Liban: Le pays toujours sans président, des manifestants prennent des banques d’assaut

Un manifestant jette une bouteille d’essence sur la devanture de la Bank Audi lors d’une manifestation pour réclamer le déblocage de l’épargne des déposants, à Beyrouth, le 15 juin 2023 (Photo, AP).
Un manifestant jette une bouteille d’essence sur la devanture de la Bank Audi lors d’une manifestation pour réclamer le déblocage de l’épargne des déposants, à Beyrouth, le 15 juin 2023 (Photo, AP).
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Publié le Vendredi 16 juin 2023

Liban: Le pays toujours sans président, des manifestants prennent des banques d’assaut

  • Les déposants mécontents sont descend dusans les rues de Sin el-Fil, dans le gouvernorat du Mont-Liban
  • Le Liban connaît actuellement une polarisation intense, les forces politiques s’alignant sur deux camps semblables aux précédentes alliances du 8 mars et du 14 mars

BEYROUTH: Jeudi, des manifestants ont vandalisé les devantures de plusieurs banques et mis le feu à des pneus dans une banlieue située à environ 8 km à l’est de Beyrouth, exaspérés de se voir refuser l’accès à leur argent.

Les attaques ont visé des branches de la Bank Audi, de la Bank of Beirut et de la Byblos Bank à Sin el-Fil, dans le gouvernorat du Mont-Liban. Des soldats et des agents des Forces de sécurité intérieure (FSI) ont été déployés dans plusieurs banques de Beyrouth par crainte d’attaques similaires.

D’autres groupes ont manifesté devant la mosquée Al-Amine, dans le centre-ville de Beyrouth, en brandissant des banderoles condamnant tout empiètement sur leurs fonds et accusant les magistrats de corruption.

Ils ont exigé la restitution de leur argent et ont demandé que le gouverneur de la banque centrale, Riad Salamé, l’Association des banques et tous les autres responsables impliqués dans des affaires de corruption soient amenés à rendre des comptes.

Issam Charafeddine, ministre sortant des Déplacés, qui représente le Parti démocratique libanais dirigé par Talal Arslane, allié du Hezbollah et du régime syrien, s’est joint aux manifestants.

Le Liban toujours sans président

Les manifestations se sont déroulées seulement un jour après que le Parlement libanais a échoué à élire un président pour la douzième fois.

Selon un observateur politique qui a requis l’anonymat, les manifestations qui ont eu lieu dans les rues de cette région à prédominance chrétienne véhiculaient un message politique.

«Les manifestations devant les banques visent à envoyer un message politique afin d’exercer une  pression sur l’opposition, qui refuse le candidat du Hezbollah, Sleiman Frangié, à la présidence», a-t-il déclaré. 

Des manifestations similaires ont eu lieu après chaque séance de vote, a-t-il rappelé.

«Nous nous sommes abstenus de descendre dans la rue pour éviter d’être accusés d’avoir des motivations politiques», a confié à Arab News Hassan Moghnié, directeur de l’Association des déposants du Liban.

«Je ne sais pas pourquoi ce groupe, qui appartient à un autre rassemblement de déposants, est descendu dans la rue aujourd’hui. Ils n’étaient pas plus de 50 ou 60 personnes, alors que le nombre de déposants au Liban dépasse les 2 millions. On peut donc s’interroger sur le parti qui mobilise la rue à un moment particulier, surtout si l’on considère qu’aucune nouvelle directive n’a été émise par la banque centrale concernant les dépôts gelés et que la situation reste inchangée.»

Le Liban connaît actuellement une polarisation intense, les forces politiques s’alignant sur deux camps semblables aux précédentes alliances du 8 mars et du 14 mars.

Des forces politiques chrétiennes aux intérêts contradictoires se sont réunies pour soutenir un candidat unique, Jihad Azour, en opposition au candidat du duo chiite, à savoir le Hezbollah et le mouvement Amal.

Les différents partis s’affrontent selon la formule de la majorité et de la minorité.

«Ce qui s’est passé pendant la séance de vote a pris une tournure plus dangereuse qu’un réalignement entre les forces du 8 mars et du 14 mars. La situation a pris une dimension sectaire. Ce qu’il faut, c’est un changement de direction et un retour à un dialogue sérieux entre les députés», a expliqué le député Bilal Abdallah à Arab News.

