Elu président du Medef, Patrick Martin veut réconcilier climat et croissance

Le président nouvellement élu du Medef (Mouvement des entreprises de France) Patrick Martin est vu avant le vote à Meudon le 6 juillet 2023. (AFP).
Le président nouvellement élu du Medef (Mouvement des entreprises de France) Patrick Martin est vu avant le vote à Meudon le 6 juillet 2023. (AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 06 juillet 2023

Elu président du Medef, Patrick Martin veut réconcilier climat et croissance

  • Patrick Martin a remporté 73,18% des voix des grands électeurs du Medef, contre 26,82% à sa rivale Dominique Carlac'h, qui était vice-présidente dans l'équipe sortante
  • Dès le 12 juillet, le président élu se rendra par ailleurs à Matignon aux côtés du président sortant Geoffroy Roux de Bézieux, qui quittera son poste le 17 juillet, pour finaliser un agenda de négociations avec les syndicats

MEUDON : Le Medef a très largement élu jeudi son actuel numéro deux Patrick Martin pour présider l'organisation patronale durant les cinq années à venir, qui a immédiatement dit vouloir écrire aux syndicats pour réconcilier climat et croissance.

Patrick Martin, ovationné par les grands électeurs réunis au Hangar Y de Meudon, au sud-ouest de Paris, tout comme le président sortant Geoffroy Roux de Bézieux, a remporté 73,18% des voix des grands électeurs du Medef, contre 26,82% à sa rivale Dominique Carlac'h, qui était vice-présidente dans l'équipe sortante.

Le taux de participation a dépassé 90% alors que le corps électoral avait beaucoup augmenté par rapport à la dernière élection.

Malgré trois ralliements de candidats en sa faveur en début d'une campagne qui a duré quatre mois, Dominique Carlac'h n'a rassemblé autour d'elle que peu de fédérations professionnelles et de territoires qui structurent le Medef, la grande majorité d'entre eux ayant déclaré leur soutien à Patrick Martin, qui faisait en conséquence figure de favori.

"Ma première mission va être d'écrire à tous mes homologues dorénavant des syndicats et des organisations patronales pour que nous nous accordions sur ce qui me paraît être l'équation fondamentale pour notre pays pour les prochaines années, à savoir réconcilier le climat et la croissance", a déclaré à la presse le nouveau président élu du Medef.

Dresser un "diagnostic partagé" sur ce sujet éclairera la voie au moment où "notre pays se cherche trop, parfois de manière violente, en tout cas avec des fracturations, sur son destin", a ajouté Patrick Martin.

Partisan d'une baisse supplémentaire de 20 milliards d'euros des impôts de production, pour les ramener à la moyenne européenne, il avait récemment estimé que la transition climatique, en raison des investissements "gigantesques" qu'elle nécessite, "devrait nous inciter à introduire dans notre protection sociale une part de retraite par capitalisation".

Dialogue social autonome

Dès le 12 juillet, le président élu se rendra par ailleurs à Matignon aux côtés du président sortant Geoffroy Roux de Bézieux, qui quittera son poste le 17 juillet, pour finaliser un agenda de négociations avec les syndicats.

Cet agenda laisse pour l'instant de côté les sujets conflictuels comme l'assurance-chômage et les salaires, pour se concentrer sur d'autres, comme l'emploi des seniors ou la prévention de l'usure professionnelle, notamment.

"Je revendique l'autonomie du dialogue social" car "les voies et moyens existent pour qu'entre partenaires sociaux, sur tous les sujets qui ont été listés, nous trouvions des solutions", a assuré Patrick Martin devant la presse après son élection.

Agé de 63 ans, il veut aussi mettre l'accent sur la formation et l'employabilité, notamment des seniors avec le relèvement de l'âge de départ en retraite, et souhaite renforcer la représentation du Medef auprès des instances européennes à Bruxelles.

Patrick Martin est à la tête d'une entreprise de près de 3 000 salariés, active principalement dans la distribution à destination de l'industrie, et s'inscrit dans la continuité du travail effectué depuis 2018 avec M. Roux de Bézieux.

Dominique Carlac'h, 54 ans, partageait de nombreuses convictions avec son rival mais voulait faire plus de place aux start-up au sein du Medef, et même ouvrir la porte de l'organisation aux auto-entrepreneurs, ce que rejette Patrick Martin.

Le nouveau président a laissé entendre qu'elle pourrait jouer un rôle dans sa future équipe, dont la composition doit annoncée au comité exécutif du Medef le 17 juillet, en déclarant que "l'histoire n'est pas finie" entre eux.

Ancienne championne de France junior du 400 mètres, Dominique Carlac'h est vice-présidente de la Fédération française d'athlétisme. Elle aurait été la deuxième femme à accéder à la présidence de la première organisation patronale française, après Laurence Parisot, qui avait effectué deux mandats de 2005 à 2013.

Patrick Martin comme Dominique Carlac'h avaient déjà concouru pour la présidence du Medef en 2018, avant de se désister l'un comme l'autre en faveur de M. Roux de Bézieux.

