L'approvisionnement en énergie n'est pas une question politique, déclare le ministre hongrois des AE

«Si nous supprimons les ressources russes, l'infrastructure restante n'aura pas la capacité de nous fournir suffisamment de gaz et de pétrole», a déclaré Peter Szijjarto à Arab News (Photo, AN/Huda Bashatah).
«Si nous supprimons les ressources russes, l'infrastructure restante n'aura pas la capacité de nous fournir suffisamment de gaz et de pétrole», a déclaré Peter Szijjarto à Arab News (Photo, AN/Huda Bashatah).
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Publié le Vendredi 09 juin 2023

L'approvisionnement en énergie n'est pas une question politique, déclare le ministre hongrois des AE

  • Le plus haut diplomate de Budapest affirme que les sanctions «ratées» de l'UE sont «beaucoup plus préjudiciables aux pays européens qu'à la Russie elle-même»
  • Le ministre salue les relations entre la Hongrie et l'Arabie saoudite, fondées sur le respect, lors de sa visite à Riyad pour la conférence sur la lutte contre le terrorisme

RIYAD: Le ministre hongrois des Affaires étrangères et du commerce, Peter Szijjarto, a critiqué les sanctions de l'UE visant la Russie dans le cadre de la guerre en Ukraine, affirmant qu'elles ont nui aux économies européennes tout en ne parvenant pas à mettre fin au conflit.

S'adressant à Arab News en marge de la réunion ministérielle de la Coalition mondiale pour vaincre l'État islamique, qui s'est tenue à Riyad jeudi, Szijjarto s'en est pris aux critiques européennes qui accusent Budapest de ne pas boycotter l'énergie russe.

«L'approvisionnement en énergie est une question physique, pas une question politique», a-t-il déclaré. «Il est impossible de chauffer ou de refroidir les maisons et les appartements avec des idéologies ou des déclarations politiques.»

Citant la proximité géographique de la Hongrie avec la Russie et les oléoducs actuellement disponibles pour les pays européens, Szijjarto a indiqué que son pays n'avait guère d'autre choix que de continuer à s'approvisionner en pétrole et en gaz auprès de la Russie pour répondre à ses besoins.

«Si vous regardez la carte des infrastructures de l'Europe centrale, en ce qui concerne l'énergie, vous verrez qu'en raison de la nature physique des infrastructures, la Russie est inévitable et extrêmement importante pour nous, du point de vue de la sécurité de l'approvisionnement en énergie», a-t-il expliqué.

«Si nous supprimons les ressources russes, les infrastructures restantes n'ont pas la capacité de nous fournir suffisamment de gaz et de pétrole.

«La question que je pose toujours à mes collègues européens, qui sont très hypocrites et qui nous accusent, est de savoir s'ils sont capables de remplacer les livraisons russes par du gaz et du pétrole, même en tenant compte du manque d'infrastructures. S'il n'y a pas de gazoduc, comment diable vont-ils nous livrer du gaz ou du pétrole ?»

La guerre en Ukraine a mis à rude épreuve les pays d'Europe de l'Est, qui ont ouvert leurs portes à des millions de réfugiés ukrainiens après l'invasion massive de la Russie, en février de l'année dernière.

Le conflit et les sanctions occidentales qui l'ont suivi ont également eu pour conséquence une forte hausse des prix de l'énergie, des denrées alimentaires et d'autres produits de base, qui ont exercé des pressions inflationnistes, durement ressenties dans toute l'Europe.

«Ces sanctions n'ont aucun sens», a souligné Szijjarto. «Elles sont bien plus préjudiciables aux pays européens qu'à la Russie elle-même. Elles ont été introduites dans le but de mettre la Russie à genoux, économiquement parlant, et de la rendre ainsi incapable de poursuivre la guerre.

«C'était il y a un an. Qu'en est-il aujourd'hui ? Nous discutons maintenant de la onzième série de sanctions, alors que les dix premières ont échoué, totalement échoué.

«La Russie est certainement confrontée à des défis économiques, mais je suis presque sûr que nous, Européens, sommes confrontés à des défis économiques plus graves qu’elle. Et, d'un autre côté, nous ne sommes pas plus proches de la paix non plus.»

Cours du pétrole

Szijjarto a salué les propositions de médiation saoudiennes entre la Russie et l'Ukraine, estimant que le conflit ne pouvait être résolu que par des moyens diplomatiques. Il a également salué les efforts de Riyad pour stabiliser les prix mondiaux de l'énergie.

