«Nous devons parler de notre histoire difficile», estime la chanteuse libanaise Mayssa Jallad

Jallad s’est inspirée d’une pratique connue sous le nom de préservation expérimentale. (Mohammad Al-Rifai)
Jallad s’est inspirée d’une pratique connue sous le nom de préservation expérimentale. (Mohammad Al-Rifai)
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Publié le Vendredi 28 juillet 2023

«Nous devons parler de notre histoire difficile», estime la chanteuse libanaise Mayssa Jallad

  • L’auteure-compositrice-interprète libanaise parle de son premier album solo qui constitue, à bien des égards, le prolongement de son mémoire de master à l’Université de Columbia
  • Le résultat est une ambiance sonore d’une grande beauté. L’album est empreint d’une atmosphère sombre et rêveuse, alimentée par la merveille éthérée de la voix de Jallad

BEYROUTH: Il y a cinq ans, l’auteure-compositrice-interprète libanaise Mayssa Jallad a traversé une crise existentielle. Elle travaillait dur dans un cabinet d’architectes à New York, essayant de joindre les deux bouts, mais ne trouvait pas le temps de s’adonner à ce qu’elle aimait: la musique et la recherche urbaine. Elle a donc quitté son travail, est rentrée à Beyrouth et a commencé à écrire de la musique sur l’architecture.

«Les gens pensaient que j’étais folle, avoue Jallad en riant, mais je me suis quand même lancée dans ce projet expérimental. Et si nous parlions de l’histoire difficile du Liban à travers l’architecture et la musique? Et si elle pouvait, grâce à la musique et aux interventions, faire partie de notre patrimoine?»

Cela a donné Marjaa: The Battle of the Hotels, le premier album solo de Jallad et, à bien des égards, le prolongement de son mémoire de master à l’Université de Columbia. Ce mémoire décrit la bataille des hôtels, qui s’est déroulée au début de la guerre civile libanaise, et défend l’idée que l’architecture doit être considérée comme un personnage principal du premier champ de bataille urbain au monde.

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Elle est passionnée de musique et de recherche urbaine. (Gabriel Ferneiné)

Le processus de création de l’album, qui est sorti au début de l’année sous le label libanais indépendant Ruptured, a commencé par les quatre premières chansons, qui représentent une «promenade dans une ville très vide», explique Jallad. «C’était un sentiment terrifiant pour moi de voir des gratte-ciels vides, parce que cela me rappelle le passé et la façon dont ils ont été utilisés comme armes. Aujourd’hui, il existe de nombreuses tours vides qui sont axées sur le développement immobilier et qui ne tiennent pas compte des besoins de la ville.»

S’inspirant d’une pratique connue sous le nom de préservation expérimentale, qui suggère que si l’on n’est pas sûr de la valeur historique d’une chose, il faut intervenir, Jallad a d’abord travaillé avec la chanteuse et joueuse d’oud Youmna Saba. Ensemble, elles ont essayé d’exprimer le silence à travers des mélodies vocales, tout en cherchant la meilleure façon de jouer silencieusement de la guitare.

«J’ai commencé par la mélodie vocale, car la voix est mon instrument principal», raconte Jallad, qui a coécrit l’album avec le célèbre producteur Fadi Tabbal. «Après avoir écrit les quatre premières chansons, j’ai demandé à Fadi: “Que dois-je faire maintenant? Comment continuer cet album?” Il m’a dit d’une manière très décontractée: “C’est toi qui écris la bataille maintenant, non?” Et j’ai répondu: “Comment écrit-on une bataille?”»

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Marjaa: The Battle of the Hotels est le premier album de Jallad. (Photo fournie)

La réponse réside dans le fait de donner la parole aux bâtiments eux-mêmes – des bâtiments tels que le campus de l’université Haigazian et Bourj el-Murr, un gratte-ciel inachevé dans le quartier de Kantari à Beyrouth. Le Holiday Inn, conçu par André Wogenscky et Maurice Hindie, et achevé quelques mois avant le début de la guerre civile, occupe également une place importante.

Le résultat est une ambiance sonore d’une grande beauté. L’album est empreint d’une atmosphère sombre et rêveuse, alimentée par la merveille éthérée de la voix de Jallad. Largement acoustique, il plonge néanmoins dans le domaine des ambiances sombres, créant un sentiment occasionnel de militarisme ou d’angélisme.

