Week-end crucial pour Credit Suisse

Une enseigne de la banque Credit Suisse sur un bâtiment à Genève, le 15 mars 2023. (Photo de Fabrice COFFRINI / AFP)
Une enseigne de la banque Credit Suisse sur un bâtiment à Genève, le 15 mars 2023. (Photo de Fabrice COFFRINI / AFP)
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Publié le Samedi 18 mars 2023

Week-end crucial pour Credit Suisse

  • Vendredi soir, le Financial Times affirmait, plusieurs sources anonymes à l'appui, qu'UBS -le numéro un du secteur en Suisse- est en pourparlers pour le rachat total ou partiel de son rival
  • Les analystes jugent que la branche helvétique de Credit Suisse, qui regroupe la banque de détail et les crédits aux PME, pourrait être introduite en Bourse ou scindée

GENÈVE :Credit Suisse -l'un des 30 mastodontes bancaires dans le monde trop importants pour les laisser sombrer- a deux jours pour trouver la formule qui lui permettra de rassurer et convaincre, avant l'ouverture des marchés lundi et le spectre d'une nouvelle semaine noire.

Vendredi soir, le Financial Times affirmait, plusieurs sources anonymes à l'appui, qu'UBS -le numéro un du secteur en Suisse- est en pourparlers pour le rachat total ou partiel de son rival, avec la bénédiction expresse des autorités de régulation helvétiques.

La banque centrale suisse «souhaite une solution simple avant que les marchés n'ouvrent lundi», assure le quotidien des affaires, qui reconnaît qu'il n'est pas certain qu'un accord puisse être trouvé.

Ni Credit Suisse, ni la BNS n'ont souhaité commenter auprès de l'AFP. UBS et le gendarme des marchés financiers suisses (Finma) n'avaient pas répondu aux sollicitations dans l'immédiat.

Credit Suisse n'est certes pas cher. Après une semaine noire en Bourse qui a forcé la banque centrale à prêter 50 milliards francs suisses (50,4 milliards d'euros) pour donner de l'air à l'établissement zurichois et rassurer les marchés, il ne valait en bourse qu'à peine plus de 8 milliards francs suisses (8,1 milliards d'euros) à la clôture vendredi soir.

Mais une acquisition de cette taille est d'une complexité redoutable, qui plus est dans l'urgence.

Et les deux régulateurs ont eu beau affirmer au plus fort de la tempête que «le Credit Suisse satisfait aux exigences en matière de capital et de liquidités imposées aux banques d'importance systémique», l'envolée des prix des instruments de couverture pour la banque, les CDS (Credit default swaps), est un signe d'un manque de confiance.

- Rachat mais de quoi ? -

Credit Suisse vient de connaître deux années marquées par plusieurs scandales, qui ont révélé de l'aveu même de la direction «des faiblesses substantielles» dans son «contrôle interne». La Finma lui avait reproché d'avoir «gravement manqué à ses obligations prudentielles» dans la faillite de la société financière Greensill, qui a marqué le début de la série noire.

En 2022, la banque a essuyé une perte nette de 7,3 milliards francs suisses, sur fond de retraits massifs d'argent de la part de ses clients. Elle s'attend encore à une perte avant impôts «substantielle» cette année.

«C'est une banque qui semble ne jamais pouvoir remettre sa maison en ordre», avait noté Chris Beauchamp, analyste chez IG, dans un commentaire de marché cette semaine.

Quant à UBS, elle a passé plusieurs années à se redresser après avoir flirté avec la catastrophe pendant la crise de 2008. Et il n'est pas sûr qu'elle veuille se lancer dans une nouvelle restructuration maintenant qu'elle commence à récolter les fruits de ses efforts.

L'hypothèse d'un rachat du Credit Suisse par une banque avait aussi été évoquée par les analystes de J.P Morgan cette semaine, «avec UBS comme option potentielle».

Compte tenu du poids d'une union, les analystes jugent que la branche helvétique de Credit Suisse, qui regroupe la banque de détail et les crédits aux PME, pourrait être introduite en Bourse ou scindée.

Ce serait aussi un moyen d'éviter des licenciements massifs de salariés en Suisse à cause des inévitables doublons des activités.

Seuls la gestion de fonds et de fortune pourraient alors être cédés à UBS ou un autre prétendant, indique le FT.

Un autre obstacle à une fusion: la Commission de la concurrence, estime un ancien patron de la Finma, Eugene Haltiner, dans une interview au groupe CH Media. «La Comco verrait sans aucun doute d'importants obstacles parce que les deux établissements ont une position dominante sur le marché», a-t-il expliqué.