«Pour nous, l'objectif le plus important concernant la guerre en Ukraine est d'instaurer la paix le plus rapidement possible. Il est évident que cette guerre n'a pas de solution sur le champ de bataille. Cette guerre n'a de solution qu'à la table des négociations», a-t-il estimé.

«La diplomatie doit prendre le dessus, car si la diplomatie ne peut pas prendre la relève, la guerre durera plus longtemps. Plus la guerre durera, plus il y aura de morts. Et ce n'est pas ce que nous voulons. Nous voulons la paix le plus rapidement possible.

«C'est pourquoi nous apprécions absolument les efforts de médiation et le rôle stabilisateur joué, par exemple, par l'Arabie saoudite, car la stabilité, la prévisibilité à cet égard, sont des éléments fiables et ont une importance accrue.

«Nous espérons que les efforts de médiation déployés, par exemple, par les autorités saoudiennes, seront couronnés de succès à l'avenir et nous vous demandons de continuer à les déployer. Plus il y a d'efforts de médiation, plus il y a de plans de paix, plus il y a de chances que la paix arrive.»

La réunion ministérielle, pour laquelle Szijjarto était à Riyad, a attiré les plus hauts diplomates de plusieurs pays, dont le secrétaire d'État américain, Antony Blinken.

Daech, également connu sous le nom d’État islamique, s'est emparé de vastes zones de territoire en Irak et en Syrie en 2014 avant que la coalition ne parvienne finalement à déloger ses combattants de leurs derniers bastions en 2019.

Les membres et sympathisants du groupe ont par ailleurs été responsables de plusieurs attentats ayant fait de nombreuses victimes en Europe et ailleurs, ce qui a incité les gouvernements à revoir leurs politiques de sécurité et à réorganiser les protocoles de filtrage des migrants et des réfugiés.

Mais les analystes s'inquiètent aujourd'hui du fait que l'attention portée par le monde à la guerre en Ukraine risque de détourner l'attention de la menace permanente que représente l'extrémisme islamique.

«La Hongrie est très préoccupée par la menace croissante de la terreur, car cette menace entraîne généralement des flux supplémentaires, tels que l'immigration massive vers l'Europe. Ces flux constituent également un risque assez sérieux pour la sécurité», a prévenu Szijjarto.

«Puisque l'Europe est aujourd'hui confrontée au défi posé par la guerre en Ukraine, un autre type de défi en matière de sécurité serait ingérable pour nous. Par conséquent, il est d'une importance cruciale pour nous, Européens, que la menace du terrorisme diminue. Et sans vaincre Daech, sans repousser l’État islamique, il est impossible de réduire la menace du terrorisme.»

Lutte contre Daech

Szijjarto a souligné qu'il appréciait les efforts déployés par l’Arabie saoudite pour maintenir la question du terrorisme en tête de l'agenda international et a mis en garde contre toute complaisance.

«Nous apprécions le rôle de l'Arabie saoudite dans la lutte contre le terrorisme, dans la lutte contre Daech. Et nous sommes vraiment reconnaissants aux autorités saoudiennes d'avoir organisé la réunion de la coalition anti-Daech car nous croyons que les efforts de cette coalition devraient maintenant être renforcés à de nombreuses occasions.

«Chaque fois que Daech se renforce, les flux migratoires s'intensifient. Et chaque fois qu'il y a plus de personnes impliquées dans les flux migratoires, plus de terroristes ont la possibilité de venir en Europe. Une menace terroriste accrue ici se traduit généralement par une menace terroriste accrue en Europe.»

En janvier 2020, Szijjarto a déclaré que les entreprises hongroises étaient bien placées pour jouer un rôle dans la Vision 2030 – le programme saoudien de diversification économique et de réforme sociale – en particulier dans les domaines de l'agriculture, du logement et de l'électronique.

Interrogé sur l'évolution des relations entre l'Arabie saoudite et la Hongrie depuis lors, le ministre a affirmé que les conditions étaient désormais réunies pour une expansion des échanges et des investissements.

«Les technologies sur lesquelles les entreprises, les universités et les instituts de recherche hongrois ont essentiellement travaillé sont très utiles pour le développement de l'économie saoudienne», a-t-il insisté.

