Tagne, le rappeur et chanteur qui fait découvrir la musique marocaine au monde entier

Tagne a sorti son premier album Lmaktoub en juin. (Photo fournie)
Tagne a sorti son premier album Lmaktoub en juin. (Photo fournie)
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Publié le Samedi 12 août 2023

Tagne, le rappeur et chanteur qui fait découvrir la musique marocaine au monde entier

  • Tagne, qui a été choisi pour être le premier artiste de la région Mena à participer au programme mondial Spotify Singles, est devenu le chef de file de la scène rap marocaine
  • Le rappeur marocain de 26 ans, ancien membre collectif populaire Wa Drari Squad, a sorti son premier album Lmaktoub en juin

DUBAÏ: Le monde prête enfin l’oreille au Maroc. Après des décennies dans l’underground, la communauté hip-hop du pays est actuellement florissante. Le célèbre rappeur Tagne – ainsi que son contemporain et collaborateur ElGrandeToto – domine à la fois les classements régionaux et se fait une place en Europe, gagnant des fans dévoués en France, aux Pays-Bas et en Allemagne.

Pour Tagne, qui a sorti son premier album Lmaktoub en juin (il considère Moroccan Dream, sorti en 2020, comme une compilation), l’essor du rap marocain n’est pas une question de chance; c’est l’aboutissement de sa vision partagée de ce qu’il pourrait devenir une fois qu’il émergerait consciemment de l’ombre.

«Auparavant, les rappeurs marocains ne prenaient pas vraiment de risques. Ils ne comprenaient pas comment aller de l’avant», indique Tagne à Arab News. «Aujourd’hui, les choses ont bien changé et les rappeurs sont devenus très inventifs en matière de flow, de mélodies et de production».

«Auparavant, la musique marocaine était très fermée, et peu de rappeurs marocains collaboraient avec des artistes internationaux. Aujourd’hui, la situation s’est transformée et les artistes et labels internationaux nous courent après pour faire des featuring. C’est le début de quelque chose d’énorme», assure-t-il.

C’est à juste titre que Tagne, qui a été choisi pour être le premier artiste de la région Mena à participer au programme mondial Spotify Singles, est devenu le chef de file de la scène rap marocaine, aujourd’hui tournée vers l’international. Après tout, il est le produit de deux cultures très différentes, avec un père camerounais et une mère marocaine, qui ont tous deux fortement influencé son éducation et sa production musicale.

«Ce mélange m’a appris très tôt à ne pas me fermer aux cultures et aux religions des autres, à être ouvert d’esprit et à ne pas juger la mentalité des gens», souligne-t-il. «Chacun vient d’un milieu différent. Ma famille paternelle est très différente de ma famille maternelle, mais je m’adapte aux deux, tout comme j’ai écouté les deux musiques. J’ai été exposé à toutes les chansons arabes classiques bien connues depuis mon enfance, ainsi qu’à la musique africaine, qui m’a également influencée. Pour moi, c’est donc un mélange riche.» 

Né à Casablanca en 1997, Tagne a d’abord développé son palais musical à la maison, avec des chanteuses comme la Marocaine Latifa Raafat et la légende congolaise Koffi Olomide. Son goût éclectique l’a ensuite amené à se tourner vers l’extérieur pour voir ce que sa ville natale avait à offrir.

«Casablanca est une ville immense; elle vous apprend à être débrouillard dès le plus jeune âge, à ne pas vous laisser marcher sur les pieds, à défier l’inconnu. Je crois que c’est grâce à cette ville que j’ai fait mes premiers pas dans ce domaine», affirme Tagne.

À 13 ans, il est monté en douce dans un bus local – sans avoir assez d’argent pour payer le billet – pour essayer de se rendre au parc Yasmina de la ville afin de montrer les techniques de freestyle qu’il avait développées dans sa chambre. C’est là qu’il a trouvé le soutien dont il avait besoin, le poussant à s’améliorer et lui donnant un moyen d’évacuer la souffrance morale qu’il n’avait pas encore appris à gérer.

