A Roubaix, l'histoire se répète pour tenter de sauver le quartier de l'Alma-gare

Un immeuble du quartier de l'Alma à Roubaix, menacé de démolition, à Roubaix, dans le nord de la France. "On ne partira pas" : à Roubaix, dans le quartier prioritaire de l'Alma-gare, un collectif résiste à la démolition programmée de centaines de logements sociaux, construits dans les années 1980 grâce à une mobilisation historique des habitants, co-auteurs d'un aménagement "de référence". (AFP).
Un immeuble du quartier de l'Alma à Roubaix, menacé de démolition, à Roubaix, dans le nord de la France. "On ne partira pas" : à Roubaix, dans le quartier prioritaire de l'Alma-gare, un collectif résiste à la démolition programmée de centaines de logements sociaux, construits dans les années 1980 grâce à une mobilisation historique des habitants, co-auteurs d'un aménagement "de référence". (AFP).
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Publié le Lundi 08 mai 2023

A Roubaix, l'histoire se répète pour tenter de sauver le quartier de l'Alma-gare

  • Dans ce quartier qui vote peu, la lutte mobilise: plus de 200 habitants de toutes générations aux derniers rendez-vous
  • En jeu, la démolition de 480 logements, essentiellement sociaux, prévue par le «nouveau plan de renouvellement urbain» (NPRU), élaboré depuis 2015 notamment par la mairie de Roubaix et la métropole européenne de Lille

ROUBAIX : "On ne partira pas": à Roubaix, dans le quartier prioritaire de l'Alma-gare, un collectif résiste à la démolition prévue de centaines de logements sociaux, construits dans les années 1980 à l'issue d'une mobilisation historique des habitants, co-auteurs d'un aménagement de "référence".

"Raser ces bâtiments, construits selon les souhaits des habitants il y a 40 ans, c'est invraisemblable", rage le président du collectif Florian Vertriest, 29 ans, devant un petit immeuble aux élégantes façades ornées de mosaïques, arcades et têtes d'animaux, de l'architecte Gilles Neveux.

Depuis plusieurs mois, l'éducateur sportif enchaîne rencontres, manifestations et réunions citoyennes. Dans ce quartier qui vote peu, la lutte mobilise: plus de 200 habitants de toutes générations aux derniers rendez-vous.

En jeu, la démolition de 480 logements, essentiellement sociaux, prévue par le "nouveau plan de renouvellement urbain" (NPRU), élaboré depuis 2015 notamment par la mairie de Roubaix et la métropole européenne de Lille.

Le chantier, qui prévoit aussi 390 réhabilitations, 90 constructions et divers équipements sociaux et publics, chasserait un millier des habitants actuels.

L'objectif du projet, chiffré à 133 millions d'euros, est de "dé-densifier" l'Alma-gare, qui souffre d'un parc social "très dégradé", de problèmes "sociaux", "d'insécurité et de deal", selon l'étude d'impact. Et de "diversifier" l'habitat, pour favoriser "la mixité".

Contre-projet «emblématique»

"C'est chasser les pauvres", accuse Eric Mouveaux, un travailleur social de 58 ans. Situé entre un nouvel éco-quartier, un campus universitaire et un incubateur de start-up, "l'Alma-gare fait tâche", ironise ce membre du collectif. Il dénonce un "simulacre de concertation", avec des plans "déjà actés".

Pourtant, issu d'une lutte urbaine "emblématique" dans les années 1970/1980, l'Alma est "une référence" en matière d'urbanisme, de participation citoyenne et de politique de la ville, souligne Julien Talpin, chercheur en sciences politiques au CNRS.

A l'époque confrontée au déclin du textile, Roubaix veut déjà démolir ce quartier constitué de courées, ces maisons ouvrières groupées autour d'une cour, jugé insalubre.

Pour sauver leur "sociabilité traditionnelle", les résidents s'organisent. Soutenus, au sein d'un "atelier populaire d'urbanisme" par des architectes et urbanistes, ils imposent un contre-projet: de petits immeubles reliés par des places et des coursives, salués par plusieurs prix internationaux.

