Comment l'Arabie saoudite s'efforce de lutter contre l'obésité et la sédentarité

Khaled Mohsen Chaeri, l'homme de 610 kg qui a dû être transporté par avion lundi, a incité l'Arabie saoudite à planifier la création d'un centre national de traitement de l'obésité (Photo, Reuters/Archives).
Khaled Mohsen Chaeri, l'homme de 610 kg qui a dû être transporté par avion lundi, a incité l'Arabie saoudite à planifier la création d'un centre national de traitement de l'obésité (Photo, Reuters/Archives).
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Publié le Samedi 22 juillet 2023

Comment l'Arabie saoudite s'efforce de lutter contre l'obésité et la sédentarité

  • L’Arabie saoudite a mis en œuvre des politiques dans le cadre de Vision 2030, afin de promouvoir la perte de poids et d'améliorer la qualité de vie
  • La Fédération du sport pour tous souligne l'importance de l'activité physique pour freiner la progression de l'obésité
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«Notre objectif est de permettre aux communautés de l’Arabie saoudite d'être aussi actives et saines que possible», a déclaré le prince Khaled ben Alwalid, président de la Fédération saoudienne des sports pour tous (Photo, fournie).

DJEDDAH: Il y a quelques mois, Mohammed Munshi, un homme d'affaires saoudien de 40 ans, qui avait toujours lutté contre le surpoids, a été hospitalisé d'urgence après avoir développé d'étranges symptômes.

«Pendant deux semaines consécutives, j'ai eu des nausées, j'étais anxieux et je consommais des boissons sucrées de manière excessive en raison d'un goût amer dans la bouche qui modifiait le goût de tout, notamment celui de l'eau», a révélé Munshi à Arab News.

«J'avais constamment chaud, mon cou devenait noir et ma vision s'affaiblissait considérablement, mais je ne comprenais pas pourquoi», a-t-il ajouté.

Lorsque les médecins ont vérifié la glycémie de Munshi, les résultats du laboratoire ont indiqué une valeur de 900. Toute valeur supérieure à 500 est considérée comme dangereuse.

Munshi souffrait de diabète sucré, une maladie liée à un contrôle inadéquat du taux de glucose dans le sang.

«Même après quatre doses d'insuline, mes taux sont restés dangereusement élevés et les symptômes ont persisté», a-t-il signalé.

Des examens médicaux complémentaires ont révélé que Munshi avait développé une acidocétose diabétique, une affection grave et potentiellement mortelle résultant d'une hyperglycémie prolongée.

Pendant une semaine après le diagnostic, il n'a pas été autorisé à manger, sa consommation d'eau a été limitée à trois bouchons par jour et il a reçu des doses quotidiennes d'insuline pour équilibrer ses niveaux.

«Il m'a fallu un certain temps pour réaliser à quel point mon mode de vie était malsain; la consommation excessive de nourriture et le mépris des signaux d'alarme», a-t-il précisé.

Munshi fait partie des millions de Saoudiens qui ont adopté un mode de vie malsain pendant des années, ce qui a entraîné des taux d'obésité élevés dans le Royaume.

En réponse aux profondes conséquences sanitaires et sociales du problème de l'obésité, le gouvernement saoudien a mis en œuvre un large éventail de politiques dans le cadre de sa Vision 2030, visant à créer une population en meilleure santé et à améliorer la qualité de vie.

Autrefois considérée comme un fléau réservé aux personnes les plus aisées, l'obésité est devenue, au cours des dernières décennies, un problème de santé mondial important à tous les niveaux de la société. C'est pourquoi l'Arabie saoudite consacre des ressources considérables à la promotion d'une alimentation saine et d'un mode de vie actif.

L'obésité, une maladie complexe qui a atteint des proportions pandémiques dans le monde entier, a presque triplé sa prévalence depuis 1975. Cette augmentation est largement attribuée à l'adoption de modes de vie de plus en plus sédentaires et de régimes alimentaires malsains.

Dans le monde, plus d'un milliard de personnes sont considérées comme étant en surpoids, un tiers d'entre elles étant classées comme obèses. L'Organisation mondiale de la santé indique qu'environ 4 millions de décès par an sont associés à cette maladie.

Une étude publiée en 2022 par l'Observatoire mondial de l'obésité a révélé qu'environ 60% de la population adulte d'Arabie saoudite est en surpoids, dont 20% en situation d’obésité.

