Pour les réfugiés hautement qualifiés, le vertige du déclassement social

Des enfants marchent sur un pont au bord d'une rivière dans un camp de migrants de fortune à Loon-Plage, dans le nord de la France, le 5 juin 2023. (AFP)
Des enfants marchent sur un pont au bord d'une rivière dans un camp de migrants de fortune à Loon-Plage, dans le nord de la France, le 5 juin 2023. (AFP)
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Publié le Jeudi 20 juillet 2023

Pour les réfugiés hautement qualifiés, le vertige du déclassement social

  • 40% des réfugiés sont sur-qualifiés dans leur emploi ou n'arrivent pas à renouer avec le métier d'origine, selon l'ONG Singa
  • Non-reconnaissance des diplômes, barrière de la langue, manque de réseau... les causes du phénomène sont largement documentées

PARIS: Ne dites surtout pas à Sameh Abdullah qu'il est un migrant. Le terme l'horripile. C'est "Dr Abdullah" et il y tient. Même si le médecin yéménite n'a jamais pu exercer en France où, comme nombre de réfugiés hautement qualifiés, il subit un vertigineux "déclassement".

Lorsqu'il quitte son pays ravagé par la guerre, en 2021, l'ancien urgentiste de 40 ans a pourtant l'impression que les étoiles sont alignées pour un nouveau départ. A l'époque, la pandémie de Covid-19 exacerbe les besoins de blouses blanches en France.

"Je pensais que mes problèmes étaient derrière moi", se souvient Sameh Abdullah. Il déchante très vite: les médecins étrangers non-Européens ne peuvent pas exercer sans avoir passé de nouveaux examens, faute de reconnaissance des diplômes.

"Je me sens complètement bloqué", expose à l'AFP le Dr Abdullah, qui a suivi ses sept années d'études en anglais au Yémen et qui doit désormais passer un test de français auquel il a échoué l'an dernier. "J'ai de l'expérience, je suis qualifié, motivé. Je ne comprends pas pourquoi tout est rendu si difficile", rumine le médecin devenu allocataire d'une aide sociale de base à Bordeaux (sud-ouest), après dix-huit mois sous perfusion de l'allocation pour demandeurs d'asile.

La raison ? Sur son CV, il refuse d'éluder sa carrière médicale. Donc les services de l'emploi lui répondent qu'il est "sur-qualifié même pour les petits boulots."

«Gâchis»

Comme lui, 40% des réfugiés sont sur-qualifiés dans leur emploi ou n'arrivent pas à renouer avec le métier d'origine, selon l'ONG Singa, spécialisée dans leur inclusion socio-économique, qui mène en juillet une campagne de sensibilisation contre ce déclassement.

Non-reconnaissance des diplômes, barrière de la langue, manque de réseau... les causes du phénomène sont largement documentées.

Tout comme son ampleur: si l'on compare l'emploi des réfugiés dans le pays d'origine et en France, la part des ouvriers passe de 22 à 46%, soulignait une étude de l'Ifri (Institut français des relations internationales) en 2022. Pour les cadres et professions intellectuelles, la courbe s'inverse: 10% à l'origine, 2% à l'arrivée.

"C'est un immense gâchis", déplore l'ancien ministre socialiste français Benoît Hamon, désormais patron de Singa. "D'abord pour les personnes concernées mais aussi pour nous, avec des conséquences en termes de performance pour les entreprises et de cohésion sociale", observe le dirigeant, qui invite à s'attaquer également aux autres freins que sont "le racisme et les discriminations".

"Pourquoi ne pas s'inspirer de l'Allemagne, qui a un programme de remise à niveau pour les médecins syriens?", interpelle également Camila Rios Armas, responsable de l'association UniR (Universités réfugiés), qui accompagne de nombreux "déclassés" contraints de reprendre des études.

En attendant, les réfugiés s'engagent dans un "parcours du combattant" qui "s'ajoute aux traumatismes de l'exil", reprend Benoît Hamon.