«J’ai vécu une adolescence difficile, confronté à des problèmes à la fois à l’école et dans la rue. La vie de famille n’était pas facile et, socialement, les choses devenaient de plus en plus difficiles. Le rap m’a permis de m’exprimer et de dire ce que j’avais sur le cœur à ma façon. L’écriture des textes s’est transformée inconsciemment en une forme de thérapie et, peu à peu, ma passion pour la musique a ouvert la voie à ma carrière», raconte Tagne.

Bien qu’il ait rapidement gagné le respect de la communauté locale, le rappeur n’a pas poursuivi immédiatement une carrière solo. Il a d’abord fondé le groupe Xacto avec le rappeur Madd, avant de rejoindre le collectif populaire Wa Drari Squad. Si ce groupe lui a apporté la célébrité et l’attention nationale, le plaçant au sommet de la scène émergente du pays, il est devenu évident que l’expérience le freinait, ce qui l’a contraint à faire le choix difficile de voler de ses propres ailes.

«Nous avons vécu de très bons moments avec Wa Drari Squad, partageant les bons et les mauvais instants. Cette expérience m’a permis de découvrir l’industrie musicale pour la première fois et m’a aidé à en comprendre ses rouages. J’ai même découvert mes capacités musicales au-delà du rap, en me rendant compte que je pouvais chanter. Cependant, j’ai ressenti le besoin de prendre le contrôle de moi-même. À un moment donné, j’ai compris qu’il fallait que je forge ma propre liberté musicale», raconte Tagne.

Ce changement était à la fois palpitant et terrifiant, une crainte qui s’est vite révélée justifiée. Alors qu’il était au départ plein d’espoir quant aux possibilités que lui offrait une carrière solo, il a dû faire face à une dure réalité: il était fauché, n’avait plus d’équipe pour le soutenir et, à bien des égards, repartait de zéro. Il s’est rendu compte qu’il devait non seulement tisser de nouveaux liens, mais aussi mûrir en tant que personne.

«Honnêtement, j’étais très stressé à l’époque, et en plus j’étais extrêmement pauvre», confie Tagne en riant. «J’ai vraiment évolué par rapport à ce que j’étais à cette époque-là, et le processus de création de ma musique a radicalement changé. C’est devenu plus facile à bien des égards. Cela demande toujours beaucoup de travail, mais le processus se fait maintenant de manière beaucoup plus naturelle.»

Il se répétait sans cesse que de meilleures choses étaient écrites dans les étoiles pour lui. C’est ce qui l’a poussé à devenir l’homme qu’il est aujourd’hui et qui a inspiré le nom de son nouvel album. «“L’Mektoub” est une expression arabe que nous disons tous et qui signifie “Dieu a écrit cela pour toi”. Il y a trois ans, j’ai traversé une période difficile, mais je me suis toujours concentré sur ma voie. Dieu prépare ma route, alors je continue à conduire. Si ça marche, ça marche. Mais si ça ne marche pas, j’essaierai encore et encore», dit Tagne.

Après que Moroccan Dream –  sorti au plus fort de sa souffrance –  lui a remonté le moral et lui a permis de se faire connaître sur la scène internationale, ses intentions avec LMaktoub étaient de cristalliser tout le potentiel du hip-hop marocain. Pour mener à bien ce projet, il a recruté des collaborateurs non seulement dans son propre pays, comme ElGrandeToto, mais aussi dans les pays où sa musique avait commencé à être écoutée, notamment les artistes français Kaaris, Niro et NEJ.

«J’ai appris la valeur de la discipline et de l’automotivation dans les moments difficiles. Cette expérience m’a permis d’élaborer ma propre manière de faire et de mettre en place ma propre structure. J’ai même décidé de créer mon entreprise. Mais je n’ai jamais sous-estimé la force du travail en équipe. J’ai toujours compris à quel point une équipe peut être essentielle pour atteindre ses objectifs. C’est pourquoi j’ai constitué mon équipe, un peu comme lorsque je faisais partie d’un groupe», explique Tagne.

