Des Libanais se mobilisent pour défendre leurs dernières plages publiques

Des personnes nagent près d'une villa en construction dans le village de Kfarabida, au nord du Liban, le 12 juillet 2023 (Photo, AFP).
Des personnes nagent près d'une villa en construction dans le village de Kfarabida, au nord du Liban, le 12 juillet 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 20 juillet 2023

Des Libanais se mobilisent pour défendre leurs dernières plages publiques

  • Plus de 80% de la côte n'est plus accessible librement du fait des constructions illégales
  • Dans la paisible localité de Amchit, les habitants se battent pour empêcher la construction d'une villa sur la plage, autorisée par les autorités

AMCHIT: Au nord de Beyrouth, écologistes et habitants se mobilisent pour défendre l'une des dernières plages publiques du Liban, menacée par un projet de construction qui met en danger une grotte servant parfois d'abri à un phoque moine, un animal rarissime.

Dans le pays qui borde la Méditerranée, plus de 80% de la côte n'est plus accessible librement du fait des constructions illégales, selon l'ONG libanaise Nahnoo luttant pour la préservation des espaces publics.

Dans la paisible localité de Amchit, où l'archéologue français Ernest Renan a séjourné au 19e siècle, les habitants se battent pour empêcher la construction d'une villa sur la plage, autorisée par les autorités.

Cette villa "ne doit pas être construite (...) au-dessus d'une grotte abritant un animal menacé d'extinction", affirme Farid Sami Abi Younes, un activiste local.

"Le phoque a choisi cette grotte pour la propreté de l'eau" et les galets sur lesquels il peut se reposer, ajoute cet architecte qui milite pour que "la grotte du phoque", comme l'appellent les habitants, soit classée réserve naturelle.

M. Abi Younes, 41 ans, fait partie des habitants privilégiés qui assurent, photos à l'appui, avoir vu l'animal, classé "en danger d'extinction" sur la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), lors d'une balade en kayak dans la grotte et ses eaux turquoise.

Autrefois abondants en Méditerranée, ces phoques moines qui ont abandonné les plages trop fréquentées pour se reproduire dans des grottes ne sont plus que quelques centaines.

Selon l'ONG Terre Liban, à l'initiative d'une campagne de sensibilisation, la grotte risque de s'effondrer en cas de travaux.

«Exceptions»

Profitant du chaos de la guerre civile (1975-1990), les habitations privées et centres balnéaires construits sur des terrains accaparés illégalement ont fleuri sur le littoral, empêchant l'accès libre à la côte.

Sur la côte au nord de Beyrouth, les luxueux centres balnéaires réclament des droits d'entrée pouvant aller jusqu'à plus de 30 dollars par jour, soit plus du tiers du salaire minimum d'un fonctionnaire dans le pays en plein effondrement économique.

Mohammad Ayoub, président de Nahnoo, affirme que son ONG a recensé plus de 1 100 empiètements sur le littoral.

Et sur les quelque 20% du littoral encore accessible, une grande partie est polluée par le déversement des eaux usées dans la mer, explique-t-il à l'AFP.

Un peu plus au nord de Amchit, deux projets balnéaires sont en construction par des promoteurs, malgré une décision des autorités en juin d'arrêter les travaux.

"Les travaux continuent discrètement. Regardez l'ampleur de ces empiètements", déplore Riad Nakhoul, un historien et militant local en montrant la côte bétonnée, sur laquelle une piscine est en train d'être creusée.

Clara Khoury, membre de Nahnoo, accuse elle aussi les autorités de fermer les yeux sur ces empiètements, désignant une villa en construction un peu plus loin, à quelques mètres de l'eau, qui empêcherait le libre accès à la mer.

"Au Liban malheureusement, quand les gens ont de l'influence, l'Etat leur fait des exceptions", déplore la militante énergique.

Privatisation

Si ces empiétements ne sont pas nouveaux, les Libanais se mobilisent désormais davantage pour défendre le domaine public, selon M. Ayoub.