«Honte»

Pour Hamze Ghalebi, la traversée du désert a duré "dix ans". Ingénieur de formation, l'Iranien de 41 ans a fui son pays après la présidentielle de 2009, alors qu'il dirigeait un think-tank proche de l'ex-Premier ministre Mir Hossein Mousavi. Après la prison, c'est l'exil, d'abord à pied par le Kurdistan irakien, puis l'arrivée en France en 2010.

"J'avais perdu ma finesse linguistique, qui était mon point fort. Le déclassement a été extrêmement dur à vivre", raconte le gaillard au visage rond qui a enchaîné les petits boulots, notamment dans une station-essence.

Jusqu'à sombrer mentalement. "J'étais arrivé à la conclusion que ça valait le coup de rentrer, passer cinq ans en prison (condamnation dont il a écopé après son exil, Ndlr) mais pouvoir être quelqu'un à nouveau", lâche-t-il dans un français impeccable teinté d'amertume.

Pendant des années, Hamze Ghalebi a "caché" son statut de réfugié, une "honte". "Ca me rappelait que je n'étais plus rien, alors que chez moi ma parole comptait. Quand j'entendais le mot +réfugié+, je commençais à transpirer."

Il sèche aussi les cours de français, où l'on "traite les réfugiés comme des petits enfants".

Désormais, Hamze Ghalebi est "en paix". Il ne retrouvera peut-être jamais l'aura ni la position sociale dont il était auréolé en Iran. C'est entendu. Le "capital social, c'est le plus difficile à reconstruire", philosophe-t-il.

Mais il a décidé de faire de son itinéraire une force. Il dirige aujourd'hui une entreprise qui "résout les problèmes bancaires des nouveaux arrivants", un sujet qu'il "connaît bien", plaisante l'Iranien, attablé à la Station F, campus parisien où sa start-up est incubée.

Après 13 ans d'exil, il se jauge à 20% de ses capacités. "Et pour en arriver là, il a déjà fallu faire 10 fois plus d'efforts pour 100 fois moins de résultats."


Canicule: une chaleur «d'un niveau exceptionnel» dans le sud-ouest

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  • Cet épisode, le deuxième à toucher le pays cet été après celui du 19 juin au 4 juillet, est aussi le 51e enregistré depuis 1947, selon l'institut national
  • Le niveau de vigilance rouge, le plus élevé, correspond à une canicule "extrême, exceptionnelle par sa durée, son intensité, son extension géographique", avec un fort impact pour la santé et les activités humaines

BORDEAUX: La vague de chaleur en cours depuis vendredi est encore montée d'un cran lundi, avec des températures "d'un niveau exceptionnel" dans le sud-ouest, où 12 départements sont classés en vigilance rouge canicule jusqu'à mardi par Météo-France.

Cet épisode, le deuxième à toucher le pays cet été après celui du 19 juin au 4 juillet, est aussi le 51e enregistré depuis 1947, selon l'institut national.

Le niveau de vigilance rouge, le plus élevé, correspond à une canicule "extrême, exceptionnelle par sa durée, son intensité, son extension géographique", avec un fort impact pour la santé et les activités humaines.

De la Charente-Maritime à l'Aude sont attendues des maximales "très fréquemment supérieures à 40°C", avec "localement" des pointes à 42°C, selon l'institut national.

"On pourrait s'approcher de niveaux records, enregistrer des valeurs inédites mais le record national de 46°C devrait rester hors d'atteinte", a précisé la prévisionniste Christelle Robert lors d'un point presse dimanche.

Face à cette situation, l'heure est à l'adaptation des rythmes de vie et de travail.

"Aujourd'hui je fermerai à 18h00 au lieu de 19h45, je ne peux pas laisser mes vendeurs travailler avec cette chaleur, près des fours à 200 degrés", explique Élodie Rodrigues, cogérante de plusieurs boulangeries dans l'agglomération bordelaise.

"Ce matin, on a commencé beaucoup plus tôt, à 6h00 (...) et on espère boucler à 13h00", souligne Jason Andrés sur un chantier de maison de retraite en cours à Roquefort (Landes).

"L'entreprise nous fournit des bouteilles d'eau qui restent au congélateur toute la nuit et puis on nous laisse à disposition des locaux qui sont climatisés", ajoute l'ouvrier.

