La situation politico-économique en Turquie accroît la fuite des cerveaux 

La situation politico-économique en Turquie accroît la fuite des cerveaux 
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Publié le Samedi 25 juillet 2020

La situation politico-économique en Turquie accroît la fuite des cerveaux 

  • « Sans piston, les jeunes sont à peu près certains de ne pas trouver d’emploi »
  • Plus de 330 000 personnes ont quitté le pays l'année dernière, selon des données officielles récente

ANKARA : Le Dr. Ahmet Erdi Ozturk, conférencier à l'université métropolitaine de Londres, vit à l'étranger depuis neuf ans. Il s'y est même marié et a eu un enfant, loin de son pays d'origine et de ses parents. « Il est psychologiquement très difficile d'être membre de la diaspora » affirme-t-il.
Cependant, lorsqu'on lui demande s'il serait prêt à retourner en Turquie pour un poste universitaire avec un salaire plus élevé, il décline : « Il n'y a ni stabilité ni perspectives dans le milieu universitaire, et encore moins en politique. »
Récemment, plusieurs universitaires étrangers engagés pour enseigner à l’université Sehir d’Istanbul se sont retrouvés sans emploi et sans espoir après que l’université, fondée par l’ancien Premier ministre turc Ahmet Davutoglu, ait été fermée du jour au lendemain par un décret présidentiel. 
Cette décision faisait suite à un long différend entre Davutoglu et son ex-allié le président Recep Tayyip Erdogan, après que le premier ait fondé son propre parti, le Parti de l’avenir.
Ozturk, expert en politique turque et spécialiste de la diaspora, affirme que les Turcs sont de plus en plus déçus par le népotisme qui se généralise dans le pays, en particulier depuis la crise économique. 
Mansur Yavas, le maire d’Ankara affilié à l’opposition, a récemment divulgué la liste de ceux qui avaient été illégalement employés par la municipalité à l’époque de son prédécesseur, Melih Gokcek, figure controversée du gouvernement.
« La démocratie a un impact sur la vie quotidienne, déclare Ozturk à Arab News. Sans piston, les jeunes sont à peu près certains de ne pas trouver d’emploi. De nombreux citoyens ont le sentiment d’avoir perdu même leurs libertés fondamentales. »
Il ajoute que, pour le moment, il est presque impossible de « reconquérir » cette génération, car certains jeunes diplômés choisissent de partir définitivement, entraînant une fuite des cerveaux. Le nombre d’émigrants a d’ailleurs augmenté de 2 % en 2019 par rapport à l'année précédente.
Selon des données officielles de l'Institut statistique de Turquie géré par l'État, pas moins de 330 289 personnes ont quitté le pays l'année dernière. Environ 40,8 % d’entre elles avaient entre 20 et 34 ans.
Seren Selvin Korkmaz, directrice exécutive de l'Institut de recherche politique d'Istanbul, précise que des études récentes montrent que les jeunes quittent la Turquie principalement pour obtenir de meilleures conditions de vie, trouver des opportunités d’emploi, et bénéficier de davantage de libertés. 
 « La migration devient une stratégie de fuite face aux difficultés quotidiennes dans le pays. Le chômage des jeunes y est supérieur à 25 %. Beaucoup dépendent toujours financièrement de leur famille ou travaillent pour des salaires de misère, affirme Korkmaz à Arab News. Dans ces conditions, les jeunes pensent qu’ils n’ont pas d’avenir dans le pays. »
« Cette incertitude est très violente. Outre le chômage, les tendances autoritaires – notamment l'interdiction des réseaux sociaux ou les menaces à la liberté d’expression – inquiètent également beaucoup la jeunesse », ajoute-t-elle.
La Fondation pour la social-démocratie (Sodev) a récemment demandé à des jeunes de 15 à 25 ans s'ils vivraient à l'étranger s'ils en avaient la possibilité. Près de la moitié de ceux qui s’identifient comme partisans du gouvernement au pouvoir – le Parti de la justice et du développement (AKP) – ont déclaré qu’ils partiraient. Pour les analystes, cela démontre bien qu’ils ont perdu confiance en l’avenir de la Turquie.
Selon cette même enquête, publiée en mai dernier, 70,3 % des personnes interrogées considèrent qu’un jeune turc, même brillant, n’obtiendra jamais de promotion professionnelle en Turquie s’il ne dispose pas de « relations » politiques et/ou bureaucratiques. Pour Korkmaz, la jeune génération turque se trouve dans une position bien plus fragile que celle de leurs parents.
« Ils n'ont pas la sécurité de l’emploi. L’éducation dans le cadre des politiques néolibérales menées par l’AKP n’est plus une garantie d’ascension professionnelle. De plus, l'identité professionnelle, basée sur l'adéquation entre le niveau d’études et l’emploi occupé, s'érode dans le pays, insiste-t-elle. Les jeunes diplômés sont déçus, voire désespérés, et les acteurs politiques sont incapables de les rassurer ». 
Selon les experts, les récentes menaces du gouvernement pour contrôler davantage des plateformes comme YouTube, Twitter et Netflix ont déclenché la colère, en particulier celle de la génération Z – ceux qui sont nés entre 1995 et 2015 – qui considère les réseaux sociaux comme l'un des derniers bastions de liberté à l'ère numérique.
Lors des prochaines élections parlementaires de 2023, les jeunes électeurs devraient représenter 12 % de l'électorat,  soit une part non négligeable de l’électorat. Les politiciens du pays doivent en tenir compte.


