Elisabeth Borne, une Première ministre entravée mais toujours en poste

Le Premier ministre français Elisabeth Borne s'adresse aux journalistes à Sainte-Rose, sur l'île française de La Réunion dans l'océan Indien, le 12 mai 2023, lors de sa visite à La Réunion du 11 au 13 mai 2023. (AFP).
Le Premier ministre français Elisabeth Borne s'adresse aux journalistes à Sainte-Rose, sur l'île française de La Réunion dans l'océan Indien, le 12 mai 2023, lors de sa visite à La Réunion du 11 au 13 mai 2023. (AFP).
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Publié le Samedi 13 mai 2023

Elisabeth Borne, une Première ministre entravée mais toujours en poste

  • Depuis son installation à Matignon le 16 mai 2022, la Première ministre cherche à imposer la marque d'une femme discrète et désintéressée. Un style sans éclat, mais qui veut donner une image de solidité et de résilience
  • Celle qui n'était pas le premier choix du président a vu son siège vaciller un mois après son arrivée, quand les élections législatives l'ont privée de majorité absolue à l'Assemblée

PARIS : Fragilisée par la crise des retraites mais toujours en poste, Elisabeth Borne semble avoir passé le plus fort de la tempête. Un an après sa nomination, elle est à la manoeuvre pour renouer avec les syndicats et avancer sur l'immigration malgré le soutien a minima d'Emmanuel Macron.

Depuis son installation à Matignon le 16 mai 2022, la Première ministre cherche à imposer la marque d'une femme discrète et désintéressée. Un style sans éclat, mais qui veut donner une image de solidité et de résilience.

Dans l'"enfer de Matignon", comme on décrit souvent la fonction de Premier ministre, Elisabeth Borne semble avancer de sursis en sursis.

Celle qui n'était pas le premier choix du président a vu son siège vaciller un mois après son arrivée, quand les élections législatives l'ont privée de majorité absolue à l'Assemblée.

La cheffe du gouvernement déploie alors sa méthode basée sur le dialogue et le compromis pour bâtir des majorités "de projet" mais doit vite recourir au 49.3 sur le budget.

C'est cette procédure de passage en force parlementaire, utilisée le dos au mur le 16 mars sur la réforme des retraites, qui la conduit au bord du précipice.

Echappant à une motion de censure à seulement 9 voix, elle voit repartir comme jamais les rumeurs sur son remplacement.

Frictions

Mais Emmanuel Macron n'a guère de solutions de rechange, il lui renouvelle sa confiance en lui intimant, en trois semaines, "d'élargir la majorité". Un voeu pieux. Puis de conduire le gouvernement pour cent jours de réformes jusqu'au 14 juillet.

D'ici là, il lui faudra affronter le 8 juin un vote risqué à l'Assemblée nationale sur une proposition de loi visant à abroger la retraite à 64 ans.

Elisabeth Borne sera de nouveau en première ligne mardi et mercredi lorsqu'elle recevra les syndicats pour relancer une démocratie sociale durement affectée par l'épisode des retraites.

Avec le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, elle doit aussi parvenir d'ici juillet à élaborer un projet de loi sur l'immigration susceptible de réunir une majorité au Parlement.

Des frictions affleurent en outre au sommet de l'exécutif. Différences de personnalités, de ton ou de rythme sont scrutées en permanence. Comme lorsqu'Elisabeth Borne appelle à ne pas "brusquer les choses" pour panser les plaies de la crise des retraites, semblant sortir de la ligne fixée par un président en voyage en Chine.

Le chef de l'Etat se montre également circonspect sur sa promesse de ne plus utiliser le 49.3.

La Première ministre vit "la situation la plus compliquée politiquement de la Ve République" mais "il n'y a pas d'alternative", juge un proche du président.

Elisabeth Borne "reste une Première ministre empêchée" par un président "clivant, très critiqué", un parti Renaissance qui n'est "pas un vrai parti", et des partenaires potentiels LR "fragilisés", estime le constitutionnaliste Benjamin Morel.

"Quand elle dit qu’elle n'utilisera plus le 49.3, c’est le constat d’un rapport de force défavorable", note-t-il.

'Désintéressée'

Sera-t-elle de l'espèce "persistante et résiliente" du chêne vert qu'elle a planté dans les jardins de Matignon ?

Désireuse de prolonger son bail, l'ancienne préfète plusieurs fois ministre, qui a dédié sa vie au service de l'Etat, cultive l'image d'une femme discrète et sans visées politiques comme certains poids-lourds qui rêvent de la remplacer.

Au tournant de cette première année, la Première ministre était en déplacement sur l'île de la Réunion, avec comme priorité les sujets de vie quotidienne.

Elle "a une approche désintéressée du pouvoir, elle a une exigence de servir", fait valoir une députée Renaissance. Il y avait pourtant "de quoi craquer mille fois", note une ministre.

