Chypre attache une «grande importance à la région du Golfe»

Un soldat de la Garde nationale chypriote en masque monte la garde devant un poste de sécurité près de la zone tampon à Nicosie, la dernière capitale divisée du monde, le 26 novembre 2020 (Photo, AFP/Archives)
Un soldat de la Garde nationale chypriote en masque monte la garde devant un poste de sécurité près de la zone tampon à Nicosie, la dernière capitale divisée du monde, le 26 novembre 2020 (Photo, AFP/Archives)
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Publié le Vendredi 04 décembre 2020

Chypre attache une «grande importance à la région du Golfe»

  • La Turquie n'a absolument pas le droit de forer là, c’est pour cette raison qu’elle a été condamnée par l'UE et la communauté internationale.
  • Aucun pays ne voudrait inclure la Turquie dans les mécanismes de coopération régionale, y compris les réseaux énergétiques et sécuritaires, plus que nous

DUBAÏ: La décision de la Turquie d'arrêter la prospection de pétrole et de gaz naturel en mer Méditerranée survient à la veille d’une réunion des leaders de l'Union européenne. A l’ordre du jour, décider ou non d’imposer des sanctions à Ankara pour ses projets de forage dans ce que la Grèce et Chypre considèrent comme étant leur territoire maritime.

Les leaders du continent vont décider lors du sommet du 10 et 11 décembre du sort des potentielles sanctions potentielles concernant les activités turques.

Les tensions entre la Turquie et les deux pays membres de l’UE vives étaient à fleur de peau au cours des incursions sporadiques de cette dernière dans les eaux contestées.

La Turquie a repris à la mi-octobre ses activités de prospection, après un bref arrêt, renvoyant l'Oruc Reis vers la Méditerranée orientale. Lundi, le gouvernement turc a annoncé que le navire a terminé les levés sismiques et se dirigeait vers le port d'Antalya.

Dans une interview via le Zoom avec Arab News, Demetris Samuel, porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la République de Chypre, a donné le point de vue de son gouvernement sur un éventail de questions, y compris les relations diplomatiques et économiques avec les pays du Golfe.

Q: La Turquie a commencé ses opérations de forage pétrolier et gazier au large de Chypre, dans ce qu'elle appelle «son plateau continental». Que peut Chypre faire au-delà des protestation et des avertissements de l'UE?

R: Nous avons fait de grands efforts pour délimiter nos zones maritimes avec nos voisins. Nous pensons qu’il faut un dialogue avec la Turquie sur la base du droit international, y compris la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM). Nous avons délimité nos zones maritimes avec l'Égypte, Israël et le Liban et nous avons appelé à plusieurs reprises la Turquie à engager un dialogue afin de pouvoir également délimiter nos frontières maritimes avec Ankara.

La Turquie a jusqu'à présent refusé, puisqu’elle ne reconnaît pas la République de Chypre. Au cours des derniers dix-huit mois, la Turquie a mené six forages illégaux dans la zone économique exclusive ou sur le plateau continental de Chypre. Elle a même exécuté des opérations de forage dans les eaux territoriales de Chypre, dans les 12 milles marins de Chypre précisément. La Turquie a foré principalement au sud des eaux territoriales chypriotes et égyptiennes. La Turquie n'a absolument pas le droit de forer là, c’est pour cette raison qu’elle a été condamnée par l'UE et la communauté internationale.

Q: Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a affirmé que le dernier retrait par la Turquie du navire Oruc Reis «réduira certainement les tensions et facilitera également les progrès dans le processus de désescalade du conflit». Considérez-vous cela comme un développement positif pour la région dans son ensemble, y compris Chypre?

R: Si vous regardez la situation autant que telle, c’est une évolution positive, mais n’oublions pas que c’est une situation que nous avons vécue dans le passé avec la Turquie. Nous savons comment cela se termine. La Turquie retire le navire quelques jours avant le prochain Conseil européen afin de montrer à nos partenaires européens qu'elle prend du recul pour permettre un espace de dialogue. Puis, dès que la réunion du conseil se termine, le navire de forage ou le navire d'exploration poursuis sa mission. La Turquie n'a pas admis publiquement qu'elle avait a réellement retiré le navire.

Q: La Turquie a critiqué l'accord entre Chypre et le département d'État américain sur la création d'un centre de formation de sécurité commun, affirmant qu'il «nuirait à la solution du problème chypriote». Selon vous, quel type de solution satisfera la Turquie, qui n'est pas membre signataire de la Convention des Nations Unies de 1982 sur le droit de la mer?

