Une responsable américaine rencontre des dirigeants libanais à l’ombre de violentes manifestations devant les banques

 Le Premier ministre libanais sortant Najib Mikati rencontre la secrétaire d'État adjointe américaine pour les affaires du Proche-Orient Barbara Leaf à Beyrouth, le 24 mars 2023. (AFP)
Le Premier ministre libanais sortant Najib Mikati rencontre la secrétaire d'État adjointe américaine pour les affaires du Proche-Orient Barbara Leaf à Beyrouth, le 24 mars 2023. (AFP)
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Publié le Samedi 25 mars 2023

Une responsable américaine rencontre des dirigeants libanais à l’ombre de violentes manifestations devant les banques

  • Barbara Leaf exhorte le pays à conclure un accord avec le FMI pour éviter que la crise économique ne s'aggrave
  • Le Liban n'a toujours pas de président alors que les rivaux politiques continuent de s’écharper

BEYROUTH : La secrétaire d'État adjointe américaine aux affaires du Proche-Orient, Barbara Leaf, a rencontré plusieurs responsables libanais vendredi, à la suite des manifestations de déposants contre la Banque centrale du Liban et d'autres institutions de crédit à Beyrouth.

Accompagnée de Dorothy Shea, ambassadrice des États-Unis au Liban, Leaf a rencontré le président du parlement, Nabih Berri, le premier ministre sortant, Najib Mikati, le ministre sortant des Affaires étrangères, Abdullah Bou Habib, et le chef du parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt.

Leaf aurait fait savoir à ses interlocuteurs que les États-Unis étaient satisfaits du récent rapprochement entre l'Arabie saoudite et l'Iran et qu'ils encourageaient l'Arabie saoudite à le faire évoluer. Elle précise néanmoins que le Royaume n'aurait pas encore exprimé son intention de rétablir une activité consulaire en Syrie.

La diplomate a déclaré qu'elle ne souhaitait pas s’exprimer sur l'identité du prochain président libanais, cette responsabilité incombant aux législateurs du pays. Elle ajoute cependant que les États-Unis accueillaient favorablement tout dirigeant élu.

Leaf a assuré à Berri que la situation au Liban ne pouvait plus durer au vu de la détérioration de la situation économique et que le pays devait parvenir à un accord avec le Fonds monétaire international dans les plus brefs délais.

En amont de la visite de Leaf à Beyrouth dans le cadre d'une tournée au Moyen-Orient, le département d'État américain avait exhorté les autorités libanaises à élire un président, à former un gouvernement et à mettre en œuvre des réformes économiques décisives au plus vite afin de mettre le pays sur la voie de la stabilité et de la prospérité.

Son arrivée a été précédée de trois jours de discussions à Beyrouth entre le chef du Conseil stratégique pour les relations étrangères iraniennes, Kamal Kharrazi, Berri, Mikati et le Hezbollah. Kharrazi a déclaré qu'un nouveau président libanais devrait être élu sans ingérence extérieure et que la question « relevait du Hezbollah ».

Le Hezbollah et ses alliés ont désigné Sleiman Frangieh, chef du Mouvement Marada, comme étant leur candidat, mais le camp souverainiste et réformiste l'a rejeté en raison de sa proximité avec le régime syrien.

Franjieh n'a pas réussi à obtenir une majorité de 65 voix au premier tour et n'a pas non plus atteint le quorum des deux tiers des membres du Parlement, soit 86 sur 128, pour la séance de vote au second tour.

Au cours de ses entretiens, Leaf a critiqué un groupe de députés réformistes qui se sont récemment rendus aux États-Unis au lieu de rester à Beyrouth pour élire un président. Un législateur rapporte qu'elle leur avait dit que même si Washington était disposé à empêcher l'effondrement du Liban, il « ne peut pas élire un président à leur place ».

La visite de Leaf s'inscrit dans un contexte de détérioration économique et monétaire au Liban. Au terme de ses réunions à Beyrouth, le FMI a averti que le pays « se trouve dans une situation très dangereuse un an après s'être engagé dans des réformes qu'il n'a pas réussi à mettre en œuvre ».

Par ailleurs, les forces de sécurité ont renforcé leur présence à proximité de la Banque centrale à Hamra vendredi, suite à un sit-in organisé par des membres du groupe Depositors' Cry qui avait tourné à l'émeute. Certains manifestants ont lancé des pétards sur le bâtiment, d'autres ont tenté de prendre d'assaut la banque Société Générale, et d'autres encore ont attaqué les façades des banques BBAC et Mawarid dans la rue de Hamra.

Un groupe de déposants de l'alliance Unis pour le Liban a déclaré avoir tenté de pénétrer dans l'immeuble où vit Nadim Kassar, directeur général de la Fransabank, dans le quartier de Jnah à Beyrouth.

« Nos manifestations n'ont rien à voir avec les déclarations de la mission du FMI», affirme  Alaa Khorshid, chef de Depositors' Cry.

« Nous avions déjà prévu de prendre des mesures et nous continuerons à le faire jusqu'à ce que nous récupérions nos dépôts retenus dans les banques depuis 2019 ».

Joanna Wronecka, coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban, a déclaré vendredi : « Trois ans après l'annonce par le Liban de la suspension du paiement de ses dettes souveraines, les Libanais attendent toujours que leurs dirigeants agissent et sauvent le pays.