- Plus vite, plus fort -

Avec l'aide de la banque centrale mercredi, Credit Suisse a gagné «un temps précieux», estiment les analystes de Morningstar, jugeant cependant que sa restructuration était «trop complexe» et n'allait «pas assez loin» pour rassurer bailleurs de fonds, clients et actionnaires.

Ils suggèrent entre autres que Credit Suisse vende son activité de courtage qui perd de l'argent.

Les analystes de la banque américaine J.P. Morgan envisagent pour leur part une option radicale qui serait de purement et simplement «fermer complétement» l'activité de banque d'investissement.

Fin octobre, Credit Suisse avait dévoilé un vaste plan de restructuration comprenant la suppression de 9.000 postes d'ici 2025, soit plus de 17% de ses effectifs.

La banque, qui employait 52.000 personnes fin octobre, entend se recentrer sur ses activités les plus stables et transformer radicalement sa banque d'affaires.

Une grande partie des activités de la banque d'investissement, qui a essuyé de lourdes pertes, doivent être regroupées sous la marque First Boston, du nom d'une banque d'affaires américaine que Credit Suisse avait absorbé en 1990, puis progressivement externalisées.


Selon Moody's, la détresse des banques américaines ne se répercutera pas sur les banques du CCG

Selon l’agence de notation, les banques du CCG possèdent souvent d'importantes franchises auprès des banques de détail et des banques d'affaires. (Shutterstock)
Selon l’agence de notation, les banques du CCG possèdent souvent d'importantes franchises auprès des banques de détail et des banques d'affaires. (Shutterstock)
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  • Les importantes franchises des banques du CCG et la forte présence des gouvernements dans leurs bilans les rendraient plus résilientes
  • L'agence de notation précise par ailleurs que les banques saoudiennes privilégient les obligations à plus long terme

RIYAD: Les banques du Conseil de coopération du Golfe (CCG) sont étroitement liées à leurs États souverains; elles ne risquent donc pas de subir les contrecoups des faillites ayant touché dernièrement certaines banques américaines. Cette constatation émane de l'agence mondiale de notation Moody's. 

Selon un récent rapport de Moody's Investors Service, les importantes franchises des banques du CCG et la forte présence des gouvernements dans leurs bilans les rendent plus résilientes.

L'agence de notation fait remarquer que les banques de la région du CCG possèdent souvent d'importantes franchises auprès des banques de détail et des banques d'affaires. Les gouvernements de la région figurent dans les bilans des banques en tant qu'actionnaires majoritaires, emprunteurs et déposants. Cette tendance favorise la collaboration et l'interconnexion au sein des opérations bancaires.

Selon le rapport, les pays du Golfe possèdent des actions directes et indirectes dans le système bancaire par le biais des institutions publiques, des fonds de pension et des entreprises.

Ces derniers alimentent les banques grâce à des dépôts réguliers et de plus en plus importants grâce à la croissance des recettes tirées du pétrole en 2022.

Les gouvernements accordent également des prêts aux banques des pays du CCG. Ces prêts sont essentiels à la mise en œuvre de la diversification économique prévue par les gouvernements au sein des secteurs non pétroliers de l'économie – c’est-à-dire que les gouvernements accordent la majeure part des prêts à ces secteurs, qui jouissent du soutien de l'État grâce aux dépenses publiques, en particulier en Arabie saoudite. 

«Grâce à ces facteurs, les banques du Conseil de coopération du Golfe continuent à jouer un rôle central dans les économies régionales et à résister aux brusques secousses subies par le marché», peut-on lire dans le communiqué de l'agence de notation Moody's.  

En décembre 2022, les clients des banques du CCG ont effectué des dépôts fiables et peu onéreux qui couvrent la plus grande proportion des obligations non liées aux actions détenues par les banques du Golfe, ce qui représente près des trois quarts du total des obligations.  

Quant aux banques islamiques, elles connaissent une expansion rapide. Cela s’explique par des dépôts moins coûteux que ceux qui sont effectués auprès des banques traditionnelles. Ainsi les banques islamiques réalisent-elles des profits plus importants, notamment lorsque les taux d'intérêt atteignent des niveaux élevés.  

À la fin de l'année 2022, l'Arabie saoudite possédait la plus grande franchise de banque islamique; les dépôts effectués auprès de cette banque représentaient un coût quasi nul et correspondaient à 55% du total des dépôts (dans les banques islamiques et conventionnelles), selon le rapport de l'agence de notation.

