«Au-delà des différences», Arab News en français célèbre trois années de présence en ligne

Arab News en français célèbre ce 14 juillet 2023 son troisième anniversaire (Photo fournie).
Arab News en français célèbre ce 14 juillet 2023 son troisième anniversaire (Photo fournie).
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Publié le Vendredi 14 juillet 2023

«Au-delà des différences», Arab News en français célèbre trois années de présence en ligne

  • Partageant avec Arab News une ligne éditoriale fidèle à des valeurs d’inclusivité, d’impartialité et de vérité, Arab News en français s’est donné pour slogan «Au-delà des différences»
  • L’idée des fondateurs était de jeter des ponts entre le monde arabe et la France en contribuant à faire circuler l’information dans les deux sens

DUBAÏ: Le 14 juillet 2020, tandis que, à Paris, la tour Eiffel se parait des feux d’artifice de la fête nationale française, sur le Burj Khalifa de Dubaï apparaissait le logo d’Arab News en français.

Ce jeune site d’information francophone rejoignait Arab News, l’un des vétérans de la presse saoudienne, fondé en 1975. Partageant avec ce grand frère une ligne éditoriale fidèle à des valeurs d’inclusivité, d’impartialité et de vérité, Arab News en français s’est donné pour slogan «Au-delà des différences».

L’idée des fondateurs était, dans la foulée des grands projets de modernisation menés tambour battant par l’Arabie saoudite avec la Vision 2030 de son prince héritier, Mohammed ben Salmane, de jeter des ponts entre le monde arabe et la France en contribuant à faire circuler l’information dans les deux sens. Abattre les obstacles de l’ignorance et des préjugés devenait pour Arab News en français, au-delà de l’information, une mission.

Le 14 juillet 2020, sur le Burj Khalifa de Dubaï apparaissait le logo d’Arab News en français (Photo, AFP).

L’épreuve du feu

À peine lancé, ce jeune média passait un mois plus tard son épreuve du feu avec la terrible double explosion au port de Beyrouth, le 4 août 2020. Une couverture de terrain, qui proposait tous les angles possibles, prouvait la rapidité d’adaptation des équipes nouvellement formées à toutes les situations.

Très vite, bénéficiant du partenariat d’Arab News avec l’institut de sondage YouGov, Arab News en français partageait avec son audience, outre les intentions de vote des citoyens arabes des États-Unis à la veille de l’élection présidentielle ou les marques préférées sur la scène industrielle arabe, un sondage sur l’intégration en France: «Comment les Français d'origine arabe sont-ils perçus?» Ce sondage, qui lui a valu un record d’audience, était suivi d'une table ronde d'experts intitulée «L'Intégration en France: problème de perception ou crise systémique? L'avis des experts». Ces couvertures offraient déjà au lecteur étranger une vision interne de la sensibilité des sociétés arabes, du politique à l’économique, en passant par la culture.

Ainsi, dès janvier 2021, Arab News en français couvrait en direct la révolte des jeunes Tunisiens, dans un contexte d’économie en panne, contre le pouvoir du président, Kaïs Saïed, qui ne parvenait pas à tenir ses promesses. Cette couverture intensive et précise a valu à notre site d’information une explosion d’audience en Tunisie.

En octobre 2021 était assassiné en France, à Conflans-Sainte-Honorine, le professeur Samuel Paty. Tué à l’arme blanche et décapité par un intégriste tchétchène, cet enseignant avait montré à ses élèves, dans le cadre d’un cours sur la liberté d’expression, des caricatures offensantes du prophète Mahomet parues dans Charlie Hebdo. Une fois de plus, Arab News en français jouait, que ce soit à travers la couverture de cet événement ou derrière la signature de ses éditorialistes, son rôle de médiateur, donnant la parole à toutes les opinions.

La double explosion au port de Beyrouth, le 4 août 2020 (Photo, AFP).

