Mandat d'arrêt contre Salamé: le Liban a reçu la notice rouge d'Interpol

Salamé, soupçonné de s'être constitué un riche patrimoine immobilier et bancaire en Europe via un montage financier complexe et un détournement massif de fonds publics libanais, ne s'était pas présenté mardi au tribunal judiciaire de Paris où il était convoqué. (AP)
Salamé, soupçonné de s'être constitué un riche patrimoine immobilier et bancaire en Europe via un montage financier complexe et un détournement massif de fonds publics libanais, ne s'était pas présenté mardi au tribunal judiciaire de Paris où il était convoqué. (AP)
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Publié le Vendredi 19 mai 2023

Mandat d'arrêt contre Salamé: le Liban a reçu la notice rouge d'Interpol

  • M. Salamé, soupçonné de s'être constitué un riche patrimoine immobilier et bancaire en Europe via un montage financier complexe et un détournement massif de fonds publics libanais, ne s'était pas présenté mardi au tribunal judiciaire de Paris
  • Une juge française avait par conséquent délivré un mandat d'arrêt international à son encontre

BEYROUTH: Le Liban a reçu la notice rouge d'Interpol, basée sur le mandat d'arrêt international émis par la justice française, visant le gouverneur de la Banque centrale Riad Salamé, a indiqué vendredi une source judiciaire à l'AFP.

M. Salamé, soupçonné de s'être constitué un riche patrimoine immobilier et bancaire en Europe via un montage financier complexe et un détournement massif de fonds publics libanais, ne s'était pas présenté mardi au tribunal judiciaire de Paris où il était convoqué.

Une juge française avait par conséquent délivré un mandat d'arrêt international à son encontre.

"Le bureau d'Interpol au Liban a reçu jeudi soir une copie de la notice rouge portant sur une demande d'arrestation de M. Salamé pour qu'il soit livré aux autorités françaises", a précisé cette source à l'AFP.

Elle a cependant rappelé que "le Liban n'extrade pas ses ressortissants vers d'autres pays". La même procédure avait déjà visé Carlos Ghosn, ancien patron de l'alliance automobile Renault-Nissan, qui vit à Beyrouth depuis sa fuite rocambolesque du Japon fin 2019.

La source judiciaire a expliqué que M. Salamé serait "jugé au Liban" si la justice locale décide que les accusations de blanchiment d'argent et d'enrichissement illicite sont fondées.

Elle a précisé que le puissant gouverneur de la Banque du Liban (BDL) devrait être convoqué la semaine prochaine par le procureur général Ghassan Oueidate, qui l'auditionnera afin de "décider si les preuves contre lui sont suffisantes pour l'inculper et le juger".

Le gouverneur, qui est très lié à la classe politique, continue d'assumer ses fonctions à la tête de la BDL.

Dans ses premières déclarations depuis l'émission du mandat d'arrêt international, M. Salamé a affirmé à la chaîne saoudienne al-Hadath jeudi soir qu'il avait "la conscience tranquille".

"Les accusations me visant sont infondées. Si un jugement prouvant que je suis coupable est prononcé, je démissionnerai de mes fonctions", a dit le gouverneur dont le mandat à la tête de la BDL expire en juillet.

Depuis mardi, les responsables libanais gardent un silence embarrassé sur cette affaire alors que plusieurs députés d'opposition ont réclamé qu'il soit démis de ces fonctions.

A la tête de la BDL depuis 1993, M. Salamé, 72 ans, est accusé dans son pays de corruption et d'être l'un des principaux responsables de la grave crise financière qui frappe le Liban depuis l'automne 2019.

Depuis le début de l'année, des juges européens se sont rendus à trois reprises au Liban pour l'interroger, ainsi que ses proches.

En mars 2022, la France, l'Allemagne et le Luxembourg avaient gelé 120 millions d'euros d'avoirs libanais soupçonnés d'appartenir à M. Salamé.


