Turquie: les avocats dans les ruines en quête de justice

En casque de chantier jaune et gilet fluo, la vingtaine d'avocats remonte ce matin-là une rue d'un quartier résidentiel populaire, fait d'immeubles de trois, quatre étages au plus et dont les rez-de-chaussée étaient souvent occupés par des commerces. (AFP)
En casque de chantier jaune et gilet fluo, la vingtaine d'avocats remonte ce matin-là une rue d'un quartier résidentiel populaire, fait d'immeubles de trois, quatre étages au plus et dont les rez-de-chaussée étaient souvent occupés par des commerces. (AFP)
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Publié le Vendredi 10 mars 2023

Turquie: les avocats dans les ruines en quête de justice

  • Hormis la magnitude de la secousse (7,8), entrepreneurs turcs et autorités ont parfois conduit ou approuvé des projets immobiliers qui n'auront laissé aucune chance à leurs occupants
  • A ce jour, 269 suspects - entrepreneurs et promoteurs - ont été arrêtés, et des poursuites judiciaires ont été engagées contre un millier de personnes impliquées dans la construction de ces immeubles

ANTAKYA: Le vieil homme s'est précipité à leurs trousses pour leur demander conseil: "On me dit que mon immeuble doit être détruit", lance-t-il à l'adresse du groupe d'avocats casqués qui patrouille son quartier d'Aksaray, à Antakya.

Depuis le séisme du 6 février qui a fait au moins 46.000 morts et plus de cent milliards de dollars de dégâts selon l'ONU, les barreaux des 81 provinces turques dépêchent leurs adhérents dans les zones sinistrées pour collecter toutes les données possible.

Regroupées dans une base nationale, elles permettront peut-être de juger un jour les responsables du lourd bilan.

Photographies des bâtiments endommagés, mesure du diamètre des fers à béton, qualité des matériaux... "Nous inspectons tous les immeubles un par un pour collecter des preuves afin d'empêcher qu'elles disparaissent avec les décombres", explique Ahmet Kandemir, avocat du barreau d'Antakya (sud), ville la plus dévastée, qui reçoit régulièrement le renfort de confrères venus d'autres villes.

Car hormis la magnitude de la secousse (7,8), entrepreneurs turcs et autorités ont parfois conduit ou approuvé des projets immobiliers qui n'auront laissé aucune chance à leurs occupants.

En casque de chantier jaune et gilet fluo, la vingtaine d'avocats remonte ce matin-là une rue d'un quartier résidentiel populaire, fait d'immeubles de trois, quatre étages au plus et dont les rez-de-chaussée étaient souvent occupés par des commerces.

Etaient. Car cet immeuble rose pâle qui penche dangereusement s'est enfoncé dans le sol et la boucherie-boulangerie est désormais à peine visible, son enseigne au ras du bitume.

Faire vite 

A côté, le bâtiment framboise de Mehmet Ezel, une construction familiale dont cet agent de sécurité de 38 ans vient récupérer le chauffe-eau solaire, a tenu bon. Mais l'immeuble voisin a arraché tout son flanc gauche en s'écroulant.

Dans ses décombres, une des avocates mesure le diamètre des fers à béton: 5 mm, là où il en aurait fallu 12.

"On est tous là bénévolement et de notre propre initiative, pour que les preuves ne disparaissent pas. On les utilisera pour instruire les contentieux " , insiste Firatcan Kaliz, avocat du barreau d'Antalya, ville située à 500 km à vol d'oiseau, accouru en renfort.

Deux autres équipes patrouillent d'autres secteurs dans le même but.

A ce jour, 269 suspects - entrepreneurs et promoteurs - ont été arrêtés, et des poursuites judiciaires ont été engagées contre un millier de personnes impliquées dans la construction de ces immeubles, dont plusieurs alors qu'elles tentaient de fuir le pays.

Mais il faut faire vite: les ruines de la résidence Rönesans, 250 appartements dits de luxe, dans laquelle le footballeur ghanéen Christian Atsu et des centaines de personnes ont péri, ont déjà été évacuées. "Il y avait encore des corps... si ça se trouve on marche dessus", hasarde, désemparé, un jeune soldat en patrouille.

Croisé dans les ruines de la vieille ville, Rüstü Kanli, un entrepreneur, dit revenir tous les jours examiner les lieux: "Le gouvernement nous met tout sur le dos... Et les ministres? Et les autorités?"

"Il y a beaucoup de leçons à tirer de cette catastrophe, estime-t-il, et pas seulement pour nous".

Sous une tente en face 

Ömer Unsaldi a perdu quatorze membres de sa famille et, à 67 ans, a dû évacuer l'appartement promis à la destruction.

