Prudence en Israël après l'annonce par Netanyahou d'une «pause» de la réforme de la justice

Des milliers d'Israéliens ont manifesté contre la réforme judiciaire prévue par le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahou (Photo, AFP).
Des milliers d'Israéliens ont manifesté contre la réforme judiciaire prévue par le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahou (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 29 mars 2023

Prudence en Israël après l'annonce par Netanyahou d'une «pause» de la réforme de la justice

  • Le projet de réforme de la justice est dénoncé dans la rue depuis son annonce début janvier par un des gouvernements les plus à droite qu'ait connu Israël,  et a donné naissance à un des plus grands mouvements de mobilisation populaire du pays
  • Pour le gouvernement de M. Netanyahou, la réforme vise à rééquilibrer les pouvoirs en diminuant les prérogatives de la Cour suprême, que l'exécutif juge politisée, au profit du Parlement

JÉRUSALEM: La prudence prévaut mardi en Israël au lendemain de l'annonce par Benjamin Netanyahou d'une "pause" dans le projet de réforme de la justice qui divise profondément le pays, tout restant encore à faire pour permettre une sortie de crise.

Le Premier ministre "a su transformer avec de jolis mots une défaite cuisante en un match nul", affirme mardi Nahum Barnea, éditorialiste du quotidien Yediot Aharonot.

"Quoi qu'il dise ou dira, peu de gens le croient, je crois que la confiance en lui n'est pas grande y compris parmi les manifestants de droite venus par milliers hier", poursuit M. Barnea, en référence à une première contre-manifestation tenue lundi soir à Jérusalem par des partisans de la réforme.

Le projet de réforme de la justice est dénoncé dans la rue depuis son annonce début janvier par un des gouvernements les plus à droite qu'ait connu Israël,  et a donné naissance à un des plus grands mouvements de mobilisation populaire du pays.

Pour le gouvernement de M. Netanyahou, la réforme vise à rééquilibrer les pouvoirs en diminuant les prérogatives de la Cour suprême, que l'exécutif juge politisée, au profit du Parlement.

Ses détracteurs estiment au contraire que la réforme risque d'entraîner une dérive illibérale ou autoritaire et insistent sur l'ampleur des manifestations contre la réforme depuis des semaines.

«Cesser les menaces»

Après une journée d'intensification de la contestation et l'apparition de tensions au sein de la majorité, M. Netanyahou a annoncé dans un discours lundi soir avoir "décidé d'une pause" dans l'examen du projet afin de donner "une chance à un vrai dialogue" en vue de faire adopter un texte plus consensuel lors de la session parlementaire d'été devant s'ouvrir le 30 avril.

Des dizaines de milliers d'Israéliens étaient descendus dans les rues dimanche soir et lundi après l'annonce dimanche du limogeage du ministre de la Défense Yoav Gallant, qui avait exigé la veille le gel de la réforme face à un important mouvement de réservistes refusant de s'acquitter de leurs obligations militaires.

Lundi, le président israélien Isaac Herzog avait appelé à "stopper immédiatement" la législation sur cette réforme.

Réagissant rapidement à l'annonce de M. Netanyahou, les deux principaux dirigeants de l'opposition, les centristes Yaïr lapid et Benny Gantz ont dit être prêts à discuter avec le gouvernement, mais sous l'égide du président, tout en mettant en garde le gouvernement contre toute duperie.

"Mieux vaut tard que jamais", a ainsi déclaré M. Gantz. "Nous nous présenterons immédiatement à la résidence du président, la main tendue", a-t-il ajouté, en enjoignant M. Netanyahou "à cesser les menaces" et à envoyer une équipe chez M. Herzog.

Mardi, les commentateurs politiques étaient sceptiques sur les intentions de M. Netanyahou.

«Milice»

Son discours avait suivi de longues négociations avec ses partenaires d'extrême droite, notamment le ministre de la Sécurité intérieure Itamar Ben Gvir, qui, selon la presse, avait menacé de quitter le gouvernement en cas de pause dans la réforme.

Le parti de M. Ben Gvir a annoncé avant la déclaration de M. Netanyahou la signature d'un accord entre les deux hommes, accordant au ministre de nouvelles prérogatives, notamment la création d'une "garde nationale" civile sous son autorité, dont les détails n'ont pas été communiqués.

"C'est une victoire pour les protestataires mais celui qui a vraiment fait plier Netanyahou et l'a piétiné c'est Itamar Ben Gvir [...] il a obtenu de lui une promesse scandaleuse : la création d'une milice qui sera sous ses ordres", dénonce mardi Yossi Verter, le correspondant politique de Haaretz, en première page du quotidien de gauche.

