Priorité à la coopération mondiale plutôt qu'aux efforts nationaux pour combler le fossé numérique

Deemah AlYahya, ancienne cadre de Microsoft et actuelle secrétaire générale de la DCO. (Capture d'écran)
Deemah AlYahya, ancienne cadre de Microsoft et actuelle secrétaire générale de la DCO. (Capture d'écran)
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Publié le Dimanche 26 février 2023

Priorité à la coopération mondiale plutôt qu'aux efforts nationaux pour combler le fossé numérique

  • La secrétaire générale saoudienne de la DCO souhaite que les entreprises technologiques rendent leurs produits et services plus abordables
  • Elle souligne l'importance d'attirer davantage de femmes dans les domaines des sciences et technologies, notamment les TIC

DUBAÏ: Pour des milliards de personnes dans le monde, l'internet est devenu un élément essentiel de la vie quotidienne, les deux tiers de la planète y ayant recours. Outre la communication avec les amis et la famille, le World Wide Web s'est imposé comme la nouvelle plate-forme économique et le volume du commerce électronique mondial augmente à pas de géant chaque année.

Selon des recherches menées par la Digital Cooperation Organization, un organisme international fondé par l'Arabie saoudite, le Bahreïn, la Jordanie, le Koweït et le Pakistan, 70 % de la croissance de l'économie mondiale au cours de la prochaine décennie sera basée sur le numérique.

Mais comme le dit Deemah AlYahya, ancienne cadre de Microsoft et actuelle secrétaire générale de la DCO, des efforts de coopération doivent être faits pour que la transformation numérique de l'économie mondiale soit inclusive et équitable.

« Au cours des deux dernières décennies, l'économie numérique a connu une croissance sans précédent, devenant l'épine dorsale de nos sociétés, rapprochant les gens et offrant des possibilités économiques infinies », a-t-elle déclaré lors d'une interview dans le dernier épisode du talk-show d’Arab News « Frankly Speaking ».

« Une économie numérique florissante est essentielle pour parvenir à un développement économique durable. »

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Deemah AlYahya, secrétaire générale de Digital Cooperation Organization, s'entretient avec Katie Jensen, l'animatrice de « Frankly Speaking ». (Photo fournie)

Bien que la technologie présente de grandes opportunités, 2,7 milliards de personnes dans le monde n'ont pas accès à l'internet, ce qui peut creuser un fossé économique et engendrer des laissés pour compte. L'objectif de la DCO est de « permettre la prospérité numérique pour tous en accélérant la croissance inclusive de l'économie numérique dans tous les pays, de faire progresser leur transformation numérique et de renforcer les efforts de collaboration de nos États membres et de l'économie numérique mondiale. »

AlYahya a précisé que le partage des connaissances et des pratiques, combiné à la mise en place d'une infrastructure numérique appropriée au sein des États membres de la DCO, ainsi que l'introduction de politiques et de législations, peuvent permettre la construction d'une « économie numérique inclusive et équitable, au sein de laquelle toutes les personnes, les entreprises et les sociétés peuvent innover et prospérer. »

Elle a indiqué que la DCO est récemment devenue un observateur à l'ONU, ce qui permet d'améliorer la collaboration internationale et régionale.

La DCO a lancé plusieurs programmes pour stimuler l'économie numérique. En 2022, elle s'est associée au Forum économique mondial pour mettre en œuvre des projets qui contribueront à accroître les investissements directs étrangers (IDE) numériques, le premier projet ayant eu lieu au Nigéria.

La même année, elle a lancé l'initiative Elevate 50, qui vise à créer cinquante mille opportunités commerciales en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique en aidant les petites et moyennes entreprises à mettre en place des plateformes de commerce électronique pour vendre des produits en ligne.

AlYahya a mentionné que des politiques et des réglementations appropriées étaient essentielles pour réguler la croissance économique numérique, étant donné qu'elle repose sur des actifs à la fois immatériels et matériels. 

« Nous constatons que les nations et plusieurs entités et continents s'efforcent d'avoir des politiques et des réglementations harmonisées qui permettront aux innovateurs de créer les nouvelles technologies qui donneront du pouvoir aux citoyens », a-t-elle dit à Katie Jensen, l'animatrice de « Frankly Speaking ».

