La plongée du Soudan dans le chaos étouffe les espoirs des Syriens épuisés par la guerre

Dès le début du conflit opposant le régime à ses détracteurs, les Syriens ont fui leur pays en masse (Photo fournie).
Dès le début du conflit opposant le régime à ses détracteurs, les Syriens ont fui leur pays en masse (Photo fournie).
Short Url
Publié le Jeudi 04 mai 2023

La plongée du Soudan dans le chaos étouffe les espoirs des Syriens épuisés par la guerre

  • Le Soudan a été un sanctuaire pour des milliers de Syriens chassés de leur pays par la violence pendant la guerre civile
  • Entre 2014 et 2019, le Soudan a accueilli quelque 300 000 Syriens, leur permettant d'entrer sans visa

LONDRES: Dès le début du conflit opposant le régime à ses détracteurs, les Syriens ont fui leur pays en masse. Certains ont risqué leur vie et leur intégrité physique pour quitter clandestinement la Syrie avec leur famille, par voie terrestre ou maritime, ou par tout autre moyen à leur disposition.

Depuis 2014, des centaines de milliers de Syriens d'origines ethniques différentes ont réussi à échapper à la violence et aux atrocités de la guerre civile en s'installant dans des pays étrangers.

Pour les Syriens qui commençaient à peine à trouver une nouvelle vie stable au Soudan – où ils espéraient que la violence et la destruction appartiendraient au passé – l'éruption des combats, des pillages et des déplacements dans le pays nord-africain semble prouver que le spectre de la guerre les suivra au-delà des frontières.

Des personnes fuyant le Soudan déchiré par la guerre font la queue pour embarquer sur un bateau à Port-Soudan, le 28 avril 2023 (Photo, AFP).

Le 15 avril, l'hostilité qui couvait entre les forces armées soudanaises, commandées par Abdel Fattah al-Burhane, et les forces de soutien rapide (FSR), un groupe paramilitaire dirigé par Mohammed Hamdan Dagalo, a atteint son point critique.

Les deux parties s'accusent mutuellement d'avoir déclenché les affrontements qui allaient bientôt submerger de nombreuses villes du Soudan, et en particulier la capitale Khartoum.

Alors que les combats entre l'armée et les FSR à Khartoum s'intensifiaient, 15 Syriens ont été tués dans les premiers jours, selon des sources diplomatiques, et des milliers ont été contraints de fuir leur pays d'accueil.

«Le déplacement est un mot qui hante de nombreux Syriens depuis quelque temps», a déclaré à Arab News Tarek Alabed, un médecin syrien qui vivait à Khartoum.

«Il y a quelques jours, j'ai été contraint de quitter la capitale, Khartoum, pour me rendre à Port-Soudan, sur la mer Rouge, en vue d'une évacuation», a-t-il révélé, décrivant une scène «déchirante».

«Des dizaines de bus arrivent chaque jour, transportant principalement des Syriens.»

Se référant à une scène qui l'a attristé, Alabed a signalé: «Les Syriens représentaient le plus petit nombre d'évacués.»

Selon lui, «seules 40 des plus de 2 000 personnes» embarquées sur les navires vendredi étaient syriennes.

«C'est comme si la guerre nous trouvait partout où nous allons», a-t-il révélé.

Des personnes évacuées sur un bateau qui transporte quelque 1 900 personnes à travers la mer Rouge de Port-Soudan à la base navale saoudienne du roi Faisal à Djeddah, le 29 avril 2023, lors d'évacuations massives du Soudan (Photo, AFP).

Le ministère syrien des Affaires étrangères a publié une déclaration par l'intermédiaire de l'agence de presse arabe syrienne le 26 avril, indiquant qu'il «suivait avec une grande inquiétude la situation des Syriens résidant au Soudan».

Le ministère a ajouté qu'il avait «établi des contacts avec des pays frères et amis pour contribuer au processus d'évacuation», soulignant que l'Arabie saoudite avait évacué des centaines de Syriens de la ville de Port-Soudan, dans l'est du pays.

«Il ne reste plus beaucoup de Syriens. La plupart de ceux que je connais sont partis», a indiqué Ayham, un Syrien qui a dit avoir travaillé dans la fabrication de mousse au Soudan et qui a refusé d'être identifié par son nom complet.

FAITS MARQUANTS

• Plus de 90 000 réfugiés syriens vivent à Khartoum et dans d'autres régions du Soudan (ONU 2021).

