Retraites: Un 12ème round peu mobilisateur avant le verdict constitutionnel

Des manifestants se mobilisent à Paris, le 13 avril 2023 (Photo, AFP).
Des manifestants se mobilisent à Paris, le 13 avril 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 14 avril 2023

Retraites: Un 12ème round peu mobilisateur avant le verdict constitutionnel

  • Après quasiment trois mois de conflit social, la mobilisation a donné des signes d'essoufflement
  • Selon le ministère de l'Intérieur, 380 000 manifestants ont défilé en France, dont 42 000 à Paris contre 570 000, dont 57 000 dans la capitale, le 6 avril

PARIS: De retour dans la rue jeudi pour une douzième journée de manifestations contre la réforme des retraites, les opposants étaient nettement moins nombreux mais toujours déterminés à poursuivre le mouvement à la veille de la décision cruciale du Conseil constitutionnel.

Après quasiment trois mois de conflit social, la mobilisation a donné des signes d'essoufflement.

Selon le ministère de l'Intérieur, 380 000 manifestants ont défilé en France, dont 42 000 à Paris contre 570 000, dont 57 000 dans la capitale, le 6 avril.

C'est la deuxième plus faible mobilisation depuis le début du mouvement après celle du 11 mars (368 000) alors que le plus haut a été atteint le 7 mars avec 1,28 million de manifestants.

La nouvelle secrétaire générale de la CGT Sophie Binet a de son côté revendiqué "plus d'1,5 million de manifestants", dont 400 000 à Paris, contre deux millions la semaine dernière. "Contrairement à ce qu'espère le gouvernement, le mouvement est loin d'être fini", a-t-elle estimé.

"La contestation de cette réforme est toujours aussi forte", a affirmé Laurent Berger. Pour le patron de la CFDT, "le combat syndical est loin d'être terminé", quel que soit le verdict du Conseil constitutionnel, attendu vendredi en fin de journée.

Objet de toutes les attentions, l'institution logée dans le Palais Royal, au coeur de la capitale, est sous haute surveillance.

Le lieu et ses abords seront interdits à toute manifestation jusqu'à samedi 08H00. Un rassemblement est programmé vendredi en fin d'après-midi sur le parvis de l'Hôtel de Ville, à l'appel de certains syndicats.

D'après une note du renseignement territorial consultée par l'AFP, 131 actions sont attendues vendredi soir en réaction à la décision du Conseil constitutionnel. "Des actions prendront corps en fin de journée, sous la forme de rassemblements, défilés et actions de blocage", selon cette note.

Des heurts et dégradations ont à nouveau émaillé les manifestations à Nantes, Rennes, Quimper ou encore Lyon, où un photographe a été blessé lors d'une charge policière. A Paris, où la police a dispersé les derniers manifestants vers 20H45, la préfecture faisait état de 47 interpellations et de 10 blessés parmi les forces de l'ordre.

A Aurillac, "des effigies du président de la République" ont été jetées dans un feu en fin de manifestation, selon la préfecture du Cantal qui dénonce des "faits inacceptables".

Pour certains opposants, cette douzième marche "est une espèce de baroud d'honneur", résume Martine Girard à Marseille. "Même s'il y a peu d'espoir, on veut montrer qu'on n'est pas dupe", explique cette enseignante de 50 ans, qui reconnaît qu'il y a "beaucoup moins de gens mobilisés parce que financièrement ça devient dur".

De fait, les grévistes étaient peu nombreux, en particulier dans l'éducation, où le ministère en recensait environ 5% parmi les enseignants des zones pas encore en vacances. Des blocages de lycées et d'universités ont eu lieu à Lille, Paris et Strasbourg.

Peu de perturbations également dans les transports, mais la Tour Eiffel a été de nouveau fermée pour la 10ème fois en 12 journées de mobilisation.

Des barrages ont aussi entravé l'accès à des sites industriels emblématiques comme la raffinerie de Feyzin (Rhône), la centrale nucléaire de Gravelines (Nord) et l'incinérateur d'Ivry (Val-de-Marne).

Dans la capitale, où les poubelles n'avaient pas été ramassées pendant trois semaines en mars, une nouvelle grève reconductible des éboueurs a débuté jeudi à l'appel de la CGT.

La gauche présente une 2e demande de référendum d'initiative partagée

Députés et sénateurs de gauche ont lancé jeudi une deuxième demande de référendum d'initiative partagée sur la réforme des retraites, un texte davantage "sécurisé" en termes juridiques que la demande sur laquelle le Conseil constitutionnel doit se prononcer vendredi.

"Dans le cadre de la procédure dite du référendum d’initiative partagée, le Conseil constitutionnel a reçu le jeudi 13 avril 2023 du Président du Sénat transmission d’une nouvelle proposition (...) visant à interdire un âge légal de départ à la retraite supérieur à 62 ans", a annoncé l'institution jeudi en début de soirée.

Plus tôt jeudi, le président du groupe socialiste Patrick Kanner avait indiqué avoir déposé la saisine "sur le bureau du président du Sénat Gérard Larcher", espérant que ce dernier la transmette au Conseil au plus vite "avant l'éventuelle promulgation de la réforme".

"C'est le même texte" que la première demande, complété par un 2e article "qui crée un élément de réforme: une recette fiscale liée aux ressources du capital pour sécuriser le financement de la retraite par répartition". Cela afin de pallier "l'éventuelle faiblesse" de la première demande.

Le référendum d'initiative partagée (RIP) est une procédure particulièrement complexe. Son dépôt nécessite la signature de plus de 185 députés et sénateurs. Quelque 250 parlementaires avaient déposé la première demande.

"Peut-être que le RIP n°1 sera validé, ce n'est pas impossible, mais après débat entre les groupes de gauche, on a décidé de rajouter un article qui aboutit à une sécurisation plus importante", a ajouté Patrick Kanner.

"Ceinture et bretelles. Nous voulons sécuriser la rédaction afin de nous laisser le maximum de chances, c'est le sens du dépôt d'un second texte", a confirmé une source socialiste à l'Assemblée nationale.

«Délai de décence»

A défaut d'une censure totale de la réforme, les syndicats espèrent que le Conseil constitutionnel en annulera une partie, ce qui renforcerait leurs arguments en faveur d'une suspension ou d'un retrait.

"Le pays doit continuer d'avancer", a dit le président Emmanuel Macron mercredi depuis Amsterdam où il était en visite, proposant aux syndicats un "échange qui permettra d'engager la suite".

"On va d'abord lui laisser les 15 jours de réflexion pour demander une nouvelle délibération ou décider de ne pas appliquer la loi", a réagi le secrétaire général de Force ouvrière, Frédéric Souillot.

Un "délai de décence" également réclamé par Laurent Berger, qui se projette déjà vers de "grandes manifestations populaires le 1er mai".

Les responsables syndicaux devaient se réunir jeudi soir pour préparer leur réaction commune aux différents scénarios, en fonction du verdict des "Sages" vendredi.


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
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  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
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  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.