« Par conséquent, il est important de travailler avec d'autres organisations comme les Nations unies, par exemple, l'ITU et l'OCDE, et aussi avec les pays membres eux-mêmes pour essayer d'apporter ce message et ces politiques et réglementations unifiés qui aideront les innovateurs à traverser les frontières, ainsi que les nations à commencer à partager les données. »

AlYahya a toutefois expliqué que le coût de la mise en ligne peut être prohibitif, même dans les pays désireux d'accélérer la croissance numérique. 

« Il ne suffit pas que nous soyons connectés. Nous avons également un grand défi à relever, à savoir l'accessibilité financière des appareils et des services. Nous examinons plusieurs pays qui sont ... connectés à 98 %, mais nous constatons que l'utilisation du service n'est que de 3 %. Et cela est dû au coût élevé des appareils ou des services », a-t-elle déclaré.

Selon Mme AlYahya, le coût et l'accessibilité sont influencés par trois facteurs : des données appropriées pour les investissements, des opportunités de croissance et un environnement commercial stimulant pour les jeunes, ainsi que des politiques et des réglementations. 

Le secteur privé peut fournir les données nécessaires à des investissements appropriés pour stimuler l'économie, offrant ainsi « les emplois et opportunités de croissance adéquats pour les jeunes », a-t-elle déclaré.

« Et grâce à ce contexte commercial, nous parviendrons à un équilibre du coût des services et des appareils », a poursuivi AlYahya. 

Elle a ajouté que les recommandations en matière de politique et de réglementation permettraient aux entreprises de bénéficier d'une certaine souplesse pour leur expansion transfrontalière. « En supprimant ces obstacles à l'expansion, cela accélérera la disponibilité des technologies dans les pays. »

Avec la DCO qui agit comme un facilitateur entre le gouvernement et le secteur privé, les communautés peuvent atteindre le bon équilibre entre le coût et la disponibilité, a déclaré AlYahya.

La croissance de l'économie en ligne s'accompagne de préoccupations concernant les violations de données, la sécurité et la confidentialité. Selon le rapport 2022 sur les violations de données publié par l'Identity Theft Research Center, plus de quatre cents millions de personnes aux États-Unis ont été victimes de violations de données ou du moins exposées l'année dernière. AlYahya a déclaré que la DCO était très préoccupée par la protection de la vie privée des populations vulnérables dans les pays en développement qui découvrent la révolution technologique.

« Il est très important que nous établissions la confiance au sein de la nation elle-même, entre les citoyens et les gouvernements, ainsi qu'entre les gouvernements », a dit AlYahya. « Cela, en soi, est important et permettra de mettre en place des politiques et des réglementations harmonisées approuvées par les pays membres ou par le monde entier.

« La DCO a adopté une déclaration sur la protection des données et un appel à l'action pour l'IA, et travaille avec d'autres gouvernements sur plusieurs projets, dont le principal est la création d'une gouvernance, de normes et de standards autour des flux de données, ainsi que la souveraineté des données. »

Elle a ajouté que l'engagement du secteur privé et des gouvernements était essentiel pour instaurer la confiance et protéger à la fois les gouvernements et les citoyens.

L'initiative Digital FDI de la DCO, lancée en coopération avec le Forum économique mondial, contribue également à l'instauration de la confiance et d'un environnement favorable au numérique, a déclaré AlYahya.

« Nous étudions l'environnement et l'écosystème de chacun de nos pays membres, et nous repérons les secteurs qui ont vraiment besoin et demandent cet investissement. Nous étudions également le type de technologies manquantes, qu'il convient d'adapter et d'attirer dans le pays », a-t-elle ajouté.

Elle a indiqué que la DCO avait déjà lancé cette initiative au Pakistan et au Rwanda, et qu'il était prévu de le faire prochainement dans tous les pays membres. Elle a ajouté que l'investissement apportera avec lui de nouvelles compétences, des connaissances, de l'expérience et des emplois.

En tant que première secrétaire générale de la DCO et première femme saoudienne à occuper un poste de directeur exécutif chez Microsoft, Mme AlYahya est une pionnière à part entière. Elle a souligné l'importance d'encourager la participation d'un plus grand nombre de femmes aux sciences et aux technologies.