• 300 000 Syriens se sont installés au Soudan entre 2014 et 2019.

• 200 familles kurdes syriennes vivraient à Khartoum.

Ayham, qui est arrivé à Khartoum en 2017 avec d'autres jeunes compatriotes essayant d'échapper au service militaire obligatoire, a révélé que de nombreux Syriens s'attendent à ce que la situation se détériore davantage, ce qui entraînerait des vagues massives d'évacués.

«Les affrontements ont lieu là où se concentre la plus grande partie de la communauté syrienne, comme le quartier Kafouri de Bahri, où se trouve une base des RSF», a spécifié Ayham.

«Une importante communauté syrienne réside également dans le quartier de Riyad, où des affrontements ont éclaté, forçant la plupart d'entre eux à quitter leurs maisons.»

L'ambassade syrienne à Khartoum avait estimé la population syrienne au Soudan à 30 000 personnes, soit la deuxième communauté non soudanaise la plus importante, dépassée seulement par les Yéménites, selon Alabed, le médecin syrien.

La répression des manifestants par le président syrien, Bachar al-Assad, en 2011 et la guerre civile qui s'en est suivie ont déclenché un exode massif qui a vu des dizaines de milliers de ses compatriotes fuir vers le Soudan (Photo, AFP).

Alabed a indiqué que la plupart des Syriens résidaient dans le nord de Khartoum et travaillaient dans les secteurs de l'industrie, de l'agriculture et de l'investissement.

Les tirs n'ont pas cessé même pendant la fête de l'Aïd al-Fitr, malgré les appels humanitaires à un cessez-le-feu à la fin du Ramadan.

Bien que la guerre civile syrienne ait franchi le cap des douze ans, Alabed a signalé que lorsqu'il s'agit de termes tels que «obus de mortier», «affrontements», «coupures d'eau et d'électricité» et «cadavres sur les routes», «en tant que Syriens, nous n'y sommes pas devenus habitués. Pourtant, revivre ces expériences est très douloureux, même pour les Soudanais.»

Il poursuit: «Bien que le Soudan ait un passé de confrontations militaires, aucun des affrontements du passé n'a eu lieu dans la capitale. C'est l'une des pires expériences que nous ayons vécues.»

Dans cette image tirée d'une vidéo diffusée par les forces paramilitaires soudanaises de soutien rapide (FSR) le 1er mai 2023, des combattants se tiennent à l'entrée du palais présidentiel à Khartoum (Photo, AFP).

La flambée de violence du 15 avril a pris les habitants de Khartoum par surprise. Revenant sur son expérience, Alabed a affirmé: «Au cours de nombreuses périodes précédentes, nous avions été témoins d'une sorte de tension verbale entre les deux parties au conflit au Soudan, mais ces tensions prenaient souvent fin lorsque les parties tenaient une réunion. Ce qui a été le cas un jour seulement avant le début des affrontements.»

«Il est vrai que des renforts militaires sont entrés dans la capitale et à Merowe, dans le nord, mais les gens ont continué à vivre normalement», a-t-il ajouté.

«Les marchés sont restés ouverts à une heure tardive dans cette nuit de Ramadan, mais le lendemain, tout le monde s'est réveillé avec cette triste nouvelle.»

Les Syriens à Khartoum n'ont pas pu être joints pendant les premiers jours des affrontements en raison de coupures d'électricité et de problèmes de connexion internet.

«Khartoum est aujourd'hui presque déserte», a déclaré Alabed. «Non seulement les étrangers ont quitté la ville, mais aussi les Soudanais, dont beaucoup ont fui vers des régions lointaines plus sûres.»

Une rue déserte à Khartoum le 1er mai 2023, alors que les affrontements meurtriers entre les forces des généraux rivaux ont entamé dans leur troisième semaine (Photo, AFP).

Selon lui, certains n'ont pas pu partir faute de moyens financiers et ont enduré de longues heures de coupures d'électricité.

«Nous approchons ainsi de la troisième semaine de coupures d'eau et d'absence de produits essentiels et de services, ce qui a provoqué un état de panique.»

En date de ce mardi, plus de 500 personnes ont été tuées et 4 000 autres blessées dans les combats, selon le ministère soudanais de la Santé. Les pays étrangers ont évacué leurs ressortissants par terre, par mer et par des vols de sauvetage spéciaux au milieu de violence et de chaos.

Des millions de Soudanais restent cependant bloqués à Khartoum, où la nourriture commence à manquer. Plus de 70% des établissements de santé de la ville ont été contraints de fermer à cause des combats.