Il l'avait acheté il y a 15 ans et vit désormais sous une tente, en face de l'immeuble, comme Mehmet son voisin, sur le terrain de volley-ball.

Voir les avocats au travail le rassure: "C'est bien, moi je n'ai pas d'éducation, vers qui pourrais-je me tourner ? Ils vont nous guider", espère en pleurant l'ancien chauffeur de minibus qui, avec ses 6.000 livres (300 euros) de pension et huit proches à charge, ne se voit plus d'avenir.

Nazli Efe, avocate d'Antalya, précise que des permanences juridiques ont été instituées dans les onze provinces sinistrées.

C'est vers elles que renvoie Ahmet Kandemir, interpellé par un homme émacié au regard fiévreux. Portable en main, Cevdet Kanatli vient témoigner de son malheur: il s'est endetté pour acheter un logement dans lequel il aurait dû emménager mi-mars.

Le chauffeur de bus doit désormais 500.000 livres (25.000 euros) à la banque. Mais le séisme a englouti son appartement et ses rêves avec.


Le Liban déterminé à retirer les armes du Hezbollah, assure le président Joseph Aoun

Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
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  • Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun
  • Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat

BEYROUTH: Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun, au lendemain d'un discours du chef de la formation soutenue par l'Iran, affirmant que demander son désarmement rendait service à Israël.

Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat dans un discours devant les militaires, à l'occasion de la Fête de l'Armée.

Le Liban est soumis à une intense pression, notamment des Etats-Unis, pour désarmer le Hezbollah, sorti affaibli d'une guerre avec Israël qui a pris fin en novembre 2024, mais qui conserve une partie de son arsenal.

Le président Aoun a appelé "toutes les parties politiques" à "saisir une occasion historique" pour que l'armée et les forces de sécurité aient "le monopole des armes (...) sur l'ensemble du territoire libanaise, afin de regagner la confiance de la communauté internationale".

Le chef du Hezbollah Naïm Qassem avait estimé mercredi que toute demande de désarmer son mouvement revenait à "servir le projet israélien", accusant l'émissaire américain Tom Barrack de recourir à la "menace et l'intimidation" dans le but "d'aider Israël".

Le chef de l'Etat a affirmé que le Liban traversait une "phase cruciale qui ne tolère aucune provocation de quelque côté que ce soit, ni aucune surenchère nuisible et inutile".

"Pour la millième fois, j'assure que mon souci de garder le monopole des armes découle de mon souci de défendre la souveraineté du Liban et ses frontières, de libérer les terres libanaises occupées et d'édifier un Etat qui accueille tous ses citoyens (..) dont vous en êtes un pilier essentiel", a-t-il ajouté, s'adressant au public du Hezbollah.

Joseph Aoun, élu en janvier, s'est engagé avec son gouvernement à ce que l'Etat recouvre sa souveraineté sur l'ensemble du territoire libanais.

Le Hezbollah est la seule formation armée libanaise à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile en 1990, au nom de la "résistance" contre Israël.


Le ministre saoudien des Médias et la PDG du SRMG discutent de l’avenir de la couverture sportive nationale

Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
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  • La filiale du SRMG, Thmanyah, a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026
  • Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a déclaré que le ministère est pleinement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives nationales

LONDRES : Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a rencontré dimanche Joumana Rashed Al-Rashed, directrice générale du Saudi Research and Media Group (SRMG), afin de discuter des développements à venir dans la couverture médiatique du sport en Arabie saoudite, a rapporté l’agence de presse saoudienne (SPA).

Cette rencontre intervient après que la filiale du SRMG, Thmanyah Company for Publishing and Distribution, a obtenu les droits de diffusion des compétitions sportives nationales. Arab News fait également partie du groupe SRMG.

Le PDG de Thmanyah, Abdulrahman Abumalih, était également présent à la réunion, au cours de laquelle les responsables ont examiné l’état de préparation des plateformes numériques et télévisuelles pour la diffusion des événements sportifs saoudiens. Les discussions ont porté sur l'avancement des infrastructures de studios, l’adoption de technologies innovantes, la stratégie éditoriale, les plateformes de diffusion et le calendrier de lancement des chaînes.

Thmanyah, acquise par le SRMG en 2021, est passée de la production de podcasts internes, comme Fnjan, à l’un des acteurs les plus influents de la région, avec des contenus variés en podcasts, radio et formats éditoriaux.

Dans un développement majeur survenu le mois dernier, Thmanyah a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026. L’accord inclut également la King Cup, la Saudi Super Cup, ainsi que la First Division League, et ce, jusqu’à la saison 2030–2031.

Salman Al-Dossary a affirmé que le ministère des Médias est entièrement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives saoudiennes, dans le but de renforcer la présence du Royaume sur la scène sportive mondiale et de répondre aux attentes des fans.