Elle a raconté avoir rencontré une femme à Taïf, une ville saoudienne connue pour ses champs de roses, alors qu'elle travaillait pour Microsoft.

« Elle créait des produits à partir de ces roses. Elle était veuve et avait six enfants, et elle vendait ces produits dans la ville ou le village où elle se trouvait. Elle est venue chercher des programmes de formation et d'apprentissage pour l'aider à créer une plateforme de commerce électronique », a déclaré AlYahya.

« Nous l'avons donc soutenue dans cette démarche et nous lui avons transmis ces connaissances. En trois mois, elle a mis en ligne sa proposition de commerce électronique avec la plateforme de paiement et la chaîne de valeur. Deux ans plus tard, elle a créé des emplois pour plus de quatre-vingt femmes et vend ses produits dans plus de cent villes dans le monde. »

L'Arabie saoudite, en particulier, a fait de grands progrès en matière de participation des femmes aux sciences et aux technologies. Saudi Vision 2030, une série d'initiatives de diversification économique annoncées par le prince héritier Mohammed ben Salmane en 2016, a permis de faire passer le pourcentage de femmes employées dans le secteur des technologies de l'information et des communications de 16 à 35 %.

AlYahya a déclaré que plus de la moitié des diplômés en TIC en Arabie saoudite sont des femmes, « ce qui est quelque chose de très unique alors que le monde est confronté au défi d'attirer davantage de femmes vers les sciences et la technologie. »

Le gouvernement de l'Arabie saoudite a travaillé avec le secteur privé pour renforcer son infrastructure numérique au cours des cinq dernières années, a-t-elle déclaré, notamment en augmentant la connectivité Internet dans les zones reculées et en adoptant des réseaux de données mobiles 5G.

En tant que directrice exécutive de Misk Innovation, une initiative saoudienne qui vise à encourager la créativité et l'innovation chez les jeunes Saoudiens, Mme AlYahya a supervisé des initiatives visant à enseigner le codage et d'autres compétences informatiques aux jeunes Saoudiens, et aux filles en particulier. Elle estime qu'une perspective féminine est essentielle au développement des outils numériques.

« Imaginez simplement une IA avec une perspective uniquement masculine - ce serait dangereux à l'avenir. Nous devons avoir les deux visions », a-t-elle déclaré.

« Nous devons donc augmenter le nombre de femmes scientifiques dans l'IA et impliquer davantage de femmes dans le développement de ces innovations et créations. L'accès universel à l'internet est presque fondamental pour ces questions. Et ce n'est qu'un début, il s'agit de fournir le bon accès aux femmes. Cela me fait peur quand je lis des rapports selon lesquels trois cent cinquante millions de femmes n'auront pas accès à l'internet d'ici 2030. Cela représente en soi une énorme opportunité perdue, non seulement sur le plan social, mais aussi sur le plan économique. »

Pour éviter cette occasion manquée, AlYahya recommande l'enseignement de compétences telles que le codage, qui « soutient et aide à l'adaptation et à la résolution critique des problèmes - la pensée analytique - et donne donc une perspective plus large que le simple fait de fournir cette compétence et de leur apprendre à s’en servir ».

« Je crois vraiment que nous devons œuvrer avec nos jeunes pour leur permettre d'acquérir d'abord les bonnes compétences, puis de créer de nouveaux outils et élargir leur perspective et leur état d'esprit à d'autres solutions et à la manière d'analyser les problèmes pour trouver les bonnes appropriées. »

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.


Les bénéfices du CAC 40 en baisse sur fond de guerre commerciale

Cette photographie montre les informations financières de l'indice CAC40 (en bas à gauche), l'indice français qui suit les 40 plus grandes valeurs françaises, affichées sur un immeuble de bureaux dans le quartier financier de La Défense à Paris, le 7 avril 2025. (AFP)
Cette photographie montre les informations financières de l'indice CAC40 (en bas à gauche), l'indice français qui suit les 40 plus grandes valeurs françaises, affichées sur un immeuble de bureaux dans le quartier financier de La Défense à Paris, le 7 avril 2025. (AFP)
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  • Les disparités sont fortes au premier semestre pour les entreprises du CAC 40, qui ont globalement vu leurs bénéfices nets reculer sur fond de guerre commerciale
  • Pour les 37 entreprises sur 40 qui ont publié leurs résultats semestriels jusqu'à jeudi soir inclus, le bénéfice net cumulé tombe à 45 milliards d'euros

PARIS: Automobile et luxe à la peine, aérien, défense et industrie en progression: les disparités sont fortes au premier semestre pour les entreprises du CAC 40, qui ont globalement vu leurs bénéfices nets reculer sur fond de guerre commerciale, d'après un décompte réalisé jeudi par l'AFP.