«L’objectif sous-jacent n’a pas changé: exploiter des points de vue différents. Comme dans une dynamique de groupe, les opinions extérieures me donnent une meilleure compréhension, des idées nouvelles et un sens précieux de la perspective. Ensuite, je veux collaborer avec des rappeurs égyptiens, nigérians, allemands et même albanais. Je me concentre sur la production des meilleures chansons marocaines avec des artistes marocains, mais je veux franchir une nouvelle étape en devenant plus international et en alimentant les conversations à travers le monde», poursuit-il. «Pour moi et pour le Maroc, ce n’est que le début.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


France 2 dupé par un humoriste dans son JT

France 2 a annoncé mardi soir avoir été trompé par un "humoriste adepte de canulars", qui s'était fait passer pour un consommateur adepte de coupons de réduction dans le journal de 20H de la chaîne publique diffusé lundi. (AFP)
France 2 a annoncé mardi soir avoir été trompé par un "humoriste adepte de canulars", qui s'était fait passer pour un consommateur adepte de coupons de réduction dans le journal de 20H de la chaîne publique diffusé lundi. (AFP)
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  • "Nous tenions à vous signaler qu'hier, lors de notre reportage sur les bons plans et les promotions dans les supermarchés, l'une des personnes interviewées a trompé une de nos journalistes en falsifiant son identité"
  • "Il s'agissait en fait d'un humoriste adepte de canulars", a-t-elle ajouté. Le 20H de France 2 a posté un message similaire sur le réseau social X

PARIS: France 2 a annoncé mardi soir avoir été trompé par un "humoriste adepte de canulars", qui s'était fait passer pour un consommateur adepte de coupons de réduction dans le journal de 20H de la chaîne publique diffusé lundi.

"Nous tenions à vous signaler qu'hier, lors de notre reportage sur les bons plans et les promotions dans les supermarchés, l'une des personnes interviewées a trompé une de nos journalistes en falsifiant son identité", a déclaré la présentatrice Léa Salamé lors du journal de 20H mardi.

"Il s'agissait en fait d'un humoriste adepte de canulars", a-t-elle ajouté. Le 20H de France 2 a posté un message similaire sur le réseau social X.

Le sujet en question du journal télévisé, intitulé "Les champions des promos", n'était plus visible en streaming sur le site de Franceinfo mardi soir mais faisait la part belle à un certain "Arnaud Rolland".

Filmé dans les rayons d'un supermarché, classeur de coupons de réduction à la main, ce trentenaire se félicitait en caisse d'avoir économisé trois euros, sous le regard envieux d'une autre cliente. La séquence se clôturait dans son appartement: "A la fin du mois quand je fais mes comptes, je sais que je suis gagnant".

Il s'agissait en fait de l'humoriste "Mehdi tu connais", adepte de canulars en tous genres sur les réseaux sociaux, qui a posté des extraits de la vidéo sur Instagram et TikTok sous l'intitulé "Je prank le JT de 20h00".

Dans un tout autre registre, France Télévisions avait présenté des excuses en octobre pour une fausse affirmation répétée dans deux de ses JT sur France 2, où il avait été dit par erreur que le professeur de lettres Dominique Bernard avait été tué en 2023 après avoir "montré des caricatures de Charlie Hebdo". Il s'agissait d'une confusion avec la mort du professeur Samuel Paty.


Le Red Sea International Film Festival : les prétendants aux prix — Partie 1

Une image tirée du film « Yunan », en compétition au festival. (Fourni)
Une image tirée du film « Yunan », en compétition au festival. (Fourni)
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  • Une première sélection de films internationaux explore l’exil, la mémoire, les liens familiaux et les traumatismes, du réalisme poétique à l’horreur
  • Cette première partie met en avant des auteurs du Moyen-Orient, d’Asie et d’Afrique, illustrant la diversité créative du RSIFF 2024

DUBAÏ : Voici la première partie de notre aperçu des films en compétition lors de l’édition de cette année du Red Sea International Film Festival à Djeddah, qui se tient du 4 au 13 décembre.