Samedi, Abdalla Hamdok, l'ancien Premier ministre soudanais, a déclaré que le conflit pourrait devenir pire que ceux de la Syrie et de la Libye, qui ont entraîné la mort et le déplacement de centaines de milliers de personnes et provoqué l'instabilité dans la région élargie.

«Je pense que ce sera un cauchemar pour le monde entier. Il ne s'agit pas d'une guerre entre une armée et un groupe de rebelles. Il s'agit presque de deux armées», a-t-il précisé.

Dans un article publié samedi, le Conseil norvégien pour les réfugiés a décrit la situation au Soudan comme «le pire des scénarios», indiquant que le carburant s'épuise, que de nombreuses banques et magasins ont été dévalisés et que l'accès aux services de base, notamment  l'eau, l'électricité, la nourriture et les réseaux de communication, demeure un défi.

Une Syrienne en train de cuisiner dans la cuisine d'Eve (Hawa en arabe) à Khartoum le 25 novembre 2015, dans le cadre d'un projet de soutien aux Syriens qui ont fui leur pays déchiré par la guerre et se sont réfugiés dans la capitale soudanaise depuis 2011 (Photo, AFP).

Ayham estime que la situation se dégrade au Soudan «à cause du chaos sécuritaire provoqué par les événements politiques», ajoutant que «les vols sous la menace d'armes à feu sont monnaie courante et que de nombreux Syriens en ont été victimes».

Les perturbations dans l'approvisionnement en eau et en électricité ont aggravé le problème de l'insécurité et de la violence, obligeant de nombreuses boulangeries dans les régions déchirées par la violence à rester fermées.

«La vie en général, en plus de la situation sécuritaire, est devenue très difficile en l'espace de dix jours, si bien que la plupart des Syriens sont partis pour Port-Soudan ou ont fui vers les pays voisins», selon Ayham.

Ce n'est pas la première fois que des Syriens ayant cherché refuge au Soudan font leurs valises, craignant des conséquences pénibles ou, pire encore, une nouvelle guerre.

Entre le début de la guerre civile en Syrie en 2011 et le renversement du dictateur de longue date Omar el-Bachir en 2019, le Soudan a été un sanctuaire pour les Syriens fuyant la violence et la souffrance et espérant reconstruire leurs vies dans un pays lointain.

Entre 2014 et 2019, le Soudan a accueilli environ 300 000 Syriens, leur permettant d'entrer sans visa et de jouir des droits à l'investissement, à l'éducation, aux soins de santé et même à la citoyenneté. Les médias locaux ont rapporté que 4 000 Syriens ont obtenu le passeport soudanais en 2016.

«Les Syriens ont commencé à affluer au Soudan lorsque de nombreuses ambassades leur ont fermé leurs portes», a déclaré à Arab News, Youssef, dont le nom a été modifié pour des raisons de sécurité, depuis Damas.

L'attitude du gouvernement soudanais contraste fortement avec celle du Liban, même voisin, où, selon Youssef, «le climat est généralement peu accueillant et les autorités exigent des Syriens qu'ils aient un sponsor après avoir passé quinze jours dans le pays».

Cependant, lorsque le gouvernement de transition soudanais a pris le contrôle en 2019, les choses ont changé pour les Syriens, ce qui a poussé des milliers d'entre eux à partir, et un visa d'entrée a été imposé. Puis, après le coup d'État militaire de 2021, «le nombre de Syriens au Soudan a chuté de manière significative, entre 60 000 et 70 000», a expliqué Ayham.

Traumatisés par au moins deux expériences de guerre et de déplacement, les Syriens qui fuient le Soudan à cause des combats en cours n'ont pas l'espoir d'y retourner de sitôt.

«Malheureusement, je ne pense pas que la situation au Soudan s’apaisera de si tôt, même si j'espère me tromper», a souligné Alabed, qui est venu au Soudan après avoir reçu une bonne offre d'emploi dans le domaine médical.

Il explique pourquoi son pronostic sur l'avenir du Soudan est sombre: «J'ai récemment commencé à comparer ce qui se passe à Khartoum avec le début de la guerre civile libanaise de 1975. Ce conflit s'est prolongé et aucune des parties ne voulait y mettre fin.»

«Les deux parties belligérantes croient pouvoir résoudre le conflit et, hélas, ce sont les civils qui en paient le prix.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Short Url
  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Short Url
  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Short Url
  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.