Attentats de Bruxelles: Abdeslam et Abrini déclarés coupables d'assassinats

Ce croquis d'audience réalisé le 12 septembre 2022 montre les accusés Sofiane Ayari (à droite), Salah Abdeslam (2e à droite), Osama Krayem (2e à gauche) et Mohamed Abrini (à gauche) lors de l'ouverture de l'audience préliminaire du procès des suspects des attentats djihadistes de mars 2016, à Bruxelles (Photo, AFP).
Ce croquis d'audience réalisé le 12 septembre 2022 montre les accusés Sofiane Ayari (à droite), Salah Abdeslam (2e à droite), Osama Krayem (2e à gauche) et Mohamed Abrini (à gauche) lors de l'ouverture de l'audience préliminaire du procès des suspects des attentats djihadistes de mars 2016, à Bruxelles (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 26 juillet 2023

Attentats de Bruxelles: Abdeslam et Abrini déclarés coupables d'assassinats

  • Il s'agit de l'infraction la plus grave retenue devant la cour d'assises de Bruxelles pour juger ces attaques-suicides (32 morts le 22 mars 2016)
  • Tous deux encourent une peine de réclusion à perpétuité

BRUXELLES: Salah Abdeslam et Mohamed Abrini, déjà condamnés à la prison à vie à Paris pour le 13-Novembre, ont été déclarés coupables d'assassinats mardi soir à Bruxelles, au procès sur les attentats commis en mars 2016 dans la capitale belge par la même cellule djihadiste.

Il s'agit de l'infraction la plus grave retenue devant la cour d'assises de Bruxelles pour juger ces attaques-suicides qui ont fait 32 morts et des centaines de blessés le 22 mars 2016.

Dans son arrêt motivé, la cour a rappelé qu'après les attentats du 13 novembre 2015 en France (130 morts), Salah Abdelsam avait partagé le quotidien des membres de la cellule repliés à Bruxelles, des "frères" radicalisés dont "il ne s'est jamais désolidarisé".

Arrêté le 18 mars 2016 dans son quartier bruxellois à Molenbeek, le djihadiste français était en prison le jour des attaques. Il nie y avoir participé.

Mais cette ligne de défense n'a pas convaincu le jury, qui a en revanche suivi les arguments du parquet fédéral.

«Aide indispensable»

Peu importent la date et la cible précises, Abdeslam "avait connaissance des projets" d'attentat du groupe, auquel il a apporté "une aide indispensable", ont tranché les juges. Son avocat Michel Bouchat s'est dit "très déçu" par ce verdict qui a laissé son client "abasourdi".

Même déclaration de culpabilité pour le Belgo-marocain Mohamed Abrini, "l'homme au chapeau" qui accompagnait les deux assaillants de l'aéroport de Bruxelles-Zaventem et a renoncé au dernier moment à se faire exploser.

Mais à l'inverse d'Abdeslam, Abrini a reconnu les faits reprochés. "Il était en aveux depuis le début" et "a accueilli avec responsabilité sa culpabilité", a commenté son avocat Stanislas Eskenazi devant les journalistes. "On peut commencer à préparer la plaidoirie sur la peine", a-t-il ajouté.

Comme le veut la loi belge, les peines visant les accusés déclarés coupables ne seront prononcées que dans un deuxième temps, après une nouvelle phase de réquisitions et de plaidoiries de la défense.

Cette étape interviendra à partir du 4 septembre, après une pause pour les congés d'été, selon la cour d'appel de Bruxelles.

Salah Abdeslam et Mohamed Abrini, 33 et 38 ans, encourent une peine de réclusion à perpétuité pour "assassinats et tentatives d'assassinat dans un contexte terroriste".

C'est aussi le cas pour quatre de leurs huit coaccusés: le Suédois Osama Krayem et les Belgo-marocains Oussama Atar (jugé par défaut car présumé mort en Syrie), Ali El Haddad Asufi et Bilal El Makhoukhi. La cour a également considéré que ces quatre hommes étaient "coauteurs" des attentats.

«Tourner la page»

Pour leur part, le Tunisien Sofien Ayari, complice de la cavale d'Abdeslam, et le Belgo-rwandais Hervé Bayingana Muhirwa, qui a hébergé chez lui Abrini et Krayem, échappent à l'infraction la plus grave. Ils sont uniquement déclarés coupables de "participation aux activités d'un groupe terroriste", ce qui peut leur valoir jusqu'à dix ans de prison.

Les deux derniers accusés, les frères Smail et Ibrahim Farisi, qui comparaissaient libres, ont été acquittés.

