Boeing abattu: l'Iran ne devrait pas diriger l'enquête

Le vol PS 752 d'Ukraine International Airlines à destination de Kiev s'était écrasé peu après son décollage de la capitale iranienne le 8 janvier, tuant les 176 personnes à bord (Photo, AFP)
Le vol PS 752 d'Ukraine International Airlines à destination de Kiev s'était écrasé peu après son décollage de la capitale iranienne le 8 janvier, tuant les 176 personnes à bord (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 16 décembre 2020

Boeing abattu: l'Iran ne devrait pas diriger l'enquête

  • «Un grand nombre de renseignements importants sur cet horrible événement demeurent inconnus»
  • M. Goodale appelle à une remise en cause des normes internationales actuelles qui confient la direction de l'enquête sur un accident d'avion au pays où survient le crash

OTTAWA: Un rapport indépendant canadien sur le crash d'un Boeing ukrainien, abattu en janvier au-dessus de Téhéran, estime mardi que l'Iran ne devrait pas être autorisé à « enquêter sur lui-même » et appelle à changer les règles de l'aviation civile en la matière. 

« La partie responsable enquête sur elle-même, principalement en secret, ce qui n’inspire pas confiance », relève ce rapport de plus de 70 pages rédigé par un ancien ministre de Justin Trudeau, Ralph Goodale, conseiller spécial du gouvernement sur ce drame. 

Le vol PS 752 d'Ukraine International Airlines à destination de Kiev s'était écrasé peu après son décollage de la capitale iranienne le 8 janvier, tuant les 176 personnes à bord, dont 85 citoyens ou résidents permanents canadiens. 

Après trois jours de démentis, les forces armées iraniennes avaient reconnu avoir abattu l'avion par « erreur », en pleine montée des tensions entre Washington et l'Iran. 

« Un grand nombre de renseignements importants sur cet horrible événement demeurent inconnus », note le rapport, citant notamment les raisons pour lesquelles l'espace aérien iranien est resté ouvert le soir du drame. 

« Cet état de fait est imputable à l’Iran, qui n’a pas encore prouvé – jusqu’à présent, à tout le moins – que ses enquêtes (sécurité, violations au droit pénal ou autres) sont véritablement indépendantes, objectives et transparentes », poursuit le document. 

Début novembre, l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) avait appelé l'Iran à « accélérer son enquête » et à publier son rapport final sur le crash. Le Canada avait annoncé début octobre la mise en place de sa propre équipe d'enquêteurs pour « collecter et analyser » les informations disponibles sur le drame. 

M. Goodale appelle à une remise en cause des normes internationales actuelles qui confient la direction de l'enquête sur un accident d'avion au pays où survient le crash. 

« Dans le cas d’un avion abattu par l’armée, ça signifie que le même gouvernement associé à la survenance de la catastrophe (l’Iran en l’occurrence) a la pleine maîtrise de l’enquête sur la sécurité, malgré les conflits d’intérêts évidents, avec peu de garanties d’assurer l’indépendance, l’impartialité ou légitimité », déplore le document. 

« Cette situation mine la crédibilité de l’enquête et crée un sentiment d’impunité en ne répondant pas aux questions essentielles », écrivent les auteurs du rapport. « L’aptitude de la communauté internationale à appliquer des mesures efficaces pour empêcher des catastrophes semblables est donc compromise ». 

Le Premier ministre Justin Trudeau a salué ce rapport et appelé l'Iran à « répondre de manière approfondie, avec des preuves à l'appui »  aux questions qu'il soulève. 


Ukraine : des négociations russo-ukrainiennes sont attendues à Istanbul

Cette combinaison d'images d'archives créées le 13 février 2023 montre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président russe Vladimir Poutine (Photo de Brendan SMIALOWSKI et Mikhail METZEL / diverses sources / AFP)
Cette combinaison d'images d'archives créées le 13 février 2023 montre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président russe Vladimir Poutine (Photo de Brendan SMIALOWSKI et Mikhail METZEL / diverses sources / AFP)
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  • Des négociations de paix entre Russes et Ukrainiens, qui ne devraient pas aboutir rapidement, sont attendues mercredi soir en Turquie,
  • Kiev et ses alliés occidentaux accusent le Kremlin de bloquer les négociations en maintenant des exigences maximalistes.