Mais crise et chômage rattrapent l’ilot, tandis que la mairie, passée à droite, retire des subventions, et y concentre, avec les bailleurs, les plus précaires, raconte M. Talpin.

Début 2000, coursives et jardins jugés "criminogènes", car investis par le deal, sont largement murés, hérissés de grilles et désormais jonchés d'ordures.

On y "buvait le thé, jouait au foot", regrette le collectif, qui dénonce un sabotage, et "l'abandon total" des bailleurs, surtout "depuis le NPRU". Cet hiver, plusieurs familles ont passé des mois sans eau chaude.

«Moratoire»

Un des principaux bailleurs, Lille Métropole Habitat, reconnaît "des dysfonctionnements anciens", et "problèmes de gestion" liés notamment à l'insécurité, mais assure investir "massivement". C'est selon lui l'accélération du NPRU qui "améliorera" la vie des habitants.

L'opposition municipale roubaisienne, comme la présidente des urbanistes des Hauts-de-France Myriam Cau, réclament au contraire un "moratoire", pour préserver un "patrimoine immatériel collectif".

Les habitants mobilisés veulent eux rejouer l'histoire avec un contre-projet, qui sauvegarderait leurs "liens de solidarité" et ferait "revivre" les coursives et espaces communs.

Un premier atelier sera organisé courant mai avec urbanistes et architectes dont Marcellino Saab, directeur associé d'Ausia, une des agences partie prenante du précédent projet. Il entend s'opposer en justice aux démolitions, et juge ces bâtiments "parfaitement réhabilitables".

Les opposants veulent aussi "chiffrer le bilan carbone et humain" des démolitions, alors que, selon eux, 50 000 logements sociaux manquent dans la MEL.

Mais pour le maire DVD Guillaume Delbar, "le cadre signé, contractualisé" n'est "pas négociable". "Élaboré pendant six ans avec des cabinets d'étude, concerté" depuis 2017, le réaménagement est "l'un des moins démolisseurs" de l'Hexagone et recueille un large "consensus", assure-t-il.

"Seuls 7%" des foyers veulent "rester absolument", quand beaucoup d'autres "demandent à partir", insiste-t-il.

Selon l'Agence nationale de rénovation urbaine, qui finance 453 projets en France, des évolutions restent possibles, si les collectivités le demandent. Mais les arbitrages ne doivent plus tarder pour tenir "l'équilibre global du calendrier".


Le Sénat récupère le budget de l'Etat, le compromis reste hors de vue

Les sénateurs français votent le budget de la sécurité sociale au Sénat, à Paris, le 26 novembre 2025. (AFP)
Les sénateurs français votent le budget de la sécurité sociale au Sénat, à Paris, le 26 novembre 2025. (AFP)
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  • Le Sénat, dominé par la droite et les centristes, aborde le budget 2026 avec une ligne stricte : réduire les dépenses, rejeter de nouvelles taxes et viser un déficit de 4,7 % du PIB
  • Les divergences restent fortes avec l’Assemblée nationale et la gauche, rendant le compromis budgétaire très incertain

PARIS: Le Sénat, intransigeant sur sa ligne anti-taxes prônée par la droite, s'attaque jeudi au projet de budget de l'Etat pour 2026. Une étape cruciale sur la route d'un compromis budgétaire encore hors de vue, même si certains envisagent toujours une étroite voie de passage.

D'un budget à l'autre... Après avoir acté mercredi d'irréconciliables divergences avec l'Assemblée nationale sur le budget de la Sécurité sociale, la chambre haute se penche sur le deuxième volet de son marathon budgétaire à partir de 14H30.

Le projet de loi de finances (PLF) pour 2026 occupera les sénateurs jusqu'à un vote solennel le 15 décembre. Et contrairement aux députés, qui ont massivement rejeté la partie "recettes" du texte le week-end dernier, les élus de la Haute assemblée auront l'opportunité de parcourir l'ensemble du budget, recettes comme dépenses.

Cela arrange bien la majorité sénatoriale, une solide alliance entre la droite et les centristes. Car sa ligne directrice est simple: "Plus d'économies et moins de taxes injustes", a résumé mercredi le chef des sénateurs Les Républicains, Mathieu Darnaud.