«Vous avez fait d'énormes efforts ici en Arabie saoudite pour moderniser les infrastructures, mais pour le développement futur, les entreprises hongroises sont également à votre disposition.

«L'Arabie saoudite et la Hongrie entretiennent une coopération politique fondée sur la confiance et le respect, sans aucun problème en suspens. C'est donc aux entreprises de trouver un moyen de travailler ensemble.

«Ce que les deux gouvernements peuvent faire, c'est ouvrir la voie pour établir les conditions juridiques et financières et les garanties nécessaires, ce que nous avons fait. Il appartient maintenant aux entreprises de tirer le meilleur parti possible de cette bonne coopération politique.»

Vague migratoire

La crise au Soudan, où l'armée et un groupe paramilitaire s'affrontent depuis le 15 avril, figure également parmi les priorités de l'agenda international. Le conflit a entraîné le déplacement de plus d'un million de personnes et provoqué une situation d'urgence humanitaire.

L'Arabie saoudite et ses alliés américains ont pris la tête des efforts de médiation, en accueillant des représentants des deux parties pour des pourparlers de cessez-le-feu dans la ville côtière de Djeddah.

Szijjarto a mentionné qu'une solution devait être trouvée rapidement afin d’éviter une nouvelle vague de migration vers l'Europe, ajoutant que l'UE avait un rôle à jouer pour soutenir les voisins du Soudan, qui accueillent désormais des centaines de milliers de personnes déplacées.

«Nous comprenons que les pays voisins du Soudan sont aujourd'hui confrontés à un énorme défi posé par le nombre considérable de réfugiés», a souligné Szijjarto.

«Par conséquent, nous demandons instamment à l'UE de transférer un volume accru de soutien financier et d'aide à ces pays voisins afin de pouvoir prendre en charge les réfugiés, de ne pas perdre la stabilité, de ne pas supporter un fardeau trop lourd, financièrement parlant, et de ne pas en arriver à une situation dans laquelle les pays voisins deviennent en quelque sorte des pays de transit. Ensuite, le flux de réfugiés se transformera en flux de migrants. Et après cela, il s'agirait d'un ensemble de développements totalement irréguliers», a-t-il clarifié.

Dans ces conditions, «nous souhaitons la stabilité le plus rapidement possible, nous souhaitons que les personnes qui ont dû fuir puissent revenir le plus rapidement possible et que l'ensemble des pays voisins devienne plus stable», a soutenu Szijjarto.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Turquie: le chef kurde Öcalan veut agir avec «sérieux et responsabilité»

 Le chef emprisonné de la guérilla kurde Abdullah Öcalan appelle à agir avec "sérieux et sens des responsabilités" pour mener le processus de paix en cours avec la Turquie à son terme, dans un message publié mardi par des députés turcs. (AFP)
Le chef emprisonné de la guérilla kurde Abdullah Öcalan appelle à agir avec "sérieux et sens des responsabilités" pour mener le processus de paix en cours avec la Turquie à son terme, dans un message publié mardi par des députés turcs. (AFP)
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  • "Pour passer à une phase positive, il est essentiel que chacun agisse avec sensibilité, sérieux et sens des responsabilités"
  • Abdullah Öcalan, qui a appelé en février son mouvement à se dissoudre, est détenu à l'isolement depuis 1999 sur l'île prison d'Imrali, au large d'Istanbul

ISTANBUL: Le chef emprisonné de la guérilla kurde Abdullah Öcalan appelle à agir avec "sérieux et sens des responsabilités" pour mener le processus de paix en cours avec la Turquie à son terme, dans un message publié mardi par des députés turcs.

"Pour passer à une phase positive, il est essentiel que chacun agisse avec sensibilité, sérieux et sens des responsabilités", écrit le leader historique du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), auquel une délégation du parti prokurde DEM a rendu visite lundi.

Abdullah Öcalan, qui a appelé en février son mouvement à se dissoudre, est détenu à l'isolement depuis 1999 sur l'île prison d'Imrali, au large d'Istanbul.

Le PKK a annoncé le 26 octobre le retrait vers le nord de l'Irak de ses derniers combattants présents en Turquie, complétant ainsi la première phase du processus de paix initié un an auparavant par Ankara.

Lors d'une cérémonie en juillet, une trentaine de combattants en treillis avaient symboliquement brûlé leurs armes.