L'avenir incertain de la récolte de dattes au Soudan en guerre

Des travailleurs collectent des dattes au début de la saison des récoltes à Barkal, dans le nord du Soudan, le 15 septembre 2023 (Photo, AFP).
Des travailleurs collectent des dattes au début de la saison des récoltes à Barkal, dans le nord du Soudan, le 15 septembre 2023 (Photo, AFP).
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  • Au Soudan, la datte figure parmi les aliments quotidiens, comme dans de nombreux pays arabes, et elle est vitale pour l'économie du pays
  • Dans tout le pays, les petits fermiers n'ont plus accès aux financements, les acheteurs n'arrivent plus à écouler les stocks sur les marchés

KARIMA: Hozaifa Youssef devait poursuivre ses études en Inde mais la guerre au Soudan en a décidé autrement: à la place il récolte des dattes dans sa région d'origine. Ses employeurs, eux, craignent de ne pas pouvoir écouler leur production.

A Karima, ville du nord au bord du Nil, à 350 kilomètres de Khartoum, se dressent des milliers de longs palmiers-dattiers plantés à intervalles réguliers dans des parcelles jalonnées de réservoirs d'eau.

Là, septembre marque le début de la récolte. C'était le cas dans les palmeraies du nord du Soudan, mais pas dans les autres régions. Dans le sud, à Gedaref, connu pour être le grenier à céréales du Soudan, les terres sont restées en jachère cette année.

Si Al-Fateh al-Badawi a pu récolter ses dattes à Karima, il n'est pas sûr de pouvoir les écouler car "les acheteurs sont frileux", observe l'agriculteur.

Au-dessus de lui, sous un grand ciel bleu, pieds nus et muni d'une simple corde, un homme grimpe le stipe d'un palmier pour couper les régimes de dattes. Au sol, à l'ombre des rameaux, sur de grands draps blancs, hommes et adolescents battent les régimes de dattes avant de récupérer les derniers fruits à la main.

Grand producteur mondial

Parmi eux, Hozaifa Youssef, radiologiste de 26 ans qui travaillait à Khartoum avant de rejoindre sa famille dans le nord pour aider à la récolte et échapper aux affres de la guerre qui a éclaté le 15 avril.

"Je devais partir en Inde pour mon master, mais avec la guerre, j'ai dû changer mes plans", raconte-t-il à l'AFP depuis une palmeraie de sa région natale.

La guerre sanglante opposant l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane aux paramilitaires dirigés par son ancien adjoint devenu rival, le général Mohammed Hamdane Daglo, a plongé ce pays d'Afrique de l'Est dans le chaos. Les combats ont fait au moins 7.500 morts, selon un bilan de l'ONG Acled, et plus de cinq millions de déplacés et de réfugiés, d'après l'ONU.

La guerre est aussi responsable de ce que les experts appellent la "désindustrialisation" du pays, et de la dévastation de son secteur agricole, qui représente près de 40% du PIB et 80% des emplois, selon l'ONU.

Au Soudan, la datte figure parmi les aliments quotidiens, comme dans de nombreux pays arabes, et elle est vitale pour l'économie du pays. Septième producteur mondial de dattes, le Soudan en produit plus de 460.000 tonnes par an, d'après l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

Et dans tout le pays, les petits fermiers n'ont plus accès aux financements, les acheteurs n'arrivent plus à écouler les stocks sur les marchés et les poids lourds de l'industrie agricole ont jeté l'éponge.

En mai, le groupe agricole Haggar, premier employeur du Soudan, a annoncé la suspension de ses activités et investissements dans le pays. Ceux qui continuent à travailler, font face à des défis de taille.

«Marchés de substitution»

Avant la guerre, l'essentiel du commerce avait lieu à Khartoum. Mais la guerre a déstructuré une économie déjà à genoux. Les frappes aériennes incessantes, tirs d'artillerie et combats de rue ont détruit la capitale, poumon économique du pays.

"En raison de la proximité et de l'importance de la demande à Khartoum, c'est là qu'on écoulait la majeure partie de nos récoltes les années précédentes, mais avec la guerre ce n'est plus possible", s'inquiète M. Badawi, vêtu d'une djellaba blanche et d'une calotte assortie.

"On essaye de trouver des marchés de substitution", dit-il. Un autre agriculteur, Al-Jerah Ahmed, estime lui que l'aide de l'Etat soudanais est nécessaire pour "une production de qualité". L'homme de 45 ans aimerait que les autorités "investissent dans l'usine de conservation de dattes de Karima".

Mais l'Etat, qui n'a pas payé les salaires des fonctionnaires depuis cinq mois, peine déjà à assurer la sécurité alimentaire des 48 millions d'habitants depuis que le Soudan a perdu ses deux principaux pourvoyeurs en blé en raison de la guerre entre la Russie et l'Ukraine.