Redevenu sénateur, Bruno Retailleau est plus offensif encore ces derniers jours vis-à-vis du gouvernement.

Le "compromis" budgétaire ? "Moi, je parle de tambouille", a-t-il encore égratigné mercredi sur franceinfo. Le scénario d'une loi spéciale en cas d'échec du processus budgétaire ? Il serait meilleur, selon lui, qu'un budget qui "appauvrit les Français"...

Les débats sur le budget de la Sécu, ces derniers jours, ont dressé le tableau d'une droite sénatoriale inflexible, refusant la suspension de la réforme des retraites et la quasi-totalité des compromis trouvés à l'Assemblée nationale.

Ce texte va désormais revenir sur le bureau des députés, samedi en commission et mardi dans l'hémicycle, pour une nouvelle lecture.

- "Un rouleau-compresseur" -

Bis repetita sur le budget de l'Etat ? "Notre majorité, c'est un rouleau-compresseur, elle vote en bloc, contrairement à l'Assemblée", assure à l'AFP le chef des centristes, Hervé Marseille. "On essaie d'avoir une ligne qui soit claire et audible: limiter les impôts, trouver des économies".

Ainsi, les sénateurs entendent bien respecter l'objectif d'un déficit ramené à 4,7% du PIB en 2026, contre 5,4% en 2025. Avec deux ambitions: limiter les nouveaux prélèvements - environ 14 milliards dans la copie du gouvernement - et aller plus loin que les 17 milliards d'économies de dépenses proposées par Sébastien Lecornu.

Transformation de l'aide médicale d'Etat pour les sans-papiers en aide médicale d'urgence, non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, suppression de 4.000 postes d'enseignants supplémentaires, refus de la surtaxe sur les bénéfices des grandes entreprises, restriction de la taxe sur les "holdings patrimoniales" proposée par le gouvernement...

Voici, pèle-mêle, les propositions que la Haute assemblée promet de voter.

"C'est la droite la plus dure qu'on ait connu", s'inquiète le patron du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner. "Nous faisons face à une droite revancharde. Clairement, ce n'est pas avec elle que nous pourrons avancer" vers un compromis, renchérit son collègue Thierry Cozic.

- Compromis impossible ? -

Si la gauche est minoritaire au Sénat, le gouvernement peut difficilement faire sans elle à l'Assemblée nationale. L'abstention des socialistes y sera nécessaire - voire même insuffisante - pour envisager l'adoption définitive d'un budget, si Sébastien Lecornu continue de renoncer à l'article 49.3.

Après l'échec de la taxe "Zucman", les socialistes cherchent toujours à faire contribuer les plus hauts patrimoines. Une nouvelle proposition a fleuri mercredi, celle d'un emprunt "forcé" visant les foyers les plus aisés.

Si le gouvernement a accueilli avec "bienveillance" cet amendement, il semble n'avoir aucune chance de passer le filtre du Sénat.

Malgré ces divergences majeures, le Premier ministre Sébastien Lecornu continue de croire à un compromis possible avant la fin décembre.

Plusieurs sources parlementaires et gouvernementales espèrent notamment qu'un accord potentiel sur le budget de la Sécu, la semaine prochaine à l'Assemblée, ferait souffler un vent positif sur le budget de l'Etat.

"Chacun affiche ses positions mais je pense qu'il y a la volonté non feinte de trouver une voie de passage", a reconnu le rapporteur général du budget au Sénat, Jean-François Husson (LR). "Il faudra à un moment qu'on enlève les costumes."


A Paris, une réunion des droites sous l'égide des médias Bolloré

Animateurs, politiques en pré-campagne et formules choc: le temps d'une grand-messe devant quelques milliers de sympathisants, les médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré ont mis en avant leurs thématiques fétiches - identité, immigration, sécurité - et un éventail de personnalités de droite et d'extrême droite susceptibles de les porter pour 2027. (AFP)
Animateurs, politiques en pré-campagne et formules choc: le temps d'une grand-messe devant quelques milliers de sympathisants, les médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré ont mis en avant leurs thématiques fétiches - identité, immigration, sécurité - et un éventail de personnalités de droite et d'extrême droite susceptibles de les porter pour 2027. (AFP)
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  • Mardi 20H00, les 4.000 places du Dôme de Paris, plongées dans le noir, sont remplies. Musique épique, jeu de projecteurs bleus, blancs, rouges, le ton est donné
  • Pour chauffer la salle, le directeur du JDD, Geoffroy Lejeune commence par quelques railleries sur Libération, Mediapart et Télérama