Seul l'acquittement du frère cadet Ibrahim avait été réclamé par le parquet fédéral. Mais la cour n'a pas pu prouver non plus la complicité de l'aîné Smail, malgré sa proximité avec les frères El Bakraoui (deux des trois djihadistes morts en kamikazes).

Le matin du 22 mars 2016, deux hommes s'étaient fait exploser à l'aéroport international de Bruxelles-Zaventem, et un troisième une heure plus tard dans une rame de métro en plein quartier européen.

La cour d'assises a jugé mardi que ces attentats avaient fait 35 morts et non pas 32.

Les juges ont estimé que "le lien de causalité" entre les attentats et le décès était établi pour trois personnes supplémentaires, dont une jeune femme de 23 ans présente à Zaventem le 22 mars, restée traumatisée et qui a eu recours à une euthanasie en 2022.

Au cours de ce procès hors normes, ouvert le 5 décembre 2022 et dont le verdict a été prononcé après 19 jours de délibérations, des dizaines de rescapés et proches de victimes ont livré des témoignages poignants sur leurs séquelles physiques ou psychologiques.

Parmi les proches les plus assidus au procès, Pierre Bastin, père d'une jeune femme tuée au métro Maelbeek, a salué un verdict "logique", globalement équilibré et de nature à l'"aider à tourner la page".


Russie: un deuxième journaliste arrêté pour des vidéos pour l'équipe de Navalny

Sergueï Kareline est le deuxième journaliste a être arrêté pour ces accusations, après Konstantin Gabov, également placé en détention samedi (Photo, Fournie).
Sergueï Kareline est le deuxième journaliste a être arrêté pour ces accusations, après Konstantin Gabov, également placé en détention samedi (Photo, Fournie).
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  • La plupart des associés de l'opposant défunt sont en exil à l'étranger, d'autres ont écopé de lourdes peines de prison
  • Sergueï Kareline et Konstantin Gabov sont accusés d'avoir participé à la préparation de vidéos pour la chaîne YouTube NavalnyLIVE

MOSCOU: Un journaliste russe a été placé en détention en Russie pour "extrémisme", accusé d'avoir participé à la création de vidéos pour l'équipe de l'opposant défunt Alexeï Navalny, a rapporté l'agence de presse américaine Associated Press, avec laquelle il a notamment collaboré.

Sergueï Kareline est le deuxième journaliste a être arrêté pour ces accusations, après Konstantin Gabov, également placé en détention samedi et qui collaborait occasionnellement avec l'agence de presse canadienne Reuters.

Associated Press s'est dite dans un commentaire à l'AFP dimanche "très préoccupée par la détention du vidéo-journaliste russe Sergueï Kareline" et indique "rechercher des informations supplémentaires" sur cette affaire.

Complices

Sergueï Kareline et Konstantin Gabov sont accusés d'avoir participé à la préparation de vidéos pour la chaîne YouTube NavalnyLIVE de l'équipe de l'opposant russe Alexeï Navalny, mort en prison en février dans des circonstances troubles.

Son mouvement a été classé comme "extrémiste" par la justice, ce qui fait courir le risque de poursuites à ses collaborateurs et partisans.

La plupart des associés de l'opposant défunt sont en exil à l'étranger, d'autres ont écopé de lourdes peines de prison.

Les autorités russes ont renforcé ces derniers mois leur pression sur les médias indépendants et étrangers en Russie, dans un contexte de répression tous azimuts des voix dissidentes depuis le début de l'offensive en Ukraine.

Fin mars, une photojournaliste, Antonina Kravtsova, qui travaillait sous le nom d'Antonina Favorskaïa, avait été également placée en détention pour des accusations d'"extrémisme".

Elle couvrait très régulièrement les procès d'Alexeï Navalny pour SOTAvision, l'un des derniers médias documentant depuis la Russie les répressions politiques, classé "agent de l'étranger" par les autorités russes.

Un journaliste russe de l'édition russe du média Forbes, Sergueï Mingazov, a, lui, été arrêté le 26 avril, accusé d'avoir diffusé de "fausses informations" sur les exactions imputées à l'armée russe en Ukraine.

Plusieurs autres journalistes se trouvent en détention en Russie dont l'Américain Evan Gershkovich, visé par des accusation d'"espionnage" qu'il rejette tout comme son média, ses proches et les autorités américaines.

Une journaliste russo-américaine, Alsu Kurmasheva, travaillant pour Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL), est aussi en détention depuis octobre 2023 pour ne pas s'être enregistrée en tant qu'"agent de l'étranger" comme l'exigent les autorités.


