En dépit des obstacles la créativité syrienne lutte pour sa survie

Les œuvres de Lina Malki ont été exposées au Canada alors qu'elle était encore en Syrie. (Fourni)
Les œuvres de Lina Malki ont été exposées au Canada alors qu'elle était encore en Syrie. (Fourni)
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Publié le Samedi 29 juillet 2023

En dépit des obstacles la créativité syrienne lutte pour sa survie

  • Après plus d'une décennie de conflits violents et de crises économiques, les artistes syriens continuent de créer des œuvres qui résonnent dans le monde entier
  • L'accès à Internet a été une bouée de sauvetage cruciale pour de nombreux artistes à l'intérieur du pays sanctionné, leur permettant de participer à des foires internationales, de vendre leurs œuvres à l'étranger et de s'inspirer d'événements mondiaux

LONDRES : Plus de 12 ans après le début de la guerre civile qui a dévasté la Syrie, le secteur artistique du pays continue de captiver le public du monde entier, grâce à la détermination et au talent de ses créateurs. 

L'accès à Internet a été une bouée de sauvetage cruciale pour de nombreux artistes à l'intérieur du pays sanctionné, leur permettant de participer à des foires internationales, de vendre leurs œuvres à l'étranger et de s'inspirer d'événements mondiaux.  

« La guerre et les sanctions, qui ont paralysé le secteur du tourisme, ont isolé les artistes syriens », explique l'artiste Lina Malki, qui s'est récemment installée au Caire, la capitale égyptienne. « Mais l'accès à internet et aux médias sociaux a été un pont vers le monde extérieur, et a permis de participer à des expositions à l'étranger et nourrir notre imagination. »  

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Lina Malki a récemment déménagé au Caire, la capitale égyptienne. (Fourni)

Lina Malki a elle-même exposé ses œuvres au Canada alors qu'elle se trouvait encore en Syrie. 

Le travail provocateur de l'artiste Mohammad Olabi, basé à Damas, qui a déclaré à Arab News que la guerre en Syrie avait forcé les artistes à développer une plus grande résilience et à adopter des approches novatrices, a également trouvé des adeptes au-delà des frontières de la Syrie. Ses peintures ont été vendues aux États-Unis, à Paris et à Berlin, entre autres.  

Les chefs-d'œuvre d'Abir Arafeh, quant à eux, lui ont valu d'être suivie en Chine alors qu'elle vit toujours à Damas.   

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Les chefs-d'œuvre d'Abir Arafeh l'ont fait connaître en Chine, alors qu'elle vit toujours à Damas.  (Fourni)

« J'ai fait partie des 50 artistes internationaux invités à réaliser une œuvre d'art imprimée pour l'exposition internationale d'échange de gravures des Jeux olympiques d'hiver de 2022 à Pékin », a-t-elle raconté à Arab News, ajoutant qu'elle avait également participé à la 7e Biennale internationale de gravures de Guanlan en Chine. Certaines de ses œuvres ont également été exposées à Londres en 2020 et 2021.  

Les créations méticuleusement taillées de la calligraphe, peintre et créatrice de mode Dawlat Khaleel, basée à Homs, ont fait le tour de l'Europe et sont fièrement portées par des femmes arabes en France, en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis, en Allemagne, en Autriche, au Danemark et en Suède.   

Mme Khaleel a déclaré à Arab News que son travail était inspiré par la Syrie, en particulier par les détails de sa ville natale.   

« Mon travail me ressemble », a-t-elle déclaré. « Et il ressemble à mon pays. La plupart de mes créations sont de nature orientale. Mon objectif est de créer des modèles contemporains qui ont une essence à la fois classique et orientale, en incorporant l'art magnifique de la calligraphie arabe. » 

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Ahmad Idris a utilisé les réseaux sociaux pour créer la plate-forme à but non lucratif Make It Art afin de soutenir les artistes locaux. (Fourni)

Ahmad Idris, qui réside à Damas, a utilisé les réseaux sociaux pour lancer la plate-forme à but non lucratif Make It Art afin de soutenir les artistes locaux. Il a expliqué à Arab News qu'en 2017, il s'était rendu compte de la nécessité d'un organisme pour soutenir les jeunes artistes émergents, pour documenter les expositions d'art organisées à travers la Syrie et promouvoir la scène artistique du pays en général.  

Idris, qui est dans le domaine depuis plus d'une décennie, et 22 autres artistes ont lancé Make It Art la même année, qui s'est rapidement transformé en un havre pour les artistes où ils pouvaient partager leur travail et échanger des connaissances.   