Au restaurant du village, les employés souffrent aussi : "dès qu'on allume la friteuse, le four et le bain-marie, il fait très, très chaud", confiait Anna Ribeiro avant de servir 80 à 130 couverts à la mi-journée.

Un épisode durable 

La vague de chaleur, qui s'est étendue et intensifiée depuis trois jours sur la moitié sud de l'Hexagone, "progresse vers le nord" selon Météo-France. "On dépassera les 30°C partout en France", avec des températures qui devraient atteindre 38°C dans le Centre-Val de Loire et 34°C en Ile-de-France, précise l'organisme.

Outre les 12 départements en vigilance rouge, 41 autres, situés principalement au-dessous d'une ligne allant de la Vendée au Doubs, ont été placés en vigilance orange. Seuls 13 échapperont aux chaleurs extrêmes, dans une frange allant de la Normandie à l'Alsace en passant par le Nord, les autres étant en vigilance jaune.

Ces niveaux d'alerte ont été reconduits pour mardi par Météo-France, qui s'attend à ce que l'épisode dure "au moins" jusqu'au week-end.

À Mont-de-Marsan, Linda Lahbib, aide-soignante qui "préfère la chaleur au froid", prévoit néanmoins de "rester dedans" lundi après-midi, profitant "d'une salle refaite et climatisée" dans le centre d'accueil pour handicapés où elle travaille.

Même stratégie pour des touristes belges à Lyon: "on visite le matin, à l'ombre, en buvant beaucoup d'eau", relate Sébastien Hoet avant de passer l'après-midi dans la piscine de sa maison de location.

À Limoges où l'on attend 40°C, habitants et visiteurs pourront se mettre au frais dans les musées municipaux, ouverts gratuitement pour l'occasion.

Risque d'incendies 

L'agence Santé publique France appelle à s'hydrater régulièrement en évitant l'alcool et le café", conseillant aussi de "réduire ses activités physiques".

Le ministère de la Santé a activé le numéro vert Canicule info service au 0800 06 66 66, joignable de 8h à 19h (appel gratuit depuis la France métropolitaine).

En parallèle, Météo-France a classé 20 départements, principalement dans l'ouest et le sud du pays, en risque élevé pour les incendies lundi.

Dans l'Aude, où un vent sec et chaud a compliqué l'action des pompiers dimanche pour maîtriser le gigantesque feu qui a parcouru 16.000 hectares de végétation, le mercure devrait se maintenir entre 40 et 42°C sur les Corbières.

 


Gaza: l’Élysée met en garde contre « un désastre annoncé » et appelle à une mission de stabilisation sous mandat de l’ONU

« Il faut mettre fin à cette guerre maintenant avec un cessez-le-feu permanent », martèle le président, qui réaffirme la volonté de la France « d’agir pour la sécurité d’Israël, la libération des otages, la reprise des actions humanitaires et le soutien aux populations palestiniennes ». (AFP)
« Il faut mettre fin à cette guerre maintenant avec un cessez-le-feu permanent », martèle le président, qui réaffirme la volonté de la France « d’agir pour la sécurité d’Israël, la libération des otages, la reprise des actions humanitaires et le soutien aux populations palestiniennes ». (AFP)
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  • Dans un communiqué diffusé ce lundi, l’Élysée parle d’« un désastre annoncé d’une gravité sans précédent » et d’« une fuite en avant dans la guerre permanente »
  • Selon le chef de l’État, « les otages israéliens et les populations de Gaza vont continuer d’être les premières victimes de cette stratégie »

PARIS: Le président de la République a vivement réagi à l’annonce par le cabinet israélien d’une extension de son opération militaire à Gaza-ville et aux camps de Mawasi, assortie d’une réoccupation par Israël.
Dans un communiqué diffusé ce lundi, l’Élysée parle d’« un désastre annoncé d’une gravité sans précédent » et d’« une fuite en avant dans la guerre permanente ». Selon le chef de l’État, « les otages israéliens et les populations de Gaza vont continuer d’être les premières victimes de cette stratégie ».

