Liban: Les salaires de la fonction publique réduits de moitié

Un soldat à la retraite portant le drapeau libanais fait le signe de la victoire lors d'une manifestation réclamant de meilleurs salaires et conditions de vie devant la Banque centrale libanaise à Beyrouth, le 30 mars 2023 (Photo, AP).
Un soldat à la retraite portant le drapeau libanais fait le signe de la victoire lors d'une manifestation réclamant de meilleurs salaires et conditions de vie devant la Banque centrale libanaise à Beyrouth, le 30 mars 2023 (Photo, AP).
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Publié le Vendredi 31 mars 2023

Liban: Les salaires de la fonction publique réduits de moitié

  • La réduction prendra effet en avril lorsque le gouvernement calculera les salaires sur la base d'un taux de change d'un dollar américain pour 90000 livres libanaises
  • Selon les manifestants, ce changement signifie que «le pouvoir d'achat de leurs salaires a été totalement érodé»

BEYROUTH: Les retraités de l'armée et les travailleurs du secteur public, pris de colère, ont manifesté jeudi après avoir appris que leurs salaires, déjà diminués, avaient été réduits de moitié du jour au lendemain.

Cette réduction prendra effet en avril, lorsque le gouvernement calculera les salaires sur la base d'un taux de change d'un dollar américain (1 dollar américain = 0,92 euro) pour 90 000 livres libanaises, soit le double du taux utilisé en février. Le taux du marché noir, utilisé par de nombreux magasins, est aujourd'hui supérieur à 100 000 livres pour un dollar. Il y a quatre ans, il était plus proche de 2 000 livres libanaises pour 1 dollar.

Selon les manifestants, ce changement signifie que «le pouvoir d'achat de leurs salaires a été totalement érodé».

Bechara al-Asmar, directeur de la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL), a déclaré à Arab News que le changement concernait 280 000 personnes, dont des militaires et des employés d'universités, de bureaux indépendants, de municipalités et d'hôpitaux publics.

Des centaines de retraités militaires et de professeurs se sont rassemblés jeudi sur la place Riad al-Solh, dans le centre de Beyrouth, dénonçant l'annonce du changement par le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, et exigeant que leurs salaires soient payés à 28 500 livres pour un dollar.

Un officier à la retraite s’est insurgé contre la décision : «Mon salaire s'élevait à 1 700 dollars avant la crise économique au Liban, mais sa valeur s'est détériorée avec l'effondrement de la monnaie. Le mois dernier, j'ai touché un salaire qui ne dépasse pas les 140 dollars selon le taux du marché noir.

«Ce mois-ci, je ne recevrai peut-être pas plus de 60 dollars. Comment ma famille et moi pourrons-nous survivre ? C'est ainsi qu'ils récompensent les militaires qui ont passé leurs vies à servir le pays?», s’est-il  désolé.

Les manifestants ont brandi des banderoles condamnant la politique, la corruption persistante et le mépris des fonds publics et des fonds des déposants.

Les services de sécurité avaient pris des mesures strictes avant le début des manifestations, renforçant les clôtures de barbelés pour empêcher les manifestants d'atteindre le siège du Premier ministre.

Les manifestations ont coïncidé avec une grève des travailleurs des télécommunications. Une réunion du Conseil des ministres prévue jeudi pour examiner les salaires et l'aide a été reportée à la semaine prochaine après que le Premier ministre intérimaire, Najib Mikati, se soit rendu en Arabie saoudite pour la Omra.

Le ministre des Finances, Youssef Khalil, a déclaré qu'une réunion plénière du Cabinet était «nécessaire» pour décider d'un règlement «durable» pour les travailleurs du secteur public.

Khalil a prévenu que le Trésor public perdrait «d'importantes ressources en raison de l'interruption des services publics, à un moment où il a besoin de garantir de toute urgence les importations et de financer des services publics minimaux».