«Nous avons essayé de créer un album très spatial, parce qu’il décrit l’architecture», souligne la chanteuse, connue de tous ceux qui ont suivi la scène musicale indépendante libanaise au cours de la dernière décennie.

En 2013, elle a cofondé le groupe indie-pop Safar avec le guitariste Élie Abdelnour et a écrit l’année dernière le single Madina min Baeed avec le producteur de musique électronique Khaled Allaf. Publié par Thawra Records, le clip de la chanson a été réalisé par Ely Dagher, dont le premier long métrage, intitulé The Sea Ahead, a été présenté pour la première fois à Cannes en 2021.

Pour Mayssa Jallad, le succès de Marjaa est un nouveau territoire prometteur. Une version vinyle de l’album sortira en octobre, suivie d’une série de concerts en Europe au mois de novembre.

«Je peux désormais considérer cela comme une carrière. C’est ce dont je rêvais», admet Jallad, qui travaille comme chercheuse pour Procol Liban, une initiative de recherche basée à Beyrouth et fondée par l’Institute for Global Prosperity. «Rien que d’y penser, je suis émue.»

«Ce que je sais, c’est que je vais continuer sur cette voie, parce que je pense que nous devons parler de notre histoire difficile, en particulier de ce qui se passe aujourd’hui et de la manière dont l’histoire affecte le présent, surtout dans des pays comme le Liban, qui semblent recycler les conflits par le biais de la politique et de leurs dirigeants. Je laisse en quelque sorte Marjaa suivre son cours et me mener là où il veut me mener», poursuit-elle. «Mais, entre-temps, j’entame de nouvelles recherches, alors voyons ce qui finira par devenir de la musique, ou ce que je ressens comme étant nécessaire à faire.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La durabilité à l’honneur à Médine pour la Journée mondiale des sols

Les sols de la région sont confrontés à des défis, notamment la salinisation due à une irrigation déséquilibrée et au changement climatique. (SPA)
Les sols de la région sont confrontés à des défis, notamment la salinisation due à une irrigation déséquilibrée et au changement climatique. (SPA)
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  • Médine renforce ses efforts de conservation des sols face à la salinisation et au changement climatique grâce à des programmes durables et une meilleure gestion des ressources
  • La Journée mondiale des sols rappelle l’importance de protéger le patrimoine agricole et de soutenir les objectifs environnementaux de la Vision 2030

MÉDINE : Médine s’est jointe au monde pour célébrer la Journée mondiale des sols le 5 décembre, mettant en lumière l’importance de la conservation des sols pour la sécurité alimentaire et les écosystèmes, selon l’Agence de presse saoudienne (SPA).

La journée revêt une importance particulière à Médine en raison de sa riche histoire agricole, de la diversité de ses sols — allant de l’argile au sable en passant par les formations volcaniques Harrat — et de son lien historique avec la production de dattes.

Le sol de la région fait face à plusieurs défis, notamment la salinisation due à un déséquilibre de l’irrigation et au changement climatique, ajoute la SPA.

Les autorités y répondent par des programmes de protection des sols, l’amélioration des techniques d’irrigation et la promotion de pratiques agricoles durables.

Le sol joue un rôle essentiel dans la purification de l’eau, agissant comme un filtre naturel. Avec l’arrivée de l’hiver, c’est une période opportune pour préparer les sols en vue du printemps, étendre les cultures et favoriser les récoltes, rapporte la SPA.

Le ministère de l’Environnement, de l’Eau et de l’Agriculture à Médine met en œuvre des initiatives visant à améliorer l’efficacité des ressources, renforcer la sensibilisation des agriculteurs et lutter contre la désertification. Les agriculteurs contribuent également en utilisant des fertilisants organiques et en recyclant les déchets agricoles.

La Journée mondiale des sols souligne la nécessité d’une collaboration entre les organismes gouvernementaux, les agriculteurs et les parties prenantes pour assurer la durabilité des sols, préserver le patrimoine agricole et soutenir les objectifs de développement durable de la Vision 2030.

