Un comité de l'ONU épingle la France sur les droits de l'enfant

Les experts de l'ONU se disent-ils «gravement préoccupés» par la situation des enfants migrants ou demandeurs d'asile (Photo, AFP).
Les experts de l'ONU se disent-ils «gravement préoccupés» par la situation des enfants migrants ou demandeurs d'asile (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 03 juin 2023

Un comité de l'ONU épingle la France sur les droits de l'enfant

  • La France doit prendre des «mesures urgentes» pour mieux protéger les plus jeunes, a estimé vendredi le Comité des droits de l'enfant de l'ONU
  • Le comité basé à Genève salue certaines avancées obtenues en France depuis son dernier rapport sur le sujet, en 2016, mais fait part également de sa préoccupation sur de nombreux points

PARIS: Migrants mineurs privés de liberté, hausse de la pauvreté touchant les enfants: la France doit prendre des "mesures urgentes" pour mieux protéger les plus jeunes, a estimé vendredi le Comité des droits de l'enfant de l'ONU.

Dans un rapport d'évaluation, le comité basé à Genève salue certaines avancées obtenues en France depuis son dernier rapport sur le sujet, en 2016, mais fait part également de sa préoccupation sur de nombreux points.

Parmi les aspects positifs, les experts de l'ONU notent que la France a interdit la fessée et lancé une stratégie nationale de protection de l'enfance, qu'elle combat depuis 2021 la prostitution des mineurs, ou encore qu'elle a accepté de rapatrier de Syrie un "nombre significatif" d'enfants français de combattants djihadistes.

Mais de nombreux points négatifs sont également mis en avant dans ce rapport qui appelle les autorités à agir.

Ainsi les experts se disent-ils "gravement préoccupés" par la situation des enfants migrants ou demandeurs d'asile. Ils demandent notamment la fin de la "détention d'enfants pour des raisons d'immigration, y compris dans les zones d'attente" des aéroports.

Récemment, cette réforme a été évoquée par le gouvernement dans son projet de loi immigration (dont une nouvelle mouture doit être présentée cet été), mais seulement pour les moins de 16 ans.

Pourtant, "si on veut respecter le droit international, il ne doit pas y avoir d'enfant enfermé, quel que soit son âge", a souligné auprès de l'AFP Laure Palun, de l'Association nationale d'assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé).

Les autorités devraient également cesser de recourir à des tests osseux pour évaluer l'âge des étrangers isolés qui se présentent comme mineurs, car cette méthode est peu fiable, souligne le Comité de l'ONU.

«Accès limité» aux structures de protection

Lorsque ces personnes ne sont pas reconnues comme mineures mais qu'elles contestent cette décision, elles devraient se voir accorder le "bénéfice du doute" le temps que leur recours soit examiné, estiment les experts.

Les rapporteurs déplorent, par ailleurs, que de nombreux mineurs non accompagnés n'aient qu'un "accès limité" aux structures de protection de l'enfance, à "la santé et à l'éducation, ainsi qu'à l'hébergement".

La France devrait également "reconsidérer" la réglementation particulière qui s'applique à Mayotte en matière de droit du sol et qui limite l'accession automatique à la nationalité française des enfants nés sur l'île de parents étrangers.

Au-delà du cas des jeunes migrants, le comité onusien s'inquiète des délais d'exécution "excessivement longs" des décisions judiciaires en matière de protection des enfants vulnérables, des cas de "violences et mauvais traitements contre des enfants placés en institutions", ou encore des trop fréquents changements de famille d'accueil subis par les enfants placés.

Autre préoccupation, le "nombre croissant d'enfants" touchés par la pauvreté, notamment dans les familles monoparentales. L'ONU dénonce la persistance de "bidonvilles" et des situations de mal-logement où les enfants restent longtemps dans des hébergements "d'urgence".

Nouveau plan de lutte

Le gouvernement a "bien conscience des urgences et du chemin qui reste à parcourir", a réagi l'entourage de la secrétaire d'Etat chargée de l'Enfance Charlotte Caubel, qui avait mené en mai la délégation française venue en visite à Genève.

"La France prend acte des points de vigilance que le comité a portés à son attention et relève qu'ils rejoignent largement ses priorités", a-t-elle également relevé dans un communiqué co-signé avec la cheffe de la diplomatie Catherine Colonna.

L'exécutif doit notamment annoncer prochainement un nouveau plan de lutte contre les violences faites aux enfants, ainsi qu'une campagne de communication sur les violences sexuelles, ont fait valoir les deux ministres.

Les observations du Comité de l'ONU "témoignent de ce que l'écart est encore trop grand entre les droits proclamés et leur application concrète au plus près des enfants", a observé pour sa part le Défenseur des droits. Améliorer les choses dans ce domaine relève de la responsabilité de l'Etat, mais aussi à la "société civile" tout entière, a-t-il observé dans un communiqué.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.