Appel à un cessez-le-feu permanent
« Il faut mettre fin à cette guerre maintenant avec un cessez-le-feu permanent », martèle le président, qui réaffirme la volonté de la France « d’agir pour la sécurité d’Israël, la libération des otages, la reprise des actions humanitaires et le soutien aux populations palestiniennes ».
Pour atteindre ces objectifs, Paris propose la mise en place « d’une mission de stabilisation sous mandat de l’ONU » afin de sécuriser la bande de Gaza, protéger les populations civiles et soutenir « une gouvernance palestinienne qui seule peut répondre aux besoins des habitants, et conduire des opérations de désarmement et de démilitarisation du Hamas ».
Le chef de l’État rappelle que cette orientation a déjà été actée « à New York avec nos partenaires lors de la conférence de juillet ». Il s’oppose fermement à une nouvelle opération militaire israélienne, et plaide pour « une coalition internationale sous mandat de l’ONU pour lutter contre le terrorisme, stabiliser Gaza, soutenir ses populations et mettre en place une gouvernance de paix et de stabilité ».

Un accord inédit avec l’Arabie saoudite
Le président souligne qu’avec l’Arabie saoudite, la France a obtenu « pour la première fois un appel unanime des acteurs régionaux à un désarmement du Hamas et à la libération des otages ».
Il appelle désormais le Conseil de sécurité à « travailler pour mettre en place cette mission et la doter d’un mandat », précisant avoir demandé à ses équipes « d’y travailler sans tarder avec nos partenaires ».
Pour l’Élysée, cette initiative représente « la seule voie crédible pour sortir d’une situation inacceptable pour les familles d’otages comme pour les Gazaouis » et « commencer à mettre fin à la guerre permanente, afin de reconstruire la paix et la sécurité pour tous ».


François Bayrou mise sur YouTube pour convaincre les Français d’accepter son budget de rigueur

Conscient de son impopularité record et de l’hostilité grandissante face à son plan de rigueur, le Premier ministre français François Bayrou a choisi de prendre les devants. Depuis mi-juillet, il s’est lancé dans une série de vidéos intitulée FB Direct sur YouTube. (AFP)
Conscient de son impopularité record et de l’hostilité grandissante face à son plan de rigueur, le Premier ministre français François Bayrou a choisi de prendre les devants. Depuis mi-juillet, il s’est lancé dans une série de vidéos intitulée FB Direct sur YouTube. (AFP)
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  • Une stratégie inhabituelle, presque désespérée aux yeux de certains observateurs, mais que l’intéressé revendique comme un passage obligé : « J’essaie de vous regarder dans les yeux »
  • Entre les « efforts choisis » et les « sacrifices subis », Bayrou veut faire comprendre que la France doit reprendre en main son destin

PARIS: Conscient de son impopularité record et de l’hostilité grandissante face à son plan de rigueur, le Premier ministre français François Bayrou a choisi de prendre les devants.
Depuis mi-juillet, il s’est lancé dans une série de vidéos intitulée FB Direct sur YouTube, pour expliquer directement aux Français pourquoi son budget 2026 impose 43,8 milliards d’euros d’économies et pourquoi, selon lui, ces sacrifices sont inévitables.
Une stratégie inhabituelle, presque désespérée aux yeux de certains observateurs, mais que l’intéressé revendique comme un passage obligé : « J’essaie de vous regarder dans les yeux », répète-t-il face caméra, veste tombée mais ton professoral, en martelant les chiffres de la dette et les risques encourus si rien n’est fait.

Entre les « efforts choisis » et les « sacrifices subis », Bayrou veut faire comprendre que la France doit reprendre en main son destin.
Il est sous pression et le temps joue contre lui : menacé de censure par la gauche comme par le Rassemblement national, et dépourvu de majorité solide à l’Assemblée nationale, il n’a pas d’autre option que de tenter d’attirer l’opinion publique à lui.
Il parie sur la possibilité de contourner l’opposition parlementaire en parlant directement aux citoyens, dans l’espoir que la pression populaire fasse plier ses adversaires politiques.