Approuvée par l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture en 2013, la Journée mondiale des sols vise à sensibiliser au rôle crucial des sols dans la santé des écosystèmes et le bien-être humain.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le rappeur français Jul, toujours champion du streaming en 2025, sort un double album

Jul, photo X, compte du rappeur.
Jul, photo X, compte du rappeur.
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  • Personnalité réservée fuyant la lumière, ce qui se surnomme "L'Ovni" est pourtant un phénomène capable de battre le record de fréquentation au Stade de France avec 97.816 spectateurs réunis en avril
  • Il retrouvera l'enceinte parisienne en mai 2026

PARIS: Numéro 1 des artistes les plus streamés dans l'Hexagone en 2025, le rappeur français Jul, originaire de Marseille (sud-est), sort vendredi "TP sur TP", un double album enregistré à Paris contenant des duos éclectiques, de Naza au groupe corse I Muvrini.

"Je fais tout à l'instinct, tout sur l'esprit du moment", confie Jul dans le documentaire qui accompagne cette sortie, disponible sur YouTube.

Le film plonge dans les coulisses de la création du disque lors de sessions d'enregistrement nocturnes dans un studio parisien, où il dit être venu chercher "une autre inspiration".

"J'ai toujours fait des bons albums avec la grisaille", sourit "le J", loin de Marseille, la ville dont il est devenu un emblème jusqu'à être, à l'arrivée de la flamme olympique sur le Vieux-Port en provenance de Grèce, l'un des premiers porteurs français des Jeux de Paris en 2024.

En une quinzaine de jours, cet artiste prolifique - une trentaine d'albums, au moins deux nouveautés par an depuis 2014 -, a bâti un double opus de 32 morceaux, via son label indépendant D'or et de platine.

"J'essaie d'innover, j'essaie de faire ce que j'aime", lâche le rappeur de 35 ans.

Le titre de l'album, "TP sur TP", s'inscrit dans son univers: "TP" signifie "temps plein", en référence au volume horaire des dealers et autres petites mains d'un trafic qui gangrène la cité phocéenne.

A ses yeux, sa musique n'évoque "que de la réalité", des instants de vie "que ce soit dans la trahison, que ce soit dans les joies, les peines". Comme des photos qui défilent sur un téléphone, "mes sons, c'est mes souvenirs à moi", compare-t-il dans le documentaire.

Parmi les duos figurent son ami Naza, la star américaine des années 2000 Akon ("Lonely") ou encore le trublion catalan du rap Morad.

Jul rend aussi hommage à ses racines familiales corses, avec "A chacun sa victoire", titre où il conte l'espoir aux côtés du célèbre groupe I Muvrini, et dans une autre chanson avec Marcu Antone Fantoni.

Personnalité réservée fuyant la lumière, ce qui se surnomme "L'Ovni" est pourtant un phénomène capable de battre le record de fréquentation au Stade de France avec 97.816 spectateurs réunis en avril. Il retrouvera l'enceinte parisienne en mai 2026.

En parallèle, son règne sur le classement des artistes les plus écoutés en streaming en France se poursuit: en 2025, il reste numéro 1 pour la cinquième année consécutive sur Spotify et la sixième année d'affilée sur Deezer, selon les données de ces plateformes publiées cette semaine.


A Notre-Dame de Paris, plus de 11 millions de visiteurs un an après la réouv

Une foule se rassemble devant la cathédrale Notre-Dame illuminée lors d'une cérémonie marquant la réouverture de cet édifice emblématique, dans le centre de Paris, le 7 décembre 2024. (AFP)
Une foule se rassemble devant la cathédrale Notre-Dame illuminée lors d'une cérémonie marquant la réouverture de cet édifice emblématique, dans le centre de Paris, le 7 décembre 2024. (AFP)
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  • Un an après sa réouverture, Notre-Dame de Paris a accueilli plus de 11 millions de visiteurs, dépassant largement sa fréquentation d’avant l’incendie
  • De nouveaux travaux extérieurs sont prévus au-delà de 2030, poussant l’établissement public à lancer un nouvel appel aux dons

PARIS: Un an après sa réouverture, Notre-Dame de Paris a accueilli plus de 11 millions de personnes, qui se pressent pour admirer la pierre blonde et le mobilier épuré de l'édifice victime d'un incendie géant en 2019.

