La CPI ouvre une enquête sur de possibles nouveaux crimes de guerre au Darfour

Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan prend la parole lors d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies le 13 juillet 2023 à New York (Photo, AFP).
Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan prend la parole lors d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies le 13 juillet 2023 à New York (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 14 juillet 2023

La CPI ouvre une enquête sur de possibles nouveaux crimes de guerre au Darfour

  • Le procureur Karim Khan a fait cette annonce dans un rapport au Conseil de sécurité de l'ONU alors que le pays est depuis trois mois replongé dans le chaos
  • La CPI avait été saisie en 2005 par le Conseil de sécurité sur la situation au Darfour et avait émis un mandat d'arrêt contre l'ancien dirigeant Omar el-Béchir

NATIONS UNIES: La Cour pénale internationale (CPI) a ouvert une nouvelle enquête pour crimes de guerre dans la région soudanaise du Darfour, a annoncé jeudi son procureur, appelant à ne pas permettre à "l'Histoire de se répéter".

Karim Khan a fait cette annonce dans un rapport au Conseil de sécurité de l'ONU alors que le pays est depuis trois mois replongé dans le chaos en raison d'un conflit entre deux généraux qui se disputent le pouvoir.

Et le Darfour, où la guerre civile du début des années 2000 avait fait environ 300 000 morts, n'est pas épargné par les atrocités. Les corps d'au moins 87 personnes qui auraient été tuées le mois dernier par les forces paramilitaires et leurs alliés ont notamment été enterrés dans une fosse commune dans cette région, a indiqué l'ONU jeudi.

La CPI avait été saisie en 2005 par le Conseil de sécurité sur la situation au Darfour et avait émis un mandat d'arrêt contre l'ancien dirigeant Omar el-Béchir, comprenant des allégations de génocide.

"Nous risquons (...) de permettre à l'Histoire de se répéter; la même histoire épouvantable qui a poussé ce Conseil à saisir la CPI en 2005 de la situation au Darfour", a lancé jeudi Karim Khan.

"La phrase trop souvent répétée de 'plus jamais ça' doit signifier quelque chose, ici et maintenant, pour les populations du Darfour qui vivent dans l'incertitude et la souffrance, avec les cicatrices du conflit, depuis près de deux décennies", a-t-il insisté devant le Conseil.

Son bureau, dont le mandat se limite au Darfour, a ainsi "ouvert une enquête sur les incidents survenus dans le contexte des hostilités actuelles", selon son rapport, qui évoque un "large éventail" d'informations concernant des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité présumés depuis le début des combats en avril.

"Je veux envoyer un message clair à chaque belligérant, chaque commandant, chaque soldat qui possède une arme et croit qu'il peut faire ce qu'il veut: que s'en prendre intentionnellement aux civils, s'en prendre à leurs maisons, leurs commerces (...) sont des crimes interdits par le statut de Rome" qui a donné naissance à la CPI, a insisté le procureur.

«Priorité aux crimes contre les enfants»

Evoquant pillages, maisons incendiées et exécutions extra-judiciaires, il a précisé avoir donné des "instructions" à ses services "pour donner priorité aux crimes contre les enfants, aux crimes sexuels et aux violences basées sur le genre".

Depuis le 15 avril, le chef de l'armée soudanaise, Abdel Fattah al-Burhane, un proche allié de l'Egypte, est en guerre contre son ex-numéro deux, le général Mohamed Hamdan Daglo, qui dirige les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Les sept voisins du pays, réunis jeudi au Caire, ont réclamé l'aide de la communauté internationale face à un conflit qui a déjà fait près de 3 000 morts et trois millions de déplacés et réfugiés.

Les Etats-Unis ont "applaudi" la nouvelle enquête de la CPI.

"Les atrocités et la violence au Darfour méritent que les responsables rendent des comptes", a déclaré dans un communiqué le porte-parole du département d'Etat, Matthew Miller, mettant en cause les FSR et leurs alliés dans des "exécutions ethniques ciblées" au Darfour-Ouest et pour les corps retrouvés dans la fosse commune.

«Détérioration»

Le Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan, a été ravagé par une guerre civile qui a débuté en 2003 entre le régime à majorité arabe d'Omar el-Béchir et les insurgés issus de minorités ethniques dénonçant des discriminations. M. el-Béchir avait envoyé contre la rébellion la milice armée des Janjawids, qui ont par la suite donné naissance aux FSR.