La France et l’Arabie saoudite, une histoire d’amitié

En décembre de la même année, Arab News en français assurait la couverture de la visite-événement du président français, Emmanuel Macron, en Arabie saoudite, premier pas d’un nouveau parcours d’amitié et de coopération entre les deux pays, sous le signe de la culture et de l’économie notamment. La France, présente depuis longtemps sur le terrain des fouilles archéologiques d’AlUla, est en première en ligne pour le développement touristique et culturel de cette oasis antique de la dimension de la Belgique. Cette ville morte et chargée d’histoire, important carrefour sur la route de l’encens il y a plus de deux mille cinq cents ans, est le site d’un projet pharaonique qui s’inscrit dans le cadre de la futuriste Vision 2030 du Royaume.

Dès lors, Arab News en français reflétera pas à pas l’évolution de la relation bilatérale, notamment la vision commune des deux pays face au changement climatique, avec le développement des énergies propres, comme on l’a vu récemment avec la signature conjointe, le 9 juillet 2023, de la feuille de route de coopération franco-saoudienne sur l’hydrogène et l’énergie renouvelable.

Présence et diversité

Le 1er février 2022, un accident tragique, survenu à Chefchaouen, au Maroc, allait occuper le monde entier et le monde arabe en particulier. Un enfant de 5 ans, Rayan Aourram, qui jouait devant sa maison, tombe dans un puits profond destiné à la collecte d’eau de pluie. Après cinq jours d’efforts des secouristes, l’enfant est retrouvé mort. Arab News en français avait suivi heure par heure les progrès des secours.

La longue crise de la Covid-19; l’élection présidentielle en France, en avril 2022; l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la guerre et ses répercussions mondiales qui s’ensuivent, depuis février 2022; la visite du président Emmanuel Macron en Algérie en août 2022 et les efforts de réconciliation franco-algériens; la Coupe du monde de football au Qatar sous l’angle français et maghrébin, en novembre 2022; le conflit au Soudan, déclenché en avril 2023, éclairé par Arab News en français à travers des interviews exclusives, et jusqu’aux récentes manifestations en France en réaction à la mort du jeune Nahel, tué par un policier à Nantes suite à un refus d’obtempérer… Autant d’événements qui ont permis à ce site d’information de prouver sa capacité à aller «au-delà des différences» en n’ayant de cesse de proposer des liens entre le monde arabe, la France et l’ensemble du globe et en donnant la parole aux opinions les plus diverses.

La culture a été depuis le départ un pilier de la mission d’Arab News en français, notamment grâce à un partenariat privilégié avec l’Institut du monde arabe (IMA), basé à Paris. Avec près de trois cent mille francophones recensés en Arabie saoudite grâce aux efforts de l’ambassade de France au Royaume et son ambassadeur, Ludovic Pouille, véritable moteur de cette dynamique, Arab News en français a gagné en Arabie saoudite même un grand nombre de lecteurs. Il a aussi bien couvert les Mois de la francophonie que les événements du 14-Juillet sous le ciel d’Arabie. Du sommet de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) au Festival de Cannes, en passant par le Festival international du film de Marrakech et par celui de la mer Rouge, nos plus brillants journalistes étaient présents pour réaliser des interviews avec les décideurs ainsi qu’avec les créateurs, faisant part de la richesse de productions artistiques situées à la croisée des cultures.

AlUla est le site d’un projet pharaonique qui s’inscrit dans le cadre de la futuriste Vision 2030 du Royaume (Photo, AFP).

Un trait d’union

Sur le site d’Arab News en français, l’économie, trait d’union entre les États et base des principaux accords de coopération, tient une place à part. Des articles de fond permettent de suivre au plus près les grands mouvements des marchés, les répercussions des événements climatiques et géopolitiques ainsi que les perspectives à court ou long terme.

Enfin, Arab News en français s’est efforcé d’apporter une valeur ajoutée avec des tribunes rédigées par des personnalités importantes, des interviews d'experts, des angles originaux ainsi que des interviews de personnalités politiques et officielles, d'artistes, de réalisateurs, de commissaires d'exposition, en France comme dans l’ensemble du monde arabe.

