Pourquoi les groupes de supermarchés s'appuient de plus en plus sur la franchise

Un client regarde des fruits et légumes à côté d'un panneau d'informations dans un supermarché Carrefour à Villeneuve-la-Garenne, dans la banlieue nord de Paris, le 29 mars 2023 (AFP).
Un client regarde des fruits et légumes à côté d'un panneau d'informations dans un supermarché Carrefour à Villeneuve-la-Garenne, dans la banlieue nord de Paris, le 29 mars 2023 (AFP).
Short Url
Publié le Lundi 31 juillet 2023

Pourquoi les groupes de supermarchés s'appuient de plus en plus sur la franchise

  • Le nombre de magasins concernés est limité, sur un total de 119 hypermarchés, 235 supermarchés et 10 magasins de proximité en France détenus par Auchan
  • Du point de vue des salariés, ce changement de statut est problématique

PARIS: Carrefour, Casino voire Auchan en France, Delhaize en Belgique... les grands groupes de supermarchés optent de plus en plus pour une exploitation de magasins en franchise, moins gourmande en capitaux mais qui fait craindre aux salariés une casse sociale à bas bruit.

A l'échelle d'Auchan, "un coup de tonnerre": c'est ce qu'a écrit à l'AFP le délégué syndical CFDT groupe Gilles Martin quand le distributeur nordiste a annoncé fin mai faire passer 7 magasins en franchise et vouloir s'appuyer davantage sur cette forme d'exploitation des magasins.

Certes, le nombre de magasins concernés est limité, sur un total de 119 hypermarchés, 235 supermarchés et 10 magasins de proximité en France détenus par Auchan. Mais le changement est important pour cette enseigne historiquement propriétaire de ses magasins.

Ce chemin avait auparavant été emprunté par Casino et surtout Carrefour.

Le premier, en pleine déconfiture financière, compte toujours sur la franchise pour étendre son maillage de magasins de proximité sous enseigne Franprix notamment.

Quant à Carrefour, il prévoit de s'appuyer de plus en plus sur une exploitation des magasins en franchise ou en location-gérance, une variante dans laquelle le groupe reste propriétaire du fonds de commerce mais externalise l'exploitation commerciale à un gérant.

«Plus performant»

Le phénomène ne s'arrête pas aux frontières françaises, puisqu'en Belgique c'est 128 magasins, soit l'ensemble des supermarchés belges encore sous gestion propre, que la direction de Delhaize - filiale du groupe belgo-néerlandais Ahold Delhaize - prévoit de passer en franchise.

"On a chiffré toutes les options. Celle qui est sur la table est la seule qui permette de garantir un futur à Delhaize", a estimé fin mai auprès de l'AFP Roel Dekelver, porte-parole du groupe.

Pour Magali Daubinet-Salen, qui a récemment pris la tête des enseignes Casino, "le modèle de la franchise est plus performant".

"L'exploitation qui en est faite est meilleure, l'amplitude horaire correspond plus au développement du chiffre d'affaires et quand c'est son propre magasin il y a plus d'implication, sans faire de généralités", estimait-elle courant juin.

Carrefour précise de son côté dans sa documentation financière que la franchise, "peu consommatrice de capitaux, permet de s'appuyer sur l'implication et la connaissance du marché local des partenaires".

Le premier point est essentiel: avec la franchise, "la société centrale va générer du résultat sur son volume d'activité en ayant externalisé un certain nombre de dépenses", à commencer par les salaires ou les investissements, ce qui va améliorer sa rentabilité", explique à l'AFP l'expert en consommation Philippe Goetzmann.

«Un peu bancal»

En outre, le franchisé s'approvisionne auprès de la centrale du groupe, plaçant l'entreprise franchiseuse dans un rôle de grossiste.

"Chez Carrefour comme Casino, la majorité de la rentabilité en France vient de la marge qui est faite auprès des franchisés", estime auprès de l'AFP Clément Genelot, analyse financier spécialiste de la distribution chez Bryan, Garnier & Co, jugeant ce modèle "un peu bancal".

Du point de vue des salariés, ce changement de statut est problématique: un magasin franchisé est une entreprise indépendante et ses accords d'entreprise ne sont pas les mêmes que ceux d'un grand groupe.

Un passage en franchise ferait perdre aux salariés "tout ou partie de leurs avantages négociés sur plusieurs décennies", regrette Gilles Martin, de la CFDT Auchan.

Un constat partagé par la syndicaliste belge Myriam Delmée (SETCa-FGTB), qui veut pouvoir encore "négocier des garde-fous à la précarité et à la flexibilité", refusant de voir les magasins "remplis de (travailleurs) étudiants, comme en Hollande".

En outre, les groupes d'envergure nationale sont beaucoup plus exposés et soucieux de leur notoriété que les franchisés, dont certains exploitent des dizaines de magasins.

Pour la CFDT Services, qui rappelle que 750 000 salariés travaillent dans ce secteur en France, les passages en franchise de magasins sont "en réalité des restructurations qui ne disent pas leur nom et devraient être traitées comme telles" par les autorités.

Des clauses garantissent généralement le maintien de l'emploi à l'issue du transfert, mais pendant une période relativement courte, quelques années tout au plus.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Short Url
  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Short Url
  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Short Url
  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.