« Les gens sont en colère de voir leurs salaires perdre de la valeur à cause de l'inflation et de la dépréciation de la monnaie nationale. Les réformes convenues avec le FMI sont devenues vitales et inévitables ».

Le rapport final de la mission du FMI, dirigée par Ernesto Rigo, indique que le Liban se trouve « à un carrefour dangereux ».

« Sans réformes rapides, le pays s'enlisera dans une crise sans fin ».


Le chef de la diplomatie libanaise décline une invitation de l'Iran

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
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  • Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a refusé une invitation à se rendre en Iran, évoquant des conditions inappropriées, et a proposé une rencontre dans un pays tiers neutre
  • Ce refus intervient sur fond de pressions américaines pour désarmer le Hezbollah, soutenu par l'Iran, alors que Beyrouth insiste sur la non-ingérence dans ses affaires internes

BEYROUTH: Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a décliné mercredi une invitation de son homologue à se rendre en Iran, qui soutient le Hezbollah islamiste, et proposé une rencontre dans un pays tiers.

Le gouvernement libanais est soumis à une intense pression des Etats-Unis pour désarmer le Hezbollah, affaibli par une guerre avec Israël, alors que l'Iran a affiché son opposition à cette mesure.

Début décembre, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi avait invité M. Raggi à se rendre à Téhéran pour évoquer "les relations bilatérales" ainsi que les "développements régionaux et internationaux", selon le ministère iranien des Affaires étrangères.

En réponse à M. Araghchi, "j'ai déclaré que je ne pouvais pas accepter son invitation à me rendre à Téhéran dans les circonstances actuelles", a annoncé mercredi M. Raggi sur X.

"Cela ne signifie pas un refus d'engager le dialogue, mais plutôt que les conditions ne sont pas propices à cette visite", a-t-il ajouté.

Il a proposé à son homologue de s'entendre pour se rencontrer "dans un pays tiers neutre", soulignant que les relations entre le Liban et l'Iran devaient être basées sur le principe de "non ingérence dans les affaires internes" de chaque pays.

L'Iran arme et finance le puissant Hezbollah, qu'une guerre a opposé à Israël d'octobre 2023 à novembre 2024.

En août, le Liban avait signifié à un haut responsable iranien, Ali Larijani, en visite à Beyrouth, son refus catégorique de "toute ingérence" dans ses affaires internes, après des critiques par Téhéran de la décision du gouvernement de désarmer le Hezbollah.

Téhéran dénonce régulièrement les frappes israéliennes qui le visent. Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, avaient appelé en novembre à "venger" l'assassinat par Israël au Liban du chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.


L'Arabie saoudite et l'Iran réaffirment leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin

Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
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  • Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a participé mardi à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint

RIYAD : L’Arabie saoudite et l’Iran ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin lors d’une réunion tenue mardi à Téhéran.

Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a assisté à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint entre l’Arabie saoudite, l’Iran et la Chine.

Les parties saoudienne et iranienne « ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin dans son intégralité, ainsi que leur volonté de renforcer les relations de bon voisinage entre leurs pays, dans le respect de la Charte des Nations unies, de la Charte de l’Organisation de la coopération islamique et du droit international », a indiqué l’Agence de presse saoudienne dans un communiqué.

L’Arabie saoudite et l’Iran ont également salué le rôle positif continu joué par la Chine ainsi que son soutien constant à la mise en œuvre de l’Accord de Pékin.

De son côté, la Chine a réaffirmé sa disponibilité à poursuivre son soutien et à encourager les démarches entreprises par le Royaume et l’Iran pour développer leurs relations dans divers domaines.

Les trois pays ont salué les progrès continus dans les relations saoudo-iraniennes et les perspectives qu’ils offrent à tous les niveaux, a ajouté la SPA.

Les trois pays ont également appelé à une cessation immédiate des agressions israéliennes en Palestine, au Liban et en Syrie.

Ils ont en outre condamné tout acte portant atteinte à l’intégrité territoriale de l’Iran.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'armée israélienne dit avoir frappé des infrastructures du Hezbollah au Liban

Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
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  • L’armée israélienne affirme avoir frappé plusieurs infrastructures du Hezbollah dans le sud du Liban, dont un site de lancement, un complexe d’entraînement et des installations militaires, malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Le contexte reste tendu depuis l’assassinat de Hassan Nasrallah en 2024, tandis que Washington presse Beyrouth de désarmer le Hezbollah, une demande rejetée par le groupe et ses alliés

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé tôt mardi avoir frappé des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah pro-iranien dans le sud du Liban.

Les forces armées israéliennes ont indiqué "avoir frappé des infrastructures appartenant à l'organisation terroriste Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", dont un site de lancement utilisé pour des attaques contre Israël, dans un communiqué publié sur plusieurs réseaux sociaux.

Elles disent avoir ciblé également un complexe d'entraînement de la force al-Radwan, une unité d'élite, des champs de tir, des zones d'entraînement aux armes pour divers types d'armes et des structures militaires appartenant au Hezbollah.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe chiite pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières le visant dans ses bastions libanais, et d'occuper cinq points frontaliers dans le sud du Liban.

Israël avait menacé début novembre d'intensifier ses attaques au Liban, accusant le mouvement de se "réarmer".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent en invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.