Le parti prokurde, troisième force au Parlement, a appelé à "passer à la deuxième phase, à savoir les étapes juridiques et politiques".

"Nous nous efforçons de développer une phase positive, et non une phase destructrice et négative", poursuit M. Öcalan. "L'intégration du phénomène kurde dans toutes ses dimensions dans le cadre légal de la République et un processus de transition solide doivent en constituer le fondement", écrit-il.

Une commission parlementaire transpartisane planche depuis août sur une traduction légale et encadrée de cette transition vers la paix.

Elle doit notamment décider du sort d'Abdullah Öcalan et de possibles garanties de sécurité pour ses combattants.

La libération du leader kurde âgé de 76 ans est au cœur des demandes du PKK. Il a été autorisé en septembre à rencontrer ses avocats pour la première fois en six ans.

Selon des analystes, le PKK est affaibli par des décennies de guérilla qui ont fait au moins 50.000 morts, selon un bilan officiel. Et la communauté kurde, qui représente selon des estimations 20% de la population turque sur 86 millions d'habitants, est épuisée par un long conflit.


Un hôpital de Gaza déclare avoir reçu les corps de 15 prisonniers palestiniens

L'hôpital Nasser, dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé mercredi avoir reçu les corps de 15 prisonniers palestiniens dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu avec Israël. (AFP)
L'hôpital Nasser, dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé mercredi avoir reçu les corps de 15 prisonniers palestiniens dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu avec Israël. (AFP)
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  • Sur les 28 otages décédés que le Hamas avait accepté de remettre à Israël dans le cadre de l'accord, 21 ont été restitués à ce jour. Israël exige toujours la restitution des sept dernières dépouilles
  • Le mouvement islamiste palestinien a également libéré le 13 octobre les 20 derniers otages vivants retenus dans la bande de Gaza, en échange de la libération de près de 2.000 prisonniers palestiniens

KHAN YOUNES: L'hôpital Nasser, dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé mercredi avoir reçu les corps de 15 prisonniers palestiniens dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu avec Israël.

"La dixième série de dépouilles de martyrs palestiniens, soit 15 martyrs", est arrivée "dans le cadre de l'échange de dépouilles entre la partie palestinienne et l'occupation israélienne", a déclaré l'hôpital en précisant que 285 dépouilles ont été reçues dans la bande de Gaza depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre.

Sur les 28 otages décédés que le Hamas avait accepté de remettre à Israël dans le cadre de l'accord, 21 ont été restitués à ce jour. Israël exige toujours la restitution des sept dernières dépouilles.

Le mouvement islamiste palestinien a également libéré le 13 octobre les 20 derniers otages vivants retenus dans la bande de Gaza, en échange de la libération de près de 2.000 prisonniers palestiniens.

Mardi, la branche armée du Hamas a fait parvenir aux autorités israéliennes la dépouille d'une personne, identifiée mercredi comme Itay Chen, un soldat israélo-américain tué à l'âge de 19 ans.

Dans la bande de Gaza, des proches de personnes arrêtées par Israël et qui attendent leur retour ont dit lors de plusieurs remises de dépouilles par Israël que les corps étaient très difficiles à identifier.

Le service de presse du gouvernement du Hamas à Gaza a de nouveau accusé mercredi les autorités israéliennes de refuser de transmettre des listes de noms des personnes dont les dépouilles arrivent dans le territoire palestinien.


Soudan: 40 morts au Kordofan, les combats s'intensifient dans la région

Une attaque dans la ville stratégique d'El-Obeid, capitale régionale du Kordofan-Nord au Soudan, a fait au moins 40 morts, a annoncé mercredi l'ONU, pendant que les violences continuent dans la région voisine du Darfour. (AFP)
Une attaque dans la ville stratégique d'El-Obeid, capitale régionale du Kordofan-Nord au Soudan, a fait au moins 40 morts, a annoncé mercredi l'ONU, pendant que les violences continuent dans la région voisine du Darfour. (AFP)
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  • L'attaque, qui a visé un enterrement, s'est produite mardi sur la ville assiégée par les paramilitaires des Forces de Soutien Rapide (FSR), alors que les combats pour le contrôle de cette région du centre du Soudan se sont intensifiés ces derniers jours
  • "Des sources locales rapportent qu'au moins 40 civils ont été tués et des dizaines de blessés hier dans une attaque sur un rassemblement lors de funérailles"

PORT-SOUDAN: Une attaque dans la ville stratégique d'El-Obeid, capitale régionale du Kordofan-Nord au Soudan, a fait au moins 40 morts, a annoncé mercredi l'ONU, pendant que les violences continuent dans la région voisine du Darfour.