ISTANBUL, TURQUIE : Des négociations de paix entre Russes et Ukrainiens, qui ne devraient pas aboutir rapidement, sont attendues mercredi soir en Turquie, dans l'espoir de trouver une issue diplomatique au conflit qui oppose les deux pays depuis plus de trois ans.

L'avion transportant la délégation russe devant participer aux pourparlers a décollé de Moscou à destination d'Istanbul, ont indiqué les agences de presse russes Ria Novosti et TASS, citant des sources anonymes.

L'équipe de négociateurs ukrainiens est également « en route », a indiqué un haut responsable ukrainien à l'AFP.

Une source anonyme au sein de la délégation russe, citée par TASS, a affirmé que les pourparlers devraient se dérouler mercredi soir, « dès l'arrivée » des négociateurs russes.

Cette troisième session d'échanges directs à Istanbul doit intervenir, une nouvelle fois, sous la pression du président américain Donald Trump, qui a donné à Moscou, mi-juillet, 50 jours pour parvenir à un accord avec Kiev, sous peine de sanctions sévères. 

Kiev et ses alliés occidentaux accusent le Kremlin de bloquer les négociations en maintenant des exigences maximalistes, tandis que l'armée russe, plus nombreuse et mieux équipée, poursuit ses bombardements et ses attaques sur le front, où elle progresse toujours.

Mercredi, le ministère russe de la Défense a revendiqué la conquête d'un nouveau village, Varatchyné, dans la région de Soumy, dans le nord-est de l'Ukraine.

Dans ce contexte, la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a jugé que le délai de 50 jours fixé par M. Trump était « très long » alors que des « civils innocents meurent tous les jours ». 

- Des positions « diamétralement opposées » -

La perspective d'avancées diplomatiques semble toujours très limitée, les positions des deux camps étant actuellement irréconciliables.

Les précédents pourparlers d'Istanbul, en mai et en juin, n'avaient débouché que sur des accords d'échange de prisonniers et de corps de soldats tués. Mardi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a indiqué s'attendre à discuter avec Moscou de nouveaux échanges et du rapatriement d'enfants ukrainiens emmenés en Russie.

Mardi, le Kremlin a de nouveau douché les espoirs d'une résolution rapide du conflit déclenché en février 2022 par l'invasion russe de l'Ukraine, qui a depuis fait, a minima, des dizaines de milliers de morts dans les deux camps.

« Il n'y a bien sûr aucune raison d'espérer des avancées miraculeuses, mais nous avons l'intention de défendre nos intérêts », a déclaré à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.

De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé la composition de la délégation ukrainienne, qui sera menée, comme les fois précédentes, par l'ex-ministre de la Défense Roustem Oumerov, réputé pour ses talents de diplomate.

La composition de l'équipe russe n'a pas été dévoilée. Elle était menée les fois précédentes par un responsable de second plan, au grand dam de Kiev : l'ex-ministre de la Culture et historien nationaliste Vladimir Medinski.

Lundi, Dmitri Peskov avait souligné que les positions des deux camps restaient « diamétralement opposées ». 

- Nouvelles frappes nocturnes -

Sur le terrain, les frappes et les combats se poursuivent.

Dans la nuit de mardi à mercredi, l'armée de l'air ukrainienne a annoncé que 71 drones russes avaient visé le pays, blessant deux enfants dans la région de Kherson, dans le sud de l'Ukraine, où une femme a également été tuée par une frappe d'artillerie russe, d'après les autorités locales.

De son côté, l'armée russe a affirmé avoir neutralisé 33 drones ukrainiens lancés contre son territoire pendant la nuit.

La Russie réclame que l'Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées de l'est et du sud du pays, en plus de la Crimée annexée en 2014, et qu'elle renonce aux livraisons d'armes occidentales ainsi qu'à toute adhésion à l'OTAN.

Des conditions inacceptables pour l'Ukraine, qui exige le retrait des troupes russes de son territoire et des garanties de sécurité occidentales, notamment la poursuite des livraisons d'armes et le déploiement d'un contingent européen, ce que Moscou refuse.

Kiev insiste également, avec ses alliés européens, sur la nécessité d'un cessez-le-feu de 30 jours, ce que refuse Moscou dont les forces ont l'avantage sur le terrain.

Depuis son retour au pouvoir, le président américain Donald Trump s'est rapproché de Moscou pour tenter de mettre fin à la guerre. En vain.

