Six Palestiniens, dont un recherché, tués dans un raid israélien en Cisjordanie

Des oiseaux volent tandis que des panaches de fumée s'élèvent lors d'un raid de l'armée israélienne dans le camp de réfugiés palestiniens de Jénine en Cisjordanie occupée, le 7 mars 2023. (AFP)
Des oiseaux volent tandis que des panaches de fumée s'élèvent lors d'un raid de l'armée israélienne dans le camp de réfugiés palestiniens de Jénine en Cisjordanie occupée, le 7 mars 2023. (AFP)
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Publié le Mercredi 08 mars 2023

Six Palestiniens, dont un recherché, tués dans un raid israélien en Cisjordanie

  • A l'issue de l'opération, dans le camp de réfugiés de Jénine, un journaliste a pu filmer à l'intérieur du bâtiment où s'était retranché Abdel Fatah Husseïn Khrouchah, qualifié par l'armée israélienne de «terroriste».
  • Le ministère de la Santé palestinien a annoncé la mort de six Palestiniens «tués par l'occupation [israélienne] à Jénine» : outre Khrouchah, 49 ans, cinq hommes âgés de 22 et 29 ans

JÉNINE: Six Palestiniens, parmi lesquels l'auteur d'une attaque récente ayant coûté la vie à deux Israéliens, ont été tués mardi lors d'un nouveau raid militaire israélien en Cisjordanie occupée, dernier épisode d'une vague de violences qui semble ne pas vouloir refluer.

A l'issue de l'opération ayant mobilisé des blindés, des drones, ainsi qu'au moins un bulldozer et un hélicoptère d'attaque, un journaliste de l'AFP a pu filmer à l'intérieur du bâtiment où s'était retranché Abdel Fatah Husseïn Khrouchah, membre de la branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas, dans le camp de réfugiés de Jénine.

Selon les éléments concordants communiqués par les forces israéliennes et les témoignages recueillis sur place, les soldats ont encerclé le bâtiment et de violents affrontements les ont opposés à des hommes armés à l'intérieur, mais aussi à des combattants palestiniens dans les rues de cette zone urbaine du nord de la Cisjordanie.

Des témoins ont parlé de tirs de roquettes sur le bâtiment. L'armée a confirmé que "des lance-missiles portatifs" avaient été utilisés contre l'immeuble d'habitation. A l'intérieur, des pans de murs écroulés témoignent de la violence des combats.

Le ministère de la Santé palestinien a annoncé la mort de six Palestiniens "tués par l'occupation [israélienne] à Jénine" : outre Khrouchah, 49 ans, cinq hommes âgés de 22 à 29 ans. Et 26 autres personnes ont été blessées, dont trois grièvement. Les forces israéliennes ont fait part de deux blessés légers dans leurs rangs.

Selon les autorités israéliennes, Khrouchah était l'auteur de l'attaque ayant coûté la vie le 26 février à deux frères habitant une colonie juive du nord de la Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967.

«Détermination à combattre»

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a félicité les soldats d'avoir "agi avec une précision chirurgicale dans le repaire des assassins" et "éliminé [un] terroriste abominable". "Quiconque nous fait du mal en paiera le prix", a-t-il ajouté.

"Les crimes et les massacres perpétrés par les Israéliens n'intimideront pas notre peuple palestinien mais le renforceront dans sa détermination à combattre l'occupation israélienne", a réagi le Hamas.

Le Jihad islamique a publié un communiqué au ton similaire, tout comme le mouvement du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, le Fatah, dont le texte laisse entendre que des membres des forces de sécurité palestinienne auraient pris part aux combats contre l'armée israélienne.

Nabil Abou Roudeina, porte-parole de la présidence palestinienne, a dénoncé comme un acte de "guerre totale" l'emploi de roquettes contre des habitations en pleine ville et accusé le gouvernement israélien d'être "responsable [d'une] escalade dangereuse qui menace d'embraser la situation et de détruire tous les efforts destinés à ramener la stabilité".

Dans le camp de réfugiés d'Askar, à Naplouse, autre ville du nord de la Cisjordanie, théâtre comme Jénine de raids militaires israéliens à répétition qualifiés par l'armée d'"opérations antiterroristes" depuis bientôt un an, les soldats ont arrêté trois fils de Khrouchah, selon des sources palestiniennes.

Paris «extremement préoccupé» par la situation en Israël et dans les territoires occupés

La France est "extrêmement préoccupée" par la vague de violences en Israël et dans les territoires palestiniens, a assuré la ministre française des Affaires étrangères lors d'une audition mardi soir devant l'Assemblée nationale.

