A Jérusalem-Est, de jeunes Palestiniens basculent dans la violence

Les forces de sécurité israéliennes utilisent des gaz lacrymogènes pour disperser les Palestiniens qui manifestent contre la démolition de maisons par les autorités israéliennes, après la prière du vendredi dans le quartier arabe de Silwan à Jérusalem-Est annexé par Israël, le 3 mars 2023. (Photo AHMAD GHARABLI / AFP)
Les forces de sécurité israéliennes utilisent des gaz lacrymogènes pour disperser les Palestiniens qui manifestent contre la démolition de maisons par les autorités israéliennes, après la prière du vendredi dans le quartier arabe de Silwan à Jérusalem-Est annexé par Israël, le 3 mars 2023. (Photo AHMAD GHARABLI / AFP)
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Publié le Lundi 06 mars 2023

A Jérusalem-Est, de jeunes Palestiniens basculent dans la violence

  • Ces dernières semaines, plusieurs attaques visant des Israéliens ont été commises par des adolescents palestiniens
  • Après des décennies de conflit, de jeunes assaillants palestiniens sont régulièrement qualifiés de «meurtriers» ou «terroristes» d'un côté, et célébrés comme des «héros» ou «martyrs» de l'autre

JERUSALEM: A l'une des entrées de la Vieille ville de Jérusalem, un adolescent palestinien est interpellé par des policiers israéliens, fouillé par l'un d'eux tandis que les deux autres pointent leurs armes sur lui, avant d'être relâché.

Cette scène est courante à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé et annexé par Israël, où les forces israéliennes disent agir ainsi pour la sécurité publique. Ces dernières semaines, plusieurs attaques visant des Israéliens ont été commises par des adolescents palestiniens.

"Il est difficile de contrecarrer les attaques de ces individus", avait déclaré un porte-parole de l'armée israélienne, Ran Kochav, à la chaîne israélienne Kan 11.

"Il est très difficile de savoir ce que pense un garçon de 13 ans lorsqu'il décide de brandir un couteau et de mener une attaque, sans le dire à personne autour de lui", avait-il ajouté, estimant qu'il s'agissait d'un "défi" pour les services de renseignement.

Le 28 janvier, au lendemain d'un attentat ayant fait sept morts à Jérusalem-Est, un Palestinien de 13 ans a ouvert le feu sur deux Israéliens, un père et son fils, les blessant.

Le 13 février, un adolescent de 14 ans a blessé un passant dans la Vieille ville avec un couteau, tandis qu'un autre de 13 ans a poignardé un policier israélien lors d'un contrôle de routine dans un autobus.

Après des décennies de conflit, de jeunes assaillants palestiniens sont régulièrement qualifiés de "meurtriers" ou "terroristes" d'un côté, et célébrés comme des "héros" ou "martyrs" de l'autre. Mais tant en Israël que dans les territoires palestiniens, des experts s'efforcent de trouver une explication plus nuancée à ce qui les pousse à commettre de telles violences.

«Traumatisme»

Dans le camp de réfugiés de Chouafat, d'où sont originaires les deux assaillants du 13 février, Fidaa al-Zalabani raconte à l'AFP comment elle a été "accusée d'être complice" de son fils Mohammedal-Zalabani, suspecté d'être l'auteur d'une des deux attaques, fatale à un policier.

Interrogée avec son mari et son fils aîné, elle affirme s'être vu reprocher "d'avoir su" à l'avance les intentions attribuées à son fils et de l'avoir "protégé".

"Mais aucune mère ne dit à son fils d'aller poignarder un policier", poursuit-elle, disant avoir du mal à croire que son fils, incarcéré depuis, ait pu poignarder un homme.

Les mineurs qui commettent ce type d'attaques ont souvent été confrontés à des violences eux-mêmes, relève le psychiatre Mahmoud Sehwail, directeur d'un centre d'aide aux victimes de torture et de violence à Ramallah, en Cisjordanie occupée.

"Derrière chacune de ces personnes, il y a une histoire ou un traumatisme et celui qui subit des violences devient violent", explique-t-il à l'AFP, imputant la responsabilité de cette situation à l'occupation israélienne, avec son lot de violences et d'humiliations quotidiennes.

Israël occupe depuis 1967 la Cisjordanie et Jérusalem-Est. Il impose aussi un blocus sur la bande de Gaza depuis la prise de pouvoir du mouvement islamiste Hamas en 2007.