D’après Moody's, les banques du Golfe possèdent des réserves de liquidités suffisantes et sont peu dépendantes des financements de marché peu crédibles.

«Nous prévoyons que les banques [du CCG, NDLR] maintiendront un niveau stable quant au recours aux financements plus volatils. En moyenne, ces financements représenteront environ 20% des actifs bancaires tangibles. L'Arabie saoudite sera toutefois le seul pays où les banques chercheront probablement à obtenir davantage de financements en raison de la forte demande de crédit», affirme Moody's.

L'agence de notation précise par ailleurs que les banques saoudiennes privilégient les obligations à plus long terme et que la majeure partie de leurs actifs détenus jusqu'à l'échéance se compose de titres à taux flottant.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


L'Arabie saoudite parmi les pays les plus performants en termes de préparation à la transformation numérique

La Vision 2030 a jeté les bases d'un secteur des télécommunications et des technologies de l'information solide et efficace. (Photo d'archive AFP)
La Vision 2030 a jeté les bases d'un secteur des télécommunications et des technologies de l'information solide et efficace. (Photo d'archive AFP)
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  • Cette déclaration a été faite par l'UIT, une agence spécialisée dans les technologies de l'information et de la communication
  • Pour M. Al-Tamimi, la Vision 2030 a jeté les bases d'un secteur solide et efficace des télécommunications ainsi que des technologies de l'information

RIYAD: L'Arabie saoudite arrive en deuxième position parmi les pays du Groupe des Vingt (G20) et à la quatrième place au niveau mondial en termes de préparation à la transformation numérique. C'est ce qu'a révélé l'Union internationale des télécommunications (UIT), un organisme qui relève des Nations unies.

Ces résultats sont attribuables aux succès que le Royaume a remportés dans les domaines de la mise en place de réglementations durables et de la transition vers une réglementation numérique collaborative qui vise à renforcer l'économie numérique. Cette déclaration a été faite par l'UIT, une agence spécialisée dans les technologies de l'information et de la communication.

Mohammed ben Saoud al-Tamimi, gouverneur de la Commission saoudienne des communications et des technologies de l'information (CITC), estime que cette nouvelle réussite mondiale enregistrée par le Royaume est la conséquence du soutien inconditionnel que le roi Salmane et le prince héritier Mohammed ben Salmane accordent à ce secteur.

Pour M. Al-Tamimi, la Vision 2030 a jeté les bases d'un secteur solide et efficace des télécommunications ainsi que des technologies de l'information. Cela a abouti à l'élaboration d'une stratégie ambitieuse qui vise à assurer la transformation numérique en accord avec les tendances mondiales.

M. Al-Tamimi fait remarquer que la CITC a lancé plusieurs initiatives pour développer le secteur des télécommunications et des technologies de l'information au plus haut niveau avec la création de l'Académie nationale pour les systèmes numériques. Leur objectif est de fournir un environnement réglementaire attrayant et dynamique à divers secteurs, ce qui constitue une démarche stratégique qui a pour but d’attirer les investissements et d’accélérer la transformation numérique.

Selon M. Al-Tamimi, la commission a stimulé la compétitivité dans le pays grâce à la réglementation conjointe, mais aussi parce qu’elle incite tous les acteurs internationaux à s'impliquer dans les entreprises saoudiennes.

Il considère que le rapport de l'UIT met en exergue les défis auxquels sont confrontées les instances de régulation, notamment en ce qui concerne le contrôle des compétences et la croissance durable.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La Banque de France plus optimiste pour l'économie française en 2023

Cette photographie prise le 6 décembre 2022 montre un piéton passant devant l'entrée principale du bâtiment de la Banque de France à Paris. (Photo Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
Cette photographie prise le 6 décembre 2022 montre un piéton passant devant l'entrée principale du bâtiment de la Banque de France à Paris. (Photo Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
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  • Sur le front de l'inflation, la banque centrale abaisse sa prévision pour 2023
  • Ces bonnes surprises sont toutefois contrebalancées par «l'environnement financier» du pays, les taux de change et les taux d'emprunt étant moins bien orientés qu'en décembre

PARIS: Regain d'optimisme à la Banque de France: dans ses dernières prévisions publiées lundi, l'institution a doublé sa prévision de croissance en France pour 2023 et table désormais sur une progression de 0,6% du produit intérieur brut (PIB), contre 0,3% envisagé jusqu'alors.

