Retraites: Borne lance un appel insistant à la droite à la veille d'une nouvelle journée de mobilisation

La Première ministre française, Elisabeth Borne, s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 14 mars 2023. (Photo, AFP)
La Première ministre française, Elisabeth Borne, s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 14 mars 2023. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mardi 14 mars 2023

Retraites: Borne lance un appel insistant à la droite à la veille d'une nouvelle journée de mobilisation

  • «Vous serez (...) conduits à vous exprimer sur la réforme des retraites. Pas sur un soutien au gouvernement, mais sur ce projet, sur ce projet seulement», a déclaré la Première ministre devant l'Assemblée nationale
  • Des poubelles ont d'ailleurs été jetées devant le siège du parti présidentiel Renaissance à Paris par des militants syndicaux afin de «rappeler que des gens sont en grève, que des gens sont responsables de cette situation», a expliqué Simon Duteil

PARIS: Elisabeth Borne a assuré mardi qu'un vote positif des députés de droite sur sa réforme des retraites ne serait pas interprété comme un "soutien au gouvernement", lançant un nouvel appel à ces voix cruciales avant deux journées décisives au Parlement.

Une huitième journée d'action est prévue mercredi à l'appel de l'intersyndicale.

La mobilisation sociale semble s'essouffler, sauf dans l'énergie et chez les éboueurs qui, à Paris, ont voté la poursuite de la grève "au moins jusqu'au 20 mars". Quelque 6 600 tonnes de déchets n'étaient pas ramassés dans la capitale mardi.

Des poubelles ont d'ailleurs été jetées devant le siège du parti présidentiel Renaissance à Paris par des militants syndicaux afin de "rappeler que des gens sont en grève, que des gens sont responsables de cette situation", a expliqué Simon Duteil, co-délégué général de Solidaires.

"Vous serez (...) conduits à vous exprimer sur la réforme des retraites. Pas sur un soutien au gouvernement, mais sur ce projet, sur ce projet seulement", a affirmé la Première ministre devant l'Assemblée nationale, martelant à une douzaine de reprises, dans une anaphore, qu'"une majorité existe" pour voter le texte.

"Une majorité existe, qui n’a pas peur des réformes, même impopulaires, quand elles sont nécessaires", a-t-elle ajouté. Avant de demander à l'opposition, dans une autre anaphore, "d'assumer" son attitude quand elle fait "le choix de l'obstruction".

Le gouvernement compte sur la réunion, mercredi, en commission mixte paritaire (CMP) - sept députés, sept sénateurs et autant de suppléants réunis à huis clos - pour échafauder un texte de compromis.

"Si la CMP a un texte commun, ce texte aura une majorité" au Sénat puis à l'Assemblée, a estimé le ministre du Travail Olivier Dussopt.

« Magouilles »

Mais, même si un compromis est probable au sein de la commission mixte, où les macronistes et la droite sont majoritaires, le suspense reste immense sur le vote qui doit suivre jeudi à l'Assemblée.

Cette incertitude laisse planer la possibilité que le gouvernement déclenche l'article 49.3 de la Constitution, qui permet une adoption sans vote mais expose l'exécutif à une motion de censure.

La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a retoqué mardi la demande des socialistes et de La France insoumise d'une retransmission audio et vidéo de la réunion de la commission mixte. Ses débats feront donc l'objet d'un compte rendu écrit, mais sans doute avec quelques jours de décalage.

« Décidé ailleurs »

En réaction, LFI devrait tweeter en direct les délibérations du conclave, plusieurs de ses élus donnant "rendez-vous" sur les réseaux sociaux.

Les parlementaires fourbissaient leurs armes et leurs arguments en vue de la CMP.

"Ce n’est pas un dîner entre amis", a déclaré le député LFI Hadrien Clouet, membre suppléant de cette instance.

Thomas Ménagé, membre titulaire pour le groupe Rassemblement national, admet qu'"on sera en partie spectateurs de quelque chose qui a déjà été décidé ailleurs", entre le gouvernement et les Républicains, dont les voix sont indispensables pour faire passer sa réforme.

L'exécutif a déjà concédé à la droite un recul de l'âge de départ à 64 ans, et non 65, ainsi qu'un relèvement des petites pensions élargi aux retraités actuels.

Au sein du groupe LR, on souligne que le "seul sujet" sera les carrières longues. Certaines concessions sur ce sujet faites aux Républicains sous l'impulsion du député Aurélien Pradié pourraient disparaître du texte final, a prévenu le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, soucieux de "l'équilibre" financier de la réforme.

Pas de « journée noire »

La commission, "ça risque d’être un peu long", relève le député centriste du groupe Liot et vieux routier de l'Assemblée, Charles de Courson.