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L’Arabie saoudite a mis en œuvre des politiques dans le cadre de la Vision 2030 afin de promouvoir la perte de poids et d'améliorer la qualité de vie (Photo, Shutterstock).

Chez les enfants, 10,5% sont en surpoids et 4,1% sont obèses. Les données récentes des principaux organismes de santé du Royaume indiquent une augmentation de l'obésité chez les enfants, alors que le nombre d'adultes obèses a diminué par rapport aux dix dernières années.

Le gouvernement saoudien affirme qu'il s'est engagé à fournir un accès transparent et égal à des événements sportifs, des compétitions et des équipements de classe mondiale à tous les citoyens, résidents et touristes, indépendamment de leur âge, de leur sexe, de leurs antécédents ou de leurs capacités.

La Fédération du sport pour tous, principale organisation responsable du développement de l'activité communautaire en Arabie saoudite, a souligné l'importance de l'activité physique pour freiner l'augmentation du taux d'obésité.

La Fédération souligne le rôle important que joue l'activité physique pour aider les gens à mener une vie saine, ainsi que l'impact positif du sport sur la société dans son ensemble. Elle veille à ce que tous les membres de la société disposent des outils et du soutien nécessaires pour pratiquer des activités physiques quotidiennes.

L'objectif de la Fédération est d'inciter les jeunes à développer des habitudes d'activité physique et des compétences tout au long de leur vie. Des initiatives telles que le programme de camps d'été, conçu pour les garçons et les filles âgés de 6 à 17 ans, mettent l'accent sur les bienfaits de l'activité physique.

Le programme met l'accent sur les bienfaits de l'activité physique, en exposant les participants, dès leur plus jeune âge, à l'impact positif du sport sur leur vie et leur communauté. Cela permet ainsi de lutter le plus tôt et le plus efficacement possible contre des problèmes tels que l'obésité.

Établie en 2018, la Fédération du sport pour tous a réussi à augmenter les niveaux d'activité physique en Arabie saoudite grâce à sa gamme diversifiée de programmes, d'expériences et de partenariats axés sur la santé et la condition physique.

En conséquence, les niveaux d'activité physique ont considérablement augmenté dans tout le pays, et davantage de personnes profitent des infrastructures disponibles.

Selon l'Autorité générale des statistiques, plus de 48,2% de la population pratique aujourd'hui une activité physique pendant plus de 30 minutes par semaine.

Le mode de vie et les facteurs environnementaux jouent un rôle important dans la réduction du risque de surpoids et d'obésité chez les enfants et les jeunes adultes. Les mauvaises habitudes alimentaires sont un facteur clé.

La Dr Nabila al-Abdellah, professeure agrégée de santé publique et d'épidémiologie à l'université Roi Abdelaziz de Djeddah, s'est inquiétée de l'absence d'enseignement dans les écoles sur les bonnes habitudes alimentaires.

«Les ministères de l'Éducation et de la Santé sont les principaux responsables de la santé des enfants en dehors de leur domicile», a déclaré Al-Abdellah à Arab News.

«En examinant les résultats des visites de terrain effectuées par nos étudiants spécialisés dans plusieurs écoles de filles et de garçons, les rapports déposés ne reflètent pas la situation réelle, en particulier compte tenu d'une récente initiative du ministère de la Santé ciblant les enfants scolarisés », a-t-elle ajouté.

Al-Abdellah a insisté sur la nécessité d'intensifier les campagnes de sensibilisation à la santé publique, notamment auprès des nutritionnistes, des établissements d'enseignement et des centres de santé, afin de cibler non seulement les personnes les plus vulnérables, mais aussi l'ensemble de la société.

«Il n'y a tout simplement pas assez de sensibilisation. C'est un fait», a-t-elle souligné.

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L'obésité, une maladie complexe qui a atteint des proportions pandémiques dans le monde entier, a presque triplé sa prévalence depuis 1975. Cette augmentation est largement attribuée à l'adoption de modes de vie de plus en plus sédentaires et de régimes alimentaires malsains (Photo, Shutterstock).

L'obésité est influée par une série de facteurs, notamment la génétique, l'environnement et les choix alimentaires influencés par de nombreux éléments modifiables et non modifiables, notamment les antécédents familiaux, la démographie et le mode de vie.