Omar el-Béchir ainsi que les dirigeants Ahmed Haroun et Abdel Raheem Hussein sont réclamés depuis plus de dix ans par la CPI pour "génocide" et crimes contre l'humanité lors du conflit au Darfour.

La seule personne à avoir comparu devant les juges de la CPI jusqu'ici est Ali Muhammad Ali Abd-Al-Rahman, l'ancien chef des Janjawids, également connu sous son nom de guerre d'Ali Kosheib.

L'absence de justice pour les crimes au Darfour au début des années 2000, a "semé les graines de ce dernier cycle de violences et de souffrances", selon M. Khan.

Dès avant les récents combats, il y avait une "détérioration encore plus importante de la coopération des autorités soudanaises", selon son rapport.

Une accusation rejetée jeudi par l'ambassadeur soudanais à l'ONU Al-Harith Idriss Al-Harith Mohamed, qui a assuré que son gouvernement "(avait) toujours coopéré avec la CPI".


Le chef de l'ONU appelle à mettre fin au «cauchemar de la violence» au Soudan

Des abris érigés par des Soudanais déplacés qui ont fui El-Fasher après la chute de la ville aux mains des Forces de soutien rapide (RSF) composent le camp d'Um Yanqur, situé à la limite sud-ouest de Tawila, dans la région du Darfour occidental, déchirée par la guerre, au Soudan, le 3 novembre 2025. (AFP)
Des abris érigés par des Soudanais déplacés qui ont fui El-Fasher après la chute de la ville aux mains des Forces de soutien rapide (RSF) composent le camp d'Um Yanqur, situé à la limite sud-ouest de Tawila, dans la région du Darfour occidental, déchirée par la guerre, au Soudan, le 3 novembre 2025. (AFP)
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  • Antonio Guterres appelle à des négociations immédiates pour mettre fin au conflit au Soudan, avertissant que la crise humanitaire et sécuritaire devient « incontrôlable » après deux ans de guerre entre l’armée et les Forces de soutien rapide (FSR)
  • La situation à El-Facher, au Darfour, illustre la gravité du drame, avec des civils pris au piège, des milliers de morts, des violations massives des droits humains et près de 12 millions de déplacés selon l’ONU

DOHA: Le patron de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé mardi à des "négociations" pour un arrêt immédiat du conflit au Soudan, mettant en garde contre une crise "en train de devenir incontrôlable".

Le secrétaire général des Nations unies a exhorté les parties au conflit à "venir à la table des négociations, (et) mettre fin à ce cauchemar de violence, maintenant".

"La crise horrifiante au Soudan (...) est en train de devenir incontrôlable", a-t-il dit lors d'une conférence de presse en marge du deuxième sommet mondial pour le développement social à Doha.

Le conflit entre l'armée et les paramilitaires dure depuis deux ans et a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé près de 12 millions de personnes et provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l'ONU.

Le 26 octobre, après 18 mois de siège, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris la ville d'El-Facher, dernier verrou stratégique de l'armée au Darfour (ouest du Soudan).

Depuis, les informations et témoignages se multiplient sur les cas d'exécutions, viols, attaques contre des humanitaires et pillages qui y sont commis, documentés par des images satellites et par des vidéos d'exactions publiées par les combattants eux-même.

"El-Facher et les zones environnantes du Nord-Darfour ont été un épicentre de souffrance, de faim, de violence et de déplacements" a souligné M.Guterres, ajoutant que depuis l'entrée des FSR dans la ville, "la situation s'aggrave de jour en jour".

"Des centaines de milliers de civils sont pris au piège par ce siège. Les gens meurent de malnutrition, de maladie et de violence. Et nous continuons à entendre des rapports sur des violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme", a affirmé M.Guterres.


Pour Aoun, le Liban «n'a pas d'autre choix que de négocier avec Israël»

Israël a bombardé le Liban à plusieurs reprises malgré le cessez-le-feu de novembre 2024 qui visait à mettre fin à plus d'un an d'hostilités avec le Hezbollah, multipliant les attaques ces derniers jours. (Reuters)
Israël a bombardé le Liban à plusieurs reprises malgré le cessez-le-feu de novembre 2024 qui visait à mettre fin à plus d'un an d'hostilités avec le Hezbollah, multipliant les attaques ces derniers jours. (Reuters)
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  • Joseph Aoun réaffirme l'engagement de Beyrouth en faveur d'un dialogue sans guerre, tout en admettant qu'Israël reste un "ennemi"
  • Les frappes aériennes israéliennes tuent deux personnes, dont un commandant du Hezbollah précédemment blessé dans l'explosion d'un téléavertisseur

BEYROUTH : Le président libanais Joseph Aoun a réaffirmé lundi son engagement à négocier avec Israël, affirmant que son pays n'avait "aucune option" en la matière.

