Cisjordanie: Le conflit israélo-palestinien s'intensifie en dépit de la médiation américaine

Les dirigeants palestiniens mettent en garde contre une nouvelle intifada suivant la dernière flambée de violence (Photo, AFP).
Les dirigeants palestiniens mettent en garde contre une nouvelle intifada suivant la dernière flambée de violence (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 02 mars 2023

Cisjordanie: Le conflit israélo-palestinien s'intensifie en dépit de la médiation américaine

  • Les discussions en Jordanie entre les hauts responsables sécuritaires israéliens et palestiniens n'ont guère contribué à apaiser les tensions
  • Brett McGurk, coordinateur américain du Conseil national de sécurité pour la région MENA, est chargé d'arrêter l'escalade des hostilités

AMMAN: Les affrontements persistants en Cisjordanie entre Palestiniens et colons israéliens ont contraint la communauté internationale à intervenir. Mais les pourparlers menés en Jordanie entre de hauts responsables sécuritaires israéliens et palestiniens semblent avoir peu contribué à apaiser les tensions ou à mettre un terme aux hostilités.
Au cours d'un sommet tenu dimanche dans la station balnéaire jordanienne d'Aqaba, les responsables israéliens et palestiniens se sont engagés, dans une déclaration commune, à travailler ensemble afin d’éviter de nouvelles flambées de violence. Les deux parties ont «réaffirmé la nécessité de s'engager dans le désamorçage des hostilités sur le terrain et de prévenir toute nouvelle violence».
Cependant, une nouvelle vague d'affrontements semble avoir anéanti presque immédiatement les minces espoirs de progrès.
Deux Israéliens habitant dans une colonie de Cisjordanie près de Naplouse ont été tués dimanche, déclenchant des attaques de vengeance au cours desquelles un Palestinien a été tué, des dizaines de véhicules et de bâtiments ont été incendiés et plus de 300 personnes ont été blessées.
Le déchaînement des colons dans la ville palestinienne de Hawara est survenu quelques jours seulement après que les forces israéliennes ont lancé leur raid le plus meurtrier en Cisjordanie depuis près de vingt ans, faisant 11 morts dans le rang des Palestiniens à Naplouse. Ce lundi, un Israélien, qui est également citoyen américain, a été tué dans la ville de Jéricho, en Cisjordanie.

Des Palestiniens affrontent un colon israélien au milieu de tensions croissantes en Cisjordanie (Photo, AFP).

De nombreux analystes estiment que Brett McGurk, le coordinateur du Conseil national de sécurité des États-Unis pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, qui est chargé d'essayer d'empêcher toute nouvelle escalade des hostilités et de faciliter un engagement plus large dans les pourparlers d'Aqaba, s'est vu confier une mission impossible.
Khalil Jahchan, directeur exécutif de l'Arab Center Washington D.C., estime que le sommet avait d’emblée peu de chances de réussir.
«Ce sommet a été précipité par l'administration américaine, surtout pour sauver Israël de ses propres politiques insensées, sans préparation adéquate ni travail préparatoire», a-t-il déclaré à Arab News.
«En effet, je considère que la conférence était à la fois mal conçue et mal venue, compte tenu des récentes décisions politiques et militaires du gouvernement de Benjamin Netanyahou, notamment ses raids violents à Jénine, Naplouse et d'autres villes palestiniennes occupées.
«Une fois le communiqué conjoint israélo-palestinien publié le 26 février, j'ai pensé que ses paroles fantaisistes ne tiendraient pas jusqu'à la prochaine session de suivi à la mi-mars. Aqaba a été un nouvel effort diplomatique gaspillé, notamment tant que l'occupation israélienne de la Palestine, vieille de vingt-cinq ans, se poursuivra sans entrave, avec le soutien direct ou indirect des États-Unis.»
Il croit que McGurk a été confronté à une tâche insurmontable.
«Comment pourrait-il désamorcer les tensions entre Israël et la Palestine, alors que ses collègues, le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, le directeur de la CIA, Bill Burns, et le secrétaire d'État, Antony Blinken, n'ont pas réussi à obtenir ces demandes du gouvernement Netanyahou?», s’est-il demandé.
McGurk est arrivé aux pourparlers armé d'un plan de sécurité. Mais les experts ont révélé que la région avait besoin de plus que de la sécurité.
Oraib Rantawi, directeur du centre d'études politiques Al-Quds à Amman, a déclaré qu'un cessez-le-feu conditionnel à court terme pourrait être possible si les autorités israéliennes acceptent de suspendre la construction de colonies, de mettre fin aux raids sur les villes palestiniennes et de demander aux colons de rendre compte de leurs actions.
«Mais en termes de solutions à moyen et long terme, le désamorçage de cette crise échouera à moins qu'il n'y ait un processus politique sérieux qui puisse offrir un horizon politique aux Palestiniens», a-t-il déclaré à Arab News.
Rantawi estime que seuls les États-Unis peuvent orchestrer un cessez-le-feu conditionnel et faire avancer les efforts visant à établir une telle voie politique.
«Sinon, les efforts de McGurk et de tout autre responsable américain sont inutile», a-t-il jugé.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a encouragé les groupes de colons extrémistes, affirment ses détracteurs  (Photo, AFP).

