STOCKHOLM: Le ministre irlandais des Finances, Michael McGrath, a appelé samedi la Banque centrale européenne (BCE) à modérer ses hausses de taux d'intérêt compte tenu de leur impact "sur les gens", estimant qu'il fallait mettre à contribution les entreprises dont les marges augmentent.
Le responsable irlandais a notamment souligné les effets des hausses de taux d'intérêt sur le coût des emprunts immobiliers, lors d'une réunion avec ses homologues des Vingt-Sept et la présidente de la BCE, Christine Lagarde, à Stockholm.
"Les autorités monétaires doivent tenir compte de l'impact réel sur les gens des décisions qui sont prises et nous constatons (...) une certaine pression sur les détenteurs de prêts hypothécaires qui voient leurs taux d'intérêt augmenter maintenant de manière très significative", a-t-il averti devant des journalistes.
"Nous avons constaté (...) en Irlande des taux d'intérêt très élevés pratiqués par certains prêteurs, ce qui exerce une pression sur les ménages ordinaires", a-t-il ajouté.
Les ministres européens ont abordé le sujet vendredi, lors d'un déjeuner informel qui a donné lieu à "une discussion particulièrement ouverte et franche" selon M. McGrath.
La BCE a relevé ses taux de 350 points de base depuis juillet de l'année dernière dans le cadre d'une campagne sans précédent de resserrement monétaire visant à maîtriser la flambée des prix à la consommation.
La Banque centrale tiendra sa prochaine réunion le 4 mai et, compte tenu du ralentissement de l'inflation dans les 20 pays de la zone euro, tous les regards se tournent vers ses responsables pour savoir s'ils procéderont à un nouveau relèvement, et de quelle ampleur.
En mars, les prix à la consommation dans la zone euro ont augmenté de 6,9% sur un an. Il s'agit du taux le plus bas enregistré depuis un an, et nettement en dessous du pic de 10,6% atteint en octobre. Mais c'est encore loin de l'objectif de 2% fixé par la BCE.
"La politique monétaire ne peut pas être le seul moyen de réduire l'inflation. L'industrie a un rôle important à jouer", a estimé M. McGrath. Selon lui, les entreprises doivent davantage répercuter aux consommateurs les baisses de coûts de leurs approvisionnements quand elles arrivent, au lieu de laisser gonfler leurs marges.
"Lorsque les prix baissent, nous devons voir le bénéfice de ces réductions se répercuter sur les consommateurs par le biais de réductions de prix", a-t-il dit.