Catherine Colonna a déploré la "dégradation continue". "La violence engendre la violence et nous avons appelé les uns et les autres à d'autres comportements", a ajouté la ministre.

Catherine Colonna n'a pas directement répondu aux députés l'interpellant sur la possibilité de prendre des sanctions à l'encontre du gouvernement israélien mais elle a rappelé les condamnations récentes de la France relatives notamment aux "violences" commises par les colons israéliens à l'encontre de civils palestiniens.

"Ne dites pas que nous faisons rien", a également lancé la ministre.

"Le conseil de sécurité des Nations Unies a adopté une déclaration présidentielle qui appelle à la fin des violences", a-t-elle ajouté, soulignant que cela avait "fait l'objet de beaucoup d'efforts" de la France et de ses partenaires en particulier les Etats-Unis.

Catherine Colonna a également répété la position de la France, qui prône le rétablissement d'un "horizon politique en faveur d'une solution à deux États" pour apporter "une paix juste et durable" aux Israéliens et aux Palestiniens.

«Détérioration supplémentaire»

Le Shin Beth, la sécurité intérieure israélienne, indique pour sa part que deux fils de Khrouchah ont été arrêtés et qu'ils sont soupçonnés d'avoir aidé leur père à planifier son attaque.

Depuis le début de l'année, le conflit israélo-palestinien a coûté la vie à 71 Palestiniens (dont des combattants et des civils, parmi lesquels des mineurs) et 13 Israéliens (dont des mineurs et des forces de sécurité) et une Ukrainienne, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de sources officielles israéliennes et palestiniennes.

A l'issue d'une rare rencontre à Aqaba (en Jordanie), des responsables israéliens et palestiniens s'étaient engagés le 26 février à œuvrer en vue d'une "désescalade".

Mais alors même que se tenait cette rencontre avait lieu l'attaque meurtrière imputée par Israël à Khrouchah, et la nuit suivante, des colons juifs attaquaient en représailles la ville palestinienne de Huwara, incendiant plusieurs bâtiments.

A Amman, les Affaires étrangères jordaniennes ont condamné mardi "les incursions israéliennes ininterrompues dans les villes palestiniennes occupées".

La France a déploré la "dégradation continue" de la situation et dit être "extrêmement préoccupée" par la vague de violences.

Dans la nuit de mardi à mercredi, les sirènes d'alerte ont retenti à Nir Am, petite localité israélienne située à quelques kilomètres seulement de la bande de Gaza, à la suite d'un tir de roquette identifié à partir de ce territoire palestinien sous le contrôle du Hamas, a indiqué l'armée israélienne.

La roquette "semble avoir explosé à l'intérieur de la bande de Gaza", ajoute l'armée dans un bref communiqué.


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
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  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
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  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.


L'Arabie saoudite, le Qatar et la Chine condamnent l'attaque terrestre israélienne à Gaza

De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
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  • L'Arabie saoudite a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à mettre fin à l'escalade
  • Le Qatar a réitéré son soutien à la création d'un État palestinien indépendant

RIYADH : L'Arabie saoudite, la Chine et le Qatar ont condamné mercredi l'extension des opérations militaires israéliennes à Gaza, avertissant que l'assaut violait le droit international et menaçait la stabilité régionale.

Dans une déclaration, le ministère saoudien des affaires étrangères a dénoncé ce qu'il a appelé "la poursuite des crimes" par les forces d'occupation israéliennes et a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à prendre des mesures efficaces pour mettre fin à l'escalade.

Le Royaume a réaffirmé son rejet des actions qui portent atteinte au droit humanitaire international et a appelé à des efforts internationaux urgents pour mettre fin à la violence et assurer la protection des civils à Gaza.

Le ministère des affaires étrangères du Qatar a également condamné l'opération terrestre israélienne "dans les termes les plus forts", la qualifiant d'extension de la guerre contre le peuple palestinien et de "violation flagrante du droit international".

Il a averti que les actions d'Israël compromettaient les perspectives de paix par des politiques de "colonisation, d'agression et de racisme", et a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures décisives pour garantir le respect des résolutions internationales.

Le Qatar a réitéré son soutien à la cause palestinienne et à la création d'un État palestinien indépendant sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

À Pékin, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Lin Jian, a déclaré que la Chine "s'oppose fermement à l'escalade des opérations militaires d'Israël à Gaza et condamne tous les actes qui portent atteinte aux civils et violent le droit international", en référence au bombardement de la ville de Gaza.