Cependant, depuis la pandémie de Covid-19, Idris dirige Make It Art en solo. La structure a connu une forte baisse d'activité, les priorités des gens ayant changé en raison de l'effondrement de l'économie, a-t-il expliqué.   

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La griffe, Mohammad Olabi, 2017. (Fourni) 

Cet effondrement, ainsi que l'impact étouffant des sanctions américaines, ont fait que même l'acquisition de matériaux est devenue un défi majeur pour de nombreux artistes syriens. Mais Mme Malki, qui a enseigné les beaux-arts pendant plus de dix ans à l'université de Damas, à l'Institut supérieur d'art dramatique, au Centre culturel bulgare et au Stage Art Center, a souligné la détermination inébranlable de ses confrères et de ses étudiants dans leur quête de l'art.  

Elle a déclaré que même si la récession du pays a fait payer un lourd tribut aux artistes syriens, « la passion engendre un besoin d'expression ».   

Elle poursuit : « Ainsi, en cas de pénurie de matériaux, tels que les couleurs à l'huile et l'argile à sculpter, beaucoup ont eu recours à d'autres solutions, comme la boue, les collages, le bois et même le café. «   

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Dawlat avec sa dernière peinture inachevée, portant sa propre création. (Fourni)

Olabi fait remarquer qu'une carrière dans l'art n'apporte pas nécessairement la stabilité financière, où que l'on se trouve dans le monde. C'est pourquoi, comme Malki et nombre de ses homologues, il s'est tourné vers l'enseignement (« Cela me permet de garder un lien avec ma passion », a-t-il expliqué). Mais il n'a pas l'intention d'arrêter de créer ses propres œuvres. 

« L'art est devenu un besoin essentiel, vital pour ma survie », a-t-il poursuivi. « C'est un langage qui me permet de communiquer les émotions et les expériences uniques de cette phase. » 

Idris dirige actuellement son propre studio, où il organise des cours de dessin et de peinture grâce auxquels il espère dynamiser le secteur artistique syrien.   

Malgré leur persévérance, de nombreux artistes syriens sont pessimistes quant à l'avenir du secteur. 

« Je n'envisage pas le sort des œuvres d'art », a déclaré Malki. « Ma passion pour l'art est mon sanctuaire face à l'horrible réalité. Après la pandémie du Covid, la monnaie (syrienne) s'est effondrée. Les choses sont devenues très difficiles et j'avais du mal à joindre les deux bouts. J'ai dû déménager en Égypte et je travaille maintenant dans la conception graphique tout en enseignant les arts dans un institut privé.   

Pour Khaleel, il est important que ses « créations naissent à Homs, au cœur de la destruction et des ténèbres ».  

« Pas une seule fois je n'ai pensé à quitter (le pays) ou à créer une entreprise ailleurs parce que je veux que mon travail prenne forme à Homs et qu'il voyage dans le monde entier à partir de Homs », a-t-elle poursuivi. « Ma ville mérite que je ne la quitte jamais. »

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
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  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
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  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.


L'Arabie saoudite, le Qatar et la Chine condamnent l'attaque terrestre israélienne à Gaza

De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
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  • L'Arabie saoudite a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à mettre fin à l'escalade
  • Le Qatar a réitéré son soutien à la création d'un État palestinien indépendant

RIYADH : L'Arabie saoudite, la Chine et le Qatar ont condamné mercredi l'extension des opérations militaires israéliennes à Gaza, avertissant que l'assaut violait le droit international et menaçait la stabilité régionale.

Dans une déclaration, le ministère saoudien des affaires étrangères a dénoncé ce qu'il a appelé "la poursuite des crimes" par les forces d'occupation israéliennes et a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à prendre des mesures efficaces pour mettre fin à l'escalade.

Le Royaume a réaffirmé son rejet des actions qui portent atteinte au droit humanitaire international et a appelé à des efforts internationaux urgents pour mettre fin à la violence et assurer la protection des civils à Gaza.

Le ministère des affaires étrangères du Qatar a également condamné l'opération terrestre israélienne "dans les termes les plus forts", la qualifiant d'extension de la guerre contre le peuple palestinien et de "violation flagrante du droit international".

Il a averti que les actions d'Israël compromettaient les perspectives de paix par des politiques de "colonisation, d'agression et de racisme", et a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures décisives pour garantir le respect des résolutions internationales.

Le Qatar a réitéré son soutien à la cause palestinienne et à la création d'un État palestinien indépendant sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

À Pékin, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Lin Jian, a déclaré que la Chine "s'oppose fermement à l'escalade des opérations militaires d'Israël à Gaza et condamne tous les actes qui portent atteinte aux civils et violent le droit international", en référence au bombardement de la ville de Gaza.