«Le Liban se trouve aujourd'hui à un tournant périlleux. Soit nous maintenons une entité étatique et des institutions capables d'administrer les affaires de l'État, soit nous serons confrontés à une nouvelle détérioration et nous plongerons dans l'inconnu», a-t-il averti.

Les manifestants de la place Riad al-Solh se sont dirigés vers le siège de la Banque centrale dans la rue Hamra, tandis que l'armée et les forces de sécurité prenaient position autour d’eux.

Certains membres de la foule ont réussi à franchir les barbelés pour grimper sur un toit. Un manifestant a été blessé lorsqu'il est tombé après que la police anti-émeute a fait usage de gaz lacrymogènes.

Les manifestants ont également mis le feu à des pneus, bloquant la route devant la Banque centrale.

Salamé a souligné que les demandes d'abaissement du taux devaient être discutées au sein du Conseil des ministres. Il a demandé à une délégation d'officiers militaires à la retraite d'attendre la fin de semaine pour poursuivre les discussions.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Un juge international, Nawaf Salam, pourrait devenir Premier ministre du Liban

Un juge international, Nawaf Salam, pourrait devenir le prochain Premier ministre du Liban, chargé de relever des défis majeurs dans un pays en crise, au terme des consultations parlementaires menées lundi par le nouveau président Joseph Aoun. (AFP)
Un juge international, Nawaf Salam, pourrait devenir le prochain Premier ministre du Liban, chargé de relever des défis majeurs dans un pays en crise, au terme des consultations parlementaires menées lundi par le nouveau président Joseph Aoun. (AFP)
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  • M. Mikati figurait avec Nawaf Salam, diplomate, juge et président de la Cour internationale de justice (CIJ), parmi les noms évoqués pour diriger le prochain gouvernement
  • En vertu du partage du pouvoir entre les communautés religieuses au Liban, le président de la République est chrétien maronite, le Premier ministre musulman sunnite et le président du Parlement musulman chiite

BEYROUTH: Un juge international, Nawaf Salam, pourrait devenir le prochain Premier ministre du Liban, chargé de relever des défis majeurs dans un pays en crise, au terme des consultations parlementaires menées lundi par le nouveau président Joseph Aoun.

L'élection le 9 janvier de M. Aoun a mis fin à une vacance de plus de deux ans au sommet de l'Etat, dans un contexte marqué par l'affaiblissement du puissant mouvement chiite pro-iranien Hezbollah.

Sa candidature a été appuyée par les Etats-Unis et l'Arabie saoudite, poids lourd régional, selon des responsables politiques libanais.

Dirigé par un gouvernement intérimaire mené par le Premier ministre sortant, Najib Mikati, le petit pays méditerranéen n'avait plus de président depuis octobre 2022 du fait des dissensions politiques, malgré une grave crise économique et le conflit qui a opposé pendant plus d'un an le Hezbollah à Israël, avant un cessez-le-feu fin novembre.

M. Mikati figurait avec Nawaf Salam, diplomate, juge et président de la Cour internationale de justice (CIJ), parmi les noms évoqués pour diriger le prochain gouvernement.

En vertu du partage du pouvoir entre les communautés religieuses au Liban, le président de la République est chrétien maronite, le Premier ministre musulman sunnite et le président du Parlement musulman chiite.

Conformément à la Constitution, le président reçoit les représentants de toutes les formations parlementaires ainsi que les élus indépendants. Dans la pratique, il désigne toujours comme Premier ministre, au terme de ces consultations, le candidat qui est soutenu par le plus grand nombre de députés.

En fin d'après-midi, 78 députés, sur un total de 128, avaient désigné Nawaf Salam, contre neuf voix seulement pour M. Mikati, tandis que 19 députés, dont ceux du Hezbollah, n'avaient soutenu aucun candidat.

Le député Gebran Bassil, président du Bloc du Courant patriotique libre, qui était durant l'ancien mandat présidentiel l'allié chrétien le plus proche du Hezbollah, a désigné M. Salam et dit voir en lui "un visage réformiste".