Le Medef rassemble 99 fédérations professionnelles et revendique quelque 190 000 entreprises adhérentes, un nombre en forte augmentation par rapport aux 126 000 entreprises adhérentes comptabilisées en 2021 par le ministère du travail. Ces entreprises emploient au total plus de 10 millions de salariés.


La plateforme Booking épinglée en France pour «pratiques restrictives de concurrence»

La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué. (Photo capture d'écran Booking)
La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué. (Photo capture d'écran Booking)
Short Url
  • Booking a jusqu'au 31 décembre au plus tard pour mettre en conformité les "clauses et pratiques non conformes" dans ses contrats avec les hôteliers, sous peine d'une "astreinte financière journalière "
  • Cette décision s'appuie sur une législation européenne, le règlement P2B, qui oblige les plateformes à davantage de transparence envers les entreprises, ainsi que sur le code du commerce français

PARIS: La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué.

Booking a jusqu'au 31 décembre au plus tard pour mettre en conformité les "clauses et pratiques non conformes" dans ses contrats avec les hôteliers, sous peine d'une "astreinte financière journalière dont le montant total pourra atteindre 69,35 millions d'euros", précise dans son communiqué la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).

Cette décision s'appuie sur une législation européenne, le règlement P2B, qui oblige les plateformes à davantage de transparence envers les entreprises, ainsi que sur le code du commerce français.

Selon la DGCCRF, les conditions générales de prestations (CGP) de Booking "comportent des clauses manifestement déséquilibrées au détriment des hôteliers français".

La Répression des fraudes souligne que, selon le code du commerce, "il est interdit de tenter de soumettre ou de soumettre l'autre partie à des obligations créant un déséquilibre significatif dans les droits et obligations des parties". Or, "le fait d'entraver la liberté commerciale et tarifaire des hôteliers contrevient notamment à cet article", note-t-elle.

Le règlement P2B, lui, oblige les plateformes à "garantir l'accessibilité des conditions générales, lesquelles doivent être rédigées de manière claire et compréhensible", et à "notifier aux entreprises utilisatrices, sur un support durable, tout changement envisagé de leurs conditions générales".

"La plateforme se doit d'indiquer et de décrire, dans ses conditions générales, les principaux paramètres déterminant le classement des biens et services proposés en justifiant l'importance relative de ces paramètres par rapport aux autres", indique encore la DGCCRF.

Et "en cas de suspension ou de résiliation du compte d'une entreprise utilisatrice, la plateforme doit systématiquement lui transmettre un exposé des motifs", ajoute l'administration.

L'Umih, principale organisation professionnelle dans l'hôtellerie et la restauration, a salué jeudi dans un communiqué l'"avancée significative" que constitue cette injonction, qui doit permettre "un rééquilibrage des relations entre les plateformes numériques et les professionnels du tourisme".

Booking, dont la maison mère est aux Pays-Bas, a indiqué à l'AFP que "bien que Booking.com soit en désaccord avec les conclusions de l'enquête", l'entreprise s'emploie "activement à dissiper toutes les préoccupations".

Elle assure avoir "collaboré étroitement avec la DGCCRF afin de répondre à ses préoccupations et d'élaborer des solutions qui continuent de stimuler la demande pour (ses) partenaires d'hébergement en France, tout en satisfaisant les besoins des consommateurs".


Tutelle du FMI: «nous n'en sommes pas là», dit le gouverneur de la Banque de France

Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE). (AFP)
Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE). (AFP)
Short Url
  • Le Fonds monétaire international "intervient dans une situation extrême, quand un pays ne peut plus s'en sortir tout seul. Nous n'en sommes pas là, nous avons dans les mains notre destin, mais c'est maintenant qu'il faut agir"
  • "Je redis avec un peu de gravité, avec toute l'indépendance de la Banque de France, qu'il y a là un sujet d'intérêt national"

PARIS: "Nous n'en sommes pas là", a répondu jeudi le gouverneur de la Banque de France, interrogé sur le risque agité par le gouvernement d'une mise sous tutelle de la France par le FMI en cas de dérive des comptes, à quelques jours de l'annonce d'un grand plan d'économies par Matignon.

Le Fonds monétaire international "intervient dans une situation extrême, quand un pays ne peut plus s'en sortir tout seul. Nous n'en sommes pas là, nous avons dans les mains notre destin, mais c'est maintenant qu'il faut agir", a dit François Villeroy de Galhau en présentant devant la presse le rapport annuel de la balance des paiements à la Banque de France à Paris.

"Je redis avec un peu de gravité, avec toute l'indépendance de la Banque de France, qu'il y a là un sujet d'intérêt national", a affirmé le gouverneur, selon qui "il y a un lien très direct entre le niveau de notre dette et la liberté de la France".

"J'espère que nous n'avons pas besoin du FMI pour réaliser que le sujet est extrêmement sérieux", a-t-il poursuivi, précisant qu'il n'avait lui-même "jamais employé cette expression", à propos du mot tutelle.