Bien qu'aucune approche nutritionnelle ne puisse éliminer complètement le risque d'obésité, les experts affirment qu'il s'agit de modifier les comportements lorsque cela est possible afin d’améliorer les résultats en matière de santé.

«Le meilleur régime dont on puisse bénéficier est celui auquel on peut adhérer», a déclaré à Arab News Mona Anan Aldubyan, diététicienne spécialisée dans l'obésité et la gestion du poids.

«La recherche méta-analytique des résultats de différentes études sur les régimes alimentaires et leur impact collectif sont en moyenne les mêmes. Il n'y a pas de régime unique et le meilleur régime est celui que l'on peut suivre, bien sûr dans le cadre d'une alimentation saine», a-t-elle estimé.

L’adhésion est la clé du succès d'un régime alimentaire visant à changer les habitudes et à réduire le poids, a-t-elle déclaré.

«Si un régime spécial peut être bénéfique pour certaines personnes qui en ont besoin, il est essentiel d'adopter une approche globale pour réduire le risque d'obésité — en trouvant un régime équilibré, en intégrant une activité physique régulière, en tenant compte des préférences alimentaires personnelles, des capacités financières, de la disponibilité des équipements et de ce qui constitue une norme culturelle — afin d'initier des changements de mode de vie à long terme», a expliqué Aldubyan.

«Le défi consiste à ne pas reprendre le poids perdu, car les changements physiologiques et l'adaptation de l'organisme au nouveau poids sont radicaux et peuvent passer par des phases, telles que l'envoi de messages contradictoires au cerveau indiquant que l'on a faim ou que l'on a besoin de sucre. De telles phases se produisent et il s'agit d'un combat de longue haleine. L'obésité est un combat de longue durée», a-t-elle spécifié.

Les interventions et les campagnes de sensibilisation peuvent avoir un effet transformateur sur des personnes comme Munshi, qui est en train de changer complètement de vie.

«Aujourd'hui, je m'entraîne cinq fois par semaine», a déclaré Munshi à Arab News. «J'ai adopté un régime alimentaire sain, sans sucre et pauvre en glucides, et ma glycémie s'est nettement améliorée.»

«Mon but ultime est de pouvoir jouer au football avec mon fils», a-t-il soutenu.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Le chef de la diplomatie jordanienne accuse Israël «de tuer les perspectives de la paix» dans la région

Le chef de la diplomatie jordanienne, Ayman Safadi, en visite en Russie, a accusé mercredi Israël de "tuer les perspectives de la paix" dans la région, alors que le gouvernement israélien a donné son feu-vert à la prise de la ville de Gaza. (AFP)
Le chef de la diplomatie jordanienne, Ayman Safadi, en visite en Russie, a accusé mercredi Israël de "tuer les perspectives de la paix" dans la région, alors que le gouvernement israélien a donné son feu-vert à la prise de la ville de Gaza. (AFP)
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  • "La paix est un objectif stratégique pour nous tous. C'est le seul chemin vers la stabilité dans la région", a souligné le ministre jordanien des Affaires étrangères
  • Bien que la Jordanie ne soit pas limitrophe de la bande de Gaza, elle fait partie des pays de la région touchés par le conflit entre Israël et le Hamas, déclenché par l'attaque sans précédent de ce groupe islamiste palestinien en Israël le 7 octobre 2023

MOSCOU: Le chef de la diplomatie jordanienne, Ayman Safadi, en visite en Russie, a accusé mercredi Israël de "tuer les perspectives de la paix" dans la région, alors que le gouvernement israélien a donné son feu-vert à la prise de la ville de Gaza.

"Nous voyons le gouvernement israélien non seulement tuer des Palestiniens et tuer les perspectives de la paix dans la région, mais aussi étendre le conflit au Liban et en Syrie", a déclaré M. Safadi lors d'une rencontre avec son homologue russe Sergueï Lavrov à Moscou.

Il a dénoncé une "réalité complètement inhumaine créée à Gaza par l'agression israélienne", en indiquant vouloir évoquer avec M. Lavrov "les efforts visant à mettre fin" aux "massacres et à la famine".

"La paix est un objectif stratégique pour nous tous. C'est le seul chemin vers la stabilité dans la région", a souligné le ministre jordanien des Affaires étrangères.