Après trois ans, le résultat est une audience en croissance exponentielle, en France et dans les pays francophones principalement arabes. Voilà qui montre qu’il est possible de renforcer les ponts entre l’ensemble de ces pays, de ces sociétés et de ces cultures au-delà des différences, avec la langue française en guise de magnifique catalyseur.


France: les députés rejettent l'emblématique taxe Zucman, au grand dam de la gauche

Des députés du Rassemblement national applaudissent lors de l'examen des textes par la "niche parlementaire" du groupe d'extrême droite Rassemblement national, à l'Assemblée nationale, la chambre basse du parlement français, à Paris, le 30 octobre 2025. (AFP)
Des députés du Rassemblement national applaudissent lors de l'examen des textes par la "niche parlementaire" du groupe d'extrême droite Rassemblement national, à l'Assemblée nationale, la chambre basse du parlement français, à Paris, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’Assemblée nationale a refusé la proposition de taxe de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros (228 voix contre 172), symbole des tensions entre gauche et droite sur la justice fiscale
  • Le Premier ministre Sébastien Lecornu tente d’éviter une censure et de sauver le budget 2026 en multipliant les concessions à la gauche

PARIS: Les députés français ont rejeté vendredi l'emblématique taxe Zucman sur la taxation des ultra-riches, au grand dam de la gauche, à laquelle le Premier ministre Sébastien Lecornu a tenté de donner des gages pour parvenir à faire voter un budget.

Les parlementaires sont engagés dans de difficiles débats pour arriver à un compromis sur ce sujet qui relève du casse-tête dans un paysage politique très fragmenté, sans majorité nette à l'Assemblée nationale depuis la dissolution décidée en juin 2024 par Emmanuel Macron.

Défendue par la gauche, la taxe Zucman, qui visait à instaurer un impôt minimum de 2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros, a été rejetée par 228 députés contre 172.

Cette proposition, qui cristallisait les débats budgétaires, s'inspire des travaux du discret économiste Gabriel Zucman, chantre de la justice fiscale pour la gauche et adversaire des entreprises pour la droite et les libéraux, jusqu'au patron de LVMH, qui le qualifie de "pseudo universitaire".

Les députés ont également rejeté une version de compromis de cette taxe, proposée par les socialistes.

"Vous faites, par votre intransigeance, je le crains, le mauvais chemin", a dénoncé le socialiste Boris Vallaud. Le chef des députés PS a appelé dans la foulée à voter le rétablissement de l'Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) supprimé en 2017.

De son côté, la droite s'est réjouie: "On est contre les augmentations d'impôts qui vont tuer de l'emploi et tuer de l'activité économique", a réagi le chef des députés Les Républicains (LR), Laurent Wauquiez.

Le Premier ministre Lecornu a réfuté l'existence d'un "impôt miracle pour rétablir la justice fiscale", et demandé à ses ministres de réunir les représentants de groupes politiques pour tenter de trouver une voie d'atterrissage et s'accorder sur un budget pour 2026.

Minoritaire, le quatrième gouvernement en moins d'un an et demi, le sixième depuis la réélection de M. Macron en mai 2022, a promis de laisser le dernier mot au Parlement. Mais la recherche d'un compromis reste très difficile entre un camp présidentiel fracturé, une gauche traversée de tensions et une extrême droite favorable à une union des droites.

- Le PS maintient la pression -

La pression est forte entre des délais très courts et l'inquiétude croissante sur la situation des finances publiques de la deuxième économie de l'UE dont la dette atteint 115% du PIB.

Tout en insistant sur la nécessité de réaliser d'importantes économies, le Premier ministre doit donc accepter des concessions, au risque de ne pas parvenir à doter l'Etat français d'un budget dans les temps ou de tomber comme ses prédécesseurs.

Pour convaincre les socialistes de ne pas le renverser, Sébastien Lecornu a déjà accepté de suspendre la réforme des retraites adoptée au forceps en 2023, une mesure approuvée vendredi en commission parlementaire.

