A la rentrée du Medef, l'exécutif cajole le patronat mais persiste sur la CVAE

Le chef du Medef Patrick Martin en compagnie de la première ministre Elizabeth Borne (Photo, AFP).
Le chef du Medef Patrick Martin en compagnie de la première ministre Elizabeth Borne (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mardi 29 août 2023

A la rentrée du Medef, l'exécutif cajole le patronat mais persiste sur la CVAE

  • Une dizaine de membres du gouvernement sont attendus à la Rencontre des entrepreneurs de France
  • «Nous, nous avons confiance en vous», a lancé Elisabeth Borne à l'assistance

PARIS: "Nous allons continuer": Emmanuel Macron et Elisabeth Borne ont promis lundi à la rentrée du Medef de poursuivre la politique favorable aux entreprises initiée depuis 2017, tout en confirmant l'étalement sur plusieurs années de la suppression de la CVAE, un impôt censé initialement disparaître intégralement en 2024.

"Depuis 2017, je pense que c’est nouveau, nous menons une politique probusiness parce que nous sommes convaincus que c’est bon pour notre pays et bon pour ses salariés. Je vous confirme que nous allons continuer", a affirmé la Première ministre.

"Il n'y aura pas de hausses d'impôts" pour les entreprises, a-t-elle promis, en défendant une politique de l'offre qui "marche". "Ce n’est pas maintenant que nous allons changer de cap", a-t-elle martelé.

Son intervention a été plus chaleureusement applaudie par les patrons réunis à l'hippodrome de Longchamp que l'an dernier, lorsqu'elle avait lancé un appel à la sobriété énergétique.

"J'ai besoin de vous", avait affirmé quelques instants plus tôt le président Emmanuel Macron dans un message vidéo adressé au patronat, qu'il a aussi appelé à "l'unité" pour gagner les batailles de l'emploi et de la croissance.

L'offensive de charme de l'exécutif va continuer d'ici mardi puisqu'une dizaine de membres du gouvernement sont attendus à la Rencontre des entrepreneurs de France (REF), l'université d'été du Medef.

"Un nouvel étalement de la suppression de la CVAE serait un très mauvais signal", a lancé tout de go le président du Medef Patrick Martin à la Première ministre, assise au premier rang. M. Martin a argué de la concurrence mondiale et de l'actuelle nécessité pour les entreprises d'investir massivement dans la décarbonation.

"La totalité de la CVAE sera supprimée avant la fin du quinquennat et on le fera au rythme le plus rapide possible", lui a répondu Elisabeth Borne, confirmant de récents propos de son ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

Mais cet impôt de production, qui rapporte encore 4 milliards d'euros par an à l'Etat, ne sera supprimé que selon un calendrier qui tienne compte "de la nécessité de tenir notre trajectoire de maîtrise de nos finances publiques", a-t-elle ajouté.

"On a aujourd'hui un contexte macroéconomique qui est plus incertain que ce qu’on pouvait attendre", a-t-elle argumenté, avant d'appeler "chacun" à "prendre sa part" dans la maîtrise des comptes publics.

Lettre du pape

La Première ministre a observé que "les deux extrêmes", sous-entendu la LFI et le Rassemblement national, "ne font pas confiance aux entrepreneurs, veulent vous assommer de taxes et de contraintes".

"Nous, nous avons confiance en vous", a-t-elle lancé à l'assistance. Pour autant, elle a appelé les patrons à ce que "nos concitoyens ressentent aussi les bénéfices" des bons résultats macroéconomiques.

"Les statistiques c'est bien, les résultats concrets c’est encore mieux", a ajouté Mme Borne, incitant les entreprises à "être à l'écoute de la société, des attentes ou frustrations des salariés", notament en terme de rémunérations.

Outre les sujets fiscaux, M. Martin a vanté dans son discours le dialogue social autonome entre syndicats et patronat et lu un extrait d'une lettre du pape François, dans laquelle le souverain pontife qualifie les entrepreneurs "d'acteurs essentiels de la prospérité et du bonheur public".

Le pape s'adresse ainsi régulièrement au patronat italien, selon un spécialiste du Vatican interrogé par l'AFP, mais c'était une première pour le Medef.