Autre ténor du gouvernement, le ministre des Finances, Betzalel Smotrich, à la tête du parti d'extrême droite Sionisme religieux, a assuré lundi après le discours de M. Netanyahou que "la réforme [allait] avancer et les changements nécessaires dans le système judiciaire et la démocratie israélienne advenir".

Un des collectifs à l'origine des manifestations contre la réforme a annoncé la poursuite de la contestation "tant que le coup d'État judiciaire n'est pas totalement stoppé".

Deux sondages diffusés lundi soir sur des télévisions israéliennes montrent une perte de confiance dans le parti Likoud de M. Netanyahou, qui perdrait 7 sièges en cas d'élections alors que la coalition au pouvoir ne dispose que d'une faible majorité au Parlement, avec 64 députés (sur 120).


Israël dit «  avancer » dans les préparatifs de son opération militaire sur Rafah

Poussés par les combats et les destructions dans le reste de la bande de Gaza, plus d'un million de Palestiniens ont trouvé refuge à Rafah - ville de quelque 250.000 habitants - et s'entassent dans des tentes et des bâtiments publics. (AFP).
Poussés par les combats et les destructions dans le reste de la bande de Gaza, plus d'un million de Palestiniens ont trouvé refuge à Rafah - ville de quelque 250.000 habitants - et s'entassent dans des tentes et des bâtiments publics. (AFP).
Short Url
  • "Israël avance vers son opération ciblant le Hamas à Rafah", a déclaré mercredi un porte-parole du gouvernement, David Mencer
  • Depuis le début de l'offensive terrestre dans le territoire palestinien, le 27 octobre, "au moins 18 ou 19 des 24 bataillons" du Hamas ont été défaits, a-t-il poursuivi

JERUSALEM: Le gouvernement israélien dit "avancer" dans les préparatifs de son opération militaire prévue sur Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où selon lui quatre bataillons de combattants du mouvement islamiste palestinien Hamas sont regroupés.

"Israël avance vers son opération ciblant le Hamas à Rafah", a déclaré mercredi un porte-parole du gouvernement, David Mencer, lors d'un point presse. "Les quatre bataillons qui restent à Rafah ne peuvent pas échapper à Israël, ils seront attaqués".

M. Mencer a ajouté que "deux brigades de réservistes" avaient été mobilisées pour des "missions défensives et tactiques dans Gaza".

Depuis le début de l'offensive terrestre dans le territoire palestinien, le 27 octobre, "au moins 18 ou 19 des 24 bataillons" du Hamas ont été défaits, a-t-il poursuivi.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré à plusieurs reprises qu'Israël entendait mener un assaut contre Rafah, ville où sont réfugiés des centaines de milliers de Gazaouis, déplacés par la guerre.

M. Netanyahu insiste sur le fait que l'anéantissement des derniers bataillons du Hamas à Rafah est cruciale dans la poursuite des objectifs de la guerre contre le Hamas, mouvement islamiste qui a pris le pouvoir dans le territoire côtier depuis 2007.

Poussés par les combats et les destructions dans le reste de la bande de Gaza, plus d'un million de Palestiniens ont trouvé refuge à Rafah - ville de quelque 250.000 habitants - et s'entassent dans des tentes et des bâtiments publics.

Mais les ONG et un nombre croissant de pays - et même l'allié historique américain - s'opposent à cette opération, craignant qu'elle ne fasse de nombreuses victimes civiles.

Le Hamas de son côté a répété sa demande de cessez-le-feu permanent dans la bande de Gaza, ce qui à ce stade de la guerre est inacceptable pour M. Netanyahu et son gouvernement qui ont juré d'"anéantir" le mouvement.

"Au moins 26.000 terroristes ont été tués, appréhendés, ou blessés dans les combats", a avancé M. Mencer.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

En riposte, Israël a promis d'anéantir le Hamas et lancé une offensive massive qui a fait jusqu'à présent 34.262 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.


L'armée israélienne annonce mener une offensive sur le sud du Liban

Cette photo prise depuis une position israélienne le long de la frontière avec le sud du Liban montre de la fumée s'échappant du village libanais d'Odaisseh lors du bombardement israélien le 22 avril 2024. (Photo, AFP)
Cette photo prise depuis une position israélienne le long de la frontière avec le sud du Liban montre de la fumée s'échappant du village libanais d'Odaisseh lors du bombardement israélien le 22 avril 2024. (Photo, AFP)
Short Url
  • "Des troupes sont déployées en nombre à la frontière et les forces armées mènent actuellement des actions offensives dans tout le sud du Liban", a indiqué le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant
  • Un porte-parole de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a indiqué à l'AFP que celle-ci "n'avait détecté aucun franchissement terrestre" de la frontière mercredi

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé mercredi mener une "action offensive" sur le sud du Liban, où elle affirme que son aviation et son artillerie ont frappé 40 cibles du Hezbollah libanais et tué la moitié de ses commandants dans ce secteur.

