Tunisie: Lafico dans le bourbier de l’Hôtel du lac de Tunis

Le centre de la capitale tunisienne, Tunis (Photo, Fethi BELAID/AFP).
Le centre de la capitale tunisienne, Tunis (Photo, Fethi BELAID/AFP).
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Publié le Mardi 08 décembre 2020

Tunisie: Lafico dans le bourbier de l’Hôtel du lac de Tunis

  • L’État libyen avait l’intention de raser cet hôtel et d’édifier à la place une tour de 30 étages qui devait accueillir un hôtel 5 étoiles et un centre commercial
  • Ce « morceau de la mémoire nationale » est, d’après Zahra Mechergui, l’une des dix « merveilles » de l’architecture brutaliste dans le monde

TUNIS: Dix ans après avoir racheté cet établissement, le fonds d’investissement libyen n’a pas encore pu, pour diverses raisons, bâtir à la place l’hôtel de luxe et le centre commercial projetés. Aujourd’hui, il semble vouloir rattraper le temps perdu, mais sa tâche s’avère compliquée.

C’était l’une des attractions de l’hyper centre de Tunis, il en est devenu l’un des points noirs. Il s’agit de l’Hôtel du lac. Cet édifice en forme de triangle isocèle inversé, de style brutaliste (le brutalisme est un style inspiré des travaux de Le Corbusier, qui a vu le jour dans les années 1950), a été conçu par l’architecte italien Raffaele Contigiani pour le compte de la Société hôtelière et touristique de Tunisie (SHTT) – une entreprise publique qui avait lancé l’industrie touristique dans le pays dans les années 1960.

Inauguré en 1973, et cédé dans les années 1980 à la famille Bouslama, l’établissement avait été racheté en juin 2010 par la Libyan African Investment Company (Laico, ex-Laaico), filiale de la Libyan Arab Foreign Investment Company (Lafico). Ce bras financier de l’État libyen avait l’intention de raser cet hôtel et d’édifier à la place une tour de 30 étages qui devait accueillir un hôtel 5 étoiles et un centre commercial, le tout pour un investissement de 100 millions de dollars (1 dollar = 0,83 euro).

Dix ans plus tard, le projet est toujours dans les cartons. Pour diverses raisons. D’abord, la situation en Libye et en Tunisie ne s’y prêtait pas ces dernières années. Après la chute des régimes Ben Ali et Kadhafi en 2011, les deux pays ont traversé une phase d’instabilité guère propice à l’investissement, notamment dans les grands projets.

Ensuite, la Lafico Tunisie elle-même s’est trouvée prise dans un tourbillon judiciaire opposant deux camps en Libye et ayant pour enjeu le contrôle de l’entité. Enfin, le nouveau projet hôtelier du fonds d’investissement libyen en Tunisie n’a pas que des admirateurs. En fait, il a de nombreux détracteurs qui s’opposent à la démolition de l’Hôtel du lac considéré comme un bâtiment précieux à préserver du patrimoine architectural.

D’ailleurs, à la suite d’une interview de Zouhair Oukaa, directeur général de la Banque tuniso-libyenne (BTL), publiée le 30 octobre 2020 par l’hebdomadaire de langue arabe Al Anwar, dans laquelle ce dernier affirme que «tous les préparatifs ont été accomplis en vue de la démolition de ce monument et de sa transformation en un complexe composé d’un hôtel véritable bijou architectural qui sied à l’avenue Habib Bourguiba (principale artère de la capitale, ndlr) et d’un mall, la campagne contre le projet libyen a repris de plus belle.

Mouna Jemal Siala, professeure d’arts plastiques à l'Institut supérieur des beaux-arts de Tunis, et Manna Jemal, décoratrice d’intérieur, en particulier, ont repris le flambeau de la défense de l’Hôtel du lac en lançant vers la mi-novembre une campagne sur les réseaux sociaux pour défendre ce «morceau de la mémoire nationale» qui, d’après Zahra Mechergui, architecte et membre de l’association Édifices et mémoire, très active sur ce front, est l’une des dix « merveilles » de l’architecture brutaliste dans le monde.

