La plongée du Soudan dans le chaos étouffe les espoirs des Syriens épuisés par la guerre

Dès le début du conflit opposant le régime à ses détracteurs, les Syriens ont fui leur pays en masse (Photo fournie).
Dès le début du conflit opposant le régime à ses détracteurs, les Syriens ont fui leur pays en masse (Photo fournie).
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Publié le Jeudi 04 mai 2023

La plongée du Soudan dans le chaos étouffe les espoirs des Syriens épuisés par la guerre

  • Le Soudan a été un sanctuaire pour des milliers de Syriens chassés de leur pays par la violence pendant la guerre civile
  • Entre 2014 et 2019, le Soudan a accueilli quelque 300 000 Syriens, leur permettant d'entrer sans visa

LONDRES: Dès le début du conflit opposant le régime à ses détracteurs, les Syriens ont fui leur pays en masse. Certains ont risqué leur vie et leur intégrité physique pour quitter clandestinement la Syrie avec leur famille, par voie terrestre ou maritime, ou par tout autre moyen à leur disposition.

Depuis 2014, des centaines de milliers de Syriens d'origines ethniques différentes ont réussi à échapper à la violence et aux atrocités de la guerre civile en s'installant dans des pays étrangers.

Pour les Syriens qui commençaient à peine à trouver une nouvelle vie stable au Soudan – où ils espéraient que la violence et la destruction appartiendraient au passé – l'éruption des combats, des pillages et des déplacements dans le pays nord-africain semble prouver que le spectre de la guerre les suivra au-delà des frontières.

Des personnes fuyant le Soudan déchiré par la guerre font la queue pour embarquer sur un bateau à Port-Soudan, le 28 avril 2023 (Photo, AFP).

Le 15 avril, l'hostilité qui couvait entre les forces armées soudanaises, commandées par Abdel Fattah al-Burhane, et les forces de soutien rapide (FSR), un groupe paramilitaire dirigé par Mohammed Hamdan Dagalo, a atteint son point critique.

Les deux parties s'accusent mutuellement d'avoir déclenché les affrontements qui allaient bientôt submerger de nombreuses villes du Soudan, et en particulier la capitale Khartoum.

Alors que les combats entre l'armée et les FSR à Khartoum s'intensifiaient, 15 Syriens ont été tués dans les premiers jours, selon des sources diplomatiques, et des milliers ont été contraints de fuir leur pays d'accueil.

«Le déplacement est un mot qui hante de nombreux Syriens depuis quelque temps», a déclaré à Arab News Tarek Alabed, un médecin syrien qui vivait à Khartoum.

«Il y a quelques jours, j'ai été contraint de quitter la capitale, Khartoum, pour me rendre à Port-Soudan, sur la mer Rouge, en vue d'une évacuation», a-t-il révélé, décrivant une scène «déchirante».

«Des dizaines de bus arrivent chaque jour, transportant principalement des Syriens.»

Se référant à une scène qui l'a attristé, Alabed a signalé: «Les Syriens représentaient le plus petit nombre d'évacués.»

Selon lui, «seules 40 des plus de 2 000 personnes» embarquées sur les navires vendredi étaient syriennes.

«C'est comme si la guerre nous trouvait partout où nous allons», a-t-il révélé.

Des personnes évacuées sur un bateau qui transporte quelque 1 900 personnes à travers la mer Rouge de Port-Soudan à la base navale saoudienne du roi Faisal à Djeddah, le 29 avril 2023, lors d'évacuations massives du Soudan (Photo, AFP).

Le ministère syrien des Affaires étrangères a publié une déclaration par l'intermédiaire de l'agence de presse arabe syrienne le 26 avril, indiquant qu'il «suivait avec une grande inquiétude la situation des Syriens résidant au Soudan».

Le ministère a ajouté qu'il avait «établi des contacts avec des pays frères et amis pour contribuer au processus d'évacuation», soulignant que l'Arabie saoudite avait évacué des centaines de Syriens de la ville de Port-Soudan, dans l'est du pays.

«Il ne reste plus beaucoup de Syriens. La plupart de ceux que je connais sont partis», a indiqué Ayham, un Syrien qui a dit avoir travaillé dans la fabrication de mousse au Soudan et qui a refusé d'être identifié par son nom complet.