L'attaque, qui a visé un enterrement, s'est produite mardi sur la ville assiégée par les paramilitaires des Forces de Soutien Rapide (FSR), alors que les combats pour le contrôle de cette région du centre du Soudan se sont intensifiés ces derniers jours.

Le conflit entre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les FSR de Mohammed Daglo a éclaté en avril 2023 et se concentre désormais au Kordofan, région stratégique car située entre la capitale Khartoum, contrôlée par les militaires, et le Darfour, aux mains des paramilitaires.

"Des sources locales rapportent qu'au moins 40 civils ont été tués et des dizaines de blessés hier dans une attaque sur un rassemblement lors de funérailles" à El-Obeid, a déclaré le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).

Les violences continuent aussi au Darfour, selon l'Ocha, qui fait état de "multiples frappes aériennes et de drones" survenues dimanche, sans pouvoir donner de bilan du fait de l'accès limité au terrain et des difficultés de communications.

"Viols collectifs" 

Depuis la chute aux mains des paramilitaires le 26 octobre de la ville d'El-Facher, dernier bastion de l'armée au Darfour, l'ONU a fait état de massacres, viols, pillages et déplacements massifs de population.

"Nous nous réveillons en tremblant de peur, les images du massacre nous hantent", a témoigné Amira, mère de quatre enfants réfugiée à Tawila, une ville à environ 70 kilomètres d'El-Facher, où s'entassent les déplacés sous des bouts de tissus transformés en tentes ou en auvent.

"C'étaient des viols collectifs. Des viols collectifs en public, devant tout le monde, et personne ne pouvait les arrêter", a-t-elle raconté.

Des images satellite analysées par le Humanitarian Research Lab (HRL) de l'université américaine de Yale, qui documente la situation à El-Facher depuis le début du siège il y a 18 mois, ont permis de mettre en évidence des atrocités sur place.

Ces rapports ont déclenché l'"indignation générale", a déclaré à l'AFP Nathaniel Raymond, directeur du HRL qui croise les vidéos postées par des paramilitaires "en train de tuer des gens à un volume record" avec les images satellites afin de géolocaliser les exactions.

Le patron de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, s'est indigné des "attaques continues visant le système de santé", affirmant que quatre personnes, dont des enfants, avaient été tuées à l'hôpital pédiatrique de la région de Kernoi, au Darfour, près de la frontière du Tchad.

Pourparlers ou combats ? 

L'émissaire américain pour l'Afrique, Massad Boulos, s'est efforcé ces derniers jours, lors d'un déplacement au Caire, de finaliser une proposition de trêve humanitaire formulée mi-septembre sous son égide par un groupe de médiateurs incluant aussi l'Egypte, l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis.

Ce groupe de médiation, dit du Quad, travaille sur un plan global de paix pour le Soudan, mais ses dernières propositions sont restées lettre morte.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait pourtant exhorté mardi les belligérants à "venir à la table des négociations" et "mettre fin à ce cauchemar de violence".

Mais après avoir étudié la proposition de cessez-le-feu, les autorités pro-armée ont affirmé que la guerre allait continuer.

"Les préparatifs pour la bataille du peuple soudanais se poursuivent", a déclaré le ministre de la Défense, Hassan Kabroun.

Le Conseil de souveraineté présidé par le chef de l'armée, le général al-Burhane, a néanmoins présenté un plan pour "faciliter l'accès à l'aide humanitaire" et "la restauration de la sécurité et de la paix dans toutes les régions du Soudan", selon le compte-rendu du ministre.

 "Malnutrition sévère" 

"La situation sur le terrain est très compliquée", a reconnu la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt.

Plus de 71.000 civils ont fui El-Facher depuis sa chute et quelque 12.000 arrivées ont été enregistrées à Tawila, selon l'ONU.

La guerre entre l'armée et les FSR a déjà fait des dizaines de milliers de morts et près de 12 millions de déplacés, selon l'ONU.

La situation des populations déplacées reste critique, a averti l'Unicef en soulignant que 14,6% des enfants de moins de cinq ans souffraient de malnutrition sévère.