Chez Jean-François Piège, «la gastronomie est française»

Le chef français du Grand Restaurant, Jean-François Piege, pose lors d'une séance photo dans son restaurant à Paris, le 4 mai 2023. (AFP).
Le chef français du Grand Restaurant, Jean-François Piege, pose lors d'une séance photo dans son restaurant à Paris, le 4 mai 2023. (AFP).
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Publié le Lundi 08 mai 2023

Chez Jean-François Piège, «la gastronomie est française»

  • Dans «Le Grand restaurant», écrin intimiste à deux pas de l'Elysée à Paris, auréolé de deux étoiles Michelin et où l'on entre par les cuisines, le chef de 52 ans propose le «tour de France des territoires et des mijotés modernes»
  • Protéger le patrimoine culinaire paraît évident dans le pays de la gastronomie mais, à ses yeux, les chefs français ne placent plus autant le curseur là-dessus. Et les autorités ne font pas assez pour le défendre

PARIS : "La cuisine est bonne dans tous les pays du monde aujourd'hui. Mais la gastronomie est française parce que c'est un environnement", assure à l'AFP le chef étoilé Jean-François Piège, qui la glorifie dans ses restaurants et ses livres mais déplore que cette démarche soit devenue rare.

Dans "Le Grand restaurant", écrin intimiste à deux pas de l'Elysée à Paris, auréolé de deux étoiles Michelin et où l'on entre par les cuisines, le chef de 52 ans propose le "tour de France des territoires et des mijotés modernes", technique culinaire française qu'il a revisitée.

"Paris, c'est le podium de la France. J'ai une chance folle d'aller chercher partout le meilleur et faire valoir les régions", estime le natif de Valence (Drôme), qui a travaillé avec Alain Ducasse à Monaco et dans des palaces parisiens, avant de bâtir son univers gastronomique singulier.

Protéger le patrimoine culinaire paraît évident dans le pays de la gastronomie mais, à ses yeux, les chefs français ne placent plus autant le curseur là-dessus. Et les autorités ne font pas assez pour le défendre, contrairement au Japon, dont le gouvernement finance des restaurants japonais ou la promotion du saké en France.

"Si je n'avais pas repris A l'Epi d'or, il y aurait un Franprix aujourd'hui", lance Jean-François Piège, en référence à ce bistrot populaire, institution parisienne des années 20, qu'il a acquis, avec son épouse Elodie, en 2020.

Il est parmi les plus souvent cités comme méritant une troisième étoile Michelin, sans l'obtenir. Un autre chef ambassadeur de "l'art de vivre à la française", Guy Savoy, a été rétrogradé cette année.

"Plus on dit que les chefs valent les étoiles, moins ils les donnent. C'est bien dommage qu'on ne soutienne pas quelqu'un qui défend son identité", regrette-t-il, à l'unisson des chefs français qui se sentent mésestimés par rapport à leurs confrères à l'étranger moins ancrés dans la tradition.

Couleur

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Des cuisiniers travaillent au "Grand Restaurant" à Paris le 4 mai 2023. (AFP). 

Ses mijotés modernes sont une réinterprétation gastronomique de la "cocotte de grand-mère". "La cuisine française a une couleur. En Italie, ils cuisent aussi, mais c'est blanc. Chez nous, c'est rôti", explique le chef.

C'est l'odeur de marrons grillés à Paris en hiver qui lui a inspiré cette technique visant à recréer l'émotion liée à la senteur. Cela commence en 2010 avec du chevreuil cuit sur des marrons grillés. Viennent ensuite les ris de veau sur coques de noix, la langoustine sur un pavé parisien ou encore l'asperge en coque de riz.

D'autres objets de ce chineur passionné sont mis en valeur au cours du repas, comme des couteaux, pinces à asperge, pots de sel et de poivre... Chaque semaine, il présente un sel différent d'une quinzaine de variétés qu'il a répertoriées dans l'Hexagone.

Viscéral

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Des cuisiniers travaillent au "Grand Restaurant" à Paris le 4 mai 2023. (AFP). 

Du bistrot traditionnel "La Poule au pot" au steakhouse "Clover Grill" à Paris, en passant par "Clover Gordes" dans le Vaucluse et "Clover Bellavita" à Taïwan, le chef multiplie les restaurants et défend ce modèle "intellectuellement enrichissant".

Actuellement, il transforme son restaurant "Clover Green" à Paris, qui ne sera plus végétarien, et où il servira à partir de juin des pâtes à sa façon.

En phase avec l'époque, il propose tout de même au "Grand restaurant" un menu "zéro viande, zéro poisson" qui reprend le titre de l'un de ses derniers ouvrages culinaires.

Les livres, "c'est viscéral pour moi", affirme Jean-François Piège. Actuellement, ils se démodent très vite, convient-il, mais "laissent, comme les magazines, l'empreinte d'une époque".

Dans l'introduction de son "Grand livre de la cuisine française" aux 1 000 recettes, il publie un facsimilé d'un ouvrage de 1739 qui évoque déjà, "avec l'approbation du roi", le gras, le maigre et de la régionalité. "Extrêmement moderne".


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.