FAITS MARQUANTS

• Plus de 90 000 réfugiés syriens vivent à Khartoum et dans d'autres régions du Soudan (ONU 2021).

• 300 000 Syriens se sont installés au Soudan entre 2014 et 2019.

• 200 familles kurdes syriennes vivraient à Khartoum.

Ayham, qui est arrivé à Khartoum en 2017 avec d'autres jeunes compatriotes essayant d'échapper au service militaire obligatoire, a révélé que de nombreux Syriens s'attendent à ce que la situation se détériore davantage, ce qui entraînerait des vagues massives d'évacués.

«Les affrontements ont lieu là où se concentre la plus grande partie de la communauté syrienne, comme le quartier Kafouri de Bahri, où se trouve une base des RSF», a spécifié Ayham.

«Une importante communauté syrienne réside également dans le quartier de Riyad, où des affrontements ont éclaté, forçant la plupart d'entre eux à quitter leurs maisons.»

L'ambassade syrienne à Khartoum avait estimé la population syrienne au Soudan à 30 000 personnes, soit la deuxième communauté non soudanaise la plus importante, dépassée seulement par les Yéménites, selon Alabed, le médecin syrien.

La répression des manifestants par le président syrien, Bachar al-Assad, en 2011 et la guerre civile qui s'en est suivie ont déclenché un exode massif qui a vu des dizaines de milliers de ses compatriotes fuir vers le Soudan (Photo, AFP).

Alabed a indiqué que la plupart des Syriens résidaient dans le nord de Khartoum et travaillaient dans les secteurs de l'industrie, de l'agriculture et de l'investissement.

Les tirs n'ont pas cessé même pendant la fête de l'Aïd al-Fitr, malgré les appels humanitaires à un cessez-le-feu à la fin du Ramadan.

Bien que la guerre civile syrienne ait franchi le cap des douze ans, Alabed a signalé que lorsqu'il s'agit de termes tels que «obus de mortier», «affrontements», «coupures d'eau et d'électricité» et «cadavres sur les routes», «en tant que Syriens, nous n'y sommes pas devenus habitués. Pourtant, revivre ces expériences est très douloureux, même pour les Soudanais.»

Il poursuit: «Bien que le Soudan ait un passé de confrontations militaires, aucun des affrontements du passé n'a eu lieu dans la capitale. C'est l'une des pires expériences que nous ayons vécues.»

Dans cette image tirée d'une vidéo diffusée par les forces paramilitaires soudanaises de soutien rapide (FSR) le 1er mai 2023, des combattants se tiennent à l'entrée du palais présidentiel à Khartoum (Photo, AFP).

La flambée de violence du 15 avril a pris les habitants de Khartoum par surprise. Revenant sur son expérience, Alabed a affirmé: «Au cours de nombreuses périodes précédentes, nous avions été témoins d'une sorte de tension verbale entre les deux parties au conflit au Soudan, mais ces tensions prenaient souvent fin lorsque les parties tenaient une réunion. Ce qui a été le cas un jour seulement avant le début des affrontements.»

«Il est vrai que des renforts militaires sont entrés dans la capitale et à Merowe, dans le nord, mais les gens ont continué à vivre normalement», a-t-il ajouté.

«Les marchés sont restés ouverts à une heure tardive dans cette nuit de Ramadan, mais le lendemain, tout le monde s'est réveillé avec cette triste nouvelle.»

Les Syriens à Khartoum n'ont pas pu être joints pendant les premiers jours des affrontements en raison de coupures d'électricité et de problèmes de connexion internet.

«Khartoum est aujourd'hui presque déserte», a déclaré Alabed. «Non seulement les étrangers ont quitté la ville, mais aussi les Soudanais, dont beaucoup ont fui vers des régions lointaines plus sûres.»

Une rue déserte à Khartoum le 1er mai 2023, alors que les affrontements meurtriers entre les forces des généraux rivaux ont entamé dans leur troisième semaine (Photo, AFP).

Selon lui, certains n'ont pas pu partir faute de moyens financiers et ont enduré de longues heures de coupures d'électricité.

«Nous approchons ainsi de la troisième semaine de coupures d'eau et d'absence de produits essentiels et de services, ce qui a provoqué un état de panique.»