Et dans un pays qui était déjà parmi les plus pauvres du monde avant la guerre entre l'armée et les paramilitaires, près de six millions d'habitants sont désormais "au bord de la famine", alerte l'ONU.


Liban: Arrestation de l'auteur présumé des tirs ayant visé l'ambassade américaine

Des enquêteurs de l'armée libanaise inspectent les impacts de balles et collectent des preuves médico-légales à côté de l'entrée de l'ambassade américaine à Aukar, une banlieue nord de Beyrouth, Liban, le 21 septembre 2023 (Photo, AP).
Des enquêteurs de l'armée libanaise inspectent les impacts de balles et collectent des preuves médico-légales à côté de l'entrée de l'ambassade américaine à Aukar, une banlieue nord de Beyrouth, Liban, le 21 septembre 2023 (Photo, AP).
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  • Fadi Akiki, commissaire du gouvernement près du tribunal militaire, est actuellement en train d'interroger le suspect
  • L'incident a coïncidé avec l'anniversaire de l'explosion d'une voiture piégée en 1984 devant l'ambassade américaine

BEYROUTH: Les autorités libanaises ont arrêté lundi l'auteur présumé des tirs ayant visé mercredi l'ambassade des Etats-Unis au Liban sans faire de victime, a indiqué à l'AFP un responsable de sécurité.

Fadi Akiki, commissaire du gouvernement près du tribunal militaire, est actuellement en train d'interroger le suspect, a ajouté ce responsable qui a requis l'anonymat, sans plus de détails.

Le complexe abritant l'ambassade américaine, extrêmement sécurisé et entouré de barrages de l'armée libanaise, est situé à Awkar, une banlieue au nord de Beyrouth.

La justice militaire libanaise avait ouvert une enquête.

Un responsable de sécurité libanais, ayant requis l'anonymat, avait auparavant déclaré à l'AFP que "quinze balles avaient été tirées sur l'entrée de l'ambassade", sans faire de victime.

L'incident a coïncidé avec l'anniversaire de l'explosion d'une voiture piégée en 1984 devant l'ambassade américaine dans ce secteur, qui avait fait onze morts et des dizaines de blessés, attribué par l'ambassade au Hezbollah pro-iranien.

La chancellerie s'était installée dans ces locaux au nord de Beyrouth après un attentat suicide qui avait détruit l'ambassade en avril 1983 et fait 63 morts, en pleine guerre civile (1975-1990). L'attentat avait été revendiqué par le Djihad islamique, une nébuleuse liée selon Washington au Hezbollah.


Soudan du Sud: L'ONU dénonce une attaque meurtrière contre un convoi humanitaire

Les Nations unies ont prévenu que de telles attaques mettaient en danger l'acheminement sûr de l'aide au Soudan du Sud, le pays le plus dangereux au monde pour les humanitaires (Photo, AFP).
Les Nations unies ont prévenu que de telles attaques mettaient en danger l'acheminement sûr de l'aide au Soudan du Sud, le pays le plus dangereux au monde pour les humanitaires (Photo, AFP).
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  • Deux camions ont été attaqués samedi matin alors qu'ils revenaient à Juba après avoir convoyé de l'aide destinée à des familles à Yei
  • Depuis le début de l'année, 24 travailleurs humanitaires y ont été tués, selon l'ONU

GENÈVE: L'ONU a vivement dénoncé lundi une attaque meurtrière contre des camions livrant de l'assistance dans le sud du Soudan du Sud ce week-end, qui a entraîné une suspension de la livraison d'aide dans cette zone.

Deux camions ont été attaqués samedi matin alors qu'ils revenaient à Juba après avoir convoyé de l'aide destinée à des familles et des enfants à Yei dans l'Etat d'Equatoria Central (sud), a indiqué le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) dans un communiqué.

"Les deux chauffeurs ont été abattus et les deux camions ont été brûlés et détruits", a indiqué l'agence, "condamnant très fermement cette attaque meurtrière".

En conséquence, l'Unicef a "suspendu l'approvisionnement en aide dans cette région", a-t-elle indiqué.

Les Nations unies ont prévenu que de telles attaques mettaient en danger l'acheminement sûr de l'aide au Soudan du Sud, le pays le plus dangereux au monde pour les humanitaires.

Depuis le début de l'année, 24 travailleurs humanitaires y ont été tués, selon l'ONU.