Née Bornstein, cette polytechnicienne de 62 ans, divorcée et mère d'un garçon, est très pudique sur sa vie privée marquée par le suicide, quand elle avait 11 ans, d'un père qui ne s'était jamais remis de la déportation.

Elle a évoqué ce drame devant les députés mais refuse de s'exposer davantage. Fait rare à son poste, elle a assigné l'éditeur d'une biographie la concernant ("La Secrète", éditions l'Archipel) pour demander la suppression de plusieurs passages.

"Ceux qui quittent Matignon ont une vision derrière. Or Elisabeth Borne n'a pas d'ambitions" et si elle en avait, elle "n'a pas de troupes, elle est seule", avance Benjamin Morel. "Pour elle, c'est Matignon ou la retraite".


À Paris, un Français crache sur une femme musulmane qui porte un hijab

Un homme marche dans une rue de la ville de Châteauroux, dans le centre de la France, près de Deols où se déroulera l'épreuve de tir des Jeux Olympiques de Paris 2024 au Centre National de Tir (CNTS), le 7 avril 2024. (Photo de Martin BUREAU / AFP)
Un homme marche dans une rue de la ville de Châteauroux, dans le centre de la France, près de Deols où se déroulera l'épreuve de tir des Jeux Olympiques de Paris 2024 au Centre National de Tir (CNTS), le 7 avril 2024. (Photo de Martin BUREAU / AFP)
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  • Fatima Saidi, une influenceuse marocaine qui a récemment visité la capitale française, a révélé sur son compte TikTok le racisme dont elle avait été victime
  • L’influenceuse a qualifié le comportement de cet homme de «raciste» et «machiste»

PARIS: Un incident a récemment suscité l'indignation: à Paris, un Français a craché sur une femme musulmane qui portait un hijab.  

Fatima Saidi, une influenceuse marocaine qui a récemment visité la capitale française, a révélé sur son compte TikTok le racisme dont elle avait été victime. 

 

Cette jeune femme de 22 ans a affirmé qu'un homme d'âge moyen qui faisait son jogging alors qu'elle se trouvait sur un trottoir a craché sur son hijab. 

Saidi a filmé son agresseur, qui a craché à nouveau, sur la caméra cette fois. 

Fatima Saidi a décidé de porter plainte contre cet individu auprès du commissariat de police de Paris Centre.  

L’influenceuse a qualifié le comportement de cet homme de «raciste» et «machiste». 


France: au moins cinq migrants décédés lors d'une tentative de traversée de la Manche

Photo d'archives d'un contrebandier réparant le moteur du bateau sur la plage de Gravelines, près de Dunkerque, dans le nord de la France, le 12 octobre 2022, pour tenter de traverser la Channe anglaise (Photo, AFP).
Photo d'archives d'un contrebandier réparant le moteur du bateau sur la plage de Gravelines, près de Dunkerque, dans le nord de la France, le 12 octobre 2022, pour tenter de traverser la Channe anglaise (Photo, AFP).
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  • Douze migrants avaient perdu la vie en 2023 dans ces circonstances, selon la Préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord
  • En 2023, 29.437 migrants ont rejoint illégalement les côtes anglaises, contre 45.774 en 2022, année record, d'après des chiffres du ministère britannique de l'Intérieur

WIMEREUX: Au moins cinq migrants, dont une enfant, sont décédés après "un mouvement de foule" en mer lors d'une tentative de traversée de la Manche dans la nuit de lundi à mardi à partir d'une plage du nord de la France.

Trois hommes et une femme figurent également parmi les personnes décédées et une personne a été légèrement blessée, a indiqué à l'AFP la préfecture du département du Pas-de-Calais, confirmant une information de La Voix du Nord.

Les faits ont eu lieu à 5H00 (3h00 GMT), quand un small-boat avec plus de 110 personnes à bord a pris la mer depuis la plage de Wimereux, selon le récit de la préfecture.

"Après un premier échouage sur un banc de sable, le bateau a de nouveau repris la mer", a indiqué la préfecture. "Un mouvement de foule serait survenu dans l'embarcation surchargée, générant plusieurs victimes."

La tentative de traversée a eu lieu sur une mer calme et avec un temps dégagé, mais avec une température à peine quelques degrés au dessus de zéro.

Avec ce drame, au moins quinze personnes ont perdu la vie en tentant de traverser la Manche en direction de la Grande-Bretagne en 2024, selon un décompte de l'AFP.

Douze migrants avaient perdu la vie en 2023 dans ces circonstances, selon la Préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord.

Année record 

Le dernier drame remonte au 3 mars avec le décès par noyade d'une fillette de sept ans dans le canal de l'Aa, un petit fleuve qui se jette dans la mer du Nord, alors qu'elle se trouvait sur une petite embarcation avec 15 autres migrants.