En date de ce mardi, plus de 500 personnes ont été tuées et 4 000 autres blessées dans les combats, selon le ministère soudanais de la Santé. Les pays étrangers ont évacué leurs ressortissants par terre, par mer et par des vols de sauvetage spéciaux au milieu de violence et de chaos.

Des millions de Soudanais restent cependant bloqués à Khartoum, où la nourriture commence à manquer. Plus de 70% des établissements de santé de la ville ont été contraints de fermer à cause des combats.

Samedi, Abdalla Hamdok, l'ancien Premier ministre soudanais, a déclaré que le conflit pourrait devenir pire que ceux de la Syrie et de la Libye, qui ont entraîné la mort et le déplacement de centaines de milliers de personnes et provoqué l'instabilité dans la région élargie.

«Je pense que ce sera un cauchemar pour le monde entier. Il ne s'agit pas d'une guerre entre une armée et un groupe de rebelles. Il s'agit presque de deux armées», a-t-il précisé.

Dans un article publié samedi, le Conseil norvégien pour les réfugiés a décrit la situation au Soudan comme «le pire des scénarios», indiquant que le carburant s'épuise, que de nombreuses banques et magasins ont été dévalisés et que l'accès aux services de base, notamment  l'eau, l'électricité, la nourriture et les réseaux de communication, demeure un défi.

Une Syrienne en train de cuisiner dans la cuisine d'Eve (Hawa en arabe) à Khartoum le 25 novembre 2015, dans le cadre d'un projet de soutien aux Syriens qui ont fui leur pays déchiré par la guerre et se sont réfugiés dans la capitale soudanaise depuis 2011 (Photo, AFP).

Ayham estime que la situation se dégrade au Soudan «à cause du chaos sécuritaire provoqué par les événements politiques», ajoutant que «les vols sous la menace d'armes à feu sont monnaie courante et que de nombreux Syriens en ont été victimes».

Les perturbations dans l'approvisionnement en eau et en électricité ont aggravé le problème de l'insécurité et de la violence, obligeant de nombreuses boulangeries dans les régions déchirées par la violence à rester fermées.

«La vie en général, en plus de la situation sécuritaire, est devenue très difficile en l'espace de dix jours, si bien que la plupart des Syriens sont partis pour Port-Soudan ou ont fui vers les pays voisins», selon Ayham.

Ce n'est pas la première fois que des Syriens ayant cherché refuge au Soudan font leurs valises, craignant des conséquences pénibles ou, pire encore, une nouvelle guerre.

Entre le début de la guerre civile en Syrie en 2011 et le renversement du dictateur de longue date Omar el-Bachir en 2019, le Soudan a été un sanctuaire pour les Syriens fuyant la violence et la souffrance et espérant reconstruire leurs vies dans un pays lointain.

Entre 2014 et 2019, le Soudan a accueilli environ 300 000 Syriens, leur permettant d'entrer sans visa et de jouir des droits à l'investissement, à l'éducation, aux soins de santé et même à la citoyenneté. Les médias locaux ont rapporté que 4 000 Syriens ont obtenu le passeport soudanais en 2016.

«Les Syriens ont commencé à affluer au Soudan lorsque de nombreuses ambassades leur ont fermé leurs portes», a déclaré à Arab News, Youssef, dont le nom a été modifié pour des raisons de sécurité, depuis Damas.

L'attitude du gouvernement soudanais contraste fortement avec celle du Liban, même voisin, où, selon Youssef, «le climat est généralement peu accueillant et les autorités exigent des Syriens qu'ils aient un sponsor après avoir passé quinze jours dans le pays».

Cependant, lorsque le gouvernement de transition soudanais a pris le contrôle en 2019, les choses ont changé pour les Syriens, ce qui a poussé des milliers d'entre eux à partir, et un visa d'entrée a été imposé. Puis, après le coup d'État militaire de 2021, «le nombre de Syriens au Soudan a chuté de manière significative, entre 60 000 et 70 000», a expliqué Ayham.

Traumatisés par au moins deux expériences de guerre et de déplacement, les Syriens qui fuient le Soudan à cause des combats en cours n'ont pas l'espoir d'y retourner de sitôt.