"Des troupes sont déployées en nombre à la frontière et les forces armées mènent actuellement des actions offensives dans tout le sud du Liban", a indiqué le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant dans un communiqué.

"La moitié des commandants du Hezbollah dans le sud du Liban ont été éliminés, l'autre moitié se cache et laisse le champ libre aux opérations" militaires israéliennes.

Un porte-parole de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a indiqué à l'AFP que celle-ci "n'avait détecté aucun franchissement terrestre" de la frontière mercredi.

Le mouvement libanais pro-iranien n'a pas réagi dans l'immédiat aux déclarations israéliennes.

Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas le 7 octobre, le Hezbollah mène des attaques quasi-quotidiennes contre Israël pour soutenir le mouvement islamiste palestinien, son allié.

L'armée israélienne riposte en bombardant de plus en plus en profondeur le territoire libanais et en menant des attaques ciblées contre des responsables du Hezbollah.

"Il y a peu de temps, les avions de combat et l'artillerie israélienne ont frappé environ 40 cibles terroristes du Hezbollah" autour d'Aïta el-Chaab dans le sud du Liban, y compris des sites de stockage d'armes, a affirmé plus tôt l'armée israélienne dans un communiqué.

Le Hezbollah "a mis en place des dizaines de moyens et d'infrastructures terroristes dans la région" pour attaquer Israël, a-t-elle ajouté.

L'agence officielle libanaise ANI a fait état de son côté de 13 frappes israéliennes près d'Aïta el-Chaab.

"Des avions militaires israéliens ont effectué plus de 13 frappes aériennes ciblant la périphérie des villes d'Aïta el-Chaab, Ramya, Jabal Balat et Khallet Warda", a déclaré l'agence.

Le Hezbollah avait annoncé mardi avoir tiré des dizaines de roquettes sur le nord d'Israël, en représailles à la mort de deux civils dans le sud du Liban dans une frappe imputée à Israël.

Ces violences entre Hezbollah et Israël ont fait depuis le 7 octobre 380 morts du côté libanais, en majorité des combattants du mouvement libanais ainsi que 72 civils, selon un décompte de l'AFP.

Dans le nord d'Israël, onze soldats et huit civils ont été tués d'après l'armée.

 

 


L'Égypte nie avoir discuté avec Israël d’une offensive à Rafah

Un vendeur de pain pousse son chariot devant les décombres d’un bâtiment effondré à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 avril 2024. (AFP)
Un vendeur de pain pousse son chariot devant les décombres d’un bâtiment effondré à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 avril 2024. (AFP)
Short Url
  • Diaa Rashwan, chef du service d’information de l’État égyptien, a réfuté ce qui a été affirmé dans l’un des principaux journaux américains
  • L’Égypte s’est opposée à plusieurs reprises au déplacement des Palestiniens de Gaza et met en garde contre toute opération militaire à Rafah

LE CAIRE: L’Égypte nie avoir tenu des discussions avec Israël au sujet d’une offensive dans la ville palestinienne de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Diaa Rashwan, chef du service d’information de l’État égyptien, a réfuté ce qui a été affirmé dans l’un des principaux journaux américains, selon lequel l’Égypte a discuté avec Israël de ses projets d’offensive à Rafah.

M. Rashwan a réaffirmé l’opposition totale de l’Égypte à cette opération, position annoncée à plusieurs reprises par les responsables politiques du pays, qui estiment que cette opération conduira à de nouveaux massacres, à des pertes humaines massives et à une destruction généralisée.

Il a ajouté que les avertissements répétés de l’Égypte sont parvenus à la partie israélienne par tous les moyens depuis qu’Israël a proposé de mener une opération militaire à Rafah. Ces avertissements mentionnent les pertes attendues et les répercussions négatives sur la stabilité de l’ensemble de la région.

Alors qu’Israël envisage de mener cette opération à laquelle l’Égypte, la plupart des pays du monde et leurs institutions internationales s’opposent, les efforts de l’Égypte depuis le début de l’agression israélienne se focalisent sur la conclusion d’un accord de cessez-le-feu et sur l’échange de prisonniers et de détenus, a précisé M. Rashwan.

Ce dernier a indiqué que l’Égypte cherchait à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, en particulier dans le nord et dans la ville de Gaza, ainsi que l’évacuation des blessés et des malades pour qu’ils soient soignés en dehors de cette région.

L’Égypte s’est opposée à plusieurs reprises au déplacement des Palestiniens de Gaza et met en garde contre toute opération militaire à Rafah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com