«Le lendemain de la séance de vote, on s’est contenté d’analyser qui avait voté pour qui et qui avait trahi qui. Les résultats du vote contredisent ce que les forces politiques avaient anticipé.»

«Pendant la période à venir, nous ne ferons que passer le temps alors que la vacance présidentielle se poursuit.»

Salaires impayés

Le département d’État américain a exprimé sa déception face à l’échec des députés à élire un président.

«Nous sommes préoccupés par le fait que des membres du Parlement soient sortis de la salle pour empêcher d’autres tours de scrutin, afin de ne pas atteindre le quorum», a-t-il indiqué.

«Nous pensons que les dirigeants et les élites du Liban doivent cesser de faire passer leurs propres intérêts et ambitions avant ceux du peuple de leur pays.»

Bien que les députés doivent se réunir lundi, il ne s’agira pas d'une séance pour élire un président, mais d’une séance législative.

«Cette mesure s’inscrit dans le cadre de la législation par nécessité. Le Parlement doit adopter une proposition de loi pour ouvrir des crédits dans le budget 2023 afin de payer les salaires des fonctionnaires et de leur verser les aides, car le gouvernement sortant n’est pas en mesure d’approuver cette question», a précisé M. Abdallah.

Le ministère des Finances a anticipé la publication de la loi en annonçant le «versement d’une aide temporaire pour les militaires, équivalente à trois salaires pour le mois de mai, et pour les retraités militaires et civils, équivalente à six salaires pour les mois de mai et juin. L’aide sera transférée aux employés de l’administration publique à partir de vendredi», a-t-il ajouté.

L’incapacité de l’État à payer les salaires a semé la panique parmi les fonctionnaires et les militaires au cours de la semaine écoulée.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le chef d'état-major libyen est mort dans un "accident" d'avion en Turquie (officiel)

Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
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  • Le chef d’état-major libyen Mohamed al-Haddad et plusieurs hauts responsables militaires sont morts dans un accident d’avion après leur départ d’Ankara
  • Les autorités turques évoquent une urgence liée à un dysfonctionnement électrique ; la Libye observe trois jours de deuil national et a dépêché une délégation pour enquêter

TRIPOLI: Le chef d'état-major libyen et plusieurs autres responsables militaires sont morts dans un "accident" d'avion après avoir quitté la capitale turque Ankara, où ils étaient en visite, a annoncé mardi soir le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah.

"C'est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris la nouvelle du décès du chef d'état-major général de l'armée libyenne, le général de corps d'armée Mohamed Al-Haddad (...), à la suite d'une tragédie et d'un accident douloureux lors de (son) retour d'une mission officielle dans la ville turque d'Ankara", a déclaré M. Dbeibah sur sa page officielle sur Facebook.

Les autorités turques ont annoncé que l'épave de l'avion qui le transportait avait été retrouvée. Elles avaient auparavant indiqué que le contact avait été perdu avec l'appareil moins de 40 minutes après son décollage d'Ankara.

Le général Mohamad al-Haddad, originaire de Misrata (ouest), avait été nommé à ce poste en août 2020 par l'ancien chef du gouvernement Fayez al-Sarraj.

Plusieurs autres responsables militaires se trouvaient à bord selon le Premier ministre libyen: le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Al-Fitouri Ghraybel, le directeur de l'Autorité de l'industrie militaire, Mahmoud Al-Qatioui, et le conseiller du chef d'état-major, Mohamed Al-Assaoui Diab.

Un photographe, Mohamed Omar Ahmed Mahjoub, les accompagnait.

M. Dbeibah a déploré une "grande perte pour la patrie"". "Nous avons perdu des hommes qui ont servi leur pays avec loyauté et dévouement", a-t-il noté.

Le gouvernement d'union nationale (GNU) de M. Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours.

Il a aussi demandé au ministère de la Défense d'envoyer une délégation officielle à Ankara pour faire la lumière sur les circonstances de l'incident, selon un communiqué du gouvernement.

L'appareil "a signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique au contrôle aérien et a demandé un atterrissage d'urgence", a précisé la présidence turque.

Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, a de son côté présenté ses condoléances et dit sa "profonde tristesse".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.