Cette réunion s’inscrit dans une série plus large de concertations entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. Ces échanges visent à aligner les efforts du secteur, améliorer la qualité des contenus, et soutenir les objectifs de Vision 2030, notamment en développant un secteur médiatique national fort et influent.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La solution à deux États, "clé de la stabilité régionale", déclare le ministre saoudien des Affaires étrangères à l’ONU

Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
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  • Le prince Faisal a déclaré que la paix régionale doit commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien
  • Le prince Faisal affirme qu'aucune relation ne sera établie avec Israël avant la création de l'État palestinien

NEW YORK: Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal ben Farhane, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à deux États dans le cadre du conflit israélo-palestinien constituait « la clé de la stabilité régionale ».

S’exprimant à l’ouverture d’une conférence internationale de haut niveau sur le règlement pacifique de la question palestinienne et la mise en œuvre de la solution à deux États, qui s’est tenue lundi au siège des Nations Unies, Faisal ben Farhane a souligné :

« Le Royaume considère que la solution à deux États est essentielle à la stabilité régionale. La conférence de New York constitue une étape charnière vers la concrétisation de cette solution. »

Faisal ben Farhane a réaffirmé que la paix dans la région devait commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien. Il a salué l’intention du président français Emmanuel Macron de reconnaître officiellement un État palestinien en septembre.

« Assurer la sécurité, la stabilité et la prospérité pour tous les peuples de la région passe d’abord par la justice envers le peuple palestinien, en lui permettant d’exercer ses droits légitimes, au premier rang desquels la création d’un État indépendant dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale », a-t-il déclaré.

Il a présenté l’Initiative de paix arabe comme le cadre fondamental pour toute solution juste et globale.

Le ministre a également appelé à une cessation immédiate de la catastrophe humanitaire à Gaza, et a confirmé que l’Arabie saoudite et la France avaient facilité le transfert de 300 millions de dollars de la Banque mondiale vers la Palestine.

Faisal ben Farhane a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts auprès de plusieurs pays afin d’obtenir une reconnaissance internationale de l’État de Palestine.

Il a catégoriquement rejeté toute idée de conditionner cette reconnaissance à un veto israélien, et a réaffirmé qu’aucune relation ne serait établie avec Israël avant la création d’un État palestinien.

Le ministre a exprimé son soutien aux efforts de réforme de l’Autorité palestinienne, et a noté que le président américain Donald Trump pourrait jouer un rôle majeur dans la résolution des conflits régionaux.

Faisal ben Farhane a également annoncé la signature, prévue mardi, de plusieurs protocoles d’accord avec différents secteurs palestiniens, dans le but de les renforcer.

Il a conclu en soulignant l’importance de maintenir l’élan diplomatique et la coordination internationale pour parvenir à une solution à deux États viable et pacifique.

Le coprésident de la conférence, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, a abondé dans le même sens, déclarant à la presse que d'autres pays pourraient reconnaître la Palestine dans les mois à venir.

« La France affirme le droit du peuple palestinien à la souveraineté sur ses terres », a-t-il affirmé.

Il a ajouté : « D’autres États pourraient reconnaître la Palestine dès septembre. La conférence sur la solution à deux États constitue une étape décisive dans sa mise en œuvre. Des engagements historiques seront pris. Le ciblage des civils à Gaza est inacceptable ; la guerre dans la bande dure depuis trop longtemps et doit cesser. »

Il a insisté sur le rôle de la communauté internationale pour transformer ce cadre en réalité concrète.

« Nous devons œuvrer pour faire de la solution à deux États une réalité tangible », a-t-il déclaré. « Qui répond aux aspirations légitimes du peuple palestinien. Nous avons enclenché une dynamique irréversible vers une solution politique au Moyen-Orient. »

Lors de la première session, le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa a salué la tenue de la conférence, qu’il a qualifiée d’opportunité cruciale pour la paix.

« La solution à deux États est une opportunité historique pour toutes les parties », a-t-il déclaré. « Nous sommes reconnaissants à l’Arabie saoudite et à la France pour avoir organisé cette conférence historique. »

Il a ajouté que la conférence envoyait un message clair de soutien international au peuple palestinien :

« La conférence sur la solution à deux États confirme au peuple palestinien que le monde est à ses côtés. »

Mohammad Mustafa a également appelé à l’unité politique entre la Cisjordanie et la bande de Gaza, exhortant le Hamas à déposer les armes en faveur d’un contrôle par l’Autorité palestinienne :

« Nous devons œuvrer à l’unification de la Cisjordanie et de Gaza. Nous appelons le Hamas à remettre ses armes à l’Autorité palestinienne », a-t-il déclaré.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com