‘Yunan’

Réalisateur : Ameer Fakher Eldin
Avec : George Khabbaz, Hanna Schygulla, Ali Suliman

Deuxième volet de la trilogie sur l’exil imaginée par le cinéaste syrien Ameer Fakher Eldin, le film suit Munir, un écrivain syrien installé en Allemagne, accablé par le poids mental de son déracinement. Il se rend sur de petites îles isolées, où il envisage le suicide. « Le personnage est né d’une exploration profonde de la condition humaine », confiait Fakher Eldin à Arab News en avril. « Je voulais sonder cette bataille silencieuse que nous menons en nous. Je viens du Golan occupé. Je ne suis pas parti à cause de la guerre — la frontière a été déplacée, me laissant déplacé. J’ai donc grandi en exil sans avoir été forcé de partir… Mon approche consistait à anatomiser l’esprit de l’exilé, en me connectant aux aspects universels de la perte, de la désillusion et de la quête de sens. »

‘Two Seasons, Two Strangers’

Réalisateur : Sho Miyake
Avec : Shim Eun-Kyung, Yuumi Kawai, Shinichi Tsutsumi

Le réalisateur japonais, lauréat du premier prix au Festival de Locarno, signe un délicat drame inspiré de deux œuvres du mangaka culte Yoshiharu Tsuge : Mr. Ben and His Igloo et A View of the Seaside. Miyake présente son histoire comme un film dans le film. Le premier récit suit Natsuo et Nagisa, deux solitaires en quête de lien dans une petite ville côtière. Ce film est écrit par Li, une cinéaste coréenne installée au Japon qui projette dans ses personnages ses propres sentiments d’errance. Pour « s’éloigner des mots », elle part dans une auberge de montagne reculée, où elle rencontre Benzo, un divorcé cynique.

‘Truck Mama’

Réalisatrice : Zippy Nyaruri
Avec : Evaline Wambua Mutuku

La cinéaste kényane Zippy Nyaruri a mis plusieurs années à réunir les fonds nécessaires pour achever ce documentaire consacré à Eva, mère célibataire et conductrice de poids lourds sur de longues distances. Elle doit affronter non seulement un métier dominé par les hommes, mais aussi les routes dangereuses d’Afrique de l’Est. Quand son camion tombe en panne entre le Kenya et le Soudan, « Eva doit puiser en elle toutes ses forces et est même contrainte de repenser son avenir », indique le synopsis.

‘Roqia’

Réalisateur : Yanis Koussim
Avec : Ali Namous, Akram Djeghim, Mostefa Djadjam

Dans Roqia, le réalisateur algérien affronte les traumatismes de sa jeunesse durant la Décennie noire — la guerre civile qui a duré de 1992 à 2002. Sans surprise, c’est un film d’horreur. L’histoire s’ouvre en 1993. Ahmed se remet d’un accident de voiture qui l’a laissé amnésique. Son village natal et même sa famille lui paraissent étrangers. Et il ignore pourquoi son index droit manque. Dans la temporalité contemporaine du film, on découvre un vieil exorciste musulman… lui aussi privé de son index droit. « Quand on ne traite pas les traumatismes vécus par les Algériens, peut-être que ce qui les a causés revient — non pas comme une menace, mais en arrière-plan », expliquait Koussim à GQ Middle East. « Il faut travailler sur ce traumatisme. Roqia n’apporte pas une solution, mais expose le problème. »

‘The World of Love’

Réalisatrice : Yoon Ga-Eun
Avec : Seo Su-Bin, Chang Hyae-Jin, Kim Jeong-Sik

Le drame de la cinéaste coréenne suit Lee Jooin, lycéenne de 17 ans dont un accès de colère provoque des répercussions inattendues sur son entourage — et sur elle-même. Après avoir réalisé deux films « en première personne » où le protagoniste apparaissait dans chaque scène, Yoon a expliqué à Variety que son nouveau projet « tentait une méthode d’observation à distance, une perspective en troisième personne », donnant à voir ce que font les autres personnages quand la protagoniste agit, et comment ces actions se répondent.

