France: nuit de pillages, d'incendies et de dégradations à Lille et alentours

Des feux d'artifice explosent alors que des policiers se tiennent prêts lors de manifestations à Roubaix, dans le nord de la France, le 30 juin 2023, trois jours après qu'un adolescent a été abattu lors d'un contrôle de la circulation par la police à Nanterre, en banlieue parisienne. (Photo Kenzo TRIBOUILLARD / AFP)
Des feux d'artifice explosent alors que des policiers se tiennent prêts lors de manifestations à Roubaix, dans le nord de la France, le 30 juin 2023, trois jours après qu'un adolescent a été abattu lors d'un contrôle de la circulation par la police à Nanterre, en banlieue parisienne. (Photo Kenzo TRIBOUILLARD / AFP)
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Publié le Vendredi 30 juin 2023

France: nuit de pillages, d'incendies et de dégradations à Lille et alentours

  • A une quinzaine de kilomètres au nord-est de Lille, dans la ville pauvre de Roubaix, un hôtel pour petits budgets prend feu après minuit, jetant dans la rue ses dizaines de résidents
  • A Lille, dans le quartier populaire de Wazemmes, des pompiers finissent après minuit d'éteindre un feu qui a endommagé le rez-de-chaussée de la mairie de quartier

LILLE: Une mairie de quartier incendiée et une autre caillassée à Lille, un hôtel en feu au coeur d'une ville voisine: dans le nord de la France, forces de l'ordre et pompiers ont été débordés par la rage de petits groupes mobiles qui ont multiplié les dégradations.

Comme dans d'autres villes françaises, la métropole lilloise d'un million et demi d'habitants proche de la frontière belge connaît des violences depuis la mort mardi à Nanterre, près de Paris, d'un adolescent tué par un policier après un refus d'obtempérer.

A une quinzaine de kilomètres au nord-est de Lille, dans la ville pauvre de Roubaix, un hôtel pour petits budgets prend feu après minuit, jetant dans la rue ses dizaines de résidents.

On s'active pour éteindre le brasier, mais déjà un autre s'allume à proximité, dans un grand immeuble abritant des bureaux, selon des riverains. Les pompiers arrivent en courant. Leurs camions fusent d'un incendie à l'autre.

Le ciel, engorgé de fumée, s'illumine de tirs de feux d'artifice. Un hélicoptère de la gendarmerie survole la scène.

«Plus que les Gilets Jaunes»

"En deux jours, ils ont fait ce que les Gilets Jaunes ont fait en deux ans", commente un passant à propos des émeutiers, les comparant au mouvement social apparu en France fin 2018. Comme toutes les personnes interrogées par l'AFP, il refuse de donner son nom.

La police bloque l'accès à un théâtre dont de nombreuses vitres ont été brisées. A côté du bâtiment, des débris de barricades continuent de se consumer. Le ciel est traversé de tirs d'artifice.

Autre ville, autre incendie: à Lille, dans le quartier populaire de Wazemmes, des pompiers finissent après minuit d'éteindre un feu qui a endommagé le rez-de-chaussée de la mairie de quartier.

La façade est noircie, la police verrouille les lieux, constatent des journalistes de l'AFP.

«C'est inadmissible»

"Brûler une mairie, c'est inutile", juge devant le bâtiment Sofiane, 22 ans, chauffeur de bus, tandis que retentissent au loin des tirs de feux d'artifice.

"Le flic qui a fait ça n'avait pas à le faire", pointe-t-il au sujet du policier qui a tiré sur Nahel, 17 ans, à Nanterre, "mais s'en prendre à des lieux publics, ça sert à quoi, ça n'a rien à voir".

"C'est inadmissible", cela "touche la population" s'indigne Brice Lauret, conseiller de quartier accouru sur place. "Je peux comprendre la colère mais pas la violence", ajoute-t-il.

Dans un autre quartier populaire, à Fives, la mairie de quartier a été caillassée, ses vitres sont brisées, selon la mairie de Lille.

Et il y a "beaucoup de pillages" de boutiques et supermarchés, déplore-t-on. Le fait de "petits groupes très mobiles, composés de très jeunes" individus, qui frappent "partout".

Importantes forces de police

La métropole est pourtant quadrillée par d'importantes forces de police, dont des unités d'élite du RAID, et survolée par un hélicoptère de la gendarmerie et des drones policiers, après les violences qui ont marqué la nuit précédente.

Les premiers incidents ont démarré dans la métropole vers 21H00 (19H00 GMT), dans le secteur du commissariat central de Lille, où la préfecture avait interdit tout attroupement, après un appel à rassemblement sur les réseaux sociaux.

Mobiles et dispersés, des petits groupes de jeunes y ont mis le feu à des poubelles et voitures, et dégradé des vitrines sur une grande artère. Certains ont cassé les vitres d'un supermarché, pour en ressortir avec des bouteilles de sodas.

A bord d'un quad et d'un véhicule blindé, des policiers du RAID sont intervenus à plusieurs reprises pour les repousser, braquant des lanceurs en leur direction.