Sur le front de l'inflation, la banque centrale abaisse sa prévision pour 2023. "Il y a un peu plus de croissance et un peu moins d'inflation", a résumé le chef économiste de la banque centrale, Olivier Garnier.

Pour 2023, l'institution justifie le doublement de sa prévision de croissance par une inflation (en particulier énergétique) moins forte qu'attendu, et "une croissance plus élevée de la demande mondiale".

"L'économie française se porte bien, la Banque de France vient de rehausser sa prévision de croissance, elle se rapproche de celle du gouvernement", a déclaré le ministre de l'Economie Bruno Le Maire sur BFM. Et "elle confirme que l'inflation devrait commencer à refluer à mi-2023", s'est-il également réjouit.

Ces bonnes surprises sont toutefois contrebalancées par "l'environnement financier" du pays, les taux de change et les taux d'emprunt étant moins bien orientés qu'en décembre.

Même rehaussée, la prévision de croissance pour 2023 reste inférieure à celles de l'OCDE (0,7%, relevée de 0,1 point vendredi) et du gouvernement (1%).

Autre enseignement: alors que l'inflation alimentaire a pris le relais de l'inflation énergétique comme principal moteur de la hausse des prix, elle devrait atteindre son pic "vers la fin du premier semestre", selon Matthieu Lemoine, un des auteurs des projections macro- économiques 2023-2025 publiées lundi.

Toutefois, il ne devrait pas y avoir "de mois rouge" même s'"il y a évidemment un point d'attention et il y a une période de prix alimentaires élevés qui est très sensible pour nos concitoyens", a déclaré François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France sur France inter.

Les prix augmenteraient ensuite plus lentement, grâce à "la détente prévue sur le prix des intrants agricoles (...) et les prix internationaux des matières premières agricoles", explique l'institution. Mais "on ne prévoit pas de baisse des prix de l'alimentation à l'horizon de notre projection", c'est-à-dire 2025, avertit Matthieu Lemoine.

Tous biens et services compris, l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) - le baromètre de l'inflation qui fait référence au niveau européen et que la Banque de France utilise dans ses projections - s'établirait à 5,4% en moyenne annuelle en 2023, contre 6% attendu jusqu'ici.

L'IPCH reculerait ensuite à 2,4% en 2024 puis 1,9% en 2025, sous la barre des 2% que vise la Banque centrale européenne (BCE).

Pas de spirale inflationniste
Ces prévisions d'activité et d'inflation sont néanmoins dépendantes de "nombreux aléas".

"Les effets indirects de la récente volatilité bancaire et financière sont à suivre de près, comme l'ont rappelé les événements récents provoqués par la fermeture de la Silicon Valley Bank aux Etats-Unis ou l'incertitude autour du Credit Suisse", détaille-t-elle.

Les difficultés des banques américaine et helvétique ont en effet provoqué des séances chaotiques sur les places financières européennes dont la Bourse de Paris, les investisseurs craignant une crise financière d'ampleur.

Mais le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a redit vendredi matin sur BFM Business sa confiance dans la solidité des banques européennes, tout comme la Fédération bancaire française samedi pour les banques de l'Hexagone. Et l'institution ne croit pas davantage à un effet durable sur l'économie des tensions concernant la réforme des retraites.

"Il peut y avoir des effets temporaires d'un trimestre sur l'autre", a reconnu Olivier Garnier, mais "quand on raisonne à l'horizon pluriannuel (...) Ce n'est pas de nature à affecter significativement la projection".

Ces aléas mis de côté, la Banque de France table donc sur un net regain de croissance en 2024 (1,2% comme anticipé dans les précédentes prévisions) et en 2025 (1,7% contre 1,8%).

Ce redécollage serait notamment soutenu par un regain de consommation des ménages (+1,5% en 2024 et +1,6% en 2025), dont la rémunération devrait connaître une progression plus dynamique que ces dernières années.

Le salaire moyen par tête, qui englobe les heures supplémentaires et les primes, devrait croître de 6% en 2023, de 4,6% en 2024 et de 3,7% en 2025, sans que le pouvoir d'achat ne bondisse dans les mêmes proportions.

"Cette augmentation des salaires ne devrait pas engendrer de spirale inflationniste", précise la Banque de France.

En matière d'emploi, le taux de chômage connaîtrait une hausse "transitoire" en 2023 et 2024 avant de réamorcer une "décrue" dès 2025.