PARIS: Les grandes entreprises françaises ont privilégié davantage leurs actionnaires que leurs salariés dans la redistribution de la valeur ajoutée depuis 2018, selon l'ONG Oxfam, qui dénonce une "déconnexion", dans un rapport publié lundi.
Entre 2011 et 2017, "les versements aux actionnaires et les dépenses par salarié.e évoluent de manière conjointe" avant une "nette rupture" en 2018, souligne Oxfam dans cette étude sur "l'inflation des dividendes" des 100 plus grosses entreprises françaises cotées en Bourse.
"Alors que les versements aux actionnaires font un bond de 40% en ligne avec la croissance de la valeur ajoutée, les dépenses par salarié.e se mettent à stagner" à partir de 2018, observe l'ONG.
Outre le déséquilibre dans le partage de la valeur, l'ONG regrette le manque d'investissement de ces entreprises, notamment dans la transition énergétique.
"En 2019, 45% des dividendes et rachats d'actions versés aux actionnaires auraient suffi à couvrir leurs besoins en investissement dans la transition écologique", estime Oxfam, qui note qu'"en moyenne 71% des bénéfices" de ces entreprises ont été redistribués à leurs actionnaires, de 2011 à 2021, via dividendes ou rachats d'actions. Les politiques de l'énergéticien Engie, du fabricant de tubes sans soudure Vallourec et de l'entreprise minière Eramet sont notamment visées.
Oxfam réclame que le versement des dividendes soit conditionné par la loi à la mise en place "d'un salaire décent sur l’ensemble de la chaîne de valeur", ainsi que d'"une stratégie climat ambitieuse" et d'un plan d'investissement mis en place avec le comité social et économique (CSE) de l'entreprise.
L'ONG souhaite aussi l'abolition du prélèvement forfaitaire unique sur les dividendes ("flat tax") et le conditionnement des aides publiques au plafonnement des dividendes.