En fait, il n’est pas sûr que la Lafico ait obtenu l’autorisation de démolir l’hôtel. Le patron de la BTL – qui, comme le patron de la Lafico Tunisie, n’a pas souhaité répondre à nos questions – ne dit pas clairement que la Lafico a obtenu cet indispensable sésame. Sa banque précise dans un post sur sa page Facebook que le fonds d’investissement attend « l’accord final des décideurs des deux États tunisien et libyen ».

De son côté, Mounir ben Miled, membre du Conseil de la municipalité de Tunis concernée au premier chef par ce dossier, assure que les Libyens « n’ont pas obtenu cette autorisation pour la simple raison que, à ce jour, ils ne l’ont pas demandée ». L’obtenir ne sera pas une mince affaire en raison de l’hostilité de divers acteurs de la société civile à la démolition de l’Hôtel du lac qui montent au créneau à chaque annonce du prochain passage à l’acte de la Lafico.

Cette situation semble désormais agacer au plus haut point la partie libyenne qui ne s’est pas privée de le faire savoir. Un responsable de la Lafico Libye a ainsi rebondi sur le propos du directeur général de la BTL et déclaré le 3 novembre 2020 au site web libyen sada.ly que sa firme « ne tire que fardeaux et coûts supplémentaires » de l’Hôtel du lac. Et fait comprendre à demi-mots qu’il n’y a pas d’alternative à la démolition. Car cet établissement « se trouve dans une zone à forte densité d’immeubles très hauts dont des banques et des organismes gouvernementaux, parmi lesquels le ministère de l’Intérieur, de sorte qu’il est difficile de distinguer l’hôtel, malgré sa beauté architecturale. Ce qui limite les alternatives envisageables. »

Oukaa, lui, est encore plus explicite. « Des études réalisées par des cabinets d’ingénierie civile ont conclu que l’immeuble qui date des années 1970 menace de s’effondrer dans les trois ans à venir », assène-t-il. Et, pour faire passer l’amère pilule de l’éventuelle démolition de l’Hôtel du lac, il promet que le nouveau projet, qui se situe à quelques centaines de mètres du Lafico Hôtel Tunis, un 5 étoiles appartenant à une autre société libyenne (Laico Hotels & Resorts), « créera 1 200 emplois et dynamisera l’activité économique dans la capitale ».

Les autorités tunisiennes confrontées à une très difficile situation économique, financière et sociale, seront-elles sensibles à cet argument et accepteront-elles de prendre le risque d’aller à l’encontre de l’opinion publique en délivrant à la Lafico l’autorisation de raser le deuxième ancien grand hôtel du centre de Tunis, après l’hôtel Africa ?


Les clubs de la Saudi Pro League démentent toute discussion avec Mohamed Salah

Les clubs de football saoudiens n'ont pas envisagé de négocier le transfert de l'attaquant égyptien de Liverpool Mohamed Salah vers la Ligue professionnelle saoudienne, ont déclaré mercredi des sources officielles saoudiennes à Asharq Al-Awsat. (X/@FabrizioRomano)
Les clubs de football saoudiens n'ont pas envisagé de négocier le transfert de l'attaquant égyptien de Liverpool Mohamed Salah vers la Ligue professionnelle saoudienne, ont déclaré mercredi des sources officielles saoudiennes à Asharq Al-Awsat. (X/@FabrizioRomano)
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  • Un article d’Asharq Al-Awsat qualifie d’« rumeurs infondées » les insinuations médiatiques évoquant un possible départ de Salah vers le Royaume
  • Des sources affirment que les grands clubs Al-Hilal, Al-Nassr, Al-Ittihad et Al-Ahli, ainsi qu’Al-Qadisiyah et NEOM, n’ont jamais envisagé de contacter Salah, Liverpool ou son agent

RIYAD : Les clubs saoudiens n’ont à aucun moment envisagé de négocier le transfert de l’attaquant égyptien de Liverpool, Mohamed Salah, vers la Saudi Pro League, ont indiqué mercredi des sources officielles saoudiennes à Asharq Al-Awsat.

Des spéculations médiatiques au sujet de possibles discussions entre Salah et des clubs du Royaume ont émergé plus tôt cette semaine, après que le joueur a critiqué la direction du Liverpool Football Club et l’entraîneur Arne Slot.