‘The Stories’

Réalisateur : Abu Bakr Shawky
Avec : Amir El-Masry, Nelly Karim, Valerie Pachner

Décrit par le RSIFF comme « un hommage vif et authentique à l’Égypte », le film s’inspire de la relation entre le père égyptien et la mère autrichienne du réalisateur — relation née d’un échange de correspondance dans les années 1960 (les parents apparaissent d’ailleurs dans le film). « C’est l’histoire de mondes qui se percutent, de mondes qui se rencontrent », expliquait Shawky au Hollywood Reporter. « C’est l’histoire de petites victoires et de petites gens qui tentent de faire de grandes choses. »

‘Sink’

Réalisatrice : Zain Duraie
Avec : Clara Khoury, Mohammad Nizar, Wissam Tobeileh

Le premier long-métrage de la réalisatrice jordanienne a été décrit par le Festival international du film de Toronto comme « un portrait magnifique d’une mère aux prises avec l’effondrement mental de son fils adolescent ». Tandis que le comportement de Basil lui vaut d’être expulsé de l’école et isolé socialement, sa mère Nadia refuse d’abandonner.

‘Nighttime Sounds’

Réalisateur : Zhang Zhongchen
Avec : Aline Chen, Gu Hanru, Li Yanxi

Le cinéaste autodidacte chinois a été salué dans son pays pour son mélange de surréalisme, de réalisme magique et de poésie. Qing, huit ans, vit avec sa mère dans un village rural paisible, tandis que son père travaille dans une ville lointaine. Un matin, elle rencontre un « enfant fantôme » à la recherche de sa mère disparue. « À travers des images oniriques et une bande-son envoûtante… Zhongchen tisse un puissant récit sur la mémoire, le manque, et les silences transmis d’une génération de femmes à l’autre », indique le synopsis du festival.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Monte Carlo Doualiya sort des sentiers battus: une semaine de programmation spéciale sur le royaume d’Arabie

Pour la rédaction, cette « semaine saoudienne » n’était pas seulement une opération médiatique : elle répondait à un besoin concret de sortir des clichés, dépasser les préjugés et offrir au public de la radio arabophone un contenu à la fois informatif, vivant et nuancé. (AFP)
Pour la rédaction, cette « semaine saoudienne » n’était pas seulement une opération médiatique : elle répondait à un besoin concret de sortir des clichés, dépasser les préjugés et offrir au public de la radio arabophone un contenu à la fois informatif, vivant et nuancé. (AFP)
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  • Pour la direction de Monte Carlo Doualiya, le pari était simple : aller au plus près, voir, écouter, comprendre, et surtout raconter
  • La radio ne s’est pas contentée de commenter à distance : elle a dépêché une mission sur le terrain pour enquêter, sentir l’atmosphère, rencontrer ceux qui incarnent le nouveau visage du pays

PARIS: Il arrive qu’une initiative médiatique crée une véritable brèche dans les habitudes ou ouvre une fenêtre sur un monde encore méconnu ou mal compris.
Cela pourrait être le cas de la radio Monte Carlo Doualiya (MCD), un média public français arabophone qui a choisi de consacrer, pendant une semaine, une programmation spéciale à l’Arabie saoudite.
Cette décision audacieuse est presque inédite dans le paysage audiovisuel français, où le royaume reste souvent perçu à travers des prismes partiels ou des récits convenus.

« De Riyad à AlUla, Monte Carlo Doualiya révèle une Arabie saoudite en pleine métamorphose.»

Pour la direction de Monte Carlo Doualiya, le pari était simple : aller au plus près, voir, écouter, comprendre, et surtout raconter.
Les transformations du royaume depuis le lancement de la Vision 2030 sont considérables, mais elles restent souvent mal connues, d’où l’idée d’une immersion totale.
La radio ne s’est pas contentée de commenter à distance : elle a dépêché une mission sur le terrain pour enquêter, sentir l’atmosphère, rencontrer ceux qui incarnent le nouveau visage du pays.