Face à la colère froide de la gauche après les votes de vendredi, il s'est dit prêt en outre à renoncer au gel des pensions de retraite et des minimas sociaux, des mesures parmi les plus contestées de cette séquence budgétaire et dont la suppression était dans le même temps votée en commission des Affaires sociales.

Le gouvernement comptait faire jusqu'à 3,6 milliards d'économies sur ces sujets, et pourrait compenser cela, au moins en partie, par une hausse de la Contribution sociale généralisée (CSG) sur le patrimoine.

Pour Sébastien Lecornu, il s'agit d'échapper à une censure du PS, qui maintient son étreinte et l'appelle à "encore rechercher le compromis" sous peine de devoir "repartir aux élections". A ce stade, "il n'y a pas de possibilité de voter ce budget", a lancé le patron des socialistes, Olivier Faure.

Si le Parlement ne se prononce pas dans les délais, le gouvernement peut exécuter le budget par ordonnance. Une loi spéciale peut aussi être votée permettant à l'Etat de continuer à percevoir les impôts existants l'an prochain, tandis que ses dépenses seraient gelées, en attendant le vote d'un réel budget.


France: le cimentier Lafarge jugé à partir de mardi pour financement du terrorisme

Une multinationale en procès, dans une affaire inédite: le groupe français Lafarge et d'anciens hauts responsables comparaissent à partir de mardi à Paris, soupçonnés d'avoir payé des groupes jihadistes, dont l'État islamique (EI), en Syrie jusqu'en 2014 dans le but d'y maintenir l'activité d'une cimenterie. (AFP)
Une multinationale en procès, dans une affaire inédite: le groupe français Lafarge et d'anciens hauts responsables comparaissent à partir de mardi à Paris, soupçonnés d'avoir payé des groupes jihadistes, dont l'État islamique (EI), en Syrie jusqu'en 2014 dans le but d'y maintenir l'activité d'une cimenterie. (AFP)
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  • Aux côtés de Lafarge, avalé en 2015 par le groupe suisse Holcim, seront jugés au tribunal correctionnel de Paris l'ancien PDG du cimentier, Bruno Lafont, cinq ex-responsables de la chaîne opérationnelle ou de la chaîne de sûreté et deux intermédiaires
  • Dans ce dossier, ils devront répondre de financement d'entreprise terroriste et, pour certains, de non-respect de sanctions financières internationales

PARIS: Une multinationale en procès, dans une affaire inédite: le groupe français Lafarge et d'anciens hauts responsables comparaissent à partir de mardi à Paris, soupçonnés d'avoir payé des groupes jihadistes, dont l'État islamique (EI), en Syrie jusqu'en 2014 dans le but d'y maintenir l'activité d'une cimenterie.

Aux côtés de Lafarge, avalé en 2015 par le groupe suisse Holcim, seront jugés au tribunal correctionnel de Paris l'ancien PDG du cimentier, Bruno Lafont, cinq ex-responsables de la chaîne opérationnelle ou de la chaîne de sûreté et deux intermédiaires syriens, dont l'un est visé par un mandat d'arrêt international et devrait donc être absent au procès.

Dans ce dossier, ils devront répondre de financement d'entreprise terroriste et, pour certains, de non-respect de sanctions financières internationales.

Le groupe français est soupçonné d'avoir versé en 2013 et 2014, via sa filiale syrienne Lafarge Cement Syria (LCS), plusieurs millions d'euros à des groupes rebelles jihadistes dont certains, comme l'EI et Jabhat al-Nosra, ont été classés comme "terroristes", afin de maintenir l'activité d'une cimenterie à Jalabiya, dans le nord du pays.

La société avait investi 680 millions d'euros dans ce site, dont la construction a été achevée en 2010.