Yémen: Le cabinet saoudien espère que les forces des Émirats arabes unis se retireront dans les 24 heures

Le roi Salman d'Arabie saoudite préside la session du cabinet de mardi. (SPA)
Le roi Salman d'Arabie saoudite préside la session du cabinet de mardi. (SPA)
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  • Le cabinet a déclaré qu'il espérait que les Émirats arabes unis cesseraient tout soutien militaire ou financier au STC et à toute autre partie au Yémen
  • Le cabinet a déclaré qu'il espérait également que les Émirats arabes unis prendraient les mesures nécessaires pour préserver les relations entre l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis

RIYAD: Le cabinet saoudien, présidé par le roi Salman, a exprimé mardi l'espoir que les forces émiraties se retireront du Yémen dans les 24 heures, conformément à la demande yéménite, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Le cabinet a également déclaré qu'il espérait que les Émirats arabes unis cesseraient tout soutien militaire ou financier au Conseil de transition du Sud et à toute autre partie au Yémen, a ajouté SPA.

Le cabinet a déclaré qu'il espérait également que les Émirats arabes unis prendraient les mesures nécessaires pour préserver les relations entre l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, que le Royaume souhaite renforcer, et a déclaré qu'il se réjouissait de travailler ensemble à tout ce qui renforcerait la prospérité et la stabilité des pays de la région.

Le cabinet a exprimé son regret quant aux résultats des efforts de désescalade que le Royaume a voulu poursuivre et qui se sont heurtés à une escalade injustifiée qui contredit les principes sur lesquels la Coalition pour le soutien de la légitimité au Yémen a été fondée, sape ses efforts pour parvenir à la sécurité et à la stabilité au Yémen et est incompatible avec toutes les promesses que le Royaume a reçues des Émirats arabes unis.

Le Cabinet apprécie le rôle de la Coalition pour le soutien de la légitimité au Yémen dans la protection des civils dans les gouvernorats de Hadramaout et d'Al-Mahra, en réponse à la demande du président du Conseil présidentiel yéménite Rashad Al-Alimi, et dans la réduction de l'escalade afin de parvenir à la sécurité et à la stabilité et d'empêcher l'expansion du conflit.

Le cabinet a réaffirmé que le Royaume n'hésitera pas à prendre les mesures nécessaires pour faire face à toute atteinte ou menace à sa sécurité nationale, ainsi que son engagement en faveur de la sécurité, de la stabilité et de la souveraineté du Yémen, et son soutien total à M. Al-Alimi et à son gouvernement.