Les yeux sont déjà rivés sur la journée de jeudi à l'Assemblée, où les députés opposés à la réforme préparent une motion de rejet global du texte, s'il est soumis au vote, et une "motion de censure transpartisane" contre le gouvernement.

Le patron de la CFDT Laurent Berger a une nouvelle fois mis en garde contre les conséquences d'un passage en force via le 49.3, une option qui doit auparavant être autorisée en Conseil des ministres.

A la veille de la huitième journée de mobilisation, les mouvements étaient toujours très suivis dans l'énergie et chez les éboueurs parisiens, mais semblaient s’essouffler dans les raffineries et certains pans des transports.

Le trafic restera perturbé mercredi à la SNCF avec notamment 3 TGV sur 5 et des difficultés en Ile-de-France. La RATP prévoit elle un trafic légèrement perturbé dans le métro parisien et très perturbé dans le RER.


Guillaume Ancel: Gaza, « un champ de la mort » avec une complaisance internationale

Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, répond à Arab News en français. (AFP)
Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, répond à Arab News en français. (AFP)
Short Url
  • Netanyahou, aussi bien que son ministre des Finances Bezalel Smotrich, ont clairement affirmé qu’il ne s'agissait plus de rentrer dans Gaza pour en ressortir, et que l’enclave sera à nouveau occupée par Israël
  • Des médias israéliens indiquent avec photos à l’appui, qu’un terrain est actuellement déblayé dans le Sud de Gaza pour accueillir les Gazaouis dans un premier temps

PARIS: L’opération « Chariots de Gédéon » validée il y a presque une semaine par le gouvernement israélien est bel et bien en marche dans Gaza.

L’objectif affiché de l’opération a été précisé par le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou sur la plateforme X.

« Nous avons décidé d’intensifier l’opération à Gaza, selon la recommandation du chef d'État-major pour aller vers la défaite du Hamas » écrit-il.

Détruire le Hamas, n’est pas nouveau puisque cet objectif a été brandi par le premier ministre dès le lendemain du 7 octobre, et l'élément nouveau de cette opération est l’occupation pure et simple de l’enclave.

Netanyahou, aussi bien que son ministre des Finances Bezalel Smotrich, ont clairement affirmé qu’il ne s'agissait plus de rentrer dans Gaza pour en ressortir, et que l’enclave sera à nouveau occupée par Israël.

Des médias israéliens indiquent avec photos à l’appui, qu’un terrain est actuellement déblayé dans le Sud de Gaza pour accueillir les Gazaouis dans un premier temps.

D’autre part, Israël maintient son blocus hermétique qui affame les habitants de la bande, alors que l’armée israélienne s’adonne au quotidien à des bombardements meurtriers.

Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, Guillaume Ancel répond à Arab News en français. Il confie avoir espéré « ne plus jamais voir, ou avoir à témoigner » sur pareilles horreurs.

Mais le voilà de nouveau face à la guerre de Gaza, qu’il décrit dans un article publié sur son blog comme étant « le champ de la mort », depuis l’attaque du 7 octobre.

 


Paris et Alger s'enfoncent dans la crise diplomatique

La crise diplomatique entre Paris et Alger s'est encore aggravée avec de nouvelles expulsions de fonctionnaires français du territoire algérien, à laquelle la France va répondre "de manière immédiate", "ferme" et "proportionnée", a annoncé lundi le ministre français des Affaires étrangères. (AFP)
La crise diplomatique entre Paris et Alger s'est encore aggravée avec de nouvelles expulsions de fonctionnaires français du territoire algérien, à laquelle la France va répondre "de manière immédiate", "ferme" et "proportionnée", a annoncé lundi le ministre français des Affaires étrangères. (AFP)
Short Url
  • Cette convocation du diplomate français serait intervenue après le constat de manquements flagrants et répétés de la partie française au respect des procédures consacrées en matière d'affectation d'agents auprès des représentations diplomatiques
  • Les autorités algériennes dénonceraient aussi le blocage du processus d'agrément de deux consuls généraux algériens nommés à Paris et Marseille, ainsi que de sept autres consuls, en attente d'agrément depuis plus de cinq mois

PARIS: La crise diplomatique entre Paris et Alger s'est encore aggravée avec de nouvelles expulsions de fonctionnaires français du territoire algérien, à laquelle la France va répondre "de manière immédiate", "ferme" et "proportionnée", a annoncé lundi le ministre français des Affaires étrangères.

"C'est une décision qui est incompréhensible et qui est brutale", a réagi Jean-Noël Barrot lors d'un point presse à Pont-L'Evêque (ouest) où il était en déplacement.

