USA: Le régime syrien et «d'autres acteurs» accusés de détourner l'aide destinée aux victimes du séisme

Un avion de l’aide humanitaire provenant de l'Union européenne (UE) atterrit à l'aéroport international de Damas, au lendemain du séisme meurtrier qui a frappé la Syrie, le 26 février 2023. (Reuters)
Un avion de l’aide humanitaire provenant de l'Union européenne (UE) atterrit à l'aéroport international de Damas, au lendemain du séisme meurtrier qui a frappé la Syrie, le 26 février 2023. (Reuters)
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Publié le Mercredi 01 mars 2023

USA: Le régime syrien et «d'autres acteurs» accusés de détourner l'aide destinée aux victimes du séisme

  • M. Pedersen a appelé les dirigeants à faire preuve de «moins de prises de position et de rhétorique et d’un plus grand pragmatisme» quand le pays passera à la phase de redressement postséisme
  • S'adressant au Conseil de sécurité, il a exhorté les parties à dépolitiser l'aide humanitaire et à faciliter son acheminement vers la Syrie, car «le moment n'est pas propice aux jeux politiques»

NEW YORK: Les États-Unis ont accusé mardi le président syrien, Bachar al-Assad, et son régime de détourner l'aide humanitaire internationale destinée aux victimes du séisme. Cette aide est vendue sur les marchés ou confisquée par les autorités syriennes.

L'ambassadeur Robert Wood, représentant suppléant des États-Unis auprès des Nations unies chargé des affaires politiques spéciales, a lui aussi accusé «d'autres acteurs» de faire obstacle à l'acheminement de l'aide. Il a en outre exhorté toutes les parties prenantes à cesser de politiser l'aide.

Les autorités syriennes dénoncent, quant à elles, les sanctions américaines, les accusant d'entraver l'acheminement de l'aide. Pour répondre à ces allégations, M. Wood rappelle que les sanctions visent uniquement des individus et des entités qui «ne cessent de persécuter le peuple syrien depuis plus d'une décennie».

Il a également souligné que «ces personnes ont torturé les Syriens, utilisé des armes chimiques contre eux ou encore volé leurs biens à travers la corruption effrénée dont pâtit le pays. Les sanctions américaines ne ciblent pas l'aide humanitaire destinée aux personnes vulnérables et nos actions témoignent de cette réalité.»

S'exprimant lors d'une réunion du Conseil de sécurité, Robert Wood a évoqué les derniers efforts déployés par la communauté internationale afin de soulager les souffrances du peuple syrien à la suite des tremblements de terre ayant frappé la Turquie et la Syrie le 6 février dernier. Ces séismes ont fait au moins cinquante mille morts, dont six mille en Syrie. Des milliers d'autres personnes ont été blessées et plusieurs dizaines de milliers sont portées disparues.

Le responsable de l'aide humanitaire des Nations unies, Martin Griffiths, s'est lui aussi adressé au Conseil en indiquant que «même avant que ce drame ne se produise, près de 15,3 millions de personnes dépendaient de l'aide humanitaire, ce qui représente 70% de la population syrienne».

Geir Pedersen, l'envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, a indiqué aux membres du Conseil que les séismes sont survenus à un moment où les Syriens avaient le plus besoin d’aide. En effet, les tremblements de terre ont frappé «au moment où les services étaient presque inexistants, où l'économie touchait le fond et où les infrastructures étaient déjà lourdement affectées».

«Le séisme a frappé plusieurs régions abritant des réfugiés et des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays. Il a également touché des régions gravement affectées par la guerre ou des régions dans lesquelles le conflit perdure», ajoute-t-il.

Appelant à la dépolitisation de l'action humanitaire, il déclare: «Il faut faciliter l'acheminement de l'aide; les circonstances actuelles ne sont pas propices aux jeux politiques et il n’est pas question de franchir les frontières ou les lignes de front.»

«Les ressources sont indispensables; nous sommes tous tenus de faire des dons à la Syrie, rapidement et généreusement, et de supprimer les obstacles qui empêchent les secours de parvenir aux Syriens vivant dans les zones touchées. Enfin, le calme est de rigueur; les actions militaires et la violence sont à proscrire.»

M. Pedersen s'est exprimé devant les membres du Conseil de sécurité au sujet de la frustration qu'il a constatée auprès de la population du nord-ouest de la Syrie face à la lenteur de la réponse humanitaire. Il a attribué cette situation aux «défis liés aux problèmes non résolus qui sous-tendent le conflit».

«Comme je le répète sans cesse, la situation en Syrie est insupportable, le statu quo est tout à fait inacceptable et le peuple syrien souffre de problèmes dont il n'est pas le seul responsable. Les tremblements de terre tragiques sont venus attester de cette réalité. Encore une fois, c'est le peuple syrien qui en paie le prix», souligne-t-il.