Le résultat ? Un enthousiasme communicatif, porté par la surprise d’une Arabie saoudite qui change à une vitesse vertigineuse, dynamisée par une jeunesse que personne ne peut plus ignorer.
Pendant sept jours, émissions spéciales, reportages, débats, chroniques culturelles et entretiens exclusifs depuis Riyad, Djeddah, AlUla et Dhahran se sont succédé (du 24 au 30 novembre).

Pour la rédaction, cette « semaine saoudienne » n’était pas seulement une opération médiatique : elle répondait à un besoin concret de sortir des clichés, dépasser les préjugés et offrir au public de la radio arabophone un contenu à la fois informatif, vivant et nuancé.
L’équipe a voulu montrer l’Arabie saoudite telle qu’elle est aujourd’hui, et non telle qu’elle était hier.

Pour cela, le journaliste Atif Ali Salih a arpenté Riyad, ses quartiers futuristes, ses centres culturels, ses universités, ses cafés fréquentés par des jeunes qui débattent d’art, de cinéma, d’intelligence artificielle ou d’entrepreneuriat.
Ce qu’il en a rapporté : une série d’entretiens et de récits où dominent l’énergie, l’appétit de modernité et l’émergence de nouveaux visages, surtout féminins.

Répondant à Arab News en français, Ali Salih reconnaît avoir été surpris par ce qu’il a découvert : « Riyad donne le tournis », confie-t-il. « Tout va vite. Très vite. On sent un pays qui ne veut surtout pas rater sa décennie. »
Ce qui l’a surtout frappé, ce n’est pas tant la verticalité des nouveaux quartiers que la vitalité de ceux qui les habitent.

« Loin des clichés, un pays jeune, dynamique et résolument tourné vers l’avenir se dévoile. »

Il raconte ses rencontres avec de jeunes Saoudiennes dirigeant des start-up technologiques, des studios de design, des associations culturelles ou des projets artistiques. Beaucoup n’ont pas encore trente ans, parlent anglais couramment, et surtout, veulent participer au mouvement qui redéfinit leur pays.
Dans les cafés modernes de Riyadh Boulevard et les espaces de coworking, il dit avoir été impressionné par la liberté de ton, l’assurance et la soif d’apprendre.
« On a souvent une image figée des femmes saoudiennes, mais j’ai rencontré des ingénieures, des productrices, des développeuses, des conservatrices de musée… Elles se projettent loin, très loin, et regardent l’avenir droit dans les yeux. »

L’un des aspects les plus marquants de la semaine saoudienne a été la mise en lumière de l’effervescence culturelle : concerts gigantesques, expositions internationales, festivals de cinéma, bibliothèques ouvertes jusqu’à minuit… Le pays connaît un véritable renouveau artistique et culturel.
Cette métamorphose a été au cœur des émissions, avec des interviews de jeunes acteurs culturels saoudiens et des reportages réalisés dans les nouveaux musées de Riyad.

Ce qui ressort, c’est l’idée d’une génération — surtout féminine — impatiente de rattraper le temps perdu, une génération qui ne demande pas la permission d’exister, mais qui agit. Et cela, selon Ali Salih, « se voit, s’entend, se ressent ».

Cette semaine spéciale, au ton équilibré, curieux mais jamais condescendant, constitue une passerelle entre deux rives, en offrant aux Franco-Arabes et à tous ceux qui s’intéressent au Moyen-Orient un regard neuf et vivant sur l’Arabie saoudite d’aujourd’hui.
Ce type d’initiative, rare dans le paysage médiatique français, montre que la curiosité n’est jamais un luxe, mais une nécessité.

À l’issue de cette plongée saoudienne, la directrice de Monte Carlo Doualiya, Souad El Tayeb, assure à Arab News : « On reviendra. » Les portes se sont ouvertes, les liens se sont tissés, les idées ont fusé.
Au fond, dit-elle, c’est cela, la réussite de cette initiative inédite : « transformer la découverte en dialogue, et la curiosité en pont durable entre les sociétés ».

Seul bémol pour El Tayeb : MCD, qui diffuse sur FM, n’est pas écoutée en Arabie saoudite. Mais, se réjouit-elle, elle est largement suivie par les jeunes Saoudiens sur les réseaux sociaux.