Cinéma: «Les filles d'Olfa» ou la «malédiction» du radicalisme

La réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania pose lors d'un photocall pour le film "Les Filles D'Olfa" lors de la 76e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 20 mai 2023. (Photo, AFP)
La réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania pose lors d'un photocall pour le film "Les Filles D'Olfa" lors de la 76e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 20 mai 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 30 juin 2023

Cinéma: «Les filles d'Olfa» ou la «malédiction» du radicalisme

  • Présenté en mai au Festival de Cannes, il a remporté, ex aequo, L'Oeil d'Or qui récompense le meilleur documentaire
  • Dès les premières minutes, le spectateur comprend qu'il est face à un dispositif singulier où évoluent la mère de famille ainsi qu'une actrice jouant son rôle

PARIS: Elle a voulu raconter une "malédiction", celle qui s'est abattue sur une mère de famille tunisienne confrontée à la radicalisation de deux de ses filles: dans "Les filles d'Olfa", en salles mercredi, Kaouther Ben Hania convoque les démons du terrorisme pour les exorciser.

Présenté en mai au Festival de Cannes, il a remporté, ex aequo, L'Oeil d'Or qui récompense le meilleur documentaire.

Pas entièrement un documentaire ni totalement une fiction, "Les filles d'Olfa" est un objet hybride dédié à l'histoire Olfa Hamrouni, une Tunisienne qui a acquis une notoriété internationale en 2016 en rendant public la radicalisation de ses adolescentes, Rahma et Ghofrane.

Les deux sœurs ont quitté la Tunisie pour aller combattre aux côtés de l'État islamique en Libye, où elles ont été arrêtées et incarcérées.

Dès les premières minutes, le spectateur comprend qu'il est face à un dispositif singulier où évoluent la mère de famille ainsi qu'une actrice jouant son rôle.

Par moment, la réalisatrice (première cinéaste tunisienne a avoir été en lice pour la Palme d'or depuis un demi-siècle) est même directement interpellée par ses acteurs.

"Ce projet est aussi un film sur le cinéma, sur le travail d'acteur et sur les souvenirs du passé", a expliqué à Cannes Kaouther Ben Hania, révélée au grand public grâce à son thriller sur une victime d'un viol "La belle et la meute", présenté hors compétition sur la Croisette en 2017.

«Laboratoire thérapeutique»

"Ce qui me manquait pour comprendre leur départ en Libye, c'était le passé. Ce passé, je ne pouvais que le reconstituer à l'aide d'actrices. C'est ce que j'ai fait", a-t-elle ajouté auprès de l'AFP.

Fiction? Documentaire? Très vite, les genres se mélangent. Deux actrices jouant Rahma et Ghofrane sont aussi dirigées par Eya Chikhaoui, sœur des deux disparues, qui incarne son propre rôle.

Des scènes de vie quotidienne, de l'enfance à l'adolescence, sont ainsi reconstituées. Des extraits de journaux télévisés mentionnant l'affaire rythment le film.

"Il y a eu beaucoup d'émotions. Beaucoup de choses qui n'avaient jamais été dites ont pu enfin être dites au grand jour", a poursuivi la cinéaste. "Je voulais explorer la transmission de la violence. Cette violence qu'on se transmet de mère en fille et qui n'est pas le propre de la société tunisienne".

La grande force du film réside dans sa capacité à déployer tout un panel d'émotions: du choc à la sidération en passant par la tristesse mais aussi par l'impuissance.

Le tournage lui-même a été un "laboratoire thérapeutique", a confié sa réalisatrice.

"Les filles d'Olfa" n'est pas seulement le récit d'une tragédie familiale. Il est avant tout celui d'une société, longtemps préservée du radicalisme religieux, qui sombre dans un islam radical.

Un récit raconté par et à travers le regard des femmes. Kaouther Ben Hania décrit une société patriarcale qui annihile les femmes, tout en étant obsédée par elles. Le tout souvent orchestré par les mères de famille.

Sur le terrain politique, elle raconte la révolution du jasmin, entre décembre 2010 et janvier 2011, et l'inexorable montée des islamistes. Ces derniers prônent le voile intégral? Pas de quoi effrayer Olfa, qui pense avant tout qu'il est une façon de "protéger" l'honneur, mais pas que, de ses filles.

Mais, quand deux d'entre elles se radicalisent, l'empêchant de sortir sans voile intégral, que dire, que faire ?

"Le nouveau monde n'arrive pas encore", a répondu la réalisatrice lorsque l'AFP lui a demandé son avis sur la situation politique de la Tunisie actuelle.

Reste qu'il "y a quand même une liberté d'expression et une absence de censure qui a permis aux artistes de prendre la parole et de s'exprimer, ce qui n'est pas le cas partout dans la région".


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.