 

- "Nouvelle ère" -

 

Alors que M. Aoun a promis une "nouvelle ère" pour le Liban après son élection par le Parlement, les forces politiques opposées au Hezbollah considèrent que M. Mikati fait partie d'un système politique dépassé et sous l'emprise de cette formation.

Ces forces estiment que le changement dans les rapports de force internes et l'affaiblissement du Hezbollah devraient permettre de nommer une nouvelle personnalité.

Le député du bloc des Forces libanaises, le plus grand bloc chrétien, George Adwan, a appelé le Hezbollah, après avoir désigné M. Salam, à "s'engager dans le travail politique", ajoutant que "l'ère des armes est révolue pour toujours".

Il a ajouté: "Qu'ils viennent rejoindre le travail politique... et nous leur tendons la main pour collaborer à la reconstruction du pays."

La veille, les représentants anti-Hezbollah avaient mené des tentatives de dernière minute pour rallier l'opposition et les indépendants derrière Nawaf Salam.

Un troisième candidat, le député anti-Hezbollah Fouad Makhzoumi, riche homme d'affaires qui entretient de bonnes relations avec les pays du Golfe et Washington, a annoncé son retrait pour se ranger du côté de M. Salam.

Le journal Al-Akhbar, proche du Hezbollah, a écrit lundi que la nomination de M. Salam serait un "coup d'État complet des Etats-Unis".

Le professeur d'université Ali Mrad a déclaré à l'AFP que la nomination de Nawaf Salam serait un "retour à la logique de la réforme, de la souveraineté et de l'unité nationale."

Le prochain Premier ministre sera confronté à des défis majeurs, notamment la mise en œuvre de réformes économiques pour satisfaire les donateurs internationaux.

Il aura également la lourde tâche de reconstruire des pans entiers du pays après la guerre entre Israël et le Hezbollah et mettre en œuvre l'accord de cessez-le-feu du 27 novembre, qui prévoit notamment un retrait du Hezbollah de la zone frontalière avec Israël.


Proche-Orient : Oslo accueillera une réunion internationale sur la solution à deux États

Les tours de l'hôtel de ville d'Oslo surplombant le port illuminé au coucher du soleil Norvège (Photo iStock)
Les tours de l'hôtel de ville d'Oslo surplombant le port illuminé au coucher du soleil Norvège (Photo iStock)
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  • Le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa, le chef de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini, ainsi que l'émissaire de l'ONU pour le Proche-Orient, Tor Wennesland, sont attendus à Oslo.
  • Il s'agira de la troisième réunion de l'« Alliance internationale pour la mise en œuvre de la solution à deux États », dont la création avait été annoncée en septembre dernier lors de l'Assemblée générale des Nations unies à New York.

OSLO : La Norvège accueillera mercredi la troisième réunion d'une alliance internationale visant à encourager la création d'un État palestinien aux côtés de l'État israélien, dans la région du Proche-Orient, a annoncé lundi le ministère norvégien des Affaires étrangères.

Le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa, le chef de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini, ainsi que l'émissaire de l'ONU pour le Proche-Orient, Tor Wennesland, sont attendus à Oslo.

Il s'agira de la troisième réunion de l'« Alliance internationale pour la mise en œuvre de la solution à deux États », dont la création avait été annoncée en septembre dernier lors de l'Assemblée générale des Nations unies à New York.

« Si nous devons continuer à œuvrer pour mettre fin à la guerre à Gaza, nous devons également travailler pour une solution durable au conflit qui garantisse l'autodétermination, la sécurité et la justice à la fois pour les Palestiniens et pour les Israéliens », a souligné le chef de la diplomatie norvégienne, Espen Barth Eide, dans un communiqué.

« Il existe un large soutien à la solution des deux États, mais la communauté internationale doit faire davantage pour que celle-ci devienne réalité », a-t-il ajouté.

