Tunisie: au moins 11 morts et 44 disparus dans un naufrage près de Sfax

Des migrants d'origine africaine qui auraient été abandonnés par les autorités tunisiennes, reçoivent de l'eau à leur arrivée dans une zone inhabitée près d'Al-Assah à la frontière libyo-tunisienne le 30 juillet 2023 (AFP).
Des migrants d'origine africaine qui auraient été abandonnés par les autorités tunisiennes, reçoivent de l'eau à leur arrivée dans une zone inhabitée près d'Al-Assah à la frontière libyo-tunisienne le 30 juillet 2023 (AFP).
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Publié le Lundi 07 août 2023

Tunisie: au moins 11 morts et 44 disparus dans un naufrage près de Sfax

  • Ce drame n'a rien à voir avec les deux naufrages ayant fait au moins 30 morts près de l'île de Lampedusa, en Italie, qui se trouve à environ 130 km de Sfax
  • La route migratoire des Canaries, porte d'entrée vers l'Europe dans l'océan Atlantique, connaît ces dernières semaines un net regain d'activités au départ des côtes du nord-ouest de l'Afrique

TUNIS: Onze migrants, tous originaires d'Afrique subsaharienne, sont morts et 44 autres sont portés disparus après un naufrage en Méditerranée au large du port de Sfax, ville tunisienne épicentre de l'émigration clandestine, ont annoncé des sources judiciaires lundi.

Au même moment, une source militaire marocaine faisait état de la découverte, sur la route migratoire de l'Atlantique, de cinq corps de migrants, tous Sénégalais, après le naufrage de leur embarcation au large du territoire disputé du Sahara occidental. Un total de 189 autres ont pu être sauvés.

En Tunisie, "sept nouveaux corps ont été repêchés dimanche soir" venant s'ajouter aux quatre retrouvés auparavant après le naufrage au nord de Sfax, a indiqué à l'AFP Faouzi Masmoudi, porte-parole du tribunal de la deuxième ville de Tunisie.

"Les recherches se poursuivent", a ajouté le porte-parole, soulignant que seuls deux migrants avaient pu être secourus sur une embarcation qui comptait 57 occupants, selon les rescapés.

Leur bateau de fortune était parti à une date non déterminée d'une plage au nord de Sfax, en face des îles Kerkennah.

Les gardes-côtes cherchent à savoir "s'il y a eu d'autres naufrages dans cette zone", après la découverte entre vendredi à dimanche de "12 corps sur des plages" au nord de Sfax, M. Masmoudi.

Il n'est pas possible pour le moment de savoir si les 12 corps proviennent ou pas du naufrage près des Kerkennah.

En revanche, ce drame n'a rien à voir avec deux naufrages d'embarcations parties de Sfax sans doute jeudi dernier, qui ont fait au moins 30 disparus près de l'île de Lampedusa, en Italie, selon les gardes-côtes italiens.

Sfax se trouve à environ 130 km de Lampedusa et est depuis début 2023 le principal point de départ des milliers de migrants qui tentent la traversée de la Méditerranée vers l'Europe.

Du 1er janvier au 20 juillet, 901 corps de migrants ont été repêchés au large de la Tunisie, dont une majorité originaires d'Afrique subsaharienne, selon un bilan officiel tunisien.

 

Route la plus dangereuse

Selon les dernières statistiques du HCR, depuis début 2023, plus de 87.000 migrants ont débarqués clandestinement en Italie, surtout en provenance de Tunisie, le reste arrivant de Libye.

La Méditerranée centrale, entre Afrique du Nord et Italie, est la route migratoire la plus dangereuse au monde avec plus de 20.000 morts depuis 2014, selon l'OIM.

Les départs de migrants d'Afrique subsaharienne ont connu une accélération après un discours, le 21 février, du président tunisien Kais Saied dénonçant l'arrivée de "hordes de migrants" clandestins venus, selon lui, "changer la composition démographique" de son pays.

Après la mort le 3 juillet d'un Tunisien dans une rixe entre migrants et habitants, des centaines d'Africains noirs ont été chassés de Sfax. Beaucoup ont décidé de tenter la traversée.

Et au moins 2.000 Africains, selon de nouvelles données fournies par une source humanitaire à l'AFP, ont été conduits par la police tunisienne aux frontières avec Libye et Algérie et abandonnés dans des zones désertiques.

Au moins 25 sont morts dans le désert tuniso-libyen depuis début juillet, selon le dernier bilan en date de sources humanitaires.

Dans le naufrage annoncé lundi au Maroc, les cinq corps ainsi que 11 migrants "dans un état critique" ont été transférés dans un hôpital à Dakhla.

L'embarcation des migrants était partie clandestinement "d'un pays situé au sud du Royaume", tentant de rejoindre les îles Canaries (Espagne), avant d'être interceptée au large de Guerguart en "situation difficile", selon la source militaire.

Situé à la pointe nord-ouest de l'Afrique, le Maroc est un pays de transit pour de nombreux migrants qui cherchent à rejoindre l'Europe depuis ses côtes atlantique ou méditerranéenne.