«Pas de cadeau»

"Ils ne font pas de cadeau, aujourd'hui ils tirent" commente un passant, qui refuse aussi de s'identifier.

La préfecture a annoncé six interpellations sur le secteur, sur un total de 24 recensées en début de soirée par une source policière sur l'ensemble de l'agglomération.

Ces premiers fauteurs de troubles ont bravé une interdiction de tout attroupement dans le secteur à partir de 18H00 décrétée par la préfecture après les violences ayant secoué Lille et sa banlieue dans la nuit de mercredi à jeudi et un appel à rassemblement combatif sur les réseaux sociaux.

"Les policiers, ils se sentent tout permis, ils ont tué un jeune innocent, ils doivent arrêter", commente un autre passant de 16 ans.

"La mort de Nahel c'est trop grave, c'est injustifié" juge à proximité un jeune homme d'une vingtaine d'années, "mais la réaction est mauvaise, dégrader les services publics ça sert à rien" d'autant que "c'est notre argent qui va réparer tout ça".


L'Elysée a proposé un hommage pour Bardot, la famille n'a pas donné suite

 L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron. (AFP)
L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron. (AFP)
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  • Eric Ciotti, président de l'UDR, allié au Rassemblement national dont était proche Brigitte Bardot, a demandé lundi à Emmanuel Macron d'organiser un hommage national, à l'image de celui rendu en 2017 au chanteur Johnny Hallyday
  • Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, tout en saluant "une actrice iconique", a en revanche estimé que les hommages nationaux étaient rendus pour "services exceptionnels à la Nation" et que l'artiste avait "tourné le dos aux valeurs républicaines"

PARIS: L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron à l'AFP.

"Il y a eu un échange avec la famille avec proposition qu’un hommage ait lieu sans que la famille ne donne suite", a déclaré ce proche, en rappelant qu'une telle démarche correspond à un "usage républicain" et que les hommages sont "systématiquement décidés d'un commun accord avec les proches du défunt".

Eric Ciotti, président de l'UDR, allié au Rassemblement national dont était proche Brigitte Bardot, a demandé lundi à Emmanuel Macron d'organiser un hommage national, à l'image de celui rendu en 2017 au chanteur Johnny Hallyday.

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, tout en saluant "une actrice iconique", a en revanche estimé que les hommages nationaux étaient rendus pour "services exceptionnels à la Nation" et que l'artiste avait "tourné le dos aux valeurs républicaines".

Emmanuel Macron ne se rendra pas aux obsèques, qui se tiendront dans l’intimité le 7 janvier à Saint-Tropez, a également indiqué le proche du président.

En 2023, l'actrice avait adressé une lettre incendiaire au chef de l'Etat, lui reprochant son manque d'action contre la souffrance animale. "Je suis en colère face à votre inaction, votre lâcheté, votre mépris des Français, qui vous le rendent bien il est vrai", avait-elle notamment écrit.

Après une cérémonie à l'église retransmise sur grands écrans, l'inhumation privée de l'actrice et chanteuse au cimetière marin sera suivie d'"un hommage ouvert à tous les Tropéziens et à ses admirateurs", a précisé la Fondation de Brigitte Bardot, dédiée à la protection des animaux.

"À ce moment-là, tout le monde l'évoquera et partagera ses plus beaux souvenirs avec elle. Ce sera un grand moment de communion, simple, à son image", a précisé mardi la maire de Saint-Tropez, Sylvie Siri, dans une inteview au quotidien local Var-Matin.

"Mon rôle, c'est de lui organiser des obsèques dignes. Il faut tout mettre en œuvre pour que les Tropéziens et les admirateurs puissent se recueillir", a ajouté l'édile.

Interrogée sur le souhait exprimé il y a quelques années par Brigitte Bardot d’être enterrée à la Madrague, sa propriété en bord de mer, Sylvie Siri a affirmé avoir "respecté ses dernières volontés". "Seule la défunte avait décidé de son lieu d’enterrement", a souligné l'élue.

 


Agriculteurs: nouveaux rassemblements, bénédiction de tracteurs dans le Nord

Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). (AFP)
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). (AFP)
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  • Les tracteurs ont ensuite quitté Cambrai à la nuit tombante, pour se rendre sur deux ronds points et les bloquer
  • Dans le Pas-de-Calais, quelques dizaines d'agriculteurs prévoient de bloquer à partir de lundi soir une base logistique de Leclerc près d'Arras, en réaction aux propos de Michel-Édouard Leclerc appelant à "promulguer le Mercosur

CAMBRAI: Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

Mgr Vincent Dollmann et plusieurs prêtres ont célébré une messe sur un autel de paille en périphérie de Cambrai, en soutien aux agriculteurs "qui font face à des épreuves".

Il a salué la "dignité" des agriculteurs qui manifestent depuis plusieurs semaines contre l'accord de libre échange du Mercosur ou contre l'abattage systématique de troupeaux de bovins touchés par la DNC.

Une petite centaine de tracteurs ont été mobilisés, arborant des panneaux comme "Mercosur = mort de l'agriculture".