Ces dernières semaines, il a exprimé sa frustration à l'égard de Moscou. Il a également affirmé que des équipements militaires, payés par des pays européens membres de l'OTAN, seraient envoyés à l'Ukraine.


La Cour internationale de justice sur le point de rendre un avis majeur sur le climat

Cette photographie, prise le 14 mars 2025, montre un drapeau flottant devant la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye. (Photo de Nicolas TUCAT / AFP)
Cette photographie, prise le 14 mars 2025, montre un drapeau flottant devant la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye. (Photo de Nicolas TUCAT / AFP)
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  • La plus haute juridiction de l'ONU rendra mercredi un avis consultatif sans précédent sur les obligations légales des États pour freiner le changement climatique.
  • Même s'il sera consultatif, l'avis que rendront les juges pourrait influencer et remodeler la justice climatique en inspirant des lois et des tribunaux dans le monde entier.

LA HAYE, PAYS-BAS : La plus haute juridiction de l'ONU rendra mercredi un avis consultatif sans précédent sur les obligations légales des États pour freiner le changement climatique. Une question clé sera posée : la responsabilité historique des grands pollueurs sera-t-elle engagée ?

Selon les experts, c'est l'affaire la plus importante jamais entendue par la Cour internationale de justice, basée à La Haye.

« Je pense que cela peut réellement changer la donne dans le débat climatique actuel », estime Ralph Regenvanu, ministre du changement climatique du Vanuatu, archipel du Pacifique dont sont originaires les étudiants à l'origine de la procédure en 2019, depuis propulsée par un vote de l'Assemblée générale des Nations unies.

« Cela fait 30 ans que nous subissons cette situation. Cela va changer le narratif, et c'est ce dont nous avons besoin », a-t-il déclaré mardi à l'AFP.

Même s'il sera consultatif, l'avis que rendront les juges à 15 h 00 (13 h 00 GMT) pourrait influencer et remodeler la justice climatique en inspirant des lois et des tribunaux dans le monde entier.

« Le changement climatique n'est pas qu'un exercice académique... On le vit au quotidien », a déclaré à l'AFP Vishal Prasad, un étudiant fidjien de 29 ans, à l'origine de la campagne avec d'autres étudiants de l'université du Pacifique Sud, au Vanuatu. 

Selon Joie Chowdhury, avocate principale à l'ONG CIEL qui soutient la procédure, l'avis de la CIJ est « potentiellement l'une des décisions juridiques les plus importantes de notre époque ».

Les Nations unies ont chargé les quinze juges de la CIJ de répondre à deux questions.

La première est la suivante : quelles sont les obligations des États en vertu du droit international pour protéger la Terre contre les émissions de gaz à effet de serre, majoritairement générées par la combustion du pétrole, du charbon et du gaz, pour les générations présentes et futures ?

Deuxièmement, quelles sont les conséquences juridiques de ces obligations pour les États dont les émissions ont causé des dommages environnementaux, en particulier pour les États insulaires vulnérables de faible altitude ?

La Cour a dû organiser les plus grandes audiences de son histoire, avec plus de 100 nations et groupes prenant la parole en décembre au Palais de la Paix. 

Des pays et des militants pour le climat, frustrés par la lenteur des processus de négociations habituels, se tournent de plus en plus vers les tribunaux nationaux et internationaux pour contraindre les entreprises et les États à agir, et ont déjà obtenu quelques victoires.

Si les COP annuelles ont permis d'infléchir les prévisions de réchauffement, elles sont encore très insuffisantes pour atteindre l'objectif de limiter le réchauffement à 2 °C par rapport à l'ère préindustrielle, fixé par l'accord de Paris de 2015. Or, le monde en est déjà à au moins 1,3 °C de réchauffement.

- Disparaître sous les vagues -

À l'image de David contre Goliath, le débat a opposé les petits pays en développement aux économies avancées.

Les grands pollueurs, dont les États-Unis et l'Inde, ont mis en garde la Cour et défendu le processus politique existant des COP, malgré ses insuffisances, par la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Sans compter que les États-Unis se retirent justement de l'accord de Paris sous Donald Trump.

Les petits pays réclament également le paiement de réparations aux pollueurs historiques, une demande inacceptable pour la plupart des pays riches.

« Le principe cardinal est clair comme de l'eau de roche. Les États responsables sont tenus de réparer intégralement le préjudice qu'ils ont causé », a déclaré Margaretha Wewerinke-Singh, du Vanuatu.