R: L'objectif ultime de la Turquie depuis le début, depuis qu’elle a envahi Chypre en 1974, était d'avoir une influence, d’avoir le dernier mot sur ce qui se passe sur l'île. Elle a utilisé la communauté chypriote turque comme prétexte pour se mêler des affaires internes de l'île.

 

Cette photographie publiée par le ministère turc de la Défense le 12 août 2020 montre le navire de recherche sismique turc Oruc Reis qui se dirige vers l'ouest d'Antalya, dans la mer Méditerranée. (Photo, AFP/Ministère turc de la défense/d'archives)

La seule préoccupation du (Président) Erdogan est d’utiliser les Chypriotes turcs comme prétexte en vue de prouver sa domination sur Chypre. Après l’élection d'Ersin Tatar en tant que nouveau chef chypriote turc en octobre dans la zone occupée, le côté turc parle, publiquement même, d'une solution à deux États.

Q: Les dernières initiatives américaines sont considérées par beaucoup comme faisant partie des efforts de Washington pour détourner Nicosie de l'influence de Moscou. Chypre ressent-elle la pression des deux rivaux pour les garder heureux ou considère-t-elle que la concurrence est entièrement à son avantage?

R: Ni l'un ni l'autre. Nous menons notre politique étrangère sur la base d'un agenda positif. Nous ne pensons pas qu’il serait bénéfique de parier sur les États-Unis contre la Russie et vice versa.

Le maintien de nos excellentes relations avec les membres du Conseil de sécurité de l’ONU est l’un des piliers de notre politique étrangère et nous sommes très conscients que cela n’est pas affecté par tout ce que nous faisons dans une direction particulière.

Nous sommes un petit pays avec un problème existentiel. Nous avons 40 000 soldats étrangers sur notre sol, nous croyons fortement au droit international, et nous attachons une grande importance aux résolutions du Conseil de sécurité. Étant donné que les États-Unis et la Russie sont tous deux membres de ce Conseil, nous ferons de notre mieux pour ne pas laisser nos actions avoir un impact sur des acteurs internationaux de poids. Nous ne voyons pas notre politique étrangère comme un jeu à somme nulle.

Q: Lors de réunions tenues en août, le Ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite, le prince Faisal bin Farhan, a réitéré le soutien de Riyad aux droits souverains de Chypre, tandis que son homologue chypriote a déclaré que «la solidarité et le soutien de pays comme l’Arabie saoudite» étaient une nécessité absolue pour Chypre. Comment décririez-vous cette relation?

R: Si vous regardez les faits concrètement, vous pouvez se rendre compte de l'importance que nous attachons à la région du Golfe. Certes, Chypre est l'un des plus petits États membres de l'Union européenne mais nous avons l'un des réseaux diplomatiques les plus étendus dans la région. Nous investissons beaucoup dans nos relations avec les pays du Golfe, en particulier l'Arabie saoudite. Il convient de noter que nos relations bilatérales ont évolué rapidement au cours des dernières années. (Depuis le rétablissement des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et Chypre en 2016), nous avons ouvert des ambassades dans les capitales des deux pays et nous avons échangé un certain nombre de visites de haut niveau.

Les relations d'affaires ont également prospéré et, sans la pandémie, nous aurions déjà des vols directs entre Chypre et l'Arabie saoudite. Au cours des quatre dernières années, nous avons couvert un terrain d’entente et des relations diplomatiques qui prennent normalement de 20 à 30 ans à établir. Nous entretenons d'excellentes relations avec l'Arabie saoudite. Cela est une relation très dynamique qui est basée sur notre respect mutuel du droit international.

Nous sommes présents avec des missions résidentes dans tout le Golfe à l'exception de Bahreïn. Nous étudions actuellement la possibilité d'ouvrir une mission diplomatique et une ambassade à Bahreïn. Nous attachons une grande importance au Golfe car nous considérons le Golfe comme faisant partie de la région dans laquelle nous nous trouvons; ceci est, bien entendu, un élément très crucial. Nous pensons que ce qui se passe dans le Golfe a un impact considérable sur toute la région au sens large. Nous constatons également qu'il y a énormément de potentiel dans la grande région; en Méditerranée orientale et au Moyen-Orient ainsi que dans le Golfe.

En renforçant la coopération, nous estimons que nous pouvons exploiter ce potentiel au profit de nos peuples, au profit de la stabilité et de la sécurité dans la région toute entière. C’est une région cruciale pour la stabilité et la sécurité au niveau mondial. Si nous pouvons accroître et renforcer la stabilité, la coopération et la sécurité dans cette région, alors nous avons donc franchi (un long chemin vers) le renforcement de la sécurité et de la stabilité dans le monde entier.