La route migratoire des Canaries, porte d'entrée vers l'Europe dans l'océan Atlantique, connaît ces dernières semaines un net regain d'activités au départ des côtes du nord-ouest de l'Afrique.

Au moins 13 migrants sénégalais sont morts à la mi-juillet dans le naufrage de leur pirogue au large des côtes marocaines.


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".

 


Liban: l'armée annonce six arrestations après une attaque visant des Casques bleus

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
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  • L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban
  • "Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité

BEYROUTH: Six personnes ont été arrêtées au Liban, soupçonnées d'être impliquées dans une attaque d'une patrouille de Casques bleus jeudi dans le sud du pays, qui n'a pas fait de blessés, a annoncé l'armée libanaise samedi.

L'incident s'était produit jeudi soir, selon un communiqué de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) quand "des Casques bleus en patrouille ont été approchés par six hommes sur trois mobylettes près de Bint Jbeil". "Un homme a tiré environ trois coups de feu sur l'arrière du véhicule. Personne n'a été blessé".

L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban, où, déployée depuis 1978, elle est désormais chargée de veiller au respect du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la dernière guerre entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

"Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité.

Bastion du Hezbollah, le sud du Liban subit ces dernières semaines des bombardements réguliers de la part d'Israël, qui assure viser des cibles du mouvement chiite et l'accuse d'y reconstituer ses infrastructures, en violation de l'accord de cessez-le-feu.

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre.

Mercredi, le quartier général de la Finul a accueilli à Naqoura, près de la frontière avec Israël, de premières discussions directes, depuis des décennies, entre des responsables israélien et libanais, en présence de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le président libanais, Joseph Aoun, a annoncé de prochaines discussions à partir du 19 décembre, qualifiant de "positive" la réunion tenue dans le cadre du comité de surveillance du cessez-le-feu, disant que l'objectif était d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban.


Les efforts pour panser les «profondes divisions» de la Syrie sont ardus mais «pas insurmontables», déclare Guterres

Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
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  • Antonio Guterres salue "la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", "la résilience et le courage" des Syriens
  • La transition offre l'opportunité de "forger une nation où chaque Syrien peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité"

NEW YORK : Les efforts pour guérir les "profondes divisions" de la Syrie seront longs et ardus mais les défis à venir ne sont "pas insurmontables", a déclaré dimanche le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'occasion du premier anniversaire de la chute du régime Assad.

Une offensive surprise menée par une coalition de forces rebelles dirigées par Hayat Tahrir al-Sham et des milices alliées a rapidement balayé les zones tenues par le régime à la fin du mois de novembre 2024. En l'espace de quelques jours, elles se sont emparées de villes clés et ont finalement capturé la capitale Damas.

Le 8 décembre de l'année dernière, alors que les défenses du régime s'effondraient presque du jour au lendemain, le président de l'époque, Bachar Assad, a fui la République arabe syrienne, mettant fin à plus de 50 ans de règne brutal de sa famille.

"Aujourd'hui, un an s'est écoulé depuis la chute du gouvernement Assad et la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", a déclaré M. Guterres, saluant la "résilience et le courage" des Syriens "qui n'ont jamais cessé de nourrir l'espoir en dépit d'épreuves inimaginables".

Il a ajouté que cet anniversaire était à la fois un moment de réflexion sur les sacrifices consentis en vue d'un "changement historique" et un rappel du chemin difficile qui reste à parcourir pour le pays.

"Ce qui nous attend est bien plus qu'une transition politique ; c'est la chance de reconstruire des communautés brisées et de guérir de profondes divisions", a-t-il déclaré, ajoutant que la transition offre l'occasion de "forger une nation où chaque Syrien - indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique - peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité".

M. Guterres a souligné que les Nations Unies continueraient à soutenir les Syriens dans la mise en place de nouvelles institutions politiques et civiques.

"Les défis sont importants, mais pas insurmontables", a-t-il déclaré. "L'année écoulée a montré qu'un changement significatif est possible lorsque les Syriens sont responsabilisés et soutenus dans la conduite de leur propre transition.

Il a ajouté que les communautés à travers le pays construisent de nouvelles structures de gouvernance et que "les femmes syriennes continuent de mener la charge pour leurs droits, la justice et l'égalité".

Bien que les besoins humanitaires restent "immenses", il a souligné les progrès réalisés dans la restauration des services, l'élargissement de l'accès à l'aide et la création de conditions propices au retour des réfugiés et des personnes déplacées.

Des efforts en matière de justice transitionnelle sont en cours, a-t-il ajouté, ainsi qu'un engagement civique plus large. M. Guterres a exhorté les gouvernements à soutenir fermement une "transition dirigée par les Syriens et prise en charge par les Syriens", précisant que le soutien doit inclure le respect de la souveraineté, la suppression des obstacles à la reconstruction et un financement solide pour le redressement humanitaire et économique.

"En ce jour anniversaire, nous sommes unis dans un même but : construire les fondations de la paix et de la prospérité et renouveler notre engagement en faveur d'une Syrie libre, souveraine, unie et ouverte à tous", a ajouté M. Guterres.