Au Soudan en guerre, plus de trois millions de personnes ont fui leur foyer

Une photo prise le 3 juillet 2023 montre des voitures roulant sur l'autoroute reliant Omdurman à Shandi, utilisée pour évacuer les personnes et les marchandises de la ville jumelle de Khartoum au nord du Soudan déchiré par la guerre (Photo, AFP).
Une photo prise le 3 juillet 2023 montre des voitures roulant sur l'autoroute reliant Omdurman à Shandi, utilisée pour évacuer les personnes et les marchandises de la ville jumelle de Khartoum au nord du Soudan déchiré par la guerre (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 13 juillet 2023

Au Soudan en guerre, plus de trois millions de personnes ont fui leur foyer

  • Le nombre de personnes ayant fui à l'étranger les combats au Soudan avoisine les 724 000 tandis que celui des déplacés dans le pays dépasse les 2,4 millions
  • Sur le terrain, les combats se poursuivent sans répit, notamment à Khartoum, où des millions d'habitants sont toujours bloqués

WAD MADANI: Plus de trois millions de personnes ont fui leur foyer au Soudan où la guerre fait rage depuis trois mois, l'émissaire de l'ONU, désormais persona non grata à Khartoum, appelant à ce que les deux généraux qui ont déclenché les hostilités "rendent des comptes".

Le nombre de personnes ayant fui à l'étranger les combats au Soudan avoisine les 724 000 tandis que celui des déplacés dans le pays dépasse les 2,4 millions, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

"Il s'agit de personnes qui ont été déracinées, qui ont fui pour sauver leur vie, de familles qui ont été séparées et d'enfants qui ne pourront plus aller à l'école", a déclaré une porte-parole de cette agence de l'ONU, Safa Msehli.

La guerre sans merci pour le pouvoir qui oppose l'armée, dirigée par le général Abdel Fattah, aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo a également fait depuis le 15 avril près de 3 000 morts -- un bilan très sous-estimé.

Sur le terrain, les combats se poursuivent sans répit, notamment à Khartoum, où des millions d'habitants sont toujours bloqués souvent sans eau ni électricité et sous une chaleur accablante.

La capitale a de nouveau été visée mercredi par des raids aériens, rapportent des témoins à l'AFP, l'un d'eux faisant état d'"avions pilonnant des bases des FSR depuis l'aube", d'autres signalant des tirs d'artillerie ailleurs dans la capitale.

Les raids aériens ont récemment gagné en intensité faisant des dizaines de morts parmi les civils. L'armée, n'ayant pas pied sur un terrain largement occupé par les FSR, tente de jouer son unique atout: les bombes venues du ciel.

«Protéger les civils»

Les deux camps s'enlisent dans une guerre sans issue et la communauté internationale, en ordre dispersé, n'a jusqu'ici obtenu aucune concession, si ce n'est des trêves aussitôt violées.

L'Igad, bloc régional de l'Afrique de l'Est auquel appartient le Soudan, a évoqué un possible déploiement de la Force est-africaine en attente (EASF) "pour protéger les civils et garantir l'accès humanitaire", provoquant l'ire de l'armée, qui a dénoncé un "plan pour occuper le Soudan".

Les chancelleries -- qui ont évacué leur personnel au début de la guerre -- dénoncent régulièrement ce que l'ONU présente comme de possibles "crimes contre l'humanité".

Volker Perthes, chef de la mission de l'ONU au Soudan qui espérait encore à l'aube de la guerre amener les deux généraux à discuter pour dessiner une transition démocratique, veut désormais qu'ils "rendent des comptes".

La guerre "risque de se transformer en un conflit ethnique, tribal et idéologique qui se rapproche d'une guerre civile totale", prévient-il dans des déclarations mercredi à Bruxelles.

Rappelant les "assassinats, les viols et les pillages" rapportés par de nombreux habitants, il estime que "la majorité des Soudanais ne veulent plus de ces généraux".

Sanctions

De nombreux défenseurs des droits humains exhortent la Cour pénale internationale (CPI) à se saisir des exactions -- commises principalement les FSR et des milices arabes alliées au Darfour (ouest).