"Le départ d'agents en mission temporaire est injustifié et injustifiable. Et comme je l'ai fait le mois dernier, nous y répondrons de manière immédiate, de manière ferme et de manière proportionnée à l'atteinte qui est portée à nos intérêts", a-t-il ajouté.

Malgré une tentative de réconciliation début avril orchestrée par les deux présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, les deux pays ont échoué à reprendre langue de manière apaisée et durable, Alger ayant expulsé mi-avril douze fonctionnaires français du ministère de l'Intérieur.

Le chargé d'affaires de l'ambassade de France en Algérie - en l'absence de l'ambassadeur Stéphane Romatet, rapatrié à Paris pour consultations - a été convoqué dimanche au ministère algérien des Affaires étrangères pour lui notifier cette nouvelle demande des autorités algériennes, avait-on appris plus tôt de sources diplomatiques françaises.

"Manquements flagrants" 

Les fonctionnaires concernés étaient en mission de renfort temporaire, selon ces mêmes sources, qui n'étaient pas en mesure de préciser leur nombre, ni quand l'expulsion sera effective.

"C'est une décision que je déplore parce qu'elle n'est ni dans l'intérêt de l'Algérie ni dans l'intérêt de la France", a également commenté Jean-Noël Barrot.

A ce stade, le ministère algérien des Affaires étrangères n'a pas publié de communiqué officialisant cette demande qui a été annoncée par une dépêche de l'Agence de presse algérienne (APS).

L'Algérie exige "le rapatriement immédiat" de tous les employés français nommés dans des "conditions irrégulières", affirme APS.

"Cette convocation du diplomate français serait intervenue après le constat de manquements flagrants et répétés de la partie française au respect des procédures consacrées en matière d'affectation d'agents auprès des représentations diplomatiques et consulaires françaises en Algérie", poursuit l'agence, "sans que ces affectations n'aient fait, au préalable, l'objet, ni de notifications officielles, ni de demandes d'accréditation appropriées comme l'exigent les procédures en vigueur.

Les autorités algériennes dénonceraient aussi le blocage du processus d'agrément de deux consuls généraux algériens nommés à Paris et Marseille, ainsi que de sept autres consuls, en attente d'agrément depuis plus de cinq mois.

Mi-avril, les autorités algériennes avaient déjà déclaré persona non grata douze fonctionnaires français, tous travaillant pour le ministère de l'Intérieur. Ils avaient dû quitter l'Algérie en 48 heures.

Alger avait alors justifié cette décision par le fait que les autorités françaises avaient arrêté et mis en détention un agent consulaire algérien.

La France avait immédiatement riposté en prenant une mesure similaire - l'expulsion de 12 agents consulaires algériens - et en rappelant Stéphane Romatet pour consultations. Le diplomate est toujours à Paris.

Gravité inédite 

Dimanche, Jean-Noël Barrot avait souligné que la relation bilatérale restait "totalement gelée" depuis mi-avril, lors d'un entretien aux médias français France Inter/France Télévisions/Le Monde.

La récente crise, d'une gravité inédite entre l'Algérie et son ancienne puissance coloniale (1830-1962), a démarré à l'été 2024 lorsque Emmanuel Macron a apporté son soutien total à un plan d'autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, revendiqué depuis 50 ans par les indépendantistes du Polisario soutenus par Alger. L'Algérie avait immédiatement retiré son ambassadeur à Paris.

A l'automne, l'arrestation à Alger de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal pour des déclarations portant, selon l'Algérie, "atteinte à l'intégrité du territoire", avait fait monter d'un cran les tensions.

Les tensions se sont ensuite enflammées début 2025 lorsque Paris a réclamé l'expulsion d'influenceurs algériens, refusée par Alger.

Les autorités françaises reprochent, elles, le refus d'Alger de reprendre ses ressortissants qui sont frappés d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF).


Expulsions de fonctionnaires français d'Algérie: la France répondra «de manière immédiate», «ferme» et «proportionnée» 

 La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien, a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. (AFP)
La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien, a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. (AFP)
Short Url
  • La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien
  • "C'est une décision qui est incompréhensible et qui est brutale", a réagi M. Barrot lors d'un point-presse à Pont-L'Evêque (ouest)

PONT-L'EVEQUE: La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien, a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.

"C'est une décision qui est incompréhensible et qui est brutale", a réagi M. Barrot lors d'un point-presse à Pont-L'Evêque (ouest). "Le départ d'agents en mission temporaire est injustifié et injustifiable. Et comme je l'ai fait le mois dernier, nous y répondrons de manière immédiate, de manière ferme et de manière proportionnée à l'atteinte qui est portée à nos intérêts (...) C'est une décision que je déplore parce qu'elle n'est ni dans l'intérêt de l'Algérie ni dans l'intérêt de la France", a-t-il ajouté.