Grève des éboueurs à Paris: Des sites d'incinération toujours bloqués, préavis levé chez un prestataire privé

Un SDF, couvert de sacs plastiques, passe devant des sacs poubelles qui s'entassent sur le trottoir alors que les éboueurs sont en grève depuis le 6 mars pour protester contre le projet de réforme des retraites du gouvernement, à Paris le 22 mars 2023 (Photo, AFP).
Un SDF, couvert de sacs plastiques, passe devant des sacs poubelles qui s'entassent sur le trottoir alors que les éboueurs sont en grève depuis le 6 mars pour protester contre le projet de réforme des retraites du gouvernement, à Paris le 22 mars 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 28 mars 2023

Grève des éboueurs à Paris: Des sites d'incinération toujours bloqués, préavis levé chez un prestataire privé

  • A la veille de la dixième journée de mobilisation contre la réforme du gouvernement, seul le site de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) fonctionnait normalement lundi
  • Ceux d'Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) et d'Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), le plus important, étaient toujours bloqués en fin de journée

PARIS: Deux des trois sites parisiens d'incinération des déchets étaient toujours bloqués lundi, trois semaines après le début de la grève contre la réforme des retraites, et 7 300 tonnes d'ordures jonchaient encore les rues de la capitale, ont annoncé la Ville et le syndicat métropolitain Syctom.

A la veille de la dixième journée de mobilisation contre la réforme du gouvernement, seul le site de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) fonctionnait normalement lundi.

Ceux d'Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) et d'Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), le plus important, étaient toujours bloqués en fin de journée, a-t-on appris auprès du Syctom et de la CGT.

"Les salariés d'Issy ont voté vendredi la fin du mouvement et ont repris le travail. Une chaudière a redémarré ce week-end, mais le site a été bloqué toute la journée de lundi par l'interpro", a expliqué Philippe Giraud, membre de la CGT.

A Ivry, plus d'une centaine de personnes bloquaient dans le calme lundi matin l'entrée du site pour démontrer que "la détermination est pleine et entière", a constaté une journaliste de l'AFP.

Vendredi, la préfecture de police de Paris avait ordonné la réquisition du personnel du site, mais les salariés ont repris leur mouvement de grève lundi, a précisé à l'AFP Karim Kerkoudi, membre de la CGT.

Une assemblée générale était en cours en soirée pour décider de la suite à donner au mouvement.

Dans un communiqué lundi soir, la Ville de Paris a fait état de 7 300 tonnes estimées de déchets non ramassés dans les rues de la capitale, contre 8 000 dimanche et 10 500 vendredi.

La maire PS Anne Hidalgo a de nouveau réuni une cellule de crise lundi pour centraliser les remontées d'information sur le terrain. "La collecte des déchets reste dégradée ce jour dans un contexte social tendu", précise le communiqué.

Ce lundi, 162 bennes sont sorties dans tous les arrondissements et la priorité est donnée "au traitement des parcours de la manifestation", a-t-on ajouté.

Préavis levé chez Derichebourg

A Paris, la collecte quotidienne des ordures ménagères est assurée pour moitié par la régie de la ville de Paris et pour l'autre par des prestataires privés.

"Nous avons signé un protocole de sortie de conflit" à l'issue de discussions entre la direction et l'organisation syndicale et "il n'y aura pas de grève dans les Xe et XVIIIe arrondissements", a indiqué à l'AFP Thomas Derichebourg, président de Derichebourg Environnement.

Le dirigeant, qui n'a pas souhaité détailler les termes de l'accord trouvé, a indiqué avoir tenu informée la ville de Paris alors que la grève devait commencer ce lundi pour une durée indéterminée.

Il s'agissait du "seul préavis que nous avions", a-t-il rappelé.

L'organisation syndicale n'était pas joignable dans l'immédiat.

Le refus de la réforme des retraites figurait parmi les revendications, derrière la hausse des salaires, l'amélioration des conditions de travail ou encore la réduction du temps de travail à 32 heures.

Derichebourg est le premier intervenant privé, couvrant les Ier, IIIe, IVe, VIIe, Xe et XVIIIe arrondissements. Sépur couvre le XIIIe arrondissement, Urbasser les XIe et XIXe et Pizzorno le XVe.