Fin février, un Turc de 22 ans est décédé en tombant de son embarcation au large de Calais et deux autres migrants sont portés disparus. Un Erythréen a été mis en examen et incarcéré samedi dans ce dossier.

Dans la nuit du 13 au 14 janvier, cinq migrants, dont un adolescent syrien de 14 ans, sont morts à Wimereux alors qu'ils tentaient de rejoindre une embarcation déjà en mer dans une eau à 9 degrés.

Le corps d'un homme a par ailleurs été découvert le 19 mars dans le chenal de l'Aa, à Grand-Fort-Philippe, probablement un migrant signalé disparu alors qu'il tentait, selon les associations, de rejoindre le Royaume-Uni en bateau.

En 2023, 29.437 migrants ont rejoint illégalement les côtes anglaises, contre 45.774 en 2022, année record, d'après des chiffres du ministère britannique de l'Intérieur.

Le Parlement britannique a approuvé dans la nuit de lundi à mardi le projet de loi permettant l'expulsion vers le Rwanda de demandeurs d'asile entrés illégalement au Royaume-Uni.

Annoncé il y a deux ans par le gouvernement conservateur de Rishi Sunak et présenté comme une mesure-phare de sa politique de lutte contre l'immigration clandestine, ce projet vise à envoyer au Rwanda les demandeurs d'asile - d'où qu'ils viennent- entrés illégalement au Royaume-Uni, notamment en traversant la Manche sur des canots pneumatiques.


Grenades factices au consulat d'Iran à Paris: 10 mois de prison avec sursis

La police de Paris a déclaré avoir mené une opération au consulat iranien après qu'un témoin ait rapporté avoir vu dehors un homme portant une grenade et un gilet explosif, vendredi 19 avril 2024 (Photo, AP).
La police de Paris a déclaré avoir mené une opération au consulat iranien après qu'un témoin ait rapporté avoir vu dehors un homme portant une grenade et un gilet explosif, vendredi 19 avril 2024 (Photo, AP).
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  • L'homme de 61 ans, qui vit en France depuis de longues années, a également été condamné par le tribunal correctionnel à une obligation de soins, une interdiction de porter une arme et une interdiction de paraître au consulat
  • Le prévenu, qui s'exprime dans un français correct mais souffre de problèmes d'audition, comparaissait pour «menace de mort»

PARIS: Un homme d'origine iranienne qui s'était introduit vendredi dans le consulat d'Iran à Paris avec des grenades factices pour se "venger" du gouvernement de Téhéran a été condamné lundi à Paris à 10 mois de prison avec sursis.

L'homme de 61 ans, qui vit en France depuis de longues années, a également été condamné par le tribunal correctionnel à une obligation de soins, une interdiction de porter une arme et une interdiction de paraître au consulat, ainsi que dans le 16e arrondissement de Paris où les faits ont eu lieu.

A la barre, il a expliqué qu'il n'avait voulu "menacer personne", mais avait souhaité "se venger" des autorités iraniennes, "terroristes" à ses yeux.

La veille des faits, "on m'a informé que mon cousin avait été pendu en Iran, et que ma soeur avait été arrêtée", a affirmé Nicolas K., qui réside en banlieue parisienne et participe régulièrement à des manifestations d'opposants iraniens à Paris.

Le prévenu, qui s'exprime dans un français correct mais souffre de problèmes d'audition, comparaissait pour "menace de mort" et "violences avec préméditation".

Vendredi après-midi, il était entré dans la section consulaire de l'ambassade d'Iran, muni d'un gilet avec des explosifs factices.

Selon des témoins, dont les récits ont été rapportés à l'audience par le président du tribunal, il avait "fait tomber des drapeaux" iraniens, et répété "j'ai envie de mourir, je suis à bout".

Intervention des négociateurs 

L'intervention de négociateurs de la police avait finalement permis son interpellation; il était de lui-même sorti du bâtiment sans son gilet.

Selon un expert psychiatre, il ne souffre ni d'une altération, ni d'une abolition de son discernement. A la barre, il a fait de longues digressions sur la situation politique en Iran. "Ça ne m'intéresse pas, nous devons rester sur les faits", lui a rétorqué le président.

Le représentant du parquet a estimé que les faits poursuivis ne relevaient pas d'un "acte de résistance politique", mais bien d'"infractions de droit commun".

"C'est l'acte isolé d'une personne qui certes ne va pas bien, mais qui n'a aucune légitimité pour se venger de qui que ce soit", a dit le procureur, qui avait requis un an de prison, dont quatre mois avec sursis.

L'avocate du prévenu, Me Louise Hennon, a elle a plaidé la relaxe, faisant notamment valoir qu'une condamnation porterait une "ingérence disproportionnée dans la liberté d'expression" de son client.