En ce qui concerne les autres affaires régionales, le cabinet a réaffirmé le soutien du Royaume à la souveraineté, à l'intégrité territoriale et à la sécurité de la Somalie, et rejette la déclaration de reconnaissance mutuelle entre Israël et le Somaliland, car elle consacre des mesures séparatistes unilatérales qui violent le droit international.


Cisjordanie: Israël dit avoir tué un homme qui fonçait sur des soldats

 L'armée israélienne a déclaré mardi avoir abattu un homme qui tentait de renverser avec son véhicule un groupe de soldats, dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
L'armée israélienne a déclaré mardi avoir abattu un homme qui tentait de renverser avec son véhicule un groupe de soldats, dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
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  • "Un rapport a été reçu concernant un terroriste qui a tenté de renverser des soldats de Tsahal opérant dans la zone d'Einabus", a indiqué l'armée dans un communiqué. "En réponse, les soldats ont tiré sur le terroriste et l'ont neutralisé"
  • Le texte n'a pas fourni d'autres détails sur l'incident, survenu quelques jours après qu'un Palestinien a renversé avec son véhicule un Israélien sexagénaire, puis poignardé à mort une jeune femme de 18 ans dans le territoire occupé

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré mardi avoir abattu un homme qui tentait de renverser avec son véhicule un groupe de soldats, dans le nord de la Cisjordanie occupée.

"Un rapport a été reçu concernant un terroriste qui a tenté de renverser des soldats de Tsahal opérant dans la zone d'Einabus", a indiqué l'armée dans un communiqué. "En réponse, les soldats ont tiré sur le terroriste et l'ont neutralisé".

Le texte n'a pas fourni d'autres détails sur l'incident, survenu quelques jours après qu'un Palestinien a renversé avec son véhicule un Israélien sexagénaire, puis poignardé à mort une jeune femme de 18 ans dans le territoire occupé.

Il a également été tué lors de l'attaque. À la suite de cet incident survenu vendredi, l'armée a mené une opération de deux jours dans la ville cisjordanienne de Qabatiya, d'où provenait l'assaillant, arrêtant plusieurs de ses habitants, dont son père et ses frères.

De nombreuses attaques ont été perpétrées en Israël par des Palestiniens depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

Les violences se sont également intensifiées en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967. Depuis le 7-Octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels des civils et des combattants, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 44 Israéliens, civils ou soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

 


La Coalition arabe annonce une frappe aérienne “limitée” contre deux navires ayant acheminé des armes au Yémen

Sur cette photo prise le 29 novembre 2018, des forces pro-gouvernementales yéménites montent la garde près d'un navire amarré dans le port d'al-Mukalla, dans la province d'Hadramaout, au sud-ouest du Yémen. (AFP/Archives)
Sur cette photo prise le 29 novembre 2018, des forces pro-gouvernementales yéménites montent la garde près d'un navire amarré dans le port d'al-Mukalla, dans la province d'Hadramaout, au sud-ouest du Yémen. (AFP/Archives)
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  • La Coalition appelle à l’évacuation du port d'al-Mukalla, laissant présager une opération militaire majeure visant à contraindre le STC à se retirer
  • Le porte-parole indique que les deux navires ont transporté des armes depuis le port émirati de Fujairah vers al-Mukalla sans autorisation du commandement de la Coalition

Riyad : La Coalition de soutien à la légitimité au Yémen a annoncé mardi avoir mené une frappe aérienne « limitée » visant deux navires ayant introduit clandestinement des armes et d’autres équipements militaires dans le port d'al-Mukalla, dans le sud du Yémen.

Dans un communiqué relayé par l’Agence de presse saoudienne (SPA), le porte-parole des forces de la Coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que deux navires en provenance du port de Fujairah, aux Émirats arabes unis, étaient entrés dans le port d'al-Mukalla, dans le gouvernorat de Hadramaout, sans obtenir d’autorisations officielles du commandement des forces conjointes de la Coalition.