Plaintes 

Alors que les autres multinationales avaient quitté le pays en 2012, Lafarge n'a évacué cette année-là que ses employés de nationalité étrangère, et maintenu l'activité de ses salariés syriens jusqu'en septembre 2014, date à laquelle l'EI a pris le contrôle de l'usine.

Dans ce laps de temps, LCS aurait rémunéré des intermédiaires pour s'approvisionner en matières premières auprès de l'EI et d'autres groupes, et pour que ces derniers facilitent la circulation des employés et des marchandises.

L'information judiciaire avait été ouverte à Paris en 2017 après plusieurs révélations médiatiques et deux plaintes en 2016, une du ministère de l'Économie pour violation d'embargo, et l'autre de plusieurs associations et de onze anciens salariés de LCS pour financement du terrorisme.

Le nouveau groupe, issu de la fusion de 2015, qui a toujours pris soin de dire qu'il n'avait rien à voir avec les faits antérieurs à cette opération, avait entretemps lancé une enquête interne.

Confiée aux cabinets d'avocats américain Baker McKenzie et français Darrois, elle avait conclu en 2017 à des "violations du code de conduite des affaires de Lafarge".

Et en octobre 2022, Lafarge SA avait plaidé coupable aux États-Unis d'avoir versé à l'EI et Jabhat Al-Nosra près de 6 millions de dollars, et accepté d'y payer une sanction financière de 778 millions de dollars.

Une décision dénoncée par plusieurs prévenus du dossier français, à commencer par Bruno Lafont, qui conteste avoir été informé des paiements aux groupes terroristes.

Plus de 200 parties civiles 

Selon ses avocats, ce plaider-coupable, sur lequel s'appuient en partie les juges d'instruction français dans leur ordonnance, "est une atteinte criante à la présomption d'innocence, qui jette en pâture les anciens cadres de Lafarge" et avait "pour objectif de préserver les intérêts économiques d'un grand groupe".

Pour la défense de l'ex-PDG, le procès qui s'ouvre permettra d'"éclaircir" plusieurs "zones d'ombre du dossier", comme le rôle des services de renseignement français.

Les magistrats instructeurs ont estimé que si des remontées d'informations avaient eu lieu entre les responsables sûreté de Lafarge et les services secrets sur la situation autour du site, cela ne démontrait "absolument pas la validation par l'Etat français des pratiques de financement d'entités terroristes mises en place par Lafarge en Syrie".

Au total, 241 parties civiles se sont à ce jour constituées dans ce dossier. "Plus de dix ans après les faits, les anciens salariés syriens pourront enfin témoigner de ce qu'ils ont enduré: les passages de check-points, les enlèvements et la menace permanente planant sur leurs vies", souligne Anna Kiefer, de l'ONG Sherpa.

Lafarge encourt jusqu'à 1,125 million d'euros d'amende pour le financement du terrorisme. Pour la violation d'embargo, l'amende encourue est nettement plus lourde, allant jusqu'à 10 fois le montant de l'infraction qui sera retenu in fine par la justice.

Un autre volet de ce dossier est toujours à l'instruction, le groupe ayant aussi été inculpé pour complicité de crimes contre l'humanité en Syrie et en Irak.


Gérald Darmanin visé par une plainte d'avocats pour son soutien implicite à Sarkozy

Ce collectif d'une trentaine d'avocats se dit dans sa plainte, portée par Me Jérôme Karsenti, "particulièrement indigné par les déclarations du garde des Sceaux" faisant part "publiquement de sa compassion à l'égard de M. Sarkozy en soulignant les liens personnels qu'ils entretiennent". (AFP)
Ce collectif d'une trentaine d'avocats se dit dans sa plainte, portée par Me Jérôme Karsenti, "particulièrement indigné par les déclarations du garde des Sceaux" faisant part "publiquement de sa compassion à l'égard de M. Sarkozy en soulignant les liens personnels qu'ils entretiennent". (AFP)
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  • Le garde des Sceaux a rencontré mercredi à la prison de la Santé à Paris l'ancien président de la République, un de ses mentors en politique
  • Mais la plainte des avocats est née bien avant, juste après des déclarations de M. Darmanin sur France Inter le 20 octobre, à la veille de l'incarcération de M. Sarkozy

PARIS: Ils accusent Gérald Darmanin de "prendre position": un collectif d'avocats a porté plainte auprès de la Cour de justice de la République (CJR) contre le ministre de la Justice pour son soutien implicite à Nicolas Sarkozy, à qui il a rendu visite en prison.