Retraites: «la lutte continuera», promet Mélenchon, sans savoir «sous quelle forme»

Le fondateur de La France Insoumise (LFI) et ancien député Jean-Luc Mélenchon s'adresse à la presse lors d'une manifestation dans le cadre de la 14e journée d'action après que le gouvernement a fait passer une réforme des retraites au parlement sans vote, en utilisant l'article 49.3 de la constitution, à Paris le 6 juin 2023. (AFP).
Le fondateur de La France Insoumise (LFI) et ancien député Jean-Luc Mélenchon s'adresse à la presse lors d'une manifestation dans le cadre de la 14e journée d'action après que le gouvernement a fait passer une réforme des retraites au parlement sans vote, en utilisant l'article 49.3 de la constitution, à Paris le 6 juin 2023. (AFP).
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  • «La lutte continuera, je ne sais pas vous dire sous quelle forme, puisque ceux qui la mènent (les syndicats, NDLR) ne nous ont jamais associés», a regretté M. Mélenchon
  • Les macronistes sont «seuls face à un pays qui ne veut pas de cette loi, imposée par un homme tout seul là-haut», Emmanuel Macron, a renchéri François Ruffin sur TF1

PARIS: "La lutte continuera", a promis Jean-Luc Mélenchon mardi à Paris depuis la manifestation contre la réforme des retraites, sans savoir "sous quelle forme", tandis que la cheffe des Verts Marine Tondelier a estimé que le gouvernement n'avait "pas gagné".

"Les jeux ne sont pas faits", a martelé le tribun insoumis, alors que le patron de la CFDT Laurent Berger a estimé auparavant que "le match est en train de se terminer".

"Il s'est passé quelque chose d'extraordinaire et qui laissera une marque indélébile dans l'esprit des Français", a affirmé Jean-Luc Mélenchon. "Rarement on a vu un mouvement social d'une telle ampleur. C'est le plus important depuis un demi siècle".

Ainsi "la lutte continuera, je ne sais pas vous dire sous quelle forme, puisque ceux qui la mènent (les syndicats, NDLR) ne nous ont jamais associés", a regretté M. Mélenchon.

"Je préfèrerais une organisation plus ample où les syndicats acceptent de collaborer avec les organisations politiques" pour "travailler ensemble".

"Ils n'ont pas gagné, on n'a pas perdu", a pour sa part assuré la patronne des écologistes, Marine Tondelier.

"Le président a un pays plus fracturé que jamais, les Français, en dépit de ses efforts de passer à une autre séquence, veulent en rester à la question des retraites, non ça ne passe pas", a pour sa part dit le premier secrétaire du PS Olivier Faure.

Le mouvement est "passé d'une question sociale à un débat sur la conception de la démocratie", a-t-il jugé, en référence aux usages par le camp présidentiel de plusieurs articles de la Constitution pour faire passer au forceps au Parlement le report de l'âge de départ à 64 ans.

"On vit dans une démocrature qui demain peut ouvrir à une dictature", a appuyé le patron des députés communistes André Chassaigne.

Les macronistes sont "seuls face à un pays qui ne veut pas de cette loi, imposée par un homme tout seul là-haut", Emmanuel Macron, a renchéri François Ruffin sur TF1, depuis Bouquehault (Pas-de-Calais).


Règlement de comptes à Grenoble: six blessés dans une fusillade

Une photo prise le 6 décembre 2012 montre une partie du quartier Villeneuve de Grenoble, dans le sud-est de la France. (AFP)
Une photo prise le 6 décembre 2012 montre une partie du quartier Villeneuve de Grenoble, dans le sud-est de la France. (AFP)
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  • De source policière, quatre des six victimes, blessées aux jambes, ont été prises en charge par les pompiers
  • Les deux autres, touchées aux jambes et au thorax pour l'une des deux, se sont présentées dans une clinique

GRENOBLE: Six hommes âgés de 23 à 28 ans ont été blessés dans la nuit de lundi à mardi dans une fusillade provoquée par un règlement de comptes à Grenoble, probablement sur fond de trafic de stupéfiants.

Les tirs nourris sont intervenus vers 1h00 du matin, dans le quartier sensible de La Villeneuve, dans le sud de la ville, selon le procureur de Grenoble, à proximité d'un important point de deal, selon le quotidien Le Dauphiné qui a donné l'alerte sur la fusillade.

"Je me suis réveillée en pleine nuit, j'ai cru que c'était des pétards, parce qu'il y en a tout le temps. Puis j'ai entendu une femme hurler, là j'ai compris que c'était pas des pétards", a témoigné Héloïse, 20 ans, qui a grandi dans le quartier et vit juste à côté du lieu de la fusillade depuis quelques mois.