« Les équipages des deux navires ont désactivé leurs systèmes de suivi et déchargé une grande quantité d’armes et de véhicules de combat afin de soutenir les forces du Conseil de transition du Sud (STC) dans les gouvernorats orientaux du Yémen (Hadramaout et Al-Mahra), dans le but d’alimenter le conflit. Il s’agit d’une violation flagrante de la trêve et des efforts visant à parvenir à une solution pacifique, ainsi que d’une violation de la résolution n° 2216 (2015) du Conseil de sécurité des Nations unies », a déclaré le porte-parole.

La Coalition a exhorté les civils et les pêcheurs à évacuer le port d'al-Mukalla, indiquant qu’une opération militaire de grande ampleur visant à imposer le retrait du STC pourrait être imminente.

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Carte Google indiquant l'emplacement d'al-Mukalla dans le sud du Yémen.

Al-Maliki a précisé que les forces de la Coalition avaient agi à la demande de Rachad Al-Alimi, président du Conseil présidentiel de direction du Yémen, « afin de prendre toutes les mesures militaires nécessaires pour protéger les civils dans les gouvernorats de Hadramaout et d’Al-Mahra ».

La semaine dernière, Al-Alimi avait averti que les actions unilatérales du STC poussaient le pays vers un seuil dangereux.

« Compte tenu du danger et de l’escalade représentés par ces armes, qui menacent la sécurité et la stabilité, les forces aériennes de la Coalition ont mené ce matin une opération militaire limitée visant les armes et les véhicules de combat déchargés des deux navires au port d'al-Mukalla. L’opération a été menée après documentation du déchargement et conformément au droit international humanitaire et à ses règles coutumières, sans qu’aucun dommage collatéral ne soit enregistré », a déclaré mardi le général Al-Maliki.

Il a réaffirmé l’« engagement constant de la Coalition en faveur de la désescalade et du maintien du calme dans les gouvernorats de Hadramaout et d’Al-Mahra, ainsi que de la prévention de tout soutien militaire de la part de quelque pays que ce soit à une faction yéménite sans coordination avec le gouvernement yéménite légitime et la Coalition », afin d’assurer le succès des efforts du Royaume et de la Coalition pour instaurer la sécurité et la stabilité et empêcher l’extension du conflit.

Par ailleurs, le président du Conseil présidentiel yéménite a décrété mardi l’état d’urgence pour une durée de 90 jours, incluant un blocus aérien, maritime et terrestre de 72 heures.

Ignorant les accords précédents conclus avec la Coalition, le groupe se désignant sous le nom de Conseil de transition du Sud (STC) a lancé début décembre une vaste campagne militaire, prenant le contrôle du gouvernorat de Hadramaout, à la frontière saoudienne, ainsi que du gouvernorat oriental d’Al-Mahra, à la frontière avec Oman.

Les forces du STC, soutenues par les Émirats arabes unis, se sont emparées de la ville de Seiyoun, y compris de son aéroport international et du palais présidentiel. Elles ont également pris le contrôle des champs pétroliers stratégiques de PetroMasila, qui représentent une part majeure des ressources pétrolières restantes du Yémen.

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Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj, qui vivent le long de la bande entre le sud et le nord du pays, se rassemblent lors d'un rassemblement dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025, pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC), soutenu par les Émirats arabes unis, qui souhaite rétablir l'indépendance du Yémen du Sud. (AFP)

Cette situation a conduit l’Arabie saoudite à exiger fermement le retrait du STC et la remise des zones saisies aux Forces du Bouclier national, une unité soutenue par Riyad.

La Coalition a averti que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, selon l’Agence de presse saoudienne.

Le 26 décembre, les Émirats arabes unis ont publié un communiqué saluant les efforts de l’Arabie saoudite en faveur de la sécurité et de la stabilité au Yémen.

Le communiqué, relayé par l’agence de presse officielle WAM, a loué le rôle constructif de l’Arabie saoudite dans la défense des intérêts du peuple yéménite et le soutien à ses aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com