est en revanche au désespoir de ne pas avoir retrouvé le sien. "On vient d'amputer mon fils de ses deux jambes", relate-t-il. Après l'opération, "il m'a dit: +Papa, tout ce que je veux, c'est que tu me ramènes mon chat+."


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.