Washington annonce 6 milliards de dollars d'aide militaire à l'Ukraine

Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin (au centre) et le chef d'état-major interarmées, le général C. Q. Brown, Jr. (à droite), répondent aux questions lors d'un point de presse au Pentagone le 26 avril 2024 à Arlington, en Virginie (Photo, AFP).
Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin (au centre) et le chef d'état-major interarmées, le général C. Q. Brown, Jr. (à droite), répondent aux questions lors d'un point de presse au Pentagone le 26 avril 2024 à Arlington, en Virginie (Photo, AFP).
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  • Ce programme d'aide comprend de la défense aérienne, des systèmes anti-drones, des munitions d'artillerie
  • Il s'agit du second volet d'aide annoncé cette semaine, après celui d'un milliard de dollars dévoilé mercredi

WASHINGTON: Le ministre américain de la Défense Lloyd Austin a annoncé vendredi un nouveau volet de 6 milliards de dollars d'aide à l'Ukraine, au moment où Washington tente de rattraper le retard dans ses livraisons à Kiev après des mois d'impasse au Congrès.

"Il s'agit de la plus grande enveloppe d'aide militaire que nous ayons annoncée jusqu'ici", a souligné le responsable américain, lors d'une conférence de presse.

Ce programme d'aide comprend de la défense aérienne, des systèmes anti-drones, des munitions d'artillerie.

Il permettra à Kiev de "stabiliser la ligne de front", a salué le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Il s'agit du second volet d'aide annoncé cette semaine, après celui d'un milliard de dollars dévoilé mercredi.

Les deux montants s'inscrivent dans le budget de 61 milliards de dollars d'assistance à Kiev voté cette semaine au Congrès et promulgué dans la foulée par Joe Biden, l'Ukraine rencontrant actuellement des difficultés dans sa guerre contre la Russie.

Si l'aide d'un milliard de dollars dévoilée mercredi proviendra des stocks de l'armée américaine, celle annoncée vendredi proviendra de contrats avec l'industrie de défense ou de partenaires. Ce qui signifie qu'elle nécessitera davantage de temps pour parvenir jusque sur le champ de bataille.

Après avoir promulgué mercredi la loi prévoyant ces 61 milliards de dollars d'aide militaire et économique à l'Ukraine, Joe Biden avait promis un envoi rapide et massif d'armement.

Vote au Congrès 

Les Etats-Unis sont le principal soutien militaire de Kiev, mais le Congrès n'avait pas adopté de grande enveloppe pour son allié depuis près d'un an et demi -- principalement en raison de querelles partisanes.

Avant cette semaine, Washington n'avait annoncé d'aide à l'Ukraine qu'à une seule occasion cette année: une aide de 300 millions de dollars en mars rendue uniquement possible en raison d'économies réalisées par le Pentagone sur d'autres achats.

L'adoption de ce plan d'aide est un soulagement pour l'armée ukrainienne, confrontée à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions, face aux pressions constantes des troupes russes à l'est. Les autorités prédisent une dégradation sur le front potentiellement dès la mi-mai.

Et si le retour de l'aide américaine va permettre à l'armée ukrainienne de reprendre l'initiative face à la Russie, la préparation d'une contre-offensive sera bien plus longue, a estimé jeudi une responsable militaire américaine.

"Les Ukrainiens ont rationné leurs munitions depuis un moment (...), donc les Russes ont, pour résumer, repris l'initiative", a déclaré à la presse cette responsable sous couvert de l'anonymat.

L'aide militaire des alliés "va permettre aux Ukrainiens de commencer à reprendre l'initiative", mais "ce ne sera pas un processus rapide", a-t-elle ajouté.

La réception et la mise en place opérationnelle des nouvelles livraisons va prendre du temps, rien que "pour défendre leurs positions", a-t-elle prévenu, disant ne s'attendre à "aucune offensive de grande ampleur dans un premier temps".


Biden se moque de Trump lors du dîner annuel des correspondants de la Maison Blanche

Le président américain Joe Biden rit pendant que l'humoriste américain Colin Jost (à l’écran) prend la parole lors du dîner de l'Association des correspondants de la Maison Blanche (WHCA) au Washington Hilton, à Washington, DC, le 27 avril 2024. (Photo par Brendan Smialowski AFP)
Le président américain Joe Biden rit pendant que l'humoriste américain Colin Jost (à l’écran) prend la parole lors du dîner de l'Association des correspondants de la Maison Blanche (WHCA) au Washington Hilton, à Washington, DC, le 27 avril 2024. (Photo par Brendan Smialowski AFP)
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  • «L'élection de 2024 bat son plein et oui l'âge est un sujet», a déclaré M. Biden avant de lancer: «Je suis un adulte qui se présente contre un enfant de six ans»
  • Depuis des mois maintenant, à chaque fois que le président américain se déplace, des manifestants se rassemblent pour protester contre le soutien à Israël de celui qu'ils appellent «Joe le génocidaire»

WASHINGTON, États-Unis : Le président Joe Biden a fait preuve d'autodérision samedi tout en égratignant son concurrent à la présidentielle américaine Donald Trump, un «enfant de six ans», lors du dîner annuel des correspondants de la Maison Blanche, événement qui a suscité une manifestation contre la guerre à Gaza à ses abords.