«Malheureusement, je ne pense pas que la situation au Soudan s’apaisera de si tôt, même si j'espère me tromper», a souligné Alabed, qui est venu au Soudan après avoir reçu une bonne offre d'emploi dans le domaine médical.

Il explique pourquoi son pronostic sur l'avenir du Soudan est sombre: «J'ai récemment commencé à comparer ce qui se passe à Khartoum avec le début de la guerre civile libanaise de 1975. Ce conflit s'est prolongé et aucune des parties ne voulait y mettre fin.»

«Les deux parties belligérantes croient pouvoir résoudre le conflit et, hélas, ce sont les civils qui en paient le prix.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Des enfants parmi les victimes alors que les forces israéliennes intensifient leurs attaques contre le Hezbollah

Des soldats de l'armée libanaise et des badauds se rassemblent autour de la carcasse d'une voiture touchée par une frappe israélienne, qui aurait tué un responsable local du Hamas, à Majd al-Jabal dans la vallée de la Bekaa au Liban, le 17 mai 2024. (AFP)
Des soldats de l'armée libanaise et des badauds se rassemblent autour de la carcasse d'une voiture touchée par une frappe israélienne, qui aurait tué un responsable local du Hamas, à Majd al-Jabal dans la vallée de la Bekaa au Liban, le 17 mai 2024. (AFP)
Des volutes de fumée s'élèvent lors du bombardement israélien du village libanais d'Al-Najjariyeh, dans le sud du Liban, près de la frontière avec Israël. (AFP)
Des volutes de fumée s'élèvent lors du bombardement israélien du village libanais d'Al-Najjariyeh, dans le sud du Liban, près de la frontière avec Israël. (AFP)
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  • Le Sud-Liban est confronté à une « escalade de la violence », déclare un vétéran de l'armée à Arab News
  • L'ambassade des Etats-Unis se joint aux appels à élire un nouveau président libanais pour « unir la nation »

BEYROUTH : Deux enfants d'une famille de réfugiés syriens ainsi qu’un combattant du Hezbollah ont été tués lors de frappes aériennes israéliennes ayant touché une zone située à plus de 30 km à l'intérieur de la frontière sud du Liban.

Les frappes israéliennes ont ciblé les villages de Najjariyeh et Addousiyeh, tous deux situés au sud de la ville côtière de Saïda, tuant des enfants et un combattant du Hezbollah qui conduisait un camion pick-up au moment de la frappe.

En riposte à ces raids, le Hezbollah a lancé des dizaines de roquettes en direction de la Haute Galilée, la Galilée occidentale, du bassin de la Galilée et du Golan.

Les médias israéliens ont rapporté que 140 roquettes avaient été tirées vers le nord du pays.

CONTEXTE

Le Hezbollah a échangé des tirs transfrontaliers avec les forces israéliennes presque quotidiennement depuis l'attaque du Hamas au sud d'Israël, le 7 octobre,ce qui a déclenché la guerre à Gaza,depuis déjà  huit mois.

Les tensions entre les forces israéliennes et le Hezbollah ont atteint un niveau critique avec des attaques de drones menées en profondeur dans le territoire libanais et le nord d'Israël.

Le général à la retraite Khaled Hamadé de l'armée libanaise a mis en garde contre une « escalade vers des violences plus graves dans le sud du Liban ».

Le Hezbollah insiste pour conditionner un cessez-le-feu dans le sud du Liban à la fin des hostilités dans la bande de Gaza.

Contrairement à la situation dans la bande de Gaza, aucune initiative n'est prise pour arrêter les affrontements entre Israël et le Hezbollah, selon Hamadé.

Dans un communiqué, le Hezbollah a revendiqué avoir visé la base logistique Tsnobar d'Israël dans le Golan avec 50 roquettes Katyusha en réponse à la frappe sur Najjarieh.

Selon les médias israéliens, des salves de roquettes ont visé des bases militaires à Katzrin et des zones au nord du lac de Tibériade.

Deux personnes ont été blessées dans des explosions de roquettes à Karam bin Zamra dans la Haute Galilée, ont ajouté les médias.

Les caméras de surveillance à Najjarieh ont capturé un drone israélien suivant un camion pick-up alors que le conducteur, nommé Hussein Khodor Mehdi, tentait de s’enfuir.