Ces États exigent également un calendrier pour l'élimination des combustibles fossiles, des compensations financières le cas échéant, ainsi que la reconnaissance des torts passés. 

« Bien que responsable de moins de 0,01 % des émissions de gaz à effet de serre, si la trajectoire actuelle des émissions est maintenue, Tuvalu disparaîtra complètement sous les vagues qui clapotent sur nos côtes depuis des millénaires », a déclaré Eselealofa Apinelu, représentant de l'archipel polynésien.

Les avis consultatifs de la Cour internationale de justice (CIJ) ne sont pas contraignants, et les détracteurs affirment que les principaux pollueurs ne les prendront pas en compte.

Mais le droit international se construit avec de tels avis, explique à l'AFP Andrew Raine, du département juridique du Programme des Nations unies pour l'environnement. « Ils clarifient la manière dont le droit international s'applique à la crise climatique, ce qui a des répercussions sur les tribunaux nationaux, les processus législatifs et les débats publics. »


Roche : homologation dans l'UE d'un traitement contre le cancer du sein

Photo du logo de l'Institut national du cancer réalisé le 08 janvier 2007 à Paris. AFP PHOTO CHRISTOPHE SIMON (Photo de CHRISTOPHE SIMON / AFP)
Photo du logo de l'Institut national du cancer réalisé le 08 janvier 2007 à Paris. AFP PHOTO CHRISTOPHE SIMON (Photo de CHRISTOPHE SIMON / AFP)
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  • La Commission européenne a donné son feu vert à l'inavolisib, commercialisé sous le nom d'Itovebi, pour le traitement d'une forme avancée ou métastatique de cancer du sein.
  • Cette autorisation a été accordée sur la base d'une étude de phase III qui a démontré une réduction de 57 % du risque d'aggravation de la maladie ou de décès.

ZURICH, SUISSE : Le géant pharmaceutique suisse a annoncé mercredi avoir obtenu l'homologation dans l'Union européenne d'un nouveau traitement contre le cancer du sein, ainsi que le marquage CE pour un test de diagnostic de la maladie d'Alzheimer.

La Commission européenne a donné son feu vert à l'inavolisib, commercialisé sous le nom d'Itovebi, pour le traitement d'une forme avancée ou métastatique de cancer du sein, en association avec le palbociclib et le fulvestrant, a indiqué le groupe suisse dans un communiqué.

Cette autorisation a été accordée sur la base d'une étude de phase III qui a démontré une réduction de 57 % du risque d'aggravation de la maladie ou de décès.

Approuvé en octobre aux États-Unis, ce traitement est destiné à un sous-type très répandu de la maladie.

Il est indiqué pour le cancer du sein « positif pour les récepteurs hormonaux (RH positif) et négatif pour le récepteur 2 du facteur de croissance épidermique humain (HER2 négatif) » et est utilisé « lorsque le cancer du sein présente une mutation du gène PIK3CA », précise le site de Swissmedic, l'autorité suisse de santé, qui l'a autorisé à son tour fin janvier.

Dans un communiqué séparé, Roche, également actif dans le domaine du diagnostic, a annoncé avoir obtenu la certification CE pour un test de dépistage de la maladie d'Alzheimer.

Développé en collaboration avec le laboratoire américain Eli Lilly, ce test sanguin a été conçu pour permettre aux médecins d'écarter la maladie d'Alzheimer chez des patients présentant des symptômes de déclin cognitif.

Appelé Elecsys pTau181, il permet d'identifier l'un des biomarqueurs de la maladie. Il permet aux médecins de déterminer si la maladie est à l'origine du déclin cognitif et s'il est nécessaire de réaliser d'autres tests, ce qui permet d'éviter aux patients des examens inutiles et invasifs.

Dans le communiqué, Roche souligne que jusqu'à 75 % des personnes présentant des symptômes ne sont pas diagnostiquées, et qu'il faut souvent près de trois ans avant qu'un diagnostic soit posé après l'apparition de la maladie.

Roche doit publier ses résultats semestriels jeudi. Numéro un mondial de l'oncologie, le groupe dispose de plusieurs traitements contre le cancer du sein, dont Perjeta et Phesgo. Outre sa division pharmaceutique, il dispose également d'une division spécialisée dans les tests de diagnostic qui a contribué à près du quart de son chiffre d'affaires en 2024.