Pour les 37 entreprises sur 40 qui ont publié leurs résultats semestriels jusqu'à jeudi soir inclus, le bénéfice net cumulé tombe à 45 milliards d'euros, en baisse de 32% par rapport au premier semestre 2024 pour ces mêmes entreprises.

Cette somme des bénéfices nets part du groupe ne prend pas en compte d'éventuels résultats ajustés publiés par les entreprises et exclut Pernod Ricard, dont l'exercice comptable est décalé et donc pas comparable.

Le chiffre d'affaires cumulé est de 725 milliards d'euros, en légère baisse de près de 2%.

La première moitié de 2025 a été marquée par l'incertitude sur les droits de douane imposés par Donald Trump sur les produits européens, et a vu l'euro s'apprécier fortement par rapport à plusieurs devises, notamment face au dollar.

"C'est plutôt l'incertitude qui a pesé" avec le risque "qu'il y ait une guerre commerciale", souligne auprès de l'AFP Lionel Melka, gérant à Swann Capital.

Mais "globalement, (...) les résultats sont plutôt solides", avec, d'un côté, "les secteurs où les attentes étaient basses" comme le luxe ou la consommation, et, de l'autre, "les secteurs qui vont bien — défense, banque — là c'est bon comme prévu".

- Les banques résilientes -

Ce semestre "reste décevant", notamment en comparaison avec la situation américaine, juge pour sa part Christopher Dembik, conseiller en investissement pour Pictet AM: "il y a ce décrochage français et européen qui est perceptible".

D'autre part, "en début d'année, vous aviez un enthousiasme qui était indéniablement exagéré sur les actions européennes. (...) La réalité c'est qu'on n'est pas sur une période de résultats qui est mirobolante", ajoute-t-il.

Les entreprises de l'aérien et de la défense tirent leur épingle du jeu, portées par les tensions géopolitiques: Airbus a vu ses bénéfices bondir de 85%, Safran de 11%.

Les banques s'en sortent bien également et "sont sur des bonnes dynamiques depuis déjà deux, trois ans", relève Christopher Dembik.

Ensemble, BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale réalisent au total 13,5 milliards d'euros de bénéfices, une hausse de 12%.

En face, le secteur automobile se casse la figure. Renault, notamment, enregistre une lourde perte de plus de 11,2 milliards d'euros, due à l'évolution comptable du traitement de son partenaire japonais Nissan et ses mauvais résultats.

Son concurrent Stellantis a lui publié une lourde perte nette de 2,3 milliards d'euros au premier semestre et son nouveau directeur général, l'Italien Antonio Filosa, a prévenu qu'il faudrait prendre des "décisions difficiles" pour "accélérer" fin 2025.

Le luxe a également souffert, avec un bénéfice net en chute de 46% pour Kering (Gucci, Yves Saint Laurent, Balenciaga, ...) et de 22% pour LVMH (Louis Vuitton, Dior, Celine...).

Le plus gros bénéfice revient d'ailleurs à BNP Paribas, qui vole la vedette à TotalEnergies et LVMH, duo en tête au premier semestre 2024.

- Risque de taux de change -

L'incertitude reste forte pour les troisième et quatrième trimestres, en raison notamment de la force de l'euro qui devrait peser sur les entreprises françaises.

Christopher Dembik table plutôt sur "un risque de taux de change, qu'un risque de droits de douane", et cela "va beaucoup plus se matérialiser dans les résultats à venir", dans les investissements, les importations, etc.

Concernant les droits de douane, malgré les questions en suspens, les entreprises avaient anticipé, "on savait que ce serait un tarif douanier important, donc elles avaient quand même prévu les choses", ajoute l'analyste.

Le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont mis fin à l'attente dimanche, en annonçant un accord prévoyant que les produits européens exportés aux États-Unis soient taxés à 15%.