Le premier missile lancé par le drone a raté sa cible, mais un second a frappé le camion, le mettant en feu et tuant son conducteur. Trois passants ont également été blessés.

Le Hezbollah a déclaré que Mehdi, 62 ans, était un « martyr sur la route de Jérusalem ».

La radio de l'armée israélienne a affirmé que la victime était un commandant de haut rang dans l'armée de l'air du Hezbollah et que les chasseurs de l'armée avaient visé des infrastructures du Hezbollah à Najjarieh.

La deuxième frappe aérienne a touché une salle de congrès et une usine de ciment, blessant plusieurs membres d'une famille de réfugiés syriens. Deux enfants, Osama et Hani Al-Khaled, sont décédés des suites de leurs blessures.

Le Hezbollah a revendiqué avoir visé le site militaire d'Al-Raheb avec l'artillerie et les positions israéliennes à Al-Zaoura avec une salve de roquettes Katioucha.

Selon une source sécuritaire, les dernières cibles du Hezbollah comprenaient des ballons de surveillance près de Tibériade et à Adamit en Galilée.

Tôt vendredi, le Hezbollah a attaqué le nouveau quartier général du 411e Bataillon d'Artillerie au Kibboutz Jaatoun, à l'est de Nahariyya, à l’aide de drones en réponse à la mort de deux combattants du Hezbollah, Ali Fawzi Ayoub, 26 ans, et Mohammed Hassan Ali Fares, 34 ans, la veille.

Dans son sermon du vendredi, cheikh Mohammed Yazbek, chef du Conseil de la charia du Hezbollah, a déclaré que le groupe menait « sa guerre féroce dans le nord de la Palestine, pourchassant l'ennemi, aveuglant ses opérations d'espionnage et franchissant les lignes rouges, tout en traquant ses soldats dans leurs cachettes jusqu'à ce que la guerre à Gaza prenne fin ».

L'ambassade des États-Unis au Liban a lancé une mise en garde concernant le conflit à la frontière sud et la vacance présidentielle dans le pays.

L'élection d'un président est cruciale pour garantir la participation du Liban aux discussions régionales et aux futurs accords diplomatiques concernant sa frontière méridionale, a souligné l'ambassade.

Le Liban « a besoin et mérite un président capable d’unir la nation, de donner la priorité au bien-être de ses citoyens et de former une coalition large et inclusive pour restaurer la stabilité politique et mettre en œuvre les réformes économiques nécessaires », a ajouté le communiqué.

Les ambassadeurs d'Égypte, de France, du Qatar, d'Arabie saoudite et des États-Unis au Liban ont publié cette semaine une déclaration mettant en garde contre « la situation critique à laquelle est confronté le peuple libanais et les répercussions difficiles à gérer sur l'économie et la stabilité sociale du Liban en raison du retard pris dans la mise en œuvre des réformes nécessaires ».


Gaza: premiers déchargements de 300 palettes d'aide humanitaire sur la côte, offensive en cours au nord

Des camions d'aides avancent dans la ville de Gaza (Reuters)
Des camions d'aides avancent dans la ville de Gaza (Reuters)
De la fumée s'élève lors d'un bombardement israélien à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 15 mai 2024, dans le cadre du conflit en cours dans le territoire palestinien entre Israël et le mouvement militant du Hamas. (AFP)
De la fumée s'élève lors d'un bombardement israélien à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 15 mai 2024, dans le cadre du conflit en cours dans le territoire palestinien entre Israël et le mouvement militant du Hamas. (AFP)
Des personnes se rassemblent avec des jerrycans pour faire le plein d'eau à partir d'un camion-citerne dans la cour d'une école de l'UNRWA à Jabalia accueillant des Palestiniens déplacés par le conflit en cours dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas. (AFP)
Des personnes se rassemblent avec des jerrycans pour faire le plein d'eau à partir d'un camion-citerne dans la cour d'une école de l'UNRWA à Jabalia accueillant des Palestiniens déplacés par le conflit en cours dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas. (AFP)
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  • Après plusieurs jours de blocage, plus de 300 palettes d'aide humanitaire ont été déchargées pour la première fois sur la jetée provisoire déployée par les Etats-Unis à Gaza
  • Dans la bande de Gaza, Israël a annoncé son intention d'«intensifier» son offensive au sol à Rafah où l'objectif affiché est d'anéantir les derniers bataillons du Hamas

RAFAH, Territoires Palestiniens : Des combats acharnés opposent Israël au Hamas dans la bande de Gaza, où après plusieurs jours de blocage, plus de 300 palettes d'aide humanitaire ont été déchargées pour la première fois sur la jetée provisoire déployée par les Etats-Unis, a indiqué samedi l'armée israélienne.

