Macron annonce des moyens supplémentaires pour la diplomatie française

Le président français Emmanuel Macron réagit lors de la table ronde nationale sur la diplomatie au ministère des Affaires étrangères à Paris le 16 mars 2023. (Photo Michel Euler / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron réagit lors de la table ronde nationale sur la diplomatie au ministère des Affaires étrangères à Paris le 16 mars 2023. (Photo Michel Euler / POOL / AFP)
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Publié le Jeudi 16 mars 2023

Macron annonce des moyens supplémentaires pour la diplomatie française

  • Le président français s'est adressé directement aux diplomates, depuis le Quai d'Orsay, à l'occasion de la clôture des Etats généraux initiés il y a six mois pour consulter les agents du ministère sur la réforme voulue par l'Elysée
  • «Je sais que je peux compter sur chacun, chacune d'entre vous pour mener les réformes à mener», a déclaré jeudi Emmanuel Macron, qui les a aussi appelés à «questionner nos dogmes» et à travailler «en synergie»

PARIS: Emmanuel Macron a maintenu le cap sur la réforme controversée du ministère des Affaires étrangères tout en annonçant des moyens supplémentaires pour répondre à la grogne des diplomates français confrontés à de multiples crises, de la guerre en Ukraine aux tensions en Afrique en passant par le climat.

Le président français s'est adressé aux diplomates depuis le Quai d'Orsay, à l'occasion de la clôture des Etats généraux initiés il y a six mois pour consulter les agents du ministère sur la réforme voulue par l'Elysée.

Cette réforme prévoit la "mise en extinction" des deux corps historiques de la diplomatie française d'ici la fin 2023 et la création d'un nouveau corps de l'Etat. Les hauts fonctionnaires ne seront plus rattachés à une administration spécifique et pourront en changer en cours de carrière.

"Je sais que je peux compter sur chacun, chacune d'entre vous pour mener les réformes à mener", a déclaré jeudi Emmanuel Macron, qui a aussi appelé à "questionner nos dogmes" et à travailler "en synergie".

Ce projet de réforme avait entraîné une grève rarissime au Quai d'Orsay en juin, les diplomates redoutant une perte de compétences et de prestige du troisième réseau mondial derrière ceux des Etats-Unis et de la Chine.

Pour Emmanuel Macron, cette réforme permettra de gagner en "cohérence", en "agilité" et finalement en efficacité en utilisant les compétences et les expertises y compris d'agents extérieurs au Quai d'Orsay.

Son entourage avait invoqué mercredi un "très bon niveau d'adhésion" à la réforme en affirmant que "60% des agents concernés" avaient déjà "exprimé le voeu de basculer" dans le nouveau corps des administrateurs de l'Etat.

"C'est de l'enfumage", a réagi auprès de l'AFP un diplomate en poste à Paris qui souhaite garder l'anonymat. Il a souligné que ce "chiffre invérifiable est dû à des raisons purement juridiques", puisque les agents doivent exprimer un potentiel intérêt avant le 1er janvier. "Ce n'est pas parce que vous visitez une maison que vous allez l'acheter", a-t-il ironisé.

En contrepartie de cette réforme, l'hôte de l'Elysée a annoncé une forte hausse des effectifs et des moyens alloués au ministère des Affaires étrangères afin de les mettre en "conformité" avec les "ambitions" de la diplomatie française.

"Je souhaite un réarmement complet de notre diplomatie", a-t-il souligné, annonçant une augmentation de 700 équivalents temps plein (ETP) entre 2024 et 2027, qui s'ajouteront aux 106 postes supplémentaires prévus cette année.

De plus, les crédits alloués au ministère vont augmenter "de plus de 20%" pour les porter à "7,9 milliards d'euros en 2027".

Influence dans le monde

"Nous devons assumer pas simplement de mettre fin à des décennies de baisse et d'affaiblissement (des moyens du Quai d'Orsay, ndlr), ce que nous avons fait depuis 2020, mais de nous donner les moyens de réengager les capacités nécessaires, de pouvoir déployer des compétences nouvelles", a-t-il ajouté, rappelant que les moyens des armées avaient, eux, déjà été renforcés.

L'octroi d'effectifs et crédits additionnels intervient "au moment où la guerre est revenue sur le sol européen, où des réarticulations profondes sont à l'oeuvre", a-t-il également fait valoir, en référence à la guerre en Ukraine.

Pour Emmanuel Macron, il en va de la "force des démocraties" dans un monde en recomposition, avec la question de savoir "si les autocraties ou les puissances régionales autoritaires" sont plus efficaces que les régimes démocratiques.

La France est en outre confrontée à la montée du sentiment et des narratifs anti-français en Afrique.

La cheffe de la diplomatie, Catherine Colonna, avait à cet égard déjà annoncé à l'automne des moyens supplémentaires sur le front de la cybersécurité et de la communication.