La jeune mère de famille pense qu'il s'agit de "règlements de comptes" lié à la mort d'un jeune de 17 ans dans le quartier, abattu dans un salon de coiffure en décembre. "Ça dure depuis des mois, tout le monde meurt", lance la jeune femme, qui pense à déménager à cause de sa petite fille, tout en s'inquiétant pour ses "frères et soeurs" résidant là.

De source policière, quatre des six victimes, blessées aux jambes, ont été prises en charge par les pompiers. Les deux autres, touchées aux jambes et au thorax pour l'une des deux, se sont présentées dans une clinique.

La police judiciaire a été chargée de l'enquête pour "tentative d'assassinat".

A l'arrivée des policiers, une voiture a pris la fuite, "avec plusieurs impacts", selon la police, qui avait été alertée à la suite de "plusieurs détonations". Il s'agissait d'une voiture d'une des victimes, qui habitait Galerie de l'Arlequin, où a eu lieu la fusillade.

«Grenoble ça craint»

Les six victimes étaient "en groupe", et auraient pris la fuite lorsqu'elles ont "entendu des détonations", sans "savoir d'où" elles venaient, d'après le témoignage de l'une d'entre elles à la police.

Egalement interrogée par l'AFP, Marine, 35 ans, éducatrice de jeunes enfants travaillant dans le quartier assure qu'il "y a de plus en plus d'interventions de la police" ici. Mais lorsqu'elle a commencé à la Villeneuve en 2013, "il y a eu plein de fois où on devait rentrer en urgence avec les enfants, du jardin à l'intérieur, pour se mettre en sécurité".

"Je crois que dans tout Grenoble, même au centre ville, ça craint", affirme cette habitante du quartier de l'Abbaye, à 3 km plus au nord, où un quadragénaire a été tué par balles en pleine rue le 31 mai par deux hommes en trottinette. Dans ce même quartier, dans la nuit du 23 au 24 mai, le corps d'un homme a été retrouvé dans sa voiture en feu.

"Je pense qu'il va falloir que M. (Eric) Piolle (maire EELV de Grenoble) fasse quelque chose, renforcer peut-être les effectifs de la police. Je ne suis pas de droite mais au bout d'un moment, les gens vivent dans un climat d'insécurité. C'est pas normal, on est avec des enfants, on peut se prendre une balle perdue. (...) A Grenoble, le trafic est important et a généré beaucoup de conflit", dénonce-t-elle aussi.


France-Maghreb: l’ère de l’incertitude

Le président français Emmanuel Macron boit un thé à l'intérieur de la discothèque Maghreb Shopin, label mythique de la musique rai, appartenant à Boualem Benhaoua lors de sa visite à Oran le 27 août 2022, alors en visite de trois jours en Algérie afin de rétablir les liens avec l'ancienne colonie française. (AFP).
Le président français Emmanuel Macron boit un thé à l'intérieur de la discothèque Maghreb Shopin, label mythique de la musique rai, appartenant à Boualem Benhaoua lors de sa visite à Oran le 27 août 2022, alors en visite de trois jours en Algérie afin de rétablir les liens avec l'ancienne colonie française. (AFP).
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  • Depuis son premier mandat, entamé en 2017, Emmanuel Macron s'est montré déterminé à réchauffer les relations franco-algériennes
  • La tâche d'Emmanuel Macron n’est pas aisée, car les mesures qu’il annonce sont accueillies par un sentiment d’incompréhension

PARIS: Situation en Libye, panne de la démocratie en Tunisie, installation d’un climat lourd entre l’Algérie et le Maroc: le Maghreb vit une phase critique. Cet état des lieux provoque un immobilisme politique et économique très préjudiciable au Maghreb. Un coup de froid s’est abattu sur les relations entre la France et le Maghreb. Dans ce climat incertain, l’Élysée tente un délicat jeu d’équilibre qui s’apparentera à une gageure si la diplomatie française ne prend pas soin de ses positions dans le cadre de la reconfiguration géopolitique en cours.

Paris-Alger: une relation ambivalente et délicate 

Depuis son premier mandat, entamé en 2017, Emmanuel Macron s'est montré déterminé à réchauffer les relations franco-algériennes. Toutefois, ce rapprochement reste fragile et semé d’embûches, comme l’ont récemment montré plusieurs polémiques. La problématique de l’immigration pèse toujours sur le lien bilatéral. À la fin de mai dernier est apparu le spectre d’une abrogation unilatérale de l’accord franco-algérien de 1968 sur l’immigration, qui est perçu comme le déclencheur potentiel d’une grave crise et, au-delà de la Méditerranée, comme un geste intentionnel pour priver les Algériens de leurs privilèges en France.