PARIS: Animateurs, politiques en pré-campagne et formules choc: le temps d'une grand-messe devant quelques milliers de sympathisants, les médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré ont mis en avant leurs thématiques fétiches - identité, immigration, sécurité - et un éventail de personnalités de droite et d'extrême droite susceptibles de les porter pour 2027.

Mardi 20H00, les 4.000 places du Dôme de Paris, plongées dans le noir, sont remplies. Musique épique, jeu de projecteurs bleus, blancs, rouges, le ton est donné.

Pour chauffer la salle, le directeur du JDD, Geoffroy Lejeune commence par quelques railleries sur Libération, Mediapart et Télérama. Huées puis rires quand il lance: "On sait quel article ils vont écrire, on l'a rédigé comme ça ils pourront aller au bistrot".

Apparaît Philippe de Villiers, largement promu par le groupe du milliardaire breton - il est chroniqueur chez Cnews et son dernier livre est publié chez Fayard, également dans la galaxie Bolloré.

Le souverainiste commence par "remercier Jean-Luc Mélenchon" - qui lui aurait inspiré son ouvrage - déclenchant une nouvelle bronca.

Puis, il sert son discours habituel sur une France "au bord de l'abîme", menacée par "un changement de peuplement" encouragé par "un parti sarrasin", et abandonnée par des "élites écartelées entre le wokistan et l'islamistan".

Pour le fondateur du Puy du Fou, la solution est simple: "la remigration ou la françisation". Nouvelle salve d'applaudissements, on entend quelques "Philippe président". L'hypothèse d'une candidature pour 2027 a encore été entretenue en une de Valeurs actuelles la semaine dernière, où l'intéressé affirme être "redescendu dans l'arène".

Il n'est pas le seul. Surgit l'animatrice Christine Kelly de Cnews, pour lancer une discussion sur "notre civilisation judéo-chrétienne" entre Michel Onfray et Eric Zemmour.

Au terme d'un échange théologique parfois confus, le président du parti Reconquête conclut que "la croisade a sauvé l'Occident" et qu'"à partir du moment où nous retrouverons notre identité, tout ira beaucoup mieux". L'ancien polémiste de Cnews, propulsé par l'empire Bolloré dans la course à l'Elysée en 2022, espère déjà rendosser son costume de candidat en 2027. En attendant, il reste lui aussi en tête de gondole chez Fayard.

"Le côté sans filtre" 

D'autres ne bénéficient pas de la même bienveillance. Comme Aurore Bergé, lors d'une tumultueuse séquence "insécurité" face à Claire Géronimi, devenue vice-présidente de l'UDR d'Eric Ciotti après avoir été victime d'un viol par un étranger sous OQTF.

La ministre déléguée à l'Egalité Femmes-Hommes, conspuée, reste combative: "Je suis venue pour accepter l'idée du débat (...) Ma ligne ne changera pas, quel que soit le public".

Plus en phase avec l'assistance, l'avocat Gilles-William Goldnadel fustige "le racisme anti-blanc" et le "féminisme d'extrême gauche".

Un discours familier aux oreilles de Philippe, 55 ans et sans emploi, qui a déboursé 25 euros pour "voir le côté sans filtre" de ces personnalités médiatiques dont il "partage les idées, sans ambiguïté". Plus intéressé par l'aspect politique, Foucauld, 24 ans, étudiant en école de commerce, reconnaît que l'événement "participe à faire avancer les pions vers l'union des droites".

Pourquoi pas avec David Lisnard? Invité à ouvrir le chapitre du "grand enjeu" des municipales de mars 2026, le maire de Cannes fait florès avec ses leitmotiv: "Vive la liberté" et "Afuera!" la "bureaucratie" et la "technocratie".

Lui succèdent une brochette de candidats plus ou moins déclarés, dont la députée RN Laure Lavalette déplorant qu'il y ait "autant de barbiers et de kebabs" dans sa ville de Toulon.