Le 7 décembre 2024, la cathédrale était rouverte après plus de cinq ans de travaux, en présence de chefs d’État dont Emmanuel Macron et Donald Trump, lors d'une cérémonie retransmise en mondovision.

Un an plus tard, "la cathédrale a accueilli plus de 11 millions de visiteurs venus du monde entier", soulignent ses responsables.

Maria Vega, Colombienne de 22 ans, n'envisageait pas un voyage à Paris sans passer par Notre-Dame. "C'est particulièrement important pour moi qui me suis récemment réengagée dans l'Eglise", explique la jeune femme qui s'émerveille d'une restauration "très précise": "La beauté et la simplicité sont frappantes."

Dany Tavernier, 55 ans, venue de Seine-et-Marne avec sa famille, visite pour la première fois la cathédrale restaurée: "C'est magnifique, on voudrait en voir plus, comme la +forêt+ de la charpente", dit-elle à la sortie de l'édifice.

La cathédrale a dépassé ses niveaux de fréquentation (estimés autour de 8 à 9 millions d'entrées) d'avant l'incendie du 15 avril 2019, qui avait ravagé la toiture et la charpente de ce chef d'œuvre de l'art gothique du XIIe siècle.

Un chantier titanesque, financé grâce à 843 millions d'euros de dons, a été nécessaire pour restaurer la cathédrale qui ne désemplit pas depuis sa réouverture.

Les files s'étirent toujours sur le parvis, surtout le week-end, mais "aujourd'hui, la queue est tout à fait satisfaisante", assure-t-on à la cathédrale.

Les visiteurs individuels peuvent entrer avec ou sans réservation, et toujours gratuitement, malgré l'idée d'une contribution de 5 euros avancée par la ministre de la Culture Rachida Dati. Une suggestion rejetée par le diocèse de Paris, au nom de la mission d'accueil inconditionnel de l’Église.

- Dons -

Face à l'afflux de visiteurs, on affiche toutefois à Notre-Dame une volonté de "réguler" les entrées, particulièrement pendant les offices, en fonction du nombre de visiteurs déjà présents. "Il est important de bien accueillir, que ce soit agréable pour tous de venir, pour prier et visiter, dans un environnement paisible", ajoute-t-on.

"Quand vous êtes à l'intérieur, vous pouvez vraiment prier, je viens de le faire pendant vingt minutes, vous n'entendez pas les gens autour", assure Melissa Catapang, 39 ans, venue de Dubaï, qui loue "la solennité" de l'endroit.

Car la cathédrale se veut aussi "pleinement lieu de prière" avec plus de 1.600 célébrations organisées cette année, et un véritable essor des pèlerinages: plus de 650, dont un tiers venus de l’étranger.

Il s'agit là d'un phénomène relativement nouveau, des pèlerins venant pour la Vierge, d'autres pour la couronne d'épines - une relique acquise par Saint Louis en 1238 -, d'autres encore mus par "l'espérance, le renouveau, la résilience".

La cathédrale compte poursuivre cette dynamique spirituelle et culturelle.

Jusqu'au 2 février, une crèche provençale d'une cinquantaine de santons est installée.

La couronne d'épines est désormais présentée en ostension tous les vendredis de 15H00 à 18H30 - alors qu'elle n'était jusqu'ici vénérée que le premier vendredi de chaque mois.

Les vitraux contemporains de l'artiste Claire Tabouret seront installés fin 2026 pour remplacer six des sept baies du bas-côté sud de l'architecte Eugène Viollet-le-Duc. Mais dès mercredi, des maquettes grandeur nature seront exposées au Grand Palais.

Et s'il reste 140 millions d'euros sur les dons collectés, "il manque encore au moins l'équivalent" pour terminer la restauration d'un édifice qui n'était pas en bon état avant l'incendie, souligne l"établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris, maître d'ouvrage de la restauration, qui lance un appel aux dons.

Des travaux sur des parties extérieures "ont été engagés en 2025 et devront être programmés jusqu’au-delà de 2030", ajoute-t-on: après la restauration déjà lancée du chevet, il faudra se pencher sur la sacristie, les trois grandes roses de la cathédrale, les façades nord et sud du transept, le presbytère...

La Fondation Notre Dame espère elle lever 6 millions d'euros.