Quelque 2,5 millions d'euros devaient ainsi être mobilisés pour lutter contre la désinformation en ligne et la propagande hostile, "souvent d'origine russe", avait-elle indiqué devant le Sénat en octobre dernier.

Dans ce contexte difficile -- le ministère est aussi sollicité sur la crise climatique -- les moyens supplémentaires annoncés par Emmanuel Macron doivent permettre à la France de défendre ses priorités et son influence.

Face aux diplomates inquiets de leur avenir, le président a souligné: "Un métier n'a pas besoin de corps pour exister". "Ce métier nous le défendrons bien", a-t-il promis.

"C'est une bonne chose que le président soit venu au quai", reconnaît le diplomate, tout en restant sur la réserve. "Cela paraît difficile de résumer la diplomatie à une tête sans corps".


S&P dégrade la note de la France, avertissement au nouveau gouvernement

Cette photo d'illustration prise à Toulouse le 29 mars 2025 montre un écran affichant le logo de l'agence de notation Standard and Poor's. (AFP)
Cette photo d'illustration prise à Toulouse le 29 mars 2025 montre un écran affichant le logo de l'agence de notation Standard and Poor's. (AFP)
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  • L’agence S&P a abaissé la note de la France à A+, invoquant une incertitude persistante sur les finances publiques malgré la présentation du budget 2026 et un déficit prévu à 5,4 % du PIB en 2025

PARIS: L'une des plus grandes agences de notation a adressé un avertissement au nouveau gouvernement Lecornu en dégradant la note de la France vendredi, invoquant une incertitude "élevée" sur les finances publiques en dépit de la présentation d'un budget pour 2026.

Moins d'une semaine après la formation de la nouvelle équipe gouvernementale et trois jours après la publication d'un projet de loi de finances (PLF) pour l'année prochaine, S&P Global Ratings a annoncé abaisser d'un cran sa note de la France à A+.

"Malgré la présentation cette semaine du projet de budget 2026, l'incertitude sur les finances publiques françaises demeure élevée", a affirmé l'agence, qui figure parmi les trois plus influentes avec Moody's et Fitch.

Réagissant à cette deuxième dégradation par S&P (anciennement Standard & Poors) en un an et demi, le ministre de l'Economie Roland Lescure a dit "(prendre) acte" de cette décision.

"Le gouvernement confirme sa détermination à tenir l'objectif de déficit de 5,4% du PIB pour 2025", a ajouté son ministère dans une déclaration transmise à l'AFP.

Selon S&P, si cet "objectif de déficit public de 5,4% du PIB en 2025 sera atteint", "en l'absence de mesures supplémentaires significatives de réduction du déficit budgétaire, l'assainissement budgétaire sur (son) horizon de prévision sera plus lent que prévu".

L'agence prévoit que "la dette publique brute atteindra 121% du PIB en 2028, contre 112% du PIB à la fin de l'année dernière", a-t-elle poursuivi dans un communiqué.

"En conséquence, nous avons abaissé nos notes souveraines non sollicitées de la France de AA-/A-1+ à A+/A-1", écrit-elle. Les perspectives sont stables.

"Pour 2026, le gouvernement a déposé mardi 14 octobre un projet de budget qui vise à accélérer la réduction du déficit public à 4,7% du PIB tout en préservant la croissance", a répondu le ministère de l'Economie.

"Il s'agit d'une étape clef qui nous permettra de respecter l'engagement de la France à ramener le déficit public sous 3% du PIB en 2029", a ajouté Bercy.

"Il est désormais de la responsabilité collective du gouvernement et du Parlement de parvenir à l'adoption d'un budget qui s'inscrit dans ce cadre, avant la fin de l'année 2025", selon la même source.

- "Plus grave instabilité" depuis 1958 -

Mais le gouvernement qui, à peine entré en fonctions, a échappé de peu cette semaine à la censure après une concession aux socialistes sur la réforme des retraites, va devoir composer avec une Assemblée nationale sans majorité lors de débats budgétaires qui s'annoncent houleux, alors même que le Premier ministre Sébastien Lecornu s'est engagé à ne pas recourir à l'article 49.3 pour imposer son texte.

Cette nouvelle dégradation de la note de la France par S&P intervient avant une décision de Moody's attendue le 24 octobre. Elle a lieu un mois après que Fitch a elle aussi abaissé la note française à A+.

Les agences comme Fitch, Moody's et S&P Global Ratings classent la qualité de crédit des Etats - soit leur capacité à rembourser leur dette -, de AAA (la meilleure note) à D (défaut de paiement).

Les dégradations de note par les agences sont redoutées par les pays car elles peuvent se traduire par un alourdissement de leurs intérêts.

Ceux payés par la France sont estimés à environ 55 milliards d'euros en 2025, alors que depuis la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024, la dette française se négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande.