Jean Camier, 24 ans, jeune agriculteur d'Hermies qui doit reprendre l'exploitation familiale d'engraissement de bovins d'ici deux ans, se réjouit d'avoir fait bénir son tracteur et participé à la célébration qui selon lui "montre que tout le monde est avec [eux]".

Si les Hauts-de-France ne sont pas touchés par la DNC, il se dit "de tout cœur" avec les agriculteurs des régions concernées, soulignant avoir "un peu peur que la maladie remonte" vers le nord.

Les tracteurs ont ensuite quitté Cambrai à la nuit tombante, pour se rendre sur deux ronds points et les bloquer.

Dans le Pas-de-Calais, quelques dizaines d'agriculteurs prévoient de bloquer à partir de lundi soir une base logistique de Leclerc près d'Arras, en réaction aux propos de Michel-Édouard Leclerc appelant à "promulguer le Mercosur", a expliqué à l'AFP Louis Lacheré, des Jeunes Agriculteurs.

En Occitanie, plusieurs barrages emblématiques, à Carbonne Haute-Garonne) sur l'A64, Sévérac (Aveyron) ou Le Buisson (Lozère) sur l'A75, tiennent toujours, tandis que d'autres agriculteurs se remobilisent.

Ainsi, à Foix, une douzaine de tracteurs bloquaient depuis lundi midi l'entrée sud du tunnel de contournement de la ville et commençaient à installer un campement, a constaté un correspondant de l'AFP.

"On veut montrer à l’État qu'on est toujours autant mobilisés", a déclaré sur place Sébastien Durand, président de la Coordination rurale (CR) en Ariège. "Il n'y a pas de Noël, il n'y a pas de Premier de l'An; on sera là".

Depuis le début de l'épidémie de DNC en Savoie cet été, l'État tente de contenir la propagation par un abattage systématique des troupeaux touchés, la vaccination et les restrictions de mouvements.

Cette gestion fortement contestée par certains agriculteurs, notamment de la CR (deuxième syndicat agricole, classé à droite, voire à l’extrême droite) et de la Confédération paysanne (troisième, classé à gauche).

 


Colère agricole en France: Macron reçoit les syndicats, des blocages persistent

Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron a reçu les syndicats agricoles, opposés à l’accord UE-Mercosur, dans un contexte de forte colère liée aux crises sanitaires, notamment la dermatose bovine
  • Les blocages routiers se poursuivent dans le Sud-Ouest, alors que de nouveaux cas de la maladie sont confirmés et que la mobilisation agricole se prolonge

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a reçu mardi les syndicats agricoles pour parler de l'accord UE-Mercosur, auquel ils sont opposés, tandis que des axes routiers sont toujours bloqués pour protester contre le traitement par les autorités de l'épizootie de dermatose bovine.

"L'objet du rendez-vous, c'était d'essayer d'éteindre un peu le feu qui est partout dans les campagnes", a souligné Stéphane Galais, porte-parole national de la Confédération paysanne - un syndicat classé à gauche -, à la sortie de la rencontre, ajoutant qu'il fallait pour cela "des mesures structurelles fortes".

Les syndicats disent avoir par ailleurs rappelé au chef de l'Etat "l'extrême tension" et la "colère" du monde agricole et que des réponses étaient attendues "dès les premiers jours de janvier" sur le Mercosur mais aussi sur les crises sanitaires, au premier rang desquelles la dermatose bovine et la grippe aviaire.

C'était la première rencontre entre le chef de l'Etat et les syndicats agricoles depuis début décembre et l'amorce de la crise qui secoue l'élevage français, face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

C'était aussi la première depuis l'annonce, jeudi dernier, du report a priori au 12 janvier de la signature du traité décrié entre l'UE et des pays du Mercosur.

Cet accord faciliterait l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui inquiète les filières concernées, lesquelles affirment que ces produits ne respectent pas les mêmes normes que les produits européens.

L'accord permettrait en revanche aux Européens d'exporter davantage de véhicules, machines, vins et spiritueux en Amérique du Sud.

Sur le terrain, la mobilisation a connu un léger regain mardi (53 actions mobilisant 1.600 personnes, selon le ministère de l'Intérieur) par rapport à lundi (35 actions mobilisant 1.200 personnes), mais elle reste nettement inférieure à celle de la semaine dernière (110 actions jeudi).

Certains agriculteurs sont mobilisés depuis plus de 10 jours, notamment contre l'abattage total des troupeaux dans lesquels des cas de DNC sont détectés dans le Sud-Ouest.

Mardi, le ministère de l'Agriculture a confirmé un nouveau cas de la maladie en Haute-Garonne, portant le bilan total à 115 foyers enregistrés depuis juin en France. Ce dernier troupeau concerné a été abattu.

Dans le Sud-Ouest, des blocages d'autoroute étaient notamment maintenus sur l'A63 près de Bordeaux ou sur l'A64 au sud de Toulouse ou près de Bayonne.

Au sud de Bordeaux, les manifestants de la branche locale du syndicat Coordination rurale - classé à droite - ont dit vouloir organiser un réveillon et une messe de Noël mercredi soir sur leur barrage, à l'instar des agriculteurs mobilisés près de Toulouse.