La réaction algérienne, particulièrement vive, s’est manifestée avant une prise de décision officielle qui s’est positionnée contre les conclusions de la note de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol) sur cet accord franco-algérien. Ce dernier régit l'entrée et le séjour des Algériens en France. Les rapports entre Paris et Alger sont souvent traversés par divers faits et nourris par différents signes de tensions. Des deux côtés, en effet, il y a des partisans de la normalisation, et les réticents. De surcroît, les interlocuteurs français remarquent qu’une «ligne dure» antifrançaise joue la surenchère à Alger et plaide pour un «rapprochement avec la Russie afin de contrer la France en Afrique».

En février dernier, le rapatriement en France à partir de la Tunisie de l’activiste franco-algérienne Amira Bouraoui a provoqué un incident diplomatique lorsqu’Alger a fustigé une «exfiltration illégale» et a rappelé son ambassadeur. Cette brouille a été probablement l’une des causes du report de la visite du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, initialement prévue les 2 et 3 mai, vers la deuxième moitié du mois de juin.

Cependant, malgré les efforts destinés à aplanir la question mémorielle avec la commission mixte des deux parties, il ne faut pas exclure le fait que les mesures françaises pour restreindre l’immigration pourraient reporter ou perturber la visite présidentielle algérienne.

Situation en Libye, panne de la démocratie en Tunisie, installation d’un climat lourd entre l’Algérie et le Maroc: le Maghreb vit une phase critique.

La tâche du président Macron n’est pas aisée, car les mesures qu’il annonce sont accueillies par un sentiment d’incompréhension. En outre, les liens entre Paris et Rabat restent intimement liés à la politique de Paris envers l'Algérie, ce qui exige une approche globale et équilibrée.

Les griefs de Rabat à l’encontre de Paris

D’un point de vue historique, le partenariat franco-marocain a résisté à de nombreuses épreuves. Toutefois, la tension qui marque depuis 2020 les liens entre Paris et Rabat ne pourrait guère être plus vive.

Même si l’entourage de l’Élysée refuse de parler d'une crise diplomatique avec le Maroc, les relations entre les deux pays sont très dégradées. Il est certain que la question épineuse des visas n’est pas la principale cause d’une escalade d’une telle ampleur qu’elle a provoqué le report de la visite officielle d'Emmanuel Macron au Maroc. Tout indique que la position française à l’égard du Sahara occidental et de l’amélioration des liens entre Paris et Alger sont les principales raisons du mécontentement marocain. 

Ces liens franco-marocains, déjà tendus, ont été violemment ébranlés par le problème des visas. En effet, pendant l'automne 2021, la France avait annoncé sa volonté de réduire de manière drastique le nombre de visas accordés aux voyageurs marocains (ce dernier a été divisé par deux, comme celui des Algériens ; dans le même temps, celui des Tunisiens a baissé d'un tiers). C’est là pour Paris une manière d’accentuer la pression sur ces trois pays réticents à accueillir leurs ressortissants en situation irrégulière et visés par des expulsions du territoire français. Pour le Maroc, il s’agit d’une forme de «chantage» inacceptable et un frein à la libre circulation. Cette question de flux migratoires demeure la pomme de la discorde en dépit de la visite de la ministre française Catherine Colonna en décembre 2022.

Pour le moment, l’entourage du roi marocain attribue à la France la responsabilité de la dégradation du lien bilatéral au «positionnement proalgérien de l’Élysée»!

La France, accusée de jouer «la carte algérienne», ne parvient pourtant pas non plus à ouvrir un nouveau chapitre serein avec Alger, en réalité. Et les relations françaises avec la Tunisie et la Libye ne sont pas meilleures.

Bien que l’Hexagone plaide contre l’effondrement économique de la Tunisie (en matière d’aide économique pour maîtriser les flux migratoires), une position que la France partage avec l’Italie, ni le pouvoir tunisien ni les oppositions et les démocrates n’apprécient cette position française très prudente – celle d’une ancienne puissance coloniale qui se trouve fragilisée au Maghreb, et plus largement en Afrique francophone.

On le voit, les liens franco-maghrébins sont décidément incertains.