Des militaires retraités «affamés» protestent contre l'élite politique «corrompue» du Liban

Les autorités ont fait usage de gaz lacrymogènes lors des manifestations sur la place Riad Al-Solh à Beyrouth. (Reuters).
Les autorités ont fait usage de gaz lacrymogènes lors des manifestations sur la place Riad Al-Solh à Beyrouth. (Reuters).
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Publié le Jeudi 23 mars 2023

Des militaires retraités «affamés» protestent contre l'élite politique «corrompue» du Liban

  • Les soldats à la retraite sont désormais payés des clopinettes, alors que le taux de change du dollar a fortement augmenté et que les prix des denrées alimentaires se sont dollarisés
  • «Nous avons besoin d'une protection internationale contre des politiciens corrompus. Nous ne sommes plus en mesure d'assurer notre alimentation»

BEYROUTH: Des militaires à la retraite sont descendus dans les rues du centre de Beyrouth mercredi pour protester contre les difficultés financières croissantes auxquelles ils disent être confrontés en raison de la crise économique et de la corruption endémique au Liban.

Leur colère a fait suite à la dernière chute brutale de la valeur de la livre libanaise mardi, qui a suscité des appels à la désobéissance civile et à des manifestations publiques sur les réseaux sociaux. De nombreux manifestants portaient des drapeaux libanais et des pancartes dénonçant le gouvernement et ses politiques financières.

«Où est la conscience des pouvoirs en place?», a déclaré l'un des manifestants à qui Arab News a parlé.

«Ils ne se sentent pas coupables pour les militaires à la retraite qui ont servi leur pays toute leur vie, et qui sont actuellement affamés et n’ont pas accès aux services de soins médicaux? Les hôpitaux conservent leurs corps dans les morgues parce que leurs familles n'ont pas les moyens de payer les frais d'hospitalisation».

Un autre militaire à la retraite a indiqué à Arab News que «les soldats à la retraite reçoivent aujourd'hui un salaire de misère en raison de la forte augmentation du taux de change du dollar et de la dollarisation des prix des denrées alimentaires».

«Nous avons besoin d'une protection internationale pour nous sauver des politiciens corrompus. Nous ne sommes plus en mesure d'assurer notre alimentation. Nous ne suivons aucun parti politique ni aucune milice. Nous n'appartenons qu'à notre patrie. Ce sont des criminels qui mettent leur pays en danger. Que l'on sache que le peuple n'aura aucune pitié pour les tyrans».

L'effondrement drastique du taux de change de la livre libanaise par rapport au dollar impacte la valeur des salaires mensuels versés aux militaires à la retraite, et aux travailleurs du secteur public, qui oscille aujourd’hui entre 20 et 60 dollars.

«Nous sommes venus pour savoir s'il existe encore un État et réclamer nos salaires et nos droits à des soins médicaux dans la dignité», a déclaré le général de brigade à la retraite Chamel Roukoz à Arab News: «L'État a un devoir envers nous. Descendre dans la rue était notre seule solution».

Les manifestants ont refusé de rencontrer les représentants des Forces du changement, les nouveaux députés qui ont été élus l'année dernière avec la promesse de représenter l'opposition populaire au statu quo politique, parce qu'ils «n'ont rien fait pour le peuple». Ils ont déclaré que la députée Paula Yacoubian et l'activiste Wassef al-Harakeh avaient été expulsés de la manifestation.

Les manifestants ont franchi les clôtures de barbelés entourant le Grand Sérail, le quartier général du Premier ministre intérimaire Najib Mikati, et ont déclaré leur intention d’y pénétrer par effraction. En réponse, les agents de sécurité et les agents anti-émeutes ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser la foule. La majorité des manifestants étaient des personnes âgées et un certain nombre d'entre eux ont été soignés par la Croix-Rouge pour suffocation.

«Un manifestant blessé a déclaré: «Ne vaudrait-il pas mieux qu'ils donnent de l'argent aux soldats affamés au lieu de le dépenser en bombes?»

Plus tard, les manifestants ont rencontré Mikati et l'ont mis en garde contre «une escalade sans précédent si les promesses de satisfaire les demandes ne sont pas tenues, notamment le paiement des salaires du secteur public et des retraités sur la base du taux de change de la plateforme Sayrafa, qui est de 25 000 livres pour un dollar, au lieu du taux actuel de 90 000 livres».

En outre, dans le quartier de Jnah, dans la banlieue sud de Beyrouth, des pêcheurs ont bloqué une route pour protester contre la détérioration de leur situation financière.

Ailleurs, des membres d'une association représentant les employés de l'administration publique ont manifesté devant le ministère des Finances, exigeant que le gouvernement «octroie aux employés du secteur public leurs droits en révisant leurs salaires et leurs indemnités de transport, et en garantissant leurs subventions pour les soins de santé et l'éducation».

Des manifestations similaires ont eu lieu à Sidon, Tyr et Nabatieh.

Une délégation du Fonds monétaire international, dirigée par Ernesto Rigo Ramirez, a rencontré mercredi l'ambassadeur saoudien au Liban, Walid ben Abdallah Boukhari. Des sources de l'ambassade ont déclaré qu'ils ont discuté «des développements (globaux) et des conditions nécessaires pour que le Liban se remette de la crise politique et économique, ainsi que des questions d'intérêt commun».

Entre-temps, dans un discours à la nation au début du mois sacré musulman du Ramadan, le grand mufti Cheikh Abdel Latif Deryane a mis en garde contre «le chaos naissant dont le prix sera payé par les citoyens». Il est nécessaire de «recourir immédiatement à la constitution, d'élire un président et d'arrêter de perdre du temps», a-t-il déclaré.

«Nous ne pouvons plus attendre; les gens ont commencé à ne plus pouvoir accéder aux premières nécessités, et la classe politique et les citoyens vivent dans deux mondes différents», a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.