La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a de nouveau pointé mercredi le risque "qu'un jour, les institutions internationales décident pour nous", après avoir à plusieurs reprises ces dernières semaines évoqué le risque d'une "tutelle" des institutions internationales, dont le FMI, en cas de dérive des comptes publics.

Ces mises en garde surviennent avant que le gouvernement annonce, le 15 juillet, un grand plan d'économies qui doit représenter un effort budgétaire de 40 milliards d'euros.

"Il faut évidemment tout faire pour éviter ça, notre destin budgétaire, il est entre nos mains", a dit M. Villeroy de Galhau.

Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE).

L'économiste en chef de l'institution de Washington, interrogé mi-juin, avait affirmé que "la question pourrait se poser mais, j'ai envie de dire, ni demain ni après-demain. Si vraiment rien n'était fait (...), s'il n'y avait aucune volonté d'infléchir la trajectoire de la dette, évidemment qu'à un moment donné, la question se poserait", avait estimé Pierre-Olivier Gourinchas.


Jusqu'ici épargnée, la restauration rapide inquiète pour sa rentabilité

 Le secteur de la restauration rapide en France, dont la croissance est l'une des plus dynamiques de la restauration, s'inquiète de l'effet cumulé de plusieurs réformes sur sa rentabilité, dont celle des titres-restaurants, et a demandé au cabinet Xerfi d'en évaluer l'impact dans une étude publiée jeudi. (AFP)
Le secteur de la restauration rapide en France, dont la croissance est l'une des plus dynamiques de la restauration, s'inquiète de l'effet cumulé de plusieurs réformes sur sa rentabilité, dont celle des titres-restaurants, et a demandé au cabinet Xerfi d'en évaluer l'impact dans une étude publiée jeudi. (AFP)
Short Url
  • Le secteur de la restauration rapide en France, dont la croissance est l'une des plus dynamiques de la restauration, s'inquiète de l'effet cumulé de plusieurs réformes sur sa rentabilité, dont celle des titres-restaurants
  • Si le secteur pèse, selon Xerfi, plus de 50 milliards d'euros de chiffre d'affaires, son résultat net a été divisé par deux entre 2018 et 2023 sous l'effet de la hausse des charges d'exploitation

PARIS: Le secteur de la restauration rapide en France, dont la croissance est l'une des plus dynamiques de la restauration, s'inquiète de l'effet cumulé de plusieurs réformes sur sa rentabilité, dont celle des titres-restaurants, et a demandé au cabinet Xerfi d'en évaluer l'impact dans une étude publiée jeudi.

Commandée par le Syndicat national de l'alimentation et de la restauration rapide (Snarr), cette étude envisage plusieurs scénarios: une hausse de la TVA, un doublement de la "taxe soda" en 2026 (après un doublement déjà acté en 2025), une réduction des allègements de charges sur les petits salaires (déjà acté en 2025) et la réforme des titres-restaurants (dont l'utilisation pour faire toutes ses courses en supermarché devrait être pérennisée).

Si le secteur pèse, selon Xerfi, plus de 50 milliards d'euros de chiffre d'affaires, son résultat net a été divisé par deux entre 2018 et 2023 sous l'effet de la hausse des charges d'exploitation.

"Les taux de défaillance du secteur de la restauration rapide se situent aujourd'hui entre 2% et 2,5%, un taux qui n'est pas alarmiste mais toutefois beaucoup plus important que la moyenne des années précédentes", a indiqué à l'AFP Jérémy Robiolle, directeur du développement chez Xerfi.

"Il y a une accumulation de mesures dans le secteur, comme la loi Agec (qui oblige notamment à utiliser de la vaisselle réutilisable, NDLR), la +taxe soda+ ou la réforme des titres-restaurants et on a voulu objectiver les remontées de terrain qui sont assez négatives", a expliqué à l'AFP Esther Kalonji, présidente du Snarr.

L'utilisation des titres-restaurants pour faire toutes les courses alimentaires en supermarché représente selon Xerfi un manque à gagner de 100 millions d'euros pour la restauration rapide en 2025 et de 195 millions en 2026.

"C'est moins d'emplois soutenus, car un titre-restaurant dépensé en restauration rapide génère plus d'emplois qu'en grande surface", selon Clément Morin, auteur de l'étude.

Le Snarr, comme l'Umih et le GHR, autres organisations patronales de la restauration, s'est retiré des groupes de travail liés aux Assises de la restauration menées à Bercy pour protester contre cette réforme qualifiée par l'Umih de "décision funeste pour le secteur".

Xerfi a également évalué l'impact du doublement de la "taxe soda" en 2025, qui représentera 49,5 millions d'euros pour la restauration rapide et jusqu'à 55,5 millions d'euros en 2026 selon les scénarios.

En cumulant les scénarios, Xerfi estime qu'entre 16.500 et 26.200 entreprises du secteur pourraient basculer dans le rouge en 2026.