Bien que la Jordanie ne soit pas limitrophe de la bande de Gaza, elle fait partie des pays de la région touchés par le conflit entre Israël et le Hamas, déclenché par l'attaque sans précédent de ce groupe islamiste palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a ordonné mercredi le rappel de 60.000 réservistes après avoir donné son feu vert à la prise de la ville de Gaza, en pleine médiation en vue d'une trêve dans le territoire palestinien et la libération d'otages israéliens.

Depuis le début de la guerre, Israël assiège à Gaza plus de deux millions de Palestiniens menacés de famine selon l'ONU, des accusations rejetées par Israël.

L'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort côté israélien de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

L'offensive de représailles israélienne a fait au moins 62.064 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

 


L'armée israélienne resserre son étau sur la ville de Gaza

Cinq divisions de l'armée, composées de dizaines de milliers de soldats, doivent participer à cette offensive, selon l'armée, qui va rappeler pour début septembre 60.000 réservistes supplémentaires. (AFP)
Cinq divisions de l'armée, composées de dizaines de milliers de soldats, doivent participer à cette offensive, selon l'armée, qui va rappeler pour début septembre 60.000 réservistes supplémentaires. (AFP)
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  • Cette opération est lancée alors qu'Israël n'a pas formellement réagi à la proposition des médiateurs sur une trêve associée à une libération d'otages retenus à Gaza, et acceptée par le mouvement islamiste palestinien Hamas
  • "Nous allons intensifier nos frappes contre le Hamas à Gaza. Nous avons commencé des opérations préliminaires pour l'attaque", a annoncé mercredi le porte-parole de l'armée, le général Effie Defrin

JERUSALEM: L'armée israélienne resserre son étau sur la ville de Gaza, où ses troupes ont lancé de premières opérations et poursuivi leurs bombardements jeudi avec l'objectif de prendre, selon elle, ce dernier grand bastion du Hamas dans le territoire palestinien.

Cinq divisions de l'armée, composées de dizaines de milliers de soldats, doivent participer à cette offensive, selon l'armée, qui va rappeler pour début septembre 60.000 réservistes supplémentaires.

Cette opération est lancée alors qu'Israël n'a pas formellement réagi à la proposition des médiateurs sur une trêve associée à une libération d'otages retenus à Gaza, et acceptée par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

"Nous allons intensifier nos frappes contre le Hamas à Gaza. Nous avons commencé des opérations préliminaires pour l'attaque", a annoncé mercredi le porte-parole de l'armée, le général Effie Defrin. "Nos forces sont en périphérie de la ville. Nous allons créer les conditions pour ramener les otages."

Le cabinet de sécurité présidé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu a approuvé début août un plan pour s'emparer de Gaza-ville et de camps de réfugiés du centre du territoire, pour prendre le contrôle sécuritaire de toute la bande de Gaza et libérer les otages.

Quarante-neuf otages, dont 27 morts selon l'armée, y sont toujours captifs sur les 251 enlevés lors de l'attaque sans précédent menée le 7 octobre 2023 par le Hamas contre Israël, qui a déclenché la guerre à Gaza.

"Guérilla en difficulté" 

L'armée israélienne assiège les plus de deux millions d'habitants dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre et contrôle aujourd'hui environ 75% du territoire palestinien, où elle a lancé une offensive dévastatrice en riposte à l'attaque du Hamas, qui a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué un désastre humanitaire.

Depuis plus d'une semaine, plusieurs quartiers de Gaza, la plus grande ville du territoire située dans le nord, sont soumis à d'intenses bombardements aériens et d'artillerie, notamment ceux de Zeitoun et al-Sabra dans l'est.

Les bombardements se poursuivent jeudi, en particulier à Jabalia al-Balad et dans la zone d'al-Nazla (nord-ouest) et à al-Sabra, selon des témoins. De nombreux habitants à Gaza-ville ont fui les raids vers l'ouest et le sud.

"Le Hamas aujourd'hui n'est plus le même Hamas qu'avant. D'une organisation terroriste militaire structurée, il a été réduit à un groupe de guérilla affaibli et en difficulté", selon le général Defrin.

Depuis mi-mai, "de hauts responsables (du Hamas) et environ 2.000 terroristes ont été éliminés, cinq divisions opèrent sur le terrain, deux corridors clés ont été établis, et environ 10.000 cibles ont été frappées", a-t-il dit.