"La CPI suit bien sûr: ce n'est pas à moi de demander à la CPI de prendre des mesures, mais je pense qu'elle est sur le dossier", assure M. Perthes, alors que des avocats des droits humains soulignent que le mandat donné à la CPI pour enquêter sur la guerre du Darfour des années 2000 court toujours.

Surtout, prévient M. Perthes, il y a un "risque que les pays voisins soient entraînés dans le conflit".

Dans ce contexte, l'Egypte, voisin influent et allié traditionnel de l'armée, doit accueillir jeudi les dirigeants des pays frontaliers du Soudan, eux-mêmes en proie à des violences ou une grave crise économique.

Pour la chercheuse Kholood Khair, cette réunion permet "de nouveau de dégager du temps pour l'effort de guerre alors que les morts et les déplacés se multiplient".

De son côté, le Royaume-Uni a annoncé des sanctions contre six entreprises -- trois de l'armée et trois des FSR -- dont certaines déjà sanctionnées par Washington.

"Des civils innocents continuent à subir les effets dévastateurs des hostilités, et nous ne pouvons simplement pas nous permettre de rester les bras croisés alors que de l'argent de ces entreprises est dépensé dans un conflit qui n'a pas de sens", a déclaré le ministre des Affaires étrangères James Cleverly.


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.


Gaza 2025: 15 journalistes tués, selon le Syndicat des journalistes palestiniens

 Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
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  • Le dernier rapport du syndicat fait état d'une augmentation des arrestations, des menaces et du harcèlement des journalistes par les Israéliens
  • Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes

LONDRES: Au moins 15 professionnels des médias ont été tués à Gaza depuis le début de l'année 2025, selon un nouveau rapport publié par le Syndicat des journalistes palestiniens.

Le rapport, publié ce week-end par le comité des libertés du syndicat chargé de surveiller les violations commises par Israël à l’encontre des journalistes, souligne la persistance du ciblage direct des professionnels des médias.

Sept journalistes ont été tués en janvier et huit en mars, selon le rapport.

Par ailleurs, les familles de 17 journalistes ont été endeuillées, tandis que les habitations de 12 autres ont été détruites par des tirs de roquettes et d’obus. De plus, 11 personnes ont été blessées au cours de ces attaques.

Le rapport note que la violence à l'encontre des équipes de journalistes ne se limite pas aux attaques mortelles. Il fait état de l'arrestation de 15 journalistes, à leur domicile ou alors qu'ils étaient en mission. Certains ont été libérés quelques heures ou quelques jours plus tard, tandis que d'autres sont toujours en détention.

Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes, dont beaucoup ont été avertis d'évacuer les zones qu'ils couvraient.

Le rapport relève également une intensification du harcèlement judiciaire, avec plus d’une dizaine de cas où des journalistes – en majorité issus du quotidien Al-Quds, basé en Cisjordanie – ont été convoqués pour interrogatoire et se sont vu interdire de couvrir des événements aux abords de la mosquée Al-Aqsa et dans la vieille ville de Jérusalem.

En Cisjordanie occupée, environ 117 journalistes ont été victimes d'agressions physiques, de répression ou d'interdictions de reportage, en particulier à Jénine et à Jérusalem. La commission a également recensé 16 cas de confiscation ou de destruction de matériel de travail.

Les violences à l'encontre des journalistes surviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. Les forces israéliennes ont intensifié leur offensive, coupant les approvisionnements vitaux des 2,3 millions d'habitants de Gaza, laissant l'enclave au bord de la famine.

Les actions d'Israël font désormais l'objet d'audiences à la Cour internationale de justice de La Haye, où Tel-Aviv est accusé de violer le droit international en restreignant l'aide humanitaire à Gaza.

Le bilan humanitaire est catastrophique.

Selon le ministère de la santé de Gaza, plus de 61 700 personnes ont été tuées à Gaza depuis qu'Israël a lancé son offensive le 7 octobre 2023. Plus de 14 000 autres sont portées disparues et présumées mortes, les civils constituant la grande majorité des victimes.

Le Comité pour la protection des journalistes, organisme de surveillance de la liberté de la presse basé à Washington, a également lancé un signal d’alarme face au nombre élevé de journalistes tués, indiquant qu’au moins 176 d’entre eux – en grande majorité des Palestiniens – ont perdu la vie depuis le début de l’offensive israélienne sur les territoires occupés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com