"La France traverse sa plus grave instabilité politique depuis la fondation de la Cinquième République en 1958", a estimé S&P: "depuis mai 2022, le président Emmanuel Macron a dû composer avec deux Parlements sans majorité claire et une fragmentation politique de plus en plus forte".

Pour l'agence, "l'approche de l'élection présidentielle de 2027 jette un doute (...) sur la capacité réelle de la France à parvenir à son objectif de déficit budgétaire à 3% du PIB en 2029".

En tombant en A+ chez S&P, la France se retrouve au niveau de l'Espagne, du Japon, du Portugal et de la Chine.


France : l'ancien Premier ministre Philippe demande encore le départ anticipé de Macron

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  • Allié de M. Macron dont il fut le premier chef de gouvernement de mai 2017 à juillet 2020, Edouard Philippe avait lancé un pavé dans la mare la semaine dernière, après la démission éclair du premier gouvernement de Sébastien Lecornu
  • "Je n'ai pas pris cette position parce que je pensais que je serais populaire ou parce que j'espérais convaincre le président (Macron). Le président, il a envie d'aller au terme de son mandat, et je peux le comprendre"

PARIS: L'ancien Premier ministre français Edouard Philippe a à nouveau réclamé jeudi le départ anticipé du président Emmanuel Macron, pour lui "la seule décision digne qui permet d'éviter 18 mois" de "crise" politique avant la prochaine élection présidentielle prévue pour le printemps 2027.

Allié de M. Macron dont il fut le premier chef de gouvernement de mai 2017 à juillet 2020, Edouard Philippe avait lancé un pavé dans la mare la semaine dernière, après la démission éclair du premier gouvernement de Sébastien Lecornu - reconduit depuis -, en suggérant un départ anticipé et "ordonné" du chef de l'Etat, qui peine à trouver une majorité.

"Je n'ai pas pris cette position parce que je pensais que je serais populaire ou parce que j'espérais convaincre le président (Macron). Le président, il a envie d'aller au terme de son mandat, et je peux le comprendre. Je l'ai dit parce que c'est la seule décision digne qui permet d'éviter 18 mois d'indétermination et de crise, qui se terminera mal, je le crains", a déclaré l'ancien Premier ministre sur la chaîne de télévision France 2.

"Ca n'est pas simplement une crise politique à l'Assemblée nationale à laquelle nous assistons. C'est une crise très profonde sur l'autorité de l'Etat, sur la légitimité des institutions", a insisté M. Philippe.

"J'entends le président de la République dire qu'il est le garant de la stabilité. Mais, objectivement, qui a créé cette situation de très grande instabilité et pourquoi ? Il se trouve que c'est lui", a-t-il ajouté, déplorant "une Assemblée ingouvernable" depuis la dissolution de 2024, "des politiques publiques qui n'avancent plus, des réformes nécessaires qui ne sont pas faites".

"Je ne suis pas du tout pour qu'il démissionne demain matin, ce serait désastreux". Mais Emmanuel Macron "devrait peut-être, en prenant exemple sur des prédécesseurs et notamment le général De Gaulle, essayer d'organiser un départ qui nous évite pendant 18 mois de continuer à vivre dans cette situation de blocage, d'instabilité, d'indétermination", a-t-il poursuivi.

Edouard Philippe, qui s'est déclaré candidat à la prochaine présidentielle, assure ne pas avoir de "querelle" avec Emmanuel Macron. "Il est venu me chercher (en 2017), je ne me suis pas roulé par terre pour qu'il me nomme" à la tête du gouvernement et après avoir été "congédié" en 2020, "je ne me suis pas roulé par terre pour rester".


Motion de censure: Le Pen attend la dissolution avec une «impatience croissante»

 Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
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  • Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu
  • Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver"

PARIS: Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante".

Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu. Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver".

"Poursuite du matraquage fiscal" avec 19 milliards d'impôts supplémentaires, "gel du barème" de l'impôt sur le revenu qui va rendre imposables "200.000 foyers" supplémentaires, "poursuite de la gabegie des dépenses publiques", "absence totale d'efforts sur l'immigration" ou sur "l'aide médicale d'Etat", ce budget "est un véritable musée de toutes les horreurs coincées depuis des années dans les tiroirs de Bercy", a-t-elle estimé.

Raillant le premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui a accepté d'épargner le gouvernement en échange de la suspension de la réforme des retraites sans savoir par "quel véhicule juridique" et sans assurance que cela aboutisse, elle s'en est pris aussi à Laurent Wauquiez, le chef des députés LR, qui préfère "se dissoudre dans le socialisme" plutôt que de censurer.

"Désormais, ils sont tous d'accord pour concourir à éviter la tenue d'élections", "unis par la terreur de l'élection", a-t-elle dit.