Mercredi, le ministre de la Défense Israël Katz "a approuvé" le plan d'attaque à Gaza-ville, et selon la presse israélienne, M. Netanyahu devait réunir jeudi son gouvernement pour une approbation finale.

Le Premier ministre a ordonné "que le délai pour s'emparer des derniers bastions terroristes et vaincre le Hamas soit raccourci", sans donner de date.

"Mépris flagrant" 

Pour le Hamas, l'opération contre Gaza-ville "témoigne d'un mépris flagrant des efforts déployés par les médiateurs", en vue d'un accord de cessez-le-feu. Le mouvement a accusé M. Netanyahu d'être "le véritable obstacle à tout accord" et de "ne pas se soucier de la vie" des otages.

Lundi, le Hamas a annoncé avoir accepté cette proposition des médiateurs - Egypte, Qatar et Etats-Unis- pour une trêve de 60 jours assortie de la libération des otages en deux étapes.

Une source gouvernementale israélienne a affirmé que le gouvernement n'avait "pas changé" de politique et continuait "d'exiger la libération" de tous les otages "conformément aux principes fixés par le cabinet pour mettre fin à la guerre".

La proposition, basée sur un précédent plan américain, prévoit une trêve de 60 jours, la remise de 10 otages vivants et des dépouilles de 18 otages décédés en échange de la libération de prisonniers palestiniens, ainsi que l'entrée de plus d'aide humanitaire à Gaza, selon des sources du Hamas et du Jihad islamique, son allié.

Les captifs restants seraient libérés lors d'une deuxième échange, dans le délai de la trêve, durant laquelle doivent se tenir des négociations en vue d'un cessez-le-feu permanent.

Selon le Bureau de l'ONU des droits de l'Homme dans les territoires palestiniens occupés, les bombardements israéliens sur Gaza-ville "ont entraîné un grand nombre de victimes civiles et des destructions à grande échelle".

"Des centaines de familles ont été contraintes de fuir (...) sans refuge sûr, dans des conditions humanitaires désastreuses, d'autres seraient encore piégées", s'alarme cette agence, pour qui l'opération israélienne "risque de déclencher une crise humanitaire sans précédent".


Israël ordonne le rappel de 60.000 réservistes pour la prise de la ville de Gaza

Des volutes de fumée se dégagent après une frappe israélienne sur un bâtiment à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 20 août 2025. Le 20 août, le ministre israélien de la défense a approuvé un plan de conquête de la ville de Gaza et a autorisé l'appel d'environ 60 000 réservistes, accentuant ainsi la pression sur le Hamas alors que les médiateurs s'efforcent d'obtenir un cessez-le-feu. (AFP)
Des volutes de fumée se dégagent après une frappe israélienne sur un bâtiment à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 20 août 2025. Le 20 août, le ministre israélien de la défense a approuvé un plan de conquête de la ville de Gaza et a autorisé l'appel d'environ 60 000 réservistes, accentuant ainsi la pression sur le Hamas alors que les médiateurs s'efforcent d'obtenir un cessez-le-feu. (AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense a validé une offensive militaire majeure sur la ville de Gaza et rappelé 60 000 réservistes, ciblant les derniers bastions du Hamas malgré une trêve en discussion
  • Le Hamas accuse Israël de saboter les efforts de médiation (Égypte, Qatar, USA), alors même qu’une proposition de trêve de 60 jours et de libération d’otages a été acceptée de son côté

Jérusalem: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a ordonné mercredi le rappel de 60.000 réservistes après avoir donné son feu vert à la prise de la ville de Gaza, le Hamas dénonçant un "mépris flagrant" pour les efforts de médiation en cours en vue d'une trêve et la libération d'otages.

Le cabinet de sécurité présidé par le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, a approuvé début août un plan pour s'emparer de cette ville et de camps de réfugiés du centre du territoire, considérés comme les derniers bastions du Hamas, prendre le contrôle sécuritaire de toute la bande de Gaza et libérer les otages qui y sont toujours retenus.

Ces derniers - 49 dont 27 morts selon l'armée - ont été enlevés lors d'une attaque sans précédent menée le 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël, qui a déclenché la guerre.