Si des représentants de plus de 80 pays et organisations devraient assister à l'événement, aucune participation officielle israélienne n'a été annoncée pour le moment.

En mai dernier, la Norvège a reconnu l'État de Palestine conjointement avec l'Espagne et l'Irlande (rejointes ensuite par la Slovénie), s'attirant les foudres des autorités israéliennes.

Déclenchée par les attaques sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre le territoire israélien le 7 octobre 2023, la guerre à Gaza a ravivé le débat sur la solution des deux États.

Des analystes estiment toutefois que cet objectif est plus éloigné que jamais, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, fermement soutenu par le président élu Donald Trump, étant fermement opposé à l'établissement d'un État palestinien.

Les deux premières réunions de cette alliance internationale ont eu lieu fin octobre à Ryad, puis fin novembre à Bruxelles.


Liban : le président Aoun discute du retrait israélien avec une délégation militaire américaine

Selon le communiqué de la présidence, le président libanais et le chef du Centcom ont également discuté des « moyens de renforcer la coopération entre les armées libanaise et américaine ». (AFP)
Selon le communiqué de la présidence, le président libanais et le chef du Centcom ont également discuté des « moyens de renforcer la coopération entre les armées libanaise et américaine ». (AFP)
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  • Le président de la République a abordé avec le chef du Centcom, Erik Kurilla, « la situation dans le sud et les étapes de l'exécution du retrait israélien du sud, conformément au plan de retrait préparé à cet effet ».
  • Selon les termes de l'accord de trêve, l'armée libanaise doit se déployer aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays, d'où l'armée israélienne doit se retirer dans un délai de 60 jours à compter du 26 janvier.

Lundi, le nouveau président libanais, Joseph Aoun, a discuté avec le chef du Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) de la situation dans le sud du Liban et du retrait israélien prévu par l'accord de cessez-le-feu, comme l'indique un communiqué de la présidence.

Joseph Aoun a été élu président du Liban le 9 janvier, à la suite d'une guerre entre Israël et le Hezbollah, qui en est ressorti fortement affaibli et a dû accepter un cessez-le-feu le 27 novembre.

Le président de la République a abordé avec le chef du Centcom, Erik Kurilla, « la situation dans le sud et les étapes de l'exécution du retrait israélien du sud, conformément au plan de retrait préparé à cet effet », selon le communiqué.

Selon les termes de l'accord de trêve, l'armée libanaise doit se déployer aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays, d'où l'armée israélienne doit se retirer dans un délai de 60 jours à compter du 26 janvier.

Le Hezbollah doit retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 kilomètres de la frontière libano-israélienne, et démanteler toute infrastructure militaire restante dans le sud du pays.

Un mécanisme de surveillance réunissant la France, les États-Unis, le Liban, Israël et la FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban) a été mis en place pour surveiller l'application de cet accord.

Selon le communiqué de la présidence, le président libanais et le chef du Centcom ont également discuté des « moyens de renforcer la coopération entre les armées libanaise et américaine ».

Les États-Unis ont été un soutien financier majeur des forces armées libanaises, en particulier depuis l'effondrement économique de 2019.

L'élection de l'ancien commandant de l'armée, Joseph Aoun, a mis fin à une vacance de plus de deux ans au sommet de l'État dans un contexte de profonde crise économique et politique, marqué en outre par l'affaiblissement du puissant mouvement pro-iranien Hezbollah.

Pendant ce temps, Israël a mené des frappes aériennes dans l'est et le sud du Liban dimanche, affirmant avoir visé le Hezbollah, notamment des routes de contrebande le long de la frontière avec la Syrie.

Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont tué cinq personnes vendredi, selon le ministère libanais de la Santé, qui précise que l'armée israélienne a visé un véhicule du Hezbollah transportant des armes.

Dimanche, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a accusé le Hezbollah de ne pas se retirer « au-delà du fleuve Litani » et de ne pas respecter les autres termes du cessez-le-feu. Le Hezbollah a lui aussi accusé Israël de violations.