Geir Pedersen a mis l'accent sur les «incidents préoccupants» impliquant des bombardements et des tirs de mortier que le régime et les rebelles ont échangés dans les zones contrôlées par ces derniers, et ce en dépit de l'accalmie observée sur les lignes de front.

Il a appelé à faire cesser sans délai tous les actes de violence, qu'il s'agisse des frappes de drones par la Turquie, des offensives israéliennes dans le centre de Damas ou des attaques de Daech dans le désert.

L'envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie a également prévenu que les défis politiques s'intensifieront à mesure que les Syriens passeront de la phase initiale de réponse d'urgence à la catastrophe aux efforts de redressement.

«Le paysage politique en Syrie est l'un des plus complexes de la planète: le territoire est divisé en zones contrôlées par plusieurs entités; le gouvernement est soumis à des sanctions de la part des principaux donateurs; des autorités de facto s'imposent dans d'autres régions; le pays compte plusieurs groupes terroristes; il abrite cinq armées étrangères; les conflits sont violents et enchevêtrés; on observe des déplacements massifs au sein de la population; les violations et les abus des droits de l'homme deviennent systématiques; les institutions sont affaiblies, corrompues ou inexistantes; les infrastructures sont détruites; l'économie est anéantie; le trafic de drogues prend de l'ampleur; la pauvreté atteint des proportions insoutenables et les besoins augmentent de façon fulgurante», déclare-t-il.

«Il faudra composer avec ces complexités dans un contexte marqué par une profonde division au sein de la communauté internationale.»

M. Pedersen a appelé les dirigeants à faire preuve d'un bon leadership et d'un «esprit de coopération», dans la mesure où la solution requiert «moins de prises de position et de rhétorique et un plus grand pragmatisme» de la part des parties prenantes.

Il ajoute: «Le gouvernement et l'opposition en Syrie, ainsi que tous les principaux acteurs extérieurs, sont tenus de faire preuve de réalisme et de transparence. Il faudra protéger la Syrie des conflits géopolitiques plus larges opposant les principaux acteurs.»

«Il faut avouer que les tremblements de terre ont dévoilé et aggravé bon nombre de problèmes fondamentaux associés à la résolution 2 254 du Conseil de sécurité. Il s'agit en effet des problématiques qui sous-tendent la gouvernance, la souveraineté et l'intégrité territoriale, ainsi que le cessez-le-feu dans tout le pays. Il faut instaurer un environnement sûr, calme et neutre et régler le dossier des personnes détenues, disparues ou portées disparues. Il faut assurer le retour volontaire des réfugiés et des personnes déplacées, de façon sûre, digne et volontaire, car bon nombre d'entre eux ont dû se déplacer à nouveau au lendemain des séismes. Parmi les défis à relever figurent la reconstruction et le redressement postconflit, que les tremblements de terre n’ont rendu que plus difficiles.»


 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


Gaza: une commission de l'ONU accuse Israël de «génocide»

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  • La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien,
  • "La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport

GENEVE: Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre et d'autres responsables israéliens.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien, a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

"La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport.

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate" de la commission, a réagi son ministère des Affaires étrangères.

Sa publication intervient près de deux ans après le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. Depuis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a juré de détruire le mouvement islamiste qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza.

La commission d'enquête a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

"Intention de détruire" 

"Il est clair qu'il existe une intention de détruire les Palestiniens à Gaza par des actes répondant aux critères énoncés dans la Convention sur le génocide", a relevé dans un communiqué Mme Pillay, qui fut présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda et juge à la Cour pénale internationale (CPI).

Les plus hauts dirigeants israéliens "ont orchestré une campagne génocidaire", a ajouté la Sud-Africaine de 83 ans, ancienne Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme.

La commission n'est pas une instance juridique mais ses rapports peuvent accroître la pression diplomatique et servent à recueillir des preuves que les tribunaux peuvent utiliser.

La commission a conclu un accord de coopération avec la Cour pénale internationale (CPI) avec laquelle "nous avons partagé des milliers d'informations", a expliqué Mme Pillay à l'AFP.

"La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à la campagne génocidaire lancée par Israël contre le peuple palestinien à Gaza. Lorsque des signes et des preuves manifestes de génocide apparaissent, l'absence d'action pour y mettre fin équivaut à une complicité", a souligné Mme Pillay.

La campagne de représailles militaires dans le territoire palestinien a fait près de 65.000 morts, selon des données du ministère de la Santé de la bande de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, données jugées fiables par l'ONU.

Depuis le début de la guerre, Israël a été accusé à plusieurs reprises de commettre un génocide à Gaza, par diverses ONG, des experts indépendants de l'ONU, et jusque devant la justice internationale, à l'initiative de l'Afrique du Sud.

Les autorités israéliennes ont toujours vigoureusement rejeté ces accusations.