Signe d'un rapprochement entre le parti à la flamme et la galaxie Bolloré? Après tout, Jordan Bardella en est à son deuxième livre publié chez Fayard.

Mais c'est une autre étoile montante qui est mise à l'honneur mardi soir. Clou du spectacle, l'eurodéputée Reconquête Sarah Knafo vient délivrer un "message d'espérance" face à l'essayiste Eric Neaulleau, dans le rôle du décliniste persuadé que "tout est foutu" car "les lieux de pouvoir sont tous tenus par des gens animés d'une idéologie immigrationniste".

Au contraire, les idées infusent dans la société et "le combat de la lucidité est gagné", réplique la nouvelle coqueluche de la "bollosphère", qui assure "qu'on peut changer les choses, avec méthode, détermination et travail". Et quelques solides appuis.


Pour la présidente de l'Assemblée Braun-Pivet, une majorité absolue n'est plus «souhaitable»

Le retour d'une majorité absolue n'est pas "souhaitable" à l'Assemblée nationale, où son absence depuis 2022 oblige à rechercher des compromis, a estimé la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, dans un nouveau podcast diffusé mercredi. (AFP)
Le retour d'une majorité absolue n'est pas "souhaitable" à l'Assemblée nationale, où son absence depuis 2022 oblige à rechercher des compromis, a estimé la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, dans un nouveau podcast diffusé mercredi. (AFP)
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  • "J'ai toujours privilégié le travail en collégialité, (...) et je m'étais toujours dit, au fond de moi, une Assemblée où il y a une majorité absolue, c'est une Assemblée qui finalement ne représente pas bien les Français"
  • Sans majorité, pour décider par exemple de la création d'une commission d'enquête ou encore de la tenue d'un débat, "vous présentez nécessairement des décisions qui sont les plus justes pour l'institution et les plus équilibrées"

PARIS: Le retour d'une majorité absolue n'est pas "souhaitable" à l'Assemblée nationale, où son absence depuis 2022 oblige à rechercher des compromis, a estimé la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, dans un nouveau podcast diffusé mercredi.

"J'ai une conviction personnelle forte qui est que nous n'aurons pas demain à nouveau une majorité absolue mais je pense surtout, et c'est ça ma conviction forte, c'est que ce n'est pas souhaitable pour notre pays", a-t-elle déclaré dans le podcast "Dans l'Hémicycle".

"Je suis convaincue que la délibération collective avec des groupes politiques qui ne partagent pas les mêmes orientations mais qui essayent de trouver des solutions, elle est bénéfique", a-t-elle poursuivi.

Depuis 2022, le camp présidentiel auquel appartient Mme Braun-Pivet ne dispose pas d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale. Face à une fragmentation de l'hémicycle encore accentuée depuis la dissolution de juin 2024, de nombreux députés disent espérer le retour d'une majorité absolue après l'élection présidentielle de 2027. Mais pas la présidente de l'Assemblée.

"J'ai toujours privilégié le travail en collégialité, (...) et je m'étais toujours dit, au fond de moi, une Assemblée où il y a une majorité absolue, c'est une Assemblée qui finalement ne représente pas bien les Français", a-t-elle déclaré dans cette interview.

Sans majorité, pour décider par exemple de la création d'une commission d'enquête ou encore de la tenue d'un débat, "vous présentez nécessairement des décisions qui sont les plus justes pour l'institution et les plus équilibrées, parce qu'autrement, ça ne passe pas", a-t-elle dit.

Cette situation force aussi à "inventer des nouvelles façons de faire", a-t-elle ajouté en donnant l'exemple des semaines dédiées aux textes proposés par les députés, auparavant dévolues à ceux de la majorité. Depuis 2022, ces semaines sont devenues "transpartisanes", avec des propositions soutenues par différents groupes.

Au moment où les débats budgétaires peinent à aboutir, Mme Braun-Pivet a toutefois estimé qu'il fallait encore "adapter" les règles de l'Assemblée à cette nouvelle configuration. Elle a rappelé avoir lancé une réflexion autour d'une modification du règlement de l'institution.