Mercredi, la Défense civile locale a fait état de 21 Palestiniens tués par des frappes et tirs israéliens dans la bande de Gaza affamée, assiégée et ravagée par la guerre.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et affirmations de la Défense civile ou de l'armée israélienne.

M. Katz "a approuvé le plan d'attaque de l'armée à Gaza-ville", a indiqué son ministère. Il a également "approuvé l'émission des ordres de rappel des réservistes nécessaires", environ 60.000 hommes.

Pour le Hamas, "l'annonce aujourd'hui par l'armée d'occupation terroriste du début [d'une] opération contre la ville de Gaza et ses près d'un million d'habitants et de déplacés [...] témoigne [...] d'un mépris flagrant des efforts déployés par les médiateurs", en vue d'un accord de cessez-le-feu et de libération des otages.

"Alors que le [Hamas] a annoncé son accord sur la dernière proposition présentée par les médiateurs, [Israël] insiste sur la poursuite de sa guerre barbare", a ajouté le mouvement islamiste palestinien dans un communiqué.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu "démontre qu'il est le véritable obstacle à tout accord, qu'il ne se soucie pas de la vie [des otages israéliens] et qu'il n'a pas sérieusement l'intention de les récupérer", ajoute le texte.

Lundi, le Hamas a annoncé avoir accepté une nouvelle proposition des médiateurs - Egypte, Qatar et Etats-Unis- pour une trêve de 60 jours assortie de la libération des otages en deux étapes.

Israël n'a pas réagi, mais une source gouvernementale a affirmé que le gouvernement n'avait "pas changé" de politique et continuait "d'exiger la libération" de tous les otages "conformément aux principes fixés par le cabinet pour mettre fin à la guerre".

La proposition, basée sur un précédent plan américain, prévoit une trêve de 60 jours, la remise de 10 otages vivants et des dépouilles de 18 otages décédés en échange de la libération de prisonniers palestiniens, ainsi que l'entrée de plus d'aide humanitaire, selon des sources du Hamas et du Jihad Islamique.

Les captifs restants seraient libérés lors d'un deuxième échange, dans le délai de la trêve, durant laquelle doivent se tenir des négociations en vue d'un cessez-le-feu permanent.

Or, depuis plus d'une semaine, l'armée israélienne, qui s'est emparée en plus de 22 mois de guerre d'environ 75% du territoire palestinien, a intensifié ses frappes et opérations dans la ville de Gaza, dans le nord du territoire.

- Des milliers de déplacés -

Les quartiers périphériques voisins de Zeitoun et Sabra y sont la cible d'intenses bombardements, selon des habitants.

"Nous avons commencé des opérations préliminaires pour l'attaque. Nos forces sont en périphérie de la ville. Nous allons créer les conditions pour ramener les otages", a déclaré mercredi le porte-parole de l'armée israélienne, Effie Defrin, à la télévision.

Selon un communiqué de ses services, M. Netanyahu "a ordonné que le délai pour s'emparer des derniers bastions terroristes et vaincre le Hamas soit raccourci", sans donner de date.

De nombreux habitants ont fui Zeitoun et d'autres quartiers orientaux vers l'ouest de la ville et plus au sud, selon des témoins.

L'armée israélienne "a détruit la plupart des bâtiments à Zeitoun et poussé à la fuite des milliers de personnes", a déclaré au téléphone à l'AFP Anis Dalloul, 64 ans, réfugié dimanche dans un autre secteur. "Nous avons peur que (l'armée) occupe la ville et d'être déplacés à nouveau".

Mostafa Qazaat, chef du comité d'urgence de la municipalité de Gaza, a confirmé la fuite "d'un grand nombre" d'habitants.

Dans le sud du territoire, l'armé israélienne a affirmé mercredi avoir tué dans le secteur de Khan Younès une dizaine de combattants du Hamas en repoussant une attaque de sa branche armée, qui assure avoir tué un nombre indéterminé de soldats israéliens.

Faisant fi des protestations internationales, Israël a aussi approuvé mercredi un projet clé de construction de 3.400 logements en Cisjordanie occupée, qui empêcherait la création d'un éventuel Etat palestinien avec une continuité territoriale.

L'Autorité palestinienne a fustigé une décision qui va selon elle faire de ce territoire une "véritable prison". Londres l'a aussi condamnée, appelant Israël à revenir dessus.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort côté israélien de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

La riposte israélienne a fait 62.122 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.