Fin du cessez-le-feu avec le PKK: les futures offensives de l’armée turque en question

Le ministère turc de la Défense a annoncé mercredi que 41 terroristes avaient été «neutralisés» après l'utilisation de drones armés dans le nord de la Syrie (Photo, AFP).
Le ministère turc de la Défense a annoncé mercredi que 41 terroristes avaient été «neutralisés» après l'utilisation de drones armés dans le nord de la Syrie (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 15 juin 2023

Fin du cessez-le-feu avec le PKK: les futures offensives de l’armée turque en question

  • Le cessez-le-feu avait été mis en place à la suite des tremblements de terre dévastateurs de février qui ont frappé la Turquie et la Syrie
  • «Cette situation, ainsi que les récentes mesures régionales visant à normaliser les relations avec le régime de Bachar al-Assad, ont créé des conditions qui favorisent l'instabilité»

ANKARA: Tous les regards sont désormais tournés vers l'appareil sécuritaire d'Ankara et les prochaines mesures politiques de la Turquie après que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a déclaré la fin de son cessez-le-feu unilatéral de quatre mois.

Cela a suscité un débat sur l'impact que la fin de la trêve aura sur les relations entre la Turquie et les États-Unis, compte tenu de la présence américaine dans le nord-est de la Syrie et dans le contexte de son partenariat local avec les Forces démocratiques syriennes, une alliance de milices dirigée par le YPG kurde syrien, considéré comme l'affilié syrien du PKK.

Charles Lister, chercheur principal et directeur du Middle East Institute, a déclaré sur Twitter : «En fonction de la manière dont le PKK reprend ses attaques, cela pourrait placer les États-Unis sous une pression considérable dans le nord-est de la Syrie, aux côtés des Forces démocratiques syriennes (FDS).»

Le cessez-le-feu a été mis en place à la suite des tremblements de terre dévastateurs de février qui ont frappé la Turquie et la Syrie et tué des dizaines de milliers de personnes. Il s'est déroulé pendant la période électorale en Turquie.

L’Union des communautés du Kurdistan, l'organe de coordination représentant les structures régionales du PKK, a justifié la fin du cessez-le-feu en affirmant que «les forces turques ont poursuivi leurs assauts contre les cachettes du PKK dans les montagnes de Qandil et dans la région du Kurdistan irakien», tout en «attaquant des civils à Sinjar et à Makhmour.»

Le PKK figure sur la liste des organisations terroristes interdites en Turquie, en Europe et aux États-Unis.

Huseyin Arasan, membre du PKK, a récemment été blessé lors d'une frappe aérienne à Sulaymānīyah et est décédé le lendemain. Le quotidien pro-gouvernemental Yeni Safak a rapporté qu'il avait été tué à la suite d'une opération spéciale de l'agence de renseignement turque.

Par ailleurs, le ministère turc de la Défense a annoncé mercredi que 41 terroristes avaient été «neutralisés» après l'utilisation de drones armés dans le nord de la Syrie.

Colin P. Clarke, directeur de recherche au Soufan Group, une société américaine de conseil en matière de renseignement et de sécurité, estime que la fin du cessez-le-feu du PKK encouragera la Turquie à devenir plus agressive dans ses opérations.

Il a déclaré à Arab News : «Maintenant que le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a été réélu, il sera moins préoccupé par les opérations qui irritent les États-Unis.

«La question des FDS n'est qu'une des nombreuses questions importantes entre Ankara et Washington, et je m'attends à ce qu'Erdogan utilise l'adhésion de la Suède à l'Otan et d'autres questions similaires pour obtenir plus de flexibilité dans la lutte contre le PKK.»

L’armée turque déployée

La Turquie doit organiser des réunions avec la Suède et la Finlande avant le sommet de l'Otan qui se tiendra à Vilnius les 11 et 12 juillet prochains.

Pour débloquer la candidature suédoise à l'Otan, Ankara souhaite que Stockholm empêche les membres du PKK d'opérer dans le pays et a demandé à la Suède de répondre aux préoccupations sécuritaires de la Turquie en matière de terrorisme, Erdogan ayant accusé Stockholm d'être un refuge pour les terroristes du PKK.

La Cour suprême de Suède a récemment donné son feu vert au gouvernement pour l'extradition d'un partisan du PKK vers la Turquie.

Lister estime que la conclusion des élections en Turquie a ouvert la voie à une escalade des opérations contre les éléments du PKK dans le nord de la Syrie.

Il a révélé à Arab News : «Les frappes turques se sont déployées ces derniers jours, couvrant plus d'une douzaine de localités, et les forces du régime syrien ont également été touchées.

«Cette situation, ainsi que les récentes mesures régionales visant à normaliser les relations avec le régime de Bachar al-Assad, ont créé des conditions qui favorisent l'instabilité plutôt que la stabilité», a ajouté Lister.

Selon lui, la Turquie profite de cette occasion, mais en réponse, le PKK fait de même.

Il a indiqué : «Alors que la normalisation régionale avec Al-Assad se poursuit, le scepticisme à long terme du PKK à l'égard de l'alliance avec les États-Unis apparaît également au premier plan, ce qui affaiblit la capacité des FDS à contenir les tendances les plus radicales du PKK.

«Nous entrons dans une période d'instabilité profonde dans la crise syrienne et, dans ce contexte, la capacité de la coalition dirigée par les États-Unis à maintenir le contrôle dans le nord-est sera soumise à une pression importante», a-t-il expliqué.

Berkay Mandiraci, analyste principal pour la Turquie à l'International Crisis Group, a déclaré à Arab News : «Ankara a toujours l'intention de continuer à lutter contre le PKK et ses affiliés dans la région.

«Un changement de cap vers la désescalade reste une perspective lointaine. La poursuite du soutien américain aux FDS dans le nord-est de la Syrie reste une préoccupation majeure pour Ankara, et aucune issue facile ne semble en vue.»

L’International Crisis Group met régulièrement à jour un explicatif visuel sur le conflit du PKK en Turquie. Pour plus d'informations, https://www.crisisgroup.org/content/turkeys-pkk-conflict-visual-explainer

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
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  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
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  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.