Le garde des Sceaux a rencontré mercredi à la prison de la Santé à Paris l'ancien président de la République, un de ses mentors en politique.

Mais la plainte des avocats est née bien avant, juste après des déclarations de M. Darmanin sur France Inter le 20 octobre, à la veille de l'incarcération de M. Sarkozy.

En confiant ce jour-là sa "tristesse" après la condamnation de M. Sarkozy et en annonçant lui rendre prochainement visite en prison, ce qu'il a fait depuis, M. Darmanin a "nécessairement pris position dans une entreprise dont il a un pouvoir d'administration", stipule la plainte que l'AFP a pu consulter.

M. Darmanin indiquait qu'il irait "voir en prison" M. Sarkozy pour s'inquiéter "de ses conditions de sécurité". Et d'ajouter: "J'ai beaucoup de tristesse pour le président Sarkozy", "l'homme que je suis, j'ai été son collaborateur, ne peut pas être insensible à la détresse d'un homme".

Ce collectif d'une trentaine d'avocats se dit dans sa plainte, portée par Me Jérôme Karsenti, "particulièrement indigné par les déclarations du garde des Sceaux" faisant part "publiquement de sa compassion à l'égard de M. Sarkozy en soulignant les liens personnels qu'ils entretiennent".

En "s'exprimant publiquement quant à sa volonté de rendre visite à M. Sarkozy en détention" ainsi "qu'en lui apportant implicitement son soutien", M. Darmanin a "nécessairement pris position" dans une entreprise dont il a aussi "un pouvoir de surveillance en tant que supérieur hiérarchique du parquet", déroulent les plaignants.

Juridiquement, ce collectif d'avocats porte plainte contre M. Darmanin pour "prise illégale d'intérêts", via une jurisprudence considérant que "l'intérêt" peut "être moral et plus précisément amical".

"Préjudice" 

"Il ne fait pas de doute que cet intérêt est de nature à compromettre l'impartialité et l'objectivité de M. Darmanin qui, en tant que ministre de la Justice, ne peut prendre position de cette manière dans une affaire pendante", argumentent les avocats.

Condamné le 25 septembre à cinq ans d'emprisonnement dans le dossier libyen pour association de malfaiteurs, l'ancien président a depuis déposé une demande de remise en liberté, que la justice doit examiner dans les prochaines semaines, avant son procès en appel en 2026.

Les propos de M. Darmanin sur France Inter avaient déjà ému la magistrature. Le plus haut procureur de France, Rémy Heitz, y avait vu un "risque d'obstacle à la sérénité" et donc "d'atteinte à l'indépendance des magistrats".

"S'assurer de la sécurité d'un ancien président de la République en prison, fait sans précédent, n'atteint en rien à l'indépendance des magistrats mais relève du devoir de vigilance du chef d'administration que je suis", s'était déjà défendu M. Darmanin sur X.

Pour le collectif d'avocats, "les déclarations" du ministre de la Justice, "suivies" de sa "visite rendue à la prison de la Santé", sont "susceptibles de mettre à mal la confiance que les justiciables ont dans la justice et leurs auxiliaires", que sont notamment les avocats.

Les "agissements" de M. Darmanin leur causent "ainsi un préjudice d'exercice et d'image qui rend nécessaire le dépôt de cette plainte auprès de la commission des requêtes" de la CJR, peut-on encore lire dans la plainte.

La CJR est la seule juridiction habilitée à poursuivre et juger les membres du gouvernement pour les crimes et délits commis dans l'exercice de leurs fonctions.