Ori Nir, vice-président de l'organisation Americans for Peace Now à Washington, a déclaré à Arab News que trois choses sont nécessaires pour réduire la violence: «Un gouvernement israélien prêt à affronter les colons et à limiter ses actions militaires en Cisjordanie; un gouvernement et des forces de sécurité palestiniens capables et crédibles; et un gouvernement américain prêt à appliquer de manière proactive les accords d'Aqaba.
«Aucun de ces éléments ne semble être présent. Par conséquent, les perspectives de succès de la mission de McGurk sont sombres.»
La Cisjordanie abrite environ 2,9 millions de Palestiniens, ainsi qu'environ 475 000 colons juifs qui vivent dans des colonies approuvées par l'État et considérées comme illégales au regard du droit international. Israël occupe la Cisjordanie depuis la guerre de 1967.
Les colons ont été enhardis par le retour au pouvoir de Netanyahou à la tête d'une coalition comprenant des partis ultra-orthodoxes et d'extrême-droite.
Botrus Mansour, avocat et expert en politique israélienne de Nazareth, pense que la détérioration de la situation sécuritaire est le résultat de radicaux inexpérimentés qui se sont soudainement retrouvés au pouvoir.
«Avant l'assermentation de ce gouvernement, les choses étaient relativement calmes», a-t-il indiqué. «Les ministres radicaux actuels étaient dans l'opposition et attaquaient toujours le gouvernement en lui reprochant de ne pas en faire assez.
«Et maintenant qu'ils sont au gouvernement, maintenant qu'ils sont au pouvoir, ils ont prouvé qu'ils étaient des échecs et leur inexpérience a été exposée.»
Johnny Mansour, professeur de sciences politiques à Haïfa, a déclaré à Arab News que beaucoup de travail est nécessaire dans le but d’instaurer un état de stabilité relative.
«Ce qu'il faut pour que le calme revienne, c'est une décision en faveur de l’arrêt total à la fois des actions agressives des Israéliens sur le terrain, et de la violence verbale prononcée par les ministres israéliens radicaux», a-t-il expliqué.

En bref

Des dizaines de colons israéliens ont incendié des maisons et des voitures dans la ville de Hawara, au nord de la Cisjordanie, dans la nuit de dimanche à lundi.

Ces violences sont survenues après une journée de pourparlers entre Israéliens et Palestiniens en Jordanie, destinés à apaiser les troubles dans les territoires palestiniens.

Selon les observateurs, la Cisjordanie connaît l'une des pires violences qu'elle ait connues depuis la deuxième Intifada en 2005.