Q: L'Arabie saoudite et Chypre ont tous deux tenu à promouvoir la signature d'une série d'accords bilatéraux, à organiser deux forums d'affaires d'ici la fin de l'année, et à inaugurer des vols directs entre les deux pays. Ces projets sont-ils sur la bonne voie?

R: Oui, bien sûr, tout est sur la bonne voie, mais nous avons connu quelques retards dus aux restrictions de la Covid-19, notamment en ce qui concerne le forum des entreprises.

Q: Chypre et l’Égypte ont l’intention de construire un pipeline maritime direct dans le cadre de leurs efforts pour transporter le gaz naturel du champ de gaz Aphrodite de votre pays vers des usines égyptiennes pour enfin le réexporter vers l’Europe. Ces projets respectent-ils le calendrier ou ont-ils été perturbés par la situation tendue en Méditerranée orientale?

R: Il y a certes des perturbations, mais elles ne sont pas dues à la situation en Méditerranée orientale mais à cause de la situation actuelle dans les marchés mondiaux en matière d'énergie. Le cadre intergouvernemental et juridique pour la mise en œuvre de ces projets a été déjà établi. Cependant, tout dépend bien sûr du marché et de son évolution. Même le développement de l'infrastructure qui se fera avec des investissements privés sera déterminé par les facteurs du marché mondial.

La pandémie a surtout perturbé le fonctionnement du marché en affectant les prix. Les décisions finales sont donc en cours de réévaluation. Ce qui ne change pas, c'est les cadres juridique et intergouvernemental qui sont nécessaires pour que ces projets se poursuivent et se concrétisent selon le marché.

Q: Rétrospectivement, pensez-vous que c'était une erreur en janvier 2019 d'éloigner la Turquie du Forum du gaz de la Méditerranée orientale et de lui refuser les avantages de la baisse des coûts et des prix compétitifs d'un marché gazier régional?

R: Aucun pays ne voudrait inclure la Turquie dans les mécanismes de coopération régionale, y compris les réseaux énergétiques et sécuritaires, plus que nous. Pourquoi? Notre approche est simplement pragmatique. En quelque sorte, la géographie détermine le destin.

S’il y a bien un pays qui aimerait avoir un voisin respectueux du droit international et des relations de bon voisinage, c'est nous. Nous aimerions avoir un tel voisin. Nous sommes les plus grands partisans du processus d'adhésion de la Turquie à l'UE, et plus que quiconque, nous aimons voir la Turquie ajuster sa politique étrangère et ses attitudes d'une manière qui en ferait un voisin que tout le monde aimerait avoir.

Nous appuyons pleinement l’inclusion de la Turquie dans ce réseau régional de coopération. Sans la Turquie, cette coopération ne serait jamais complète, ce pays est indéniablement un acteur très important dans la région.

Nous ne pouvons néanmoins pas parler de tout cela pendant que la Turquie menace et viole les droits souverains de ses voisins, tout en en ignorant de manière flagrante le droit international et les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU. Vous n’avez qu’à regarder les relations que la Turquie entretient avec les pays de la région, notamment l'Égypte, Israël, l'Irak, la Grèce et l'Arménie. Quand Erdogan est arrivé au pouvoir en 2003, son slogan était «zéro problème avec nos voisins». Il a complètement changé sa philosophie en «des problèmes avec tous les voisins».

La Turquie veut avoir ce rôle hégémonique dans la région et dicter à chacun comment les choses sont décidées et déterminées, y compris comment fonctionne la coopération. Ce n'est pas du tout le modèle sur lequel nous autres travaillons.

Q: Pensez-vous que les différends entre la Turquie et Chypre éloigneront davantage les Chypriotes grecs et turcs, ou les rapprocheront émotionnellement et contribueront indirectement, à long terme, à la réunification de l’île?

R: Si la Turquie était hors de l'équation et que des choses étaient laissées entre les Chypriotes grecs et turcs, les deux communautés de l'île, nous pourrions résoudre le problème très rapidement, en quelques jours même.

La Turquie utilise la présence de la communauté chypriote turque sur l’île comme prétexte pour de promouvoir ce qu’elle considère comme ses propres intérêts nationaux. Elle ne se soucie nullement du bien-être des Chypriotes turcs.

Chypre se trouve dans le plan stratégique de la Turquie. Par conséquent, son insistance à jouer un rôle dans les affaires d’un État indépendant et souverain, une Chypre fédérale qui évoluera à partir d’une résolution du problème chypriote, est le principal obstacle à la réunification de l’île.

 Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.