Cependant, des sources saoudiennes ont rejeté ces affirmations, les qualifiant de « news promotionnelles » diffusées par l’agent de Salah et son entourage.

Les clubs de la Roshn Saudi League « n’ont entrepris aucune démarche » en ce sens, notamment en raison du contrat actuel de Salah, valable jusqu’à la mi-2027, ont ajouté les sources.

Selon elles, impliquer des clubs saoudiens est devenu une pratique courante chez plusieurs joueurs internationaux en conflit avec leurs clubs, afin d’augmenter leur valeur sur le marché ou de créer un intérêt artificiel.

Les clubs Al-Hilal, Al-Nassr, Al-Ittihad et Al-Ahli, ainsi qu’Al-Qadisiyah et NEOM, n’ont tenu aucune discussion et n’ont même pas envisagé de prendre contact avec Salah, Liverpool ou son agent, ont précisé les sources.

Asharq Al-Awsat a publié mardi un démenti officiel d’une source au sein d’Al-Hilal, qualifiant les informations de « rumeurs sans fondement ».

Le journal a également publié un démenti similaire provenant de sources internes à Al-Qadisiyah, qui ont confirmé que le club, propriété d'Aramco, n'avait aucune intention de recruter Salah.

Omar Maghrabi, PDG de la SPL, a déclaré mercredi lors de son discours au World Football Summit que Salah serait le bienvenu dans le championnat saoudien, mais que les clubs restent les parties responsables des négociations avec les joueurs.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Asharq Al-Awsat


Israël réaffirme que le Hamas «sera désarmé», face à la proposition d'un «gel»

L'ancien numéro un du Hamas a proposé de geler l'armement du mouvement, en échange d'une trêve durable à Gaza, se disant ouvert à la présence d'une force internationale de maintien de la paix à la frontière du territoire palestinien avec Israël. (AFP)
L'ancien numéro un du Hamas a proposé de geler l'armement du mouvement, en échange d'une trêve durable à Gaza, se disant ouvert à la présence d'une force internationale de maintien de la paix à la frontière du territoire palestinien avec Israël. (AFP)
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  • Le Hamas "sera désarmé" dans le cadre du plan Trump, a déclaré jeudi un responsable gouvernemental israélien
  • "Le groupe terroriste sera désarmé et Gaza sera démilitarisée", a affirmé le responsable sous couvert d'anonymat, en réponse à une question de l'AFP sur les déclarations de Khaled Mechaal

JERUSALEM: Le Hamas "sera désarmé" dans le cadre du plan Trump, a déclaré jeudi un responsable gouvernemental israélien, au lendemain de la proposition d'un dirigeant du mouvement islamiste palestinien de geler l'armement.

"Le groupe terroriste sera désarmé et Gaza sera démilitarisée", a affirmé le responsable sous couvert d'anonymat, en réponse à une question de l'AFP sur les déclarations de Khaled Mechaal dans un entretien mercredi à la chaîne qatarie Al Jazeera.

L'ancien numéro un du Hamas a proposé de geler l'armement du mouvement, en échange d'une trêve durable à Gaza, se disant ouvert à la présence d'une force internationale de maintien de la paix à la frontière du territoire palestinien avec Israël.

 

 


Oman et le Liban appellent à un retrait total d’Israël et exhortent à la fin des attaques

Joseph Aoun et le sultan Haitham bin Tariq. (Fourni)
Joseph Aoun et le sultan Haitham bin Tariq. (Fourni)
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  • Joseph Aoun et le sultan Haitham ben Tariq lancent un appel conjoint pour un arrêt immédiat des attaques israéliennes sur le territoire libanais
  • Réaffirmation de la position arabe unifiée en faveur de la fin de l’occupation israélienne et de l’établissement d’un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967

​​​​​​BEYROUTH : Le président libanais Joseph Aoun et son homologue omanais, le sultan Haitham ben Tariq, ont lancé mercredi un appel conjoint pour un arrêt immédiat des attaques israéliennes sur le territoire libanais et un retrait total de toutes les terres arabes occupées, avertissant que la poursuite des violations constitue une menace directe pour la stabilité régionale.