De nombreux invités de marque, journalistes ou célébrités, sont arrivés à l'hôtel Hilton de la capitale fédérale au moment où une centaine de manifestants étaient rassemblés près de l'entrée. Certains protestataires ont alors entonné des slogans tels que «Honte à vous».

A l'intérieur du bâtiment, la guerre entre le Hamas et Israël n'a toutefois pas occupé le devant de la scène, au contraire des moqueries sur l'âge de Joe Biden ou ses chutes occasionnelles dans les escaliers de l'avion présidentiel.

La présence du dirigeant américain à ce gala annuel s'inscrit dans la longue tradition de l'événement, interrompue pendant le mandat de son prédécesseur Donald Trump, qui veut que le président écoute, avec le sourire, un humoriste l'éreinter en règle devant une assemblée en smoking et robes longues, puis prononce un discours émaillé de blagues plus ou moins réussies.

A la manœuvre cette année pour rire du président américain se trouvait le comédien Colin Jost, auteur et acteur pour l'émission phare de la télévision américaine «Saturday Night Live», diffusée sur NBC. Son épouse, l'actrice Scarlett Johansson, était également présente samedi au dîner.

«Je voudrais signaler qu'il est 22H00 passées, Joe l'endormi est toujours debout, pendant que Donald Trump a passé la semaine à s'endormir au tribunal chaque matin», a asséné l'humoriste, dans une allusion au procès à New York de l'ancien président pour une affaire de paiements dissimulés à une ancienne actrice de films X.

Entre autodérision et taquineries à l'encontre des médias, M. Biden, 81 ans, a pris la parole pour railler son rival républicain, 77 ans, expliquant que «l'âge est la seule chose que nous avons en commun».

Colin Jost et Joe Biden ont toutefois adopté un ton plus grave en abordant la question du climat politique aux Etats-Unis. La rhétorique de Donald Trump constitue un danger selon le président américain, en particulier après l'assaut du Capitole en 2021, et «les enjeux ne pourraient être plus élevés», d'après lui.

- Manifestation pro-palestinienne  -

«L'élection de 2024 bat son plein et oui l'âge est un sujet», a déclaré M. Biden avant de lancer: «Je suis un adulte qui se présente contre un enfant de six ans».

Loin des rires de l'assistance parcourant la salle, une manifestation s'est déroulée devant l'hôtel, d'où, depuis une fenêtre du dernier étage, des protestataires ont suspendu un drapeau palestinien de plusieurs mètres de long. D'autres étaient rassemblés en contrebas, au niveau de la chaussée, tenant des pancartes ou des mégaphones.

Le dîner de gala s'est tenu alors que le mouvement de protestation contre la guerre à Gaza se généralise dans les campus américains, avec des arrestations par centaines et le déploiement de policiers anti-émeute.

Un des groupes qui ont organisé la manifestation devant l'hôtel Hilton, Code Pink, a dit vouloir «arrêter» le dîner pour protester contre «la complicité du gouvernement Biden dans le ciblage et le meurtre de journalistes palestiniens par l'armée israélienne», précisant que cette action serait «non violente».

Depuis des mois maintenant, à chaque fois que le président américain se déplace, des manifestants se rassemblent pour protester contre le soutien à Israël de celui qu'ils appellent «Joe le génocidaire», et pour réclamer un arrêt des hostilités à Gaza.

Plusieurs journalistes palestiniens avaient appelé dans une lettre ouverte leurs confrères américains à boycotter cet événement très couru, point d'orgue de tout un week-end de réceptions mondaines.

«Vous avez une responsabilité particulière de dire leur vérité aux puissants et de soutenir l'intégrité journalistique. Il est inacceptable de rester silencieux, par peur ou pour des raisons de carrière, lorsque des journalistes à Gaza continuent d'être détenus, torturés, et tués parce qu'ils font leur métier», ont écrit une vingtaine de journalistes palestiniens.

Selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), une association établie à New York, au moins 97 journalistes ont été tués depuis le début de la guerre le 7 octobre entre Israël et le Hamas, dont 92 Palestiniens. Au moins 16 autres ont été blessés.

Le dîner était organisé par l'association des correspondants à la Maison Blanche. Cet événement annuel donne aussi lieu à une remise de prix et à une distribution de bourses à des étudiants en journalisme.

L'an dernier, 2.600 invités avaient assisté à l'événement.