Ainsi, à Kfarabida (nord) les habitants ont récemment remporté une "victoire", obtenant des autorités la destruction d'un chalet construit illégalement sur la plage publique à l'eau cristalline.

"Quand on a appris que le propriétaire voulait agrandir le chalet pour en faire une plage privée, on a décidé de se rassembler pour demander sa destruction", explique Tony Nassif, un militant de 26 ans.

Le mois dernier, sur la côte de Naqoura dans le sud, une mobilisation d'ONG pour l'environnement, dont Nahnoo, a permis l'arrêt de travaux de remblaiement sur une plage de cette région encore préservée.

Mais ailleurs, la privatisation des plages publiques a forcé les baigneurs à se replier sur d'infimes parties de la côte.

"Partout dans le monde la côte est gratuite", s'insurge Karl Metrebian, un autoentrepreneur de 32 ans, qui a étendu sa serviette sur un rocher à Kfarabida, après la privatisation de la plage où il se rendait depuis huit ans. "Pourquoi ce serait différent chez nous?", soupire-t-il.


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.


Gaza 2025: 15 journalistes tués, selon le Syndicat des journalistes palestiniens

 Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
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  • Le dernier rapport du syndicat fait état d'une augmentation des arrestations, des menaces et du harcèlement des journalistes par les Israéliens
  • Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes

LONDRES: Au moins 15 professionnels des médias ont été tués à Gaza depuis le début de l'année 2025, selon un nouveau rapport publié par le Syndicat des journalistes palestiniens.

Le rapport, publié ce week-end par le comité des libertés du syndicat chargé de surveiller les violations commises par Israël à l’encontre des journalistes, souligne la persistance du ciblage direct des professionnels des médias.

Sept journalistes ont été tués en janvier et huit en mars, selon le rapport.

Par ailleurs, les familles de 17 journalistes ont été endeuillées, tandis que les habitations de 12 autres ont été détruites par des tirs de roquettes et d’obus. De plus, 11 personnes ont été blessées au cours de ces attaques.

Le rapport note que la violence à l'encontre des équipes de journalistes ne se limite pas aux attaques mortelles. Il fait état de l'arrestation de 15 journalistes, à leur domicile ou alors qu'ils étaient en mission. Certains ont été libérés quelques heures ou quelques jours plus tard, tandis que d'autres sont toujours en détention.

Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes, dont beaucoup ont été avertis d'évacuer les zones qu'ils couvraient.

Le rapport relève également une intensification du harcèlement judiciaire, avec plus d’une dizaine de cas où des journalistes – en majorité issus du quotidien Al-Quds, basé en Cisjordanie – ont été convoqués pour interrogatoire et se sont vu interdire de couvrir des événements aux abords de la mosquée Al-Aqsa et dans la vieille ville de Jérusalem.

En Cisjordanie occupée, environ 117 journalistes ont été victimes d'agressions physiques, de répression ou d'interdictions de reportage, en particulier à Jénine et à Jérusalem. La commission a également recensé 16 cas de confiscation ou de destruction de matériel de travail.

Les violences à l'encontre des journalistes surviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. Les forces israéliennes ont intensifié leur offensive, coupant les approvisionnements vitaux des 2,3 millions d'habitants de Gaza, laissant l'enclave au bord de la famine.

Les actions d'Israël font désormais l'objet d'audiences à la Cour internationale de justice de La Haye, où Tel-Aviv est accusé de violer le droit international en restreignant l'aide humanitaire à Gaza.

Le bilan humanitaire est catastrophique.

Selon le ministère de la santé de Gaza, plus de 61 700 personnes ont été tuées à Gaza depuis qu'Israël a lancé son offensive le 7 octobre 2023. Plus de 14 000 autres sont portées disparues et présumées mortes, les civils constituant la grande majorité des victimes.

Le Comité pour la protection des journalistes, organisme de surveillance de la liberté de la presse basé à Washington, a également lancé un signal d’alarme face au nombre élevé de journalistes tués, indiquant qu’au moins 176 d’entre eux – en grande majorité des Palestiniens – ont perdu la vie depuis le début de l’offensive israélienne sur les territoires occupés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com