«Plus de 300 palettes d'aide humanitaire» ont été décharchées, les premières à entrer via la jetée flottante» provisoire américaine arrimée sur la côte de la bande de Gaza, a déclaré l'armée israélienne, dans un communiqué.

De son côté, le Hamas a tenu à souligner samedi, dans un communiqué, «qu'aucune voie d'acheminement de l'aide, y compris la jetée flottante, ne constitue une alternative aux routes sous supervision palestinienne».

Après des jours de blocage des arrivées d'aide humanitaire dans le territoire palestinien assiégé et menacé de famine, l'armée américaine avait annoncé vendredi l'arrivée «d'environ 500 tonnes (d'aide) dans les prochains jours».

Londres a annoncé pour sa part qu'un chargement d'aide britannique avait été «acheminé avec succès sur le littoral de Gaza (.... ) en même temps que de l'aide des Etats-Unis et des Emirats arabes unis» via le couloir maritime chypriote, alors que la France a déclaré qu'un bâtiment de la Marine en provenance de Chypre, avec à son bord 60 tonnes d'aide, était en cours de déchargement sur le ponton américain.

L'armée israélienne a mené de nouvelles frappes à Rafah qui ont fait deux morts dans le camp de Berbera, dans le centre de Rafah, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Au huitième mois de guerre contre le mouvement islamiste palestinien, l'armée a annoncé vendredi avoir découvert dans la bande de Gaza les corps de trois otages israéliens enlevés lors de l'attaque sans précédent menée par le Hamas le 7 octobre en Israël et les avoir rapatriés.

Shani Louk, Amit Buskila et Itzhak Gelerenter avaient été «pris en otage» et «brutalement assassinés» par le Hamas en tentant de fuir le festival de musique Nova dans le sud d'Israël, a déclaré son porte-parole Daniel Hagari.

En parallèle, l'armée avait annoncé vendredi à l'AFP avoir mené à Jabalia les combats «peut-être les plus acharnés» dans cette zone septentrionale de la bande de Gaza depuis le début de son offensive terrestre sur le territoire palestinien fin octobre.

Six personnes ont été tuées dans leur habitation bombardée dans ce secteur, selon la Défense civile palestinienne.

L'armée israélienne a affirmé avoir terminé son opération dans le quartier de Zeitoun à Gaza-Ville (nord), après une semaine de «raids précis», tuant «plus de 90 terroristes».

Plus de 35.300 Palestiniens, essentiellement des civils, ont été tués depuis le début de la guerre déclenchée par l'attaque du Hamas, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.

Par ailleurs, un chef local de la branche armée du Jihad Islamique à Jenine, dans le nord de la Cisjordanie occupée, a été tué dans une frappe israélienne, a annoncé samedi le mouvement islamiste, confirmant une information de l'armée israélienne et du gouvernement palestinien.

- Appel de 13 pays -

Dans la bande de Gaza, Israël a annoncé son intention d'«intensifier» son offensive au sol à Rafah où l'objectif affiché est d'anéantir les derniers bataillons du Hamas, malgré les craintes de la communauté internationale sur le sort des centaines de milliers de déplacés massés dans cette ville.

Treize pays - Japon, Canada, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni, Australie, Corée du Sud et sept Etats membres de l'UE dont la France - lui ont adressé un appel conjoint à ne pas lancer d'offensive de grande ampleur sur Rafah, qualifiée de «décisive» par le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Dans leur appel commun, les 13 pays réclament aussi «des efforts supplémentaires» pour améliorer les flux d'entrée de l'aide international «par tous les points de passage concernés, y compris celui de Rafah».

Premier soutien d'Israël, les Etats-Unis, qui s'opposent également à une offensive d'ampleur à Rafah, ont annoncé la visite dimanche en Israël du conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, après une escale samedi en Arabie saoudite.