L'ONU n'a pas qualifié la situation de génocide, mais le chef des opérations humanitaires a exhorté à la mi-mai les dirigeants mondiaux à "agir pour empêcher un génocide".

A La Haye, la Cour internationale de justice (CIJ) avait sommé Israël dès janvier 2024 de prévenir tout acte de génocide. Quatre mois après, le procureur de la CPI avait demandé que des mandats d'arrêt soient délivrés à l'encontre de MM. Netanyahu et Gallant, soupçonnés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

La CPI est depuis dans le collimateur de Washington qui a pris des mesures contre des magistrats ayant autorisé la Cour à émettre ces mandats d'arrêt, notamment l'interdiction d'entrée sur le sol américain et le gel des avoirs détenus aux États-Unis.


Rubio promet un soutien "indéfectible" à Israël, avant une visite à Doha

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
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  • En visite à Jérusalem, le secrétaire d’État Marco Rubio a réaffirmé le soutien « indéfectible » des États-Unis à Israël dans sa guerre contre le Hamas à Gaza
  • Alors que les offensives israéliennes se poursuivent, causant de lourdes pertes civiles à Gaza, les critiques internationales s’intensifient

Jérusalem: Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a promis lundi à Jérusalem le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, à la veille d'un déplacement à Doha.

Durant la visite de M. Rubio, l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza assiégée et affamée, la Défense civile locale faisant état d'au moins 49 morts, dont des enfants.

Lancée en riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, cette offensive a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste a pris le pouvoir en 2007.

Le déplacement de M. Rubio a coïncidé avec un sommet arabo-islamique à Doha, quelques jours après une attaque israélienne inédite le 9 septembre au Qatar contre des chefs du Hamas.

"Les habitants de Gaza méritent un avenir meilleur, mais cet avenir meilleur ne pourra commencer que lorsque le Hamas sera éliminé", a déclaré M. Rubio après une rencontre à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Vous pouvez compter sur notre soutien indéfectible et notre engagement à voir cela se concrétiser", a-t-il ajouté.

M. Rubio se rend mardi au Qatar, en route pour Londres, afin de "réaffirmer le soutien total des Etats-Unis à la sécurité et la souveraineté du Qatar après l'attaque israélienne", selon le département d'Etat.

La frappe aérienne au Qatar, un médiateur entre Israël et le Hamas, a contrarié le président Donald Trump.

"Le Qatar a été un très grand allié. Israël et tous les autres, nous devons faire attention. Quand nous attaquons des gens, nous devons être prudents", a-t-il dit dimanche.

Malgré cette critique, M. Netanyahu a estimé que M. Trump était "le plus grand ami" qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche.

- "Animaux barbares" -

Au sommet de Doha, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, s'en est prix à Israël, l'accusant de "vouloir faire échouer les négociations" en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une libération des otages enlevés durant l'attaque du 7-Octobre.

Un communiqué final du sommet a appelé "tous les Etats à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël", alors que les six monarchies du Golfe ont appelé les Etats-Unis à "user de leur influence" pour contenir Israël.

A Jérusalem, M. Rubio s'est montré pessimiste quant à la possibilité d'une solution "diplomatique" à Gaza, qualifiant le Hamas d'"animaux barbares".

"Même si nous souhaitons vivement qu'il existe un moyen pacifique et diplomatique pour mettre fin (à la guerre) -et nous continuerons à explorer cette voie-, nous devons également nous préparer à la possibilité que cela ne se produise pas", a-t-il dit.

M. Rubio a aussi affiché la solidarité des Etats-Unis avec Israël avant un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite le 22 septembre à l'ONU, destiné à promouvoir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, au côté d'Israël.

Une initiative largement symbolique dans la mesure où Israël s'oppose fermement à la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Les Etats-Unis sont également hostiles à cette démarche, qui selon M. Rubio, a "enhardi" le Hamas.

En soirée, le secrétaire d'Etat a rencontré à Jérusalem des familles d'otages, selon un responsable du département d'Etat. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée israélienne.

- "Un corps sans âme" -

Dans le territoire palestinien, la Défense civile a indiqué que plus de la moitié des 49 Palestiniens tués l'avaient été à Gaza-ville, où l'armée a intensifié ses attaques avec l'objectif de s'en emparer.

Compte-tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée israélienne, qui présente Gaza-ville comme l'un des derniers bastions du Hamas dans le territoire palestinien, y a détruit plusieurs tours d'habitation en accusant le Hamas de s'y cacher.

Les Palestiniens continuent de fuir, en grand nombre, la ville et ses environs, qui comptaient un million d'habitants selon l'ONU.

"Je me sens comme un corps sans âme", dit Susan Annan, une Palestinienne qui habitait dans l'une de tours détruites. "Nous avons quitté notre maison avec seulement nos vêtements. Nous n'avons rien pu emporter."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire. L'ONU y a déclaré la famine, ce que Israël dément.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.