La déclaration a été faite lors d’un sommet de haut niveau à Mascate, où les deux dirigeants ont exprimé leur « profonde préoccupation face à l’agression israélienne en cours » et qualifié l’occupation de « violation flagrante » de la Résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU ainsi que d’autres résolutions internationales.

Les deux parties ont également exprimé leur soutien aux efforts internationaux visant à apaiser les tensions, stabiliser la situation sur le terrain, faciliter le retour des personnes déplacées et faire progresser la reconstruction post-conflit.

Aoun conduisait une délégation ministérielle libanaise à Oman, comprenant les ministres des affaires étrangères, de l’intérieur, de la défense, de la santé et de l’agriculture, pour des discussions avec des responsables omanais.

La déclaration commune a mis l'accent sur le renforcement des relations bilatérales et l'élargissement de la coopération dans des secteurs clés tels que la politique, l'économie, l'investissement, le secteur bancaire, le tourisme, les transports et la logistique.

Les deux parties ont appelé à engager rapidement les préparatifs pour tenir la première session du Comité mixte omano-libanais, coprésidé par les ministres des affaires étrangères à Mascate, et à poursuivre de nouveaux accords et mémorandums d’entente destinés à renforcer la collaboration dans le commerce, la culture et la science. La déclaration a également souligné la nécessité de dynamiser la participation du secteur privé dans les opportunités de développement partagé.

La partie omanaise a réaffirmé son plein soutien à la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale du Liban, ainsi qu’au renforcement des institutions étatiques libanaises, en particulier l’armée et les forces de sécurité légitimes, et à l’appui apporté au pays dans ses réformes économiques, financières et administratives.

Les deux parties ont réaffirmé la position arabe unifiée appelant à mettre fin à l’occupation israélienne et à établir un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. Elles ont également souligné l’importance de renforcer la solidarité arabe, de respecter la souveraineté des États et de promouvoir les principes de bon voisinage et de droit international.

La visite officielle d’Aoun à Oman s’inscrivait dans le rôle établi de Mascate en tant que médiateur régional et international. Lors de ses rencontres, Aoun a salué le statut diplomatique et l’approche du Sultanat, la qualifiant de « sage et responsable ».

Il a salué la politique étrangère d’Oman, fondée sur le dialogue, la médiation, l’équilibre et le bon voisinage, estimant qu’elle avait conféré au Sultanat « un statut distingué et un rôle pivot dans la promotion de la stabilité et la résolution des conflits par des moyens pacifiques ».

Aoun a déclaré qu’au Liban, « nous tenons cette approche sage en haute estime et accordons une grande valeur au soutien constant du Sultanat envers le Liban dans divers forums internationaux, ainsi qu’à son appui face aux défis qui se dressent devant nous ».

Pour sa part, le sultan Haitham ben Tariq a réaffirmé l’engagement continu d’Oman envers la stabilité du Liban et son suivi attentif des développements récents dans le pays.

Il a souligné la profondeur des relations entre les deux pays et l’importance de renforcer la coopération et la coordination bilatérales. Le sultan a également salué les contributions positives de la communauté libanaise à Oman.

En marge de la visite, le ministre libanais de l’intérieur Ahmed Al-Hajjar a tenu une réunion avec son homologue omanais, Hamoud ben Faisal Al-Busaidi, au palais Al-Alam à Mascate. Ils ont souligné le renforcement de la coopération conjointe, en particulier dans les domaines de la sécurité et du maintien de l’ordre.

Selon une déclaration conjointe, les discussions ont également porté sur les efforts du Liban pour consolider la sécurité interne et maintenir la stabilité.

Ont participé aux discussions élargies, côté omanais : Al-Busaidi ; Shihab ben Tariq Al-Saïd, vice-premier ministre chargé des affaires de défense ; Badr ben Hamad Al-Busaidi, ministre des affaires étrangères ; Hamad ben Saïd Al-Aufi, chef du cabinet privé ; Mahad ben Saïd Ba’owain, ministre du travail et chef de la mission d’honneur ; Saoud ben Hamoud Al-Habsi, ministre de l'Agriculture, de la Pêche et des Ressources hydriques ; et Hilal ben Ali Al-Sabti, ministre de la santé.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com