En attendant les arbitrages du gouvernement pour le budget 2024 fin septembre, les 150 orateurs annoncés débattront à la REF de sujets variés: transition énergétique, avenir des transports, rôle de l'Etat dans l'économie mais aussi droits des femmes, système éducatif, intelligence artificielle et même avenir des religions.

Mardi, les dirigeants de TotalEnergies Patrick Pouyanné et d'EDF Luc Rémont plancheront sur la manière de "soutenir la croissance sans dégrader le climat" avec le climatologue Jean Jouzel et Agnès Pannier-Runacher.

En dépit des chocs et des crises, "pour les entrepreneurs, demain ne meurt jamais", selon l'intitulé de l'édition 2023 de la REF inspiré par celui d'un opus de James Bond.

Sur les deux jours de l'évènement, un peu plus de 10.000 personnes sont attendues par les organisateurs.


Le distributeur Auchan prévoit de supprimer près de 2.400 emplois en France

Des voitures sont garées devant le supermarché Auchan de Woippy, dans le nord-est de la France, le 5 novembre 2024. (AFP)
Des voitures sont garées devant le supermarché Auchan de Woippy, dans le nord-est de la France, le 5 novembre 2024. (AFP)
Short Url
  • Le distributeur nordiste Auchan a présenté mardi à ses représentants du personnel un projet de plan social menaçant un total de 2.389 emplois en France, pour tenter de se relancer après plusieurs années difficiles
  • Au programme aussi, la fermeture de trois entrepôts assurant l'activité de livraison directe à domicile, à Paris, Lille et Lyon, qui entraînerait 224 suppressions de postes

PARIS: Le distributeur nordiste Auchan a présenté mardi à ses représentants du personnel un projet de plan social menaçant un total de 2.389 emplois en France, pour tenter de se relancer après plusieurs années difficiles.

L'enseigne de la galaxie Mulliez a présenté aux représentants de ses plus de 53.000 salariés en France des projets de plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) majeurs.

"C'est catastrophique. Ça va laisser beaucoup, beaucoup de salariés dans la difficulté, de familles", s'est indigné Franck Martineau, délégué syndical FO Auchan Retail.

Le plan social devra être "à la hauteur du sacrifice demandé aux salariés, avec un maximum de reclassements", a souligné Gilles Martin, délégué CFDT Groupe Auchan-France.

Les syndicats, épinglant le manque de "stratégie dans la longueur" de la direction, sont pessimistes quant aux chances d'éviter la "casse" des emplois. Les négociations doivent se poursuivre la "semaine prochaine", après l'ouverture du plan social.

- "Mutualisation" -

Auchan prévoit une cure d'amaigrissement à différents niveaux.

D'abord, une mutualisation de fonctions support entre différentes entités au sein de ses sièges (784 postes potentiellement concernés).

Ensuite, une organisation "plus agile et autonome" de son réseau de magasins, pour un possible total de 915 postes menacés.

Au programme aussi, la fermeture de trois entrepôts assurant l'activité de livraison directe à domicile, à Paris, Lille et Lyon, qui entraînerait 224 suppressions de postes.

Enfin, la fermeture d'une petite dizaine de magasins "dont les foyers de pertes sont tels qu'on a du mal à voir une issue à brève échéance", selon une source proche de la direction. Soit 466 postes menacés, principalement dans trois hypermarchés à Clermont-Ferrand, Woippy (Moselle) et Bar-le-Duc, et un supermarché à Aurillac.

Au total, 2.389 postes sont menacés.

"J'ai le souci de savoir ce qu'on a fait dans ces groupes de l'argent public qu'on leur a donné", a commenté mardi le Premier ministre Michel Barnier, répondant à une question sur le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) dont avaient profité Auchan et le fabricant de pneumatiques Michelin, qui prévoit de son côté 1.200 suppressions de postes.

Joint par l'AFP, Auchan a répondu que "la réduction de charges annuelle de 83 millions accordée au titre du CICE entre 2013 et 2018 a été intégralement utilisée pour les objectifs ciblés par ce dispositif," notamment la redistribution "du pouvoir d'achat à ses collaborateurs".