Toutefois, il a ajouté : "La négociation n'est pas menée avec Israël : "La négociation ne se fait pas avec un ami ou un allié, mais avec un ennemi.

"Le langage de la négociation est plus important que celui de la guerre, dont nous avons vu ce qu'elle nous a fait subir.

Selon le bureau des médias du palais présidentiel, M. Aoun a réaffirmé son attachement au "langage diplomatique adopté par nous tous, du président du Parlement Nabih Berri au Premier ministre Nawaf Salam".

Le Liban reste attaché au cadre de négociation "à travers le Comité du mécanisme", qui est limité aux représentants militaires, avec la possibilité d'inclure des civils conformément à une proposition américaine présentée la semaine dernière par Morgan Ortagus aux responsables libanais.

Les remarques de M. Aoun font suite à l'intensification des attaques israéliennes sur le Sud-Liban visant à accroître la pression sur le Hezbollah pour qu'il désarme.

Une frappe aérienne israélienne a visé une moto à Aita Al-Shaab, tuant son conducteur. Il s'agit de la deuxième frappe en l'espace de quelques heures.

Des médias proches du Hezbollah ont rapporté que l'homme tué était Youssef Naameh, le frère de deux autres personnes tuées précédemment dans des frappes israéliennes.

Lors d'une frappe précédente, les forces de défense israéliennes ont visé la ville de Doueir dans le district de Nabatieh, tuant une personne et en blessant sept autres, selon un communiqué du ministère libanais de la santé.

Plusieurs médias libanais ont rapporté que l'homme tué était le commandant du Hezbollah Mohammed Ali Hadid, qui avait déjà été blessé lors de l'explosion d'un téléavertisseur par le Mossad en septembre 2024 - une opération dont Israël n'a jamais officiellement revendiqué la responsabilité.

Selon certaines informations, M. Hadid avait survécu à une première frappe israélienne dimanche dans la ville de Zefta, dans le sud du pays, au cours de laquelle des drones israéliens avaient lancé au moins trois missiles sur une cible. Ces frappes n'ont toutefois pas atteint l'objectif visé.

Des images diffusées en ligne montrent la voiture visée en proie à de violentes flammes, tandis que les équipes de pompiers luttent contre les effets de la frappe, qui a également provoqué l'incendie de plusieurs voitures en stationnement.

Un complexe commercial contenant des magasins et des restaurants a également été endommagé.

La chaîne israélienne Channel 12 a rapporté que les récentes attaques israéliennes faisaient suite aux commentaires d'une "source de sécurité israélienne" dimanche.

Cette source a déclaré que "l'État libanais ne pénètre pas dans certaines zones où le Hezbollah opère et, si l'on nous demande d'agir, nous savons comment augmenter le rythme des attaques au Liban si nécessaire".

L'escalade des frappes israéliennes a porté à 16 le nombre de morts en moins d'une semaine, la plupart étant des membres du Hezbollah.

Samedi, une frappe aérienne meurtrière sur la ville de Kfar Roummane à Nabatieh a tué quatre membres du Hezbollah et blessé trois passants.

Une source de sécurité s'attend à une escalade des attaques israéliennes au cours des derniers mois de l'année, qui est la date limite fixée par l'armée libanaise pour achever le plan de désarmement au sud de la ligne Litani.

Le ministre israélien de la défense, Israël Katz, a accusé dimanche le Hezbollah de "jouer avec le feu". Il a déclaré qu'il tenait le gouvernement et le président libanais "responsables des atermoiements dans le respect de leurs engagements concernant le désarmement du parti et son retrait du sud".

Il a également affirmé qu'"Israël continuera à appliquer une politique de riposte maximale dans ses opérations militaires et n'autorisera aucune menace visant les résidents du nord", appelant les autorités libanaises à "assumer pleinement leurs responsabilités pour assurer la stabilité et empêcher l'escalade".


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.