Le Premier ministre est loin d’être une personnalité flamboyante ; il ne fait pas non plus d’étincelles. En revanche, il est un concentré d’acharnement patient et d’endurance, ce qui lui a souvent valu d’avoir gain de cause.
Cette méthode viendra-t-elle à bout des réticences, voire du rejet ferme, d’une majorité de Français à l’égard de ses choix budgétaires ?
Rien n’est moins sûr : malgré ses velléités, les sondages ne montrent pour l’instant aucun frémissement en sa faveur.

Les mesures de suppression de deux jours fériés, gel des retraites, non-remplacement des fonctionnaires partant à la retraite et réforme de l’assurance chômage sont toutes perçues comme brutales et injustes par une large partie de la population.
Dès la présentation des grandes lignes de son budget, les réactions ne se sont pas fait attendre : une pétition intersyndicale a réuni les syndicats français, toutes tendances confondues, pour exiger « l’abandon immédiat de ce budget d’une brutalité sans précédent ».

Paradoxalement, même le patronat ne cache pas ses réserves : il a certes apprécié l’absence de hausse de la fiscalité des entreprises, mais il s’inquiète de certaines mesures telles que la suppression des jours fériés ou la contribution salariale de 0,6 % envisagée en contrepartie.

La menace la plus imprévisible pour Bayrou vient peut-être de la rue. Depuis plusieurs semaines, un mouvement citoyen baptisé « Bloquons tout » appelle à paralyser le pays à partir du 10 septembre. Inspirée par le mouvement des « gilets jaunes » de 2018, cette mobilisation diffuse ses mots d’ordre en ligne, incitant à boycotter les commerces, à faire grève dans tous les secteurs d’activité et à mener des blocages ciblés, comme l’occupation pacifique de lieux symboliques.

Le mot d’ordre, « La France s’arrête », pourrait fédérer des colères diverses : lutte contre la réforme du marché du travail, rejet des zones à faibles émissions, etc.
Sans leader officiel, ce mouvement prend de l’ampleur, avec le soutien affiché de figures historiques des « gilets jaunes » comme Jérôme Rodrigues ou Jacline Mouraud.
Malgré cela, au ministère de l’Intérieur, l’ambiance reste à la prudence : beaucoup de mobilisations virales s’essoufflent sur le terrain. Cependant, le ministère n’exclut pas un scénario de convergence entre ce mouvement spontané et les syndicats déjà vent debout contre le budget Bayrou.

Si le président de la République, Emmanuel Macron, soutient publiquement son Premier ministre et salue « une stratégie claire et solide », l’étau se resserre politiquement.
La cheffe de file du Rassemblement national (extrême droite), Marine Le Pen, affirme qu’« il est impossible pour le RN de ne pas censurer ce gouvernement ». Du côté de la gauche, de La France insoumise (extrême gauche) au Parti socialiste, la condamnation est unanime.

Bayrou sait qu’il joue gros : un échec parlementaire signifierait probablement la fin de son mandat à Matignon. Mais, tenace comme à son habitude, il assume le risque.
Derrière son offensive de communication, c’est un pari presque contradictoire : tenter de convaincre sur un sujet aussi impopulaire qu’un plan de rigueur qui exige du temps… alors que le temps lui manque cruellement.
Les oppositions pourraient déposer une motion de censure dès l’automne ; la rue pourrait s’embraser bien avant si l’appel du 10 septembre prend de l’ampleur. Et pour l’instant, ses vidéos n’affichent que quelques milliers de vues, loin d’un raz-de-marée populaire.

Mais Bayrou persiste et signe, affirmant : « Nous devons être la génération qui décide de faire les efforts nécessaires », prenant en exemple la Grèce et l’Espagne qui, faute d’anticipation, ont dû encaisser des « efforts forcés » autrement plus douloureux.

Reste à savoir si cette méthode pédagogique pourra changer la donne, ou si, comme le prédisent certains de ses détracteurs, l’automne 2025 restera dans l’histoire comme le moment où la stratégie du « YouTubeur de Matignon » s’est fracassée contre la réalité sociale.