Selon Johnny Mansour, «Ce qu'il faut, c'est donner de l'espoir aux gens, mais cela est loin maintenant. Les Palestiniens ne sont pas seulement sous occupation, ils sont humiliés, donc ils n'ont pas grand-chose à perdre à se révolter.»
Hani Masri, directeur du groupe de réflexion Masarat à Ramallah, estime que la clé de la réduction de la violence réside dans l'arrêt de toute activité d'expansion des colonies, la modification du statu quo à Al-Aqsa, l'arrêt des démolitions punitives de maisons palestiniennes et la prévention de l'annexion insidieuse des terres palestiniennes.
«Nous savons que ces options seront rejetées par Israël, et il n'y a donc pas d'échappatoire à une confrontation avec ce gouvernement kahaniste (sioniste extrémiste) qui cherche à annexer, judaïser et forcer les gens à partir», a-t-il déclaré à Arab News.
Zaha Hassan, avocate spécialisée dans les droits de l'homme et membre du programme pour le Moyen-Orient de la Fondation Carnegie pour la paix internationale, a expliqué à Arab News qu'une grande partie de la violence était le fait des autorités israéliennes et de leurs raids sur les villes et les camps de réfugiés palestiniens.
«Pour que la violence actuelle diminue, les Israéliens doivent croire qu'il y a des répercussions coûteuses», a-t-elle indiqué.
«Les États-Unis disposent de nombreux outils politiques qu'ils pourraient déployer. Ils doivent faire croire à Israël qu'ils vont les utiliser. Au lieu de cela, l'administration Biden a fait le contraire. Même une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies condamnant les colonies est combattue par les États-Unis, bec et ongles.»
Le cycle sans fin de la violence a également affaibli l'Autorité palestinienne. Les activités des groupes palestiniens armés ont augmenté ces derniers mois en raison, notamment, du vide sécuritaire laissé par le gouvernement de Ramallah, qui a choisi de ne pas réprimer la révolte et, dernièrement, refuse de coordonner les questions sécuritaires avec les autorités israéliennes.
Johnny Mansour estime que le sommet d'Aqaba sur la sécurité était une tentative de faire pression sur l'Autorité palestinienne pour qu'elle mette un frein aux factions armées.

Une nouvelle vague d'affrontements semble avoir anéanti les minces espoirs de progrès (Photo, AFP).

«Les Américains et les Israéliens ont essayé, avec la couverture arabe, de restreindre les manifestations populaires pendant le prochain mois de Ramadan, et ce qui est encore plus important pour Israël, c'est le besoin de calme pendant les vacances de la Pâque juive (Pessah), qui auront lieu à la fin du mois sacré du Ramadan», a-t-il mentionné.
Certains analystes soulignent qu'il existe de nombreux outils autres que la résistance violente que les Palestiniens pourraient utiliser afin de renforcer leur position, notamment en termes d'engagement avec la communauté internationale.
Mohammed Zahaika, activiste politique dans le quartier de Sawahreh à Jérusalem-Est, soutient une réponse non violente.
«Ce qu'il faut, c'est une protestation populaire et non violente qui peut mener à la désobéissance civile», a-t-il déclaré à Arab News. «Les gens ici à Jérusalem-Est se rendent compte qu'ils doivent trouver des moyens de neutraliser la puissante machine de guerre israélienne et d'élargir le fossé qui se creuse déjà en Israël.»
Il croit que le Ramadan, qui commencera vers la fin du mois de mars, pourrait être le moment idéal pour des manifestations populaires susceptibles de défier les Israéliens de droite qui, selon lui, n'ont aucun intérêt d’opter pour une résolution pacifique. Il admet toutefois qu'une grande partie de l'opinion publique palestinienne soutient une stratégie de résistance armée.
«Ce dont nous avons besoin, c'est que des forces extérieures soient impliquées et même qu'elles fournissent une protection et une intervention à la population palestinienne. Ce n'est qu'ainsi que l'on pourra dissuader les extrémistes», a précisé Zahaika.
Rifaat Kassis, membre élu du conseil municipal de Beit Sahour, convient que le Ramadan serait une bonne occasion de promouvoir l'unité palestinienne.
«L'Autorité palestinienne se trouve dans une situation difficile, que les choses s'aggravent ou se calment», a-t-il indiqué à Arab News. «Ce qu'il faut, c'est le lancement d’un mouvement populaire qui tente d'unifier les Palestiniens. C'est une occasion en or d'unir tous les groupes palestiniens.»

