La guerre au Soudan, eldorado pour miliciens et mercenaires de tout poil

Cette photo composite montre le général Abdel Fattah al-Burhan (à gauche), chef du conseil militaire au pouvoir au Soudan, saluant ses partisans dans la ville jumelle de Khartoum, Omdurman, le 29 juin 2019, et le commandant paramilitaire soudanais Mohamed Hamdan Daglo levant une canne lors d'une réunion avec ses partisans à Khartoum, le 22 juin 2019. (Photo Yasuyoshi CHIBA et Ashraf SHAZLY / AFP)
Cette photo composite montre le général Abdel Fattah al-Burhan (à gauche), chef du conseil militaire au pouvoir au Soudan, saluant ses partisans dans la ville jumelle de Khartoum, Omdurman, le 29 juin 2019, et le commandant paramilitaire soudanais Mohamed Hamdan Daglo levant une canne lors d'une réunion avec ses partisans à Khartoum, le 22 juin 2019. (Photo Yasuyoshi CHIBA et Ashraf SHAZLY / AFP)
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Publié le Dimanche 14 mai 2023

La guerre au Soudan, eldorado pour miliciens et mercenaires de tout poil

  • De la région soudanaise du Darfour au Mali, en passant par la Libye, la Centrafrique ou la Russie, les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo ont tissé de longue date des liens à l'étranger
  • La famille Daglo tient une grande part des mines d'or du Soudan, troisième producteur d'Afrique, donc «Hemedti peut payer des salaires comme peu de gens en Afrique subsaharienne ou au Sahel» selon un spécialiste du King’s College de Londres

KHARTOUM, Soudan : Sur le champ de bataille soudanais, les deux généraux en guerre  n'alignent pas que leurs propres troupes. Autour d'eux gravitent mercenaires, gardes privés, combattants tribaux ou instructeurs étrangers, attirés par l'appât du gain... et de l'or.

Depuis des décennies, le recours aux milices au Soudan représente une activité lucrative : soit Khartoum leur sous-traite la répression de minorités ethniques ou de mouvements armés, soit elle loue leurs services sur des terrains de guerre étrangers.

Ainsi, de la région soudanaise du Darfour au Mali, en passant par la Libye, la Centrafrique ou la Russie, les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo ont tissé de longue date des liens à l'étranger.

Maintenant que la guerre est sur leur sol, les FSR publient sur les réseaux sociaux des vidéos de combattants leur exprimant leur soutien au Tchad ou au Niger.

Pour Abdel Fattah al-Burhane, chef de l'armée soudanaise et grand rival de Daglo, dit «Hemedti», des «mercenaires venus du Tchad, de Centrafrique et du Niger» combattent au sein des forces ennemies. L'armée a même assuré récemment avoir tué «un sniper étranger».

L'envoyé de l'ONU au Soudan, Volker Perthes, l'a aussi répété: «Le nombre de mercenaires venus du Mali, du Tchad et du Niger pour soutenir les FSR n'est pas insignifiant».

Des témoins à Khartoum assurent avoir entendu des combattants des FSR parler français, une langue qui n'est pas parlée au Soudan, principalement arabophone, semblant suggérer qu'ils soient tchadiens.

- Meilleurs salaires -

La famille Daglo tient une grande part des mines d'or du Soudan, troisième producteur d'Afrique, donc «Hemedti peut payer des salaires comme peu de gens en Afrique subsaharienne ou au Sahel», affirme à l'AFP Andreas Krieg, du King's College de Londres.

Déjà, «ces dernières années, des Tchadiens ont rejoint les FSR pour le salaire».

Le Tchad, à l'Ouest, est un prolongement naturel pour Hemedti, issu de la tribu des Rizeigat du Darfour: les cultivateurs et éleveurs menacés par la sécheresse y font peu de cas des frontières officielles.

La plupart des chefs miliciens, dont Hemedti, ont des origines tchadiennes. Au fil des générations, ils ont recruté des hommes puis leurs fils, offrant à tous «des passeports soudanais et des terres abandonnées par des déplacés non arabes», assurait dès 2017 le centre de recherches Small Arms Survey.

D'autres mercenaires soutiennent les FSR: ceux du groupe Wagner.

Depuis que la Centrafrique voisine a fait appel en 2018 à ces combattants russes pour réprimer une rébellion, des diplomates occidentaux disaient voir passer des contingents de mercenaires russes à l'aéroport et les hôtels de Khartoum.

Le Soudan sert de base arrière mais aussi de source de financement à Wagner: les mines d'or de la famille Daglo ont signé des contrats avec des prête-noms du patron de Wagner, Evguéni Prigojine, assure le Trésor américain.

Aujourd'hui, «le groupe Wagner ne combat pas au Soudan mais il a des conseillers techniques», assure à l'AFP l'expert américain Cameron Hudson.

- «Entreprise transnationale» -

La base arrière de Hemedti, elle, se trouve en Libye.

Les zones contrôlées par le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, constituent un «carrefour de livraisons d'armes aux FSR», assure M. Krieg.

D'autres étrangers se sont aussi invités dans le chaos  soudanais à la faveur de la fuite générale des diplomates, employés onusiens et autres expatriés.

«Plusieurs petites compagnies privées, principalement composées d'anciens des forces spéciales britanniques, ont évacué des personnes moyennant parfois 20.000 à 50.000 dollars», rapporte M. Hudson.

Pour Alex de Waal, spécialiste du Soudan, «l'argent et le mitraillage sont des monnaies interchangeables sur le marché politique soudanais. Et, écrit-il dans la London Review of Books, «Hemedti fait commerce des deux».

Pour lui, «les FSR sont désormais une entreprise privée de mercenariat transnationale», «un opérateur d'extraction et de vente d'or» et le «bras armé de l'empire commercial de Hemedti».

Si ce dernier l'emporte, estime-t-il, «l'Etat soudanais deviendra une succursale de cette entreprise transnationale».


Netanyahu annonce l'envoi d'un représentant israélien pour une rencontre avec des responsables au Liban

Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
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  • M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban"
  • Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mercredi l'envoi d'un représentant pour une rencontre avec des responsables politiques et économiques au Liban, "première tentative pour établir une base de relations et de coopération économique entre Israël et le Liban".

M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban", indique un communiqué de son bureau.

Le texte ne précise pas quand cette rencontre doit avoir lieu.

Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban.

Accusant le mouvement islamiste Hezbollah de violer le cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an en se réarmant dans le sud du pays, l'armé israélienne a multiplié les frappes sur le sud du Liban la semaine dernière sur ce qu'elle a présenté comme des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban.


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

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  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.