Depuis le déploiement le 7 mai de l'armée israélienne du côté palestinien du point de passage de Rafah, Israéliens et Egyptiens se renvoient la responsabilité de la paralysie de ce passage crucial pour l'entrée de l'aide, dont les livraisons sont aussi largement entravées aux passages côté israélien de Kerem Shalom et d'Erez.

Dans ce contexte, Washington a annoncé vendredi avoir évacué 17 médecins américains qui étaient bloqués dans le territoire palestinien.

- «Les gens sont terrifiés» -

Depuis qu'Israël a ordonné aux civils de quitter les secteurs est de Rafah le 6 mai en prévision d'une offensive terrestre d'envergure, «640.000 personnes» ont fui la ville, «dont 40.000 le 16 mai», selon le bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).

Sur les 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza, quelque 1,4 million de personnes, habitants et personnes déplacées par les combats, se trouvaient jusque-là à Rafah, adossée à la frontière fermée avec l'Egypte.

«Les gens sont terrifiés et essaient de s'enfuir» vers le nord et la côte, «c'est très difficile, car il n'y a pas d'itinéraire sûr pour sortir de Rafah et il n'y a certainement pas de destination sûre à Gaza», a décrit Jens Laerke, porte-parole de l'Ocha.

Le conflit a été déclenché le 7 octobre par une attaque des commandos du Hamas dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Sur les 252 personnes emmenées comme otages le 7 octobre, 125 sont toujours détenues à Gaza, dont 37 sont mortes selon l'armée.

A Gaza, 279 soldats israéliens ont péri depuis l'entrée des troupes israéliennes fin octobre sur le territoire, où le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne, a pris le pouvoir en 2007.

 

 


Quatre journalistes tués à Gaza, le nombre de morts parmi les professionnels des médias dépasse cent

Israël poursuit son offensive sur Gaza en dépit d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU exigeant un cessez-le-feu immédiat. (Photo AFP)
Israël poursuit son offensive sur Gaza en dépit d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU exigeant un cessez-le-feu immédiat. (Photo AFP)
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  • Cent quatre journalistes palestiniens, ainsi que deux journalistes israéliens et trois libanais, auraient été tués depuis le début du conflit
  • Israël poursuit son offensive sur Gaza en dépit d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui exige un cessez-le-feu immédiat

LONDRES: L’Autorité des médias de Gaza a déclaré jeudi que quatre journalistes avaient été tués lors d’une frappe aérienne israélienne, ce qui porte à plus de cent le nombre total de journalistes tués dans le conflit.

Selon l’agence Anadolu, les victimes sont Hail al-Najjar, éditeur vidéo à Al-Aqsa Media Network, Mahmoud Jahjouh, photojournaliste pour le site Palestine Post, Moath Moustafa al-Ghefari, photojournaliste pour le site Kanaan Land et pour la Palestinian Media Foundation, et Amina Mahmoud Hameed, présentatrice de programmes et rédactrice dans plusieurs organes de presse.

Le Bureau de presse de Gaza a indiqué que les quatre journalistes avaient été tués lors d’une frappe aérienne israélienne, mais il n’a pas fourni de détails supplémentaires sur les circonstances de leur mort.

Au total, cent quatre journalistes palestiniens, deux israéliens et trois libanais ont été tués depuis le début du conflit, le 7 octobre.

Ces dernières pertes s’ajoutent au lourd tribut déjà payé par les professionnels des médias. Selon le Comité pour la protection des journalistes, le conflit de Gaza constitue le conflit le plus meurtrier pour les journalistes et les professionnels des médias depuis que l’organisation a commencé à tenir des registres.

Israël poursuit son offensive sur Gaza en dépit d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui exige un cessez-le-feu immédiat.

Jeudi, l’Afrique du Sud, qui a porté plainte contre Israël pour génocide devant la Cour internationale de justice, a demandé à cette dernière d’ordonner à Israël de mettre fin à son assaut contre Rafah.

Selon les autorités médicales de Gaza, plus de 35 200 Palestiniens ont été tués, principalement des femmes et des enfants, et plus de 79 200 ont été blessés depuis le début du mois d’octobre, lorsqu’Israël a lancé son offensive, répondant à une attaque du Hamas.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com