Les efforts de paix de l'envoyé américain au Moyen-Orient, Brett McGurk, semblent s'essouffler alors que la violence se propage (Photo, AFP).

Jamal Dajani, ancien responsable des communications au sein du bureau du Premier ministre palestinien, estime qu'une aide extérieure pourrait garantir la sécurité.
«Les Palestiniens de Cisjordanie ont besoin d'une protection internationale contre les attaques des colons israéliens, aidés et encouragés par l'armée d'occupation israélienne», a-t-il signalé à Arab News.
Il a indiqué que l'Autorité palestinienne n'a pas réussi à protéger son peuple et que la seule solution est donc de déployer des forces de l'ONU, ou d'autres troupes extérieures, pour assurer cette protection.
«Si ce n'est pas le cas, d'autres pogroms seront commis et les Palestiniens seront obligés de se défendre, quelle que soit leur affiliation, ou leur absence d'affiliation», a ajouté Dajani.
Les opérations des autorités israéliennes montrent qu'elles ont l'intention de remodeler la Cisjordanie et de détruire la possibilité d'un État palestinien viable, et avec lui tout espoir de paix durable par une solution à deux États, a-t-il prévenu.
«Les discussions sur la sécurité visent à assurer la sécurité des colons israéliens et non des Palestiniens», a-t-il jugé.
Anis Sweidan, directeur du département des relations publiques de l'Organisation de libération de la Palestine, a déclaré que l'escalade de la violence représente le début d'une nouvelle intifada, annonçant une répétition des soulèvements violents de 1987 à 1993 et de 2000 à 2005.
«Les crimes de l'armée israélienne et des colons augmentent à grande vitesse et cela ne peut être arrêté par un accord de sécurité», a-t-il affirmé à Arab News.
«Ce qu'il faut, c'est un processus politique sérieux basé sur la solution à deux États. Sinon, tout ce qui se passe n'est rien d'autre que des sédatifs. Je ne m'attends pas à ce que cela se produise et je ne vois donc pas de changements majeurs à l’horizon.»
Aaron David Miller, chercheur principal à la Fondation Carnegie pour la paix internationale et conseiller auprès des administrations républicaine et démocrate aux États-Unis, souhaiterait qu'un processus politique soit mis en place en vue de résoudre le conflit, mais il doute également que cela ait beaucoup de chances de se produire.
«Sans un horizon politique, il n'y a pas de voie à long terme pour mettre fin à la violence», a-t-il déclaré à Arab News. «Sans un effort majeur pour définir un horizon politique, avec des actions se renforçant mutuellement prises par chaque partie de manière à préparer le terrain pour des négociations sur un état final, il n'y a aucun moyen de mettre fin à la violence.»
«Il n'y a aucune chance, pour l’instant, que le gouvernement israélien actuel et l'Autorité palestinienne puissent se mettre d'accord sur ces éléments – et il est presque certain que le Hamas ne l’accepterait pas.»
Miller reconnaît qu'un désamorçage temporaire des hostilités pourrait permettre aux Israéliens et aux Palestiniens de passer le Ramadan et le Pessah sans incidents graves.
«Mais ce n'est qu'une question de temps avant que la prochaine explosion ne se produise», a-t-il soutenu.


Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.


Pluies diluviennes et vents puissants ajoutent au chaos qui frappe Gaza

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
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  • A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre
  • Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza

GAZA: Pelle à la main, des Palestiniens portant des sandales en plastique et des pulls fins creusent des tranchées autour de leurs tentes dans le quartier de Zeitoun, à Gaza-ville, rempart dérisoire face aux pluies torrentielles qui s'abattent depuis des heures.

Dès mercredi soir, la tempête Byron a balayé le territoire palestinien, bordé par la mer Méditerranée, inondant les campements de fortune et ajoutant à la détresse de la population, déplacée en masse depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre 2023.

A Zeitoun, le campement planté au milieu des décombres a des allures cauchemardesques, sous un ciel chargé de gros nuages gris et blancs.

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes.

Accroupis sur des briques posées dans la boue, un groupe d'enfants mangent à même des faitouts en métal devant l'ouverture d'un petit abri en plastique, en regardant le ciel s'abattre sur le quartier.

"Nous ne savions pas où aller" 

A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre.

"La nuit dernière a été terrible pour nous et pour nos enfants à cause des fortes pluies et du froid, les enfants ont été trempés, les couvertures et les matelas aussi. Nous ne savions pas où aller", raconte à l'AFP Souad Mouslim, qui vit sous une tente avec sa famille.

"Donnez-nous une tente décente, des couvertures pour nos enfants, des vêtements à porter, je le jure, ils ont les pieds nus, ils n'ont pas de chaussures", implore-t-elle.

"Jusqu'à quand allons-nous rester comme ça? C'est injuste", dit-elle en élevant la voix pour couvrir le bruit des gouttes frappant la toile.

Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza.

Le territoire connait généralement un épisode de fortes pluies en fin d'automne et en hiver, mais la dévastation massive due à la guerre l'a rendu plus vulnérable.

"La situation est désespérée", résume Chourouk Mouslim, une déplacée originaire de Beit Lahia, dans le nord de Gaza, elle aussi sous une tente à al-Zawaida.

"Nous ne pouvons même pas sortir pour allumer un feu" pour cuisiner ou se chauffer, déplore-t-elle, avant d'ajouter qu'elle n'a de toutes les manières ni bois, ni gaz.

Dans ce territoire dont les frontières sont fermées, où l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante selon l'ONU, malgré l'entrée en vigueur d'une trêve le 10 octobre, les pénuries empêchent une population déjà démunie de faire face à ce nouveau problème.

Lointaine reconstruction 

Sous les tentes, les plus chanceux bâchent le sol ou le recouvrent de briques pour empêcher que le sable humide ne détrempe leurs affaires. Dans les zones où le bitume n'a pas été arraché, des bulldozers continuent de déblayer les décombres des bâtiments détruits.

Beaucoup de gens restent debout, à l'entrée des abris, plutôt que de s'asseoir une surface mouillée.

"La tempête a eu un impact grave sur la population, des bâtiments se sont effondrés et une grande partie des infrastructures étant détruite, elles ne permettent plus d'absorber cet important volume de pluie", note Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile de Gaza.

Cette organisation, qui dispense des premiers secours sous l'autorité du Hamas, a affirmé que la tempête avait causé la mort d'une personne, écrasée par un mur ayant cédé. Elle a ajouté que ses équipes étaient intervenues après l'effondrement partiel de trois maisons durant les fortes pluies.

La Défense civile a averti les habitants restés dans des logements partiellement détruits ou fragilisés par les bombardements qu'ils se mettaient en danger.

"Les tentes, c'est inacceptable", estime M. Bassal, "ce qui doit être fourni maintenant, ce sont des abris qu'on peut déplacer, équipés de panneaux solaires, avec deux pièces, une salle de bain et toutes les installations nécessaires pour les habitants. Seulement à ce moment-là, la reconstruction pourra commencer".