La coopération UE-Golfe peut aussi briller par le prisme des énergies renouvelables

Les énergies renouvelables offrent à l'UE une excellente occasion de renforcer sa coopération et ses liens avec les États du Golfe (Photo, AFP).
Les énergies renouvelables offrent à l'UE une excellente occasion de renforcer sa coopération et ses liens avec les États du Golfe (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Lundi 26 juin 2023

La coopération UE-Golfe peut aussi briller par le prisme des énergies renouvelables

La coopération UE-Golfe peut aussi briller par le prisme des énergies renouvelables
  • Les pays du Golfe évolué dans leur compréhension du fait qu'il n'est plus possible d'éviter d'agir sur le changement climatique
  • Le Golfe compte également un nombre croissant de projets et d'initiatives liés aux énergies renouvelables

Les relations entre l'Union européenne (UE) et les membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG; Arabie saoudite, Émirats arabes unis [EAU], Qatar, Bahreïn, Koweït et Oman) sont solides dans plusieurs domaines, notamment économique, sécuritaire et géopolitique. Néanmoins, l'UE a la possibilité de renforcer ses liens avec les États du Golfe grâce à une coopération plus étroite dans le domaine des énergies renouvelables.

Les liens entre le CCG et l'UE reposent sur un accord de coopération, signé en 1989, qui couvre plusieurs secteurs: le commerce, l'investissement, la recherche et la coopération régionale, entre autres. L'UE a également établi plusieurs délégations dans la région afin d'entretenir des liens avec le CCG, telles que la délégation de l'UE en Arabie saoudite, la délégation de l'UE aux EAU et la délégation de l'UE au Koweït.

L'année dernière, le comité mixte de coopération UE-CCG a fait un pas dans la bonne direction en approuvant un autre accord, le programme mixte de coopération quinquennal, pour la période de 2022 à 2027. L'UE semble avoir pris conscience que le CCG – créé dans le but de renforcer les relations entre ses membres, de sauvegarder leur souveraineté et de répondre aux préoccupations générales concernant leurs affaires et leurs intérêts – est devenu un acteur international majeur capable d'apporter des changements significatifs et positifs, non seulement dans la région, mais aussi au-delà.

L'UE est le deuxième partenaire commercial du CCG. Selon la Commission européenne, «17,8% des importations du CCG provenaient de l'UE en 2020. L'UE est donc le premier partenaire d'importation du CCG. En 2020, l'UE était le quatrième partenaire d'exportation du CCG, puisque 6,9% des exportations du CCG étaient destinées à l'UE. Le total des échanges de biens entre l'UE et le CCG s'est élevé à 97,1 milliards d'euros en 2020. Les importations de l'UE se sont élevées à 29,6 milliards d'euros et elles ont été dominées par les combustibles et les produits miniers (18,6 milliards d'euros; 62,8%), ainsi que par les produits chimiques (3,4 milliards d'euros; 11,5%). Les exportations de l'UE ont totalisé 67,5 milliards d'euros et elles ont été dominées par les machines et le matériel de transport (26,7 milliards d'euros; 39,6%), les produits chimiques (10,4 milliards d'euros; 15,4 %) et l'agriculture et les matières premières (8,9 milliards d'euros; 13,2%).»

Le CCG est devenu un acteur international majeur, capable d'apporter des changements significatifs et positifs.

Majid Rafizadeh

Mais il est important de souligner que les dirigeants européens vont souhaiter trouver un terrain d'entente supplémentaire sur lequel ils pourront construire des partenariats plus solides et plus positifs dans d'autres domaines essentiels, en particulier les énergies renouvelables et le changement climatique.

Il s'agit d'une opportunité pour l'UE, et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord, si le Golfe est connu pour son abondance de pétrole, il est également richement doté en ressources énergétiques renouvelables, telles que l'énergie éolienne et solaire. À titre d’exemple, située au centre de ce que l'on appelle la «ceinture solaire», l'Arabie saoudite dispose d'un grand potentiel de production d'énergie solaire. Djeddah, Riyad et Dammam, trois des plus grandes villes du Royaume, bénéficient d'une irradiation moyenne de 5,78 kWh par mètre carré et par jour, ce qui est nettement supérieur à la moyenne mondiale.

Le deuxième facteur est l'ambition écologique des pays du Golfe et leur détermination à lutter contre le changement climatique et à restructurer leurs économies axées sur le carbone. La région a évolué dans sa compréhension du fait qu'il n'est plus possible d'éviter d'agir sur le changement climatique. En outre, les pays du Golfe semblent de plus en plus conscients de la nécessité de développer des technologies telles que le captage et le stockage du carbone pour assurer la pérennité de l'industrie pétrolière.

Le Golfe compte également un nombre croissant de projets et d'initiatives liés aux énergies renouvelables. À titre d’exemple, l'Arabie saoudite et le Bahreïn se sont engagés à augmenter la proportion de leur bouquet énergétique provenant de sources renouvelables, tandis que les EAU se sont engagés à réduire de 31% leurs émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030. Dans le même temps, l'Arabie saoudite a annoncé des plans extrêmement ambitieux pour construire Neom, la première ville au monde sans routes – un signal clair de son intention de changer de cap dans une direction plus respectueuse de l'environnement. Et Sultan al-Jaber, le président de Masdar, a souligné que les EAU «visent à jouer un rôle central dans l'économie verte émergente de l'hydrogène».

Si le Golfe est connu pour son abondance de pétrole, il est également richement doté en ressources énergétiques renouvelables.

Majid Rafizadeh

Le dialogue UE-CCG sur la diversification économique, qui est en cours depuis 2019, se concentre sur l'échange d'expertise et d'expérience afin d'aider à faire progresser les stratégies de diversification économique.

Cela nous amène à un autre avantage essentiel lié à la coopération et à l'investissement dans les énergies renouvelables entre l'UE et les nations du Golfe, soit la diversification économique. Il s'agit d'un objectif vital de toutes les économies du CCG depuis qu'elles ont commencé à pomper le pétrole.

En outre, la coopération avec les pays du Golfe en matière d'énergies renouvelables sera très bénéfique pour l'UE, car elle réduira les fluctuations liées au processus énergétique. À ce propos, la pandémie nous a donné un premier aperçu des fluctuations de prix dans le secteur de l'énergie. C'est pourquoi le développement d'industries nationales basées sur la connaissance est devenu une nécessité économique urgente, plutôt qu'un ajout bienvenu.

L'UE est classée de surcroît parmi les plus grands producteurs d'énergie solaire, tandis que le Moyen-Orient est un candidat évident pour le déploiement massif de panneaux solaires en tant que source d'énergie renouvelable.

En résumé, grâce aux ambitions écologiques des pays du Golfe et à leur ferme détermination à lutter contre le changement climatique, les énergies renouvelables représentent une grande opportunité et un terrain d'entente inestimable pour l'UE, qui peut ainsi renforcer sa coopération et ses liens avec les États du Golfe.

Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard.

Twitter : @Dr_Rafizadeh

NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com