"C'est ce qui fait que nos enfants (palestiniens) détestent leurs enfants (israéliens)", affirme M. Sehwail: "La violence prendra fin quand l'occupation cessera".

«Impuissants»

Ces jeunes hommes représentent une nouvelle génération, née après 2000 et abreuvée de vidéos violentes sur les réseaux sociaux, relève Michael Milshtein, spécialiste des questions palestiniennes au centre de recherche Moshe Dayan sur le Moyen-Orient.

"Ils n'ont aucun horizon devant eux", affirme-t-il, et alors que l'Autorité palestinienne, dirigée depuis près de 20 ans par Mahmoud Abbas, 87 ans, est de plus en plus décriée, ils ne se sentent représentés par personne.

A Jérusalem, lorsqu'ils ne craignent pas de se faire expulser de leur domicile, ils voient leur frère ou leur père se faire interpeller, note Leah Tsemel, avocate israélienne qui compte de nombreux clients palestiniens arrêtés par Israël.

"Ils savent qu'ils vivent sous occupation permanente" et "se sentent impuissants", ajoute-t- elle.

"Les parents sont occupés à subvenir aux besoins de leurs familles. Ils ne disent pas à leurs fils d'aller prendre une pierre ou de commettre une attaque, ils veulent tous que leurs enfants étudient", dit-elle à l'AFP. "Mais les enfants ne peuvent accepter cette situation alors ils réagissent".

A Chouafat, un jeune activiste, qui préfère taire son nom par peur d'être arrêté, déplore les barrages militaires qui entourent le camp, le séparant du quartier de colonisation israélienne de Pisgaat Zeev.

"Là-bas, à cinq minutes d'ici, il y a cinq parcs", dit-il. "Mais qu'y a-t-il pour les jeunes ici? Il n'y a rien. Les jeunes n'ont pas le sentiment d'avoir un avenir", conclut-il.


Le chef d'état-major libyen est mort dans un "accident" d'avion en Turquie (officiel)

Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
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  • Le chef d’état-major libyen Mohamed al-Haddad et plusieurs hauts responsables militaires sont morts dans un accident d’avion après leur départ d’Ankara
  • Les autorités turques évoquent une urgence liée à un dysfonctionnement électrique ; la Libye observe trois jours de deuil national et a dépêché une délégation pour enquêter

TRIPOLI: Le chef d'état-major libyen et plusieurs autres responsables militaires sont morts dans un "accident" d'avion après avoir quitté la capitale turque Ankara, où ils étaient en visite, a annoncé mardi soir le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah.

"C'est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris la nouvelle du décès du chef d'état-major général de l'armée libyenne, le général de corps d'armée Mohamed Al-Haddad (...), à la suite d'une tragédie et d'un accident douloureux lors de (son) retour d'une mission officielle dans la ville turque d'Ankara", a déclaré M. Dbeibah sur sa page officielle sur Facebook.

Les autorités turques ont annoncé que l'épave de l'avion qui le transportait avait été retrouvée. Elles avaient auparavant indiqué que le contact avait été perdu avec l'appareil moins de 40 minutes après son décollage d'Ankara.

Le général Mohamad al-Haddad, originaire de Misrata (ouest), avait été nommé à ce poste en août 2020 par l'ancien chef du gouvernement Fayez al-Sarraj.

Plusieurs autres responsables militaires se trouvaient à bord selon le Premier ministre libyen: le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Al-Fitouri Ghraybel, le directeur de l'Autorité de l'industrie militaire, Mahmoud Al-Qatioui, et le conseiller du chef d'état-major, Mohamed Al-Assaoui Diab.

Un photographe, Mohamed Omar Ahmed Mahjoub, les accompagnait.

M. Dbeibah a déploré une "grande perte pour la patrie"". "Nous avons perdu des hommes qui ont servi leur pays avec loyauté et dévouement", a-t-il noté.

Le gouvernement d'union nationale (GNU) de M. Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours.

Il a aussi demandé au ministère de la Défense d'envoyer une délégation officielle à Ankara pour faire la lumière sur les circonstances de l'incident, selon un communiqué du gouvernement.

L'appareil "a signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique au contrôle aérien et a demandé un atterrissage d'urgence", a précisé la présidence turque.

Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, a de son côté présenté ses condoléances et dit sa "profonde tristesse".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.