L'entreprise indique par ailleurs avoir "payé 258 millions d'impôts et de taxes (hors taxes collectées: TVA, taxes sur les alcools, TICPE) et 607 millions d'euros de charges sociales pour la part patronale" au seul titre de 2023, "contribuant ainsi" aux finances publiques.

De son côté, le ministre de l'Economie Antoine Armand compte "s'assurer" que "la priorité de cette transformation (d'Auchan) est bien l'emploi".

Sur X, le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand a affirmé avoir demandé "une rencontre rapide" avec la direction d'Auchan "pour discuter de l'avenir des emplois".

La direction d'Auchan espère limiter le nombre de licenciements secs via un accompagnement des collaborateurs concernés, des formations de reconversion, des congés de reclassement et un plan de départs volontaires.

Elle prévoit aussi la création de 114 postes dans les activités de "drive" (récupération des achats en ligne) et 205 au sein des fonctions support.

- "Un moyen, pas une finalité" -

Auchan Retail avait déjà annoncé en septembre 2020 la suppression de 1.475 postes en France, après un plan de départs volontaires de plus de 500 postes en janvier de la même année.

Longtemps considéré comme l'un des acteurs les mieux-disants au niveau social dans la grande distribution, Auchan enchaîne les mauvais exercices économiques, et sa holding Elo Groupe a annoncé en juillet une perte nette de près d'un milliard d'euros sur les six premiers mois de 2024.

Plusieurs facteurs expliquent les difficultés d'Auchan en France: sa part de marché d'abord, à 9,1% au dernier pointage, qui en fait le cinquième acteur du marché français, loin derrière le leader E.Leclerc (24,1%).

Cette position limitant son pouvoir de négociation avec les fournisseurs, Auchan a formé une alliance avec Intermarché pour acheter en commun, afin d'améliorer ses conditions d'achat sur le long terme (dix ans).

De plus, Auchan fonctionne sur un modèle intégré - il est propriétaire de ses magasins -, contrairement à des enseignes comme E.Leclerc et Intermarché qui réunissent des indépendants. Ce modèle intégré génère des coûts de fonctionnement plus élevés.

Le groupe prévoit de réduire de 25% la taille de 65 magasins, visant des surfaces plus petites de 8.000 m².


Le ministère saoudien de l'Environnement lance un programme de développement des technologies vertes

Conformément à la Vision 2030 saoudienne, le ministère de l'Environnement, de l'Eau et de l'Agriculture introduit également de nouveaux services électroniques conformes aux normes internationales. (Shutterstock)
Conformément à la Vision 2030 saoudienne, le ministère de l'Environnement, de l'Eau et de l'Agriculture introduit également de nouveaux services électroniques conformes aux normes internationales. (Shutterstock)
Short Url
  • Le programme cherche de nouveaux moyens de réutiliser les eaux usées et étudie l'impact des microplastiques

RIYAD: Le ministère de l'Environnement, de l'Eau et de l'Agriculture a ouvert les candidatures pour un nouveau programme visant à trouver des moyens de développer des technologies durables en Arabie saoudite.

Le programme de bourses pour l'innovation durable vise à trouver des moyens de réutiliser les sous-produits du traitement de l'eau au profit de l'environnement, à mettre au point des technologies durables pour recycler les membranes utilisées dans le traitement de l'eau et à explorer des méthodes de réutilisation des eaux usées traitées dans les régions désertiques et arides.

Soutenu par le Fonds pour l'environnement et l'Autorité pour la recherche, le développement et l'innovation, le programme de bourses évaluera également l'impact environnemental des microplastiques dans les stations d'épuration, les eaux d'égout et les eaux usées.

Conformément à la Vision 2030 saoudienne, le ministère de l'Environnement, de l'Eau et de l'Agriculture introduit également de nouveaux services en ligne conformes aux normes internationales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


La Vision 2030 de l'Arabie saoudite, catalyseur de croissance du secteur bancaire, selon Moody's

Le développement des mégaprojets prévus en Arabie saoudite jouera un rôle important dans la création de possibilités considérables en termes d'affaires et de prêts pour les banques. 
Le développement des mégaprojets prévus en Arabie saoudite jouera un rôle important dans la création de possibilités considérables en termes d'affaires et de prêts pour les banques. 
Short Url
  • La Vision 2030 vise à réduire la dépendance du Royaume à l'égard des revenus du pétrole brut, qui dure depuis des décennies et à renforcer progressivement sa présence dans d'autres secteurs
  • Le rapport indique que le programme de logement du Royaume a été un moteur de la croissance du crédit pour les banques au cours des cinq dernières années

RIYAD: Le programme Vision 2030 de l'Arabie saoudite visant à diversifier l'économie pourrait accélérer le développement du secteur bancaire du pays dans les années à venir, selon une analyse de Moody's.

Dans son dernier rapport, l'agence de notation basée aux États-Unis a déclaré que le développement des mégaprojets prévus en Arabie saoudite jouera un rôle important dans la création de possibilités considérables en termes d'affaires et de prêts pour les banques. L'infrastructure nécessaire pour accueillir des événements majeurs tels que la Coupe d'Asie en 2027, les Jeux asiatiques d'hiver en 2029, l'Expo 2030 et la Coupe du monde de la FIFA en 2034 devrait soutenir davantage cette croissance.

La Vision 2030 vise à réduire la dépendance du Royaume à l'égard des revenus du pétrole brut, qui dure depuis des décennies et à renforcer progressivement sa présence dans d'autres secteurs tels que le tourisme, la technologie et l'immobilier.

«Les mégaprojets prévus pour diversifier l'économie comprennent le tourisme, l'immobilier et les infrastructures, et le gouvernement donne aux banques du pays la possibilité de contribuer à leur financement», a déclaré Abdallah al-Hammadi, vice-président adjoint et analyste chez Moody's Ratings. «L'un des éléments de la Vision 2030 est un plan visant à augmenter le taux d'accession à la propriété à 70% d'ici à 2030, contre 47% en 2016.»

Le rapport indique que le programme de logement du Royaume a été un moteur de la croissance du crédit pour les banques au cours des cinq dernières années, avec des prêts hypothécaires aux ménages atteignant 607 milliards de riyals saoudiens (161,67 milliards de dollars; 1 dollar = 0,92 euro) à la fin de 2023, en hausse par rapport aux 110 milliards de riyals saoudiens en 2016. Ils représentent désormais environ 24% du total des prêts du secteur bancaire.

«Étant donné que ces prêts hypothécaires ont été garantis à un taux fixe pendant une période de faibles taux d'intérêt et que les durées sont souvent de 25 à 30 ans, cela pourrait exercer une certaine pression sur les marges dans le secteur. Nous pensons que les grandes banques seront les plus durement touchées en raison de leur position dominante sur le marché hypothécaire saoudien», a déclaré M. Al-Hammadi.

Si le développement des dépôts continue d'être inférieur à la croissance des prêts, les banques pourraient également être confrontées à des pénuries de financement croissantes. Étant donné la nature des prêts hypothécaires à taux fixe, il pourrait être difficile pour les institutions financières de s'en défaire sur les marchés secondaires encore en développement.

L'agence a déclaré que les banques saoudiennes pourraient également être confrontées à des défis dans ce domaine, notamment une croissance insuffisante des dépôts pour répondre à la demande croissante de crédit associée aux projets d'infrastructure et de développement de la Vision 2030.

«L'un des défis est que la disponibilité de la croissance des dépôts est à la traîne par rapport à la croissance accélérée du crédit dans les banques saoudiennes, alors que la montée de l'accession à la propriété a rempli les banques d'hypothèques à long terme et à taux fixe qui immobilisent les fonds.»

«Les banques devront faire appel à des financements de marché plus susceptibles d'affecter la confiance. Cela pourrait impliquer des dépôts étrangers, des syndications interbancaires et l'émission de dette, en particulier des obligations islamiques ou des sukuk», a déclaré Al-Hammadi.

Selon le rapport, le recours aux financements étrangers à court terme sera plus risqué que les financements à long terme, tels que la dette senior non garantie et la dette additionnelle de